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Crédit foncier permit aux petites propriétés de purger plus aisément leurs hypothèques, et aux propriétaires d'améliorer leurs fonds. Une société dite du prêt de l'enfance au travail, sous la protection du Prince Impérial, mit à la disposition des adultes les instruments du travail nécessaire pour entrer dans la carrière du labeur, et faire arriver le crédit jusqu'aux plus pauvres, à la seule condition qu'ils fussent laborieux et honnêtes. Enfin, lorsque l'Empereur eut besoin, pour faire face à des dépenses de guerre, de contracter des emprunts, il tint à y faire participer les plus petits capitaux, et au lieu de s'adresser seulement aux banquiers, il convia tous les citoyens à prendre part eux-mêmes à l'opération par des souscriptions directes.

La science économique a établi qu'il faut multiplier les moyens d'échange pour rendre le commerce florissant, que sans concurrence l'industrie reste stationnaire et produit à des prix trop élevés qui entravent la consommation, enfin que, sans une industrie prospère, l'agriculture languit. L'exemple de l'Angleterre, qui avait successivement supprimé les entraves mises au commerce et à l'industrie par les corporations ou les priviléges d'autrefois, et l'expérience douloureusement acquise durant une disette de deux années, décidèrent le gouvernement à faire passer la France du régime de la protection de l'industrie par des droits de douane exagérés à celui de la liberté commerciale. Mais il procéda avec prudence. L'échelle mobile, qui n'était qu'une gêne pour le commerce du blé, fut abolie. Des réductions de tarifs furent successivement décrétées. Enfin, en 1861, un traité de commerce fut signé avec l'Angleterre et bientôt suivi de conventions semblables avec la Belgique, l'Italie, la Turquie et d'autres puissances. Aux termes du traité avec l'Angleterre, modèle de tous les autres, le gouvernement anglais admettait au bout de deux ans en franchise de tous droits nos objets manufacturés, et diminuait considérablement ses droits sur nos importations de vins, d'alcols, et nos produits de papier. En revanche, le gouvernement français levait ses prohibitions sur un grand nombre d'objets d'origine ou de manufacture britannique, et diminuait progressivement les droits sur l'importation de la houille, du coke, des fers, fontes, aciers et ouvrages en métaux.

Pour stimuler l'activité industrielle, l'Empereur avait repris, en 1855, l'idée d'origine française, mais réalisée pour la première fois par les Anglais, d'une exposition universelle où les industries des différents peuples sont comparées, et où les vainqueurs, dans ces luttes pacifiques, reçoivent des récompenses qui excitent l'émulation des vaincus. La récente exposition universelle de 1867, qui a manifesté de nouveau la puissance industrielle et artistique de la France, a présenté un caractère exceptionnel. L'Empereur y a réservé une place importante aux produits et aux questions qui intéessent les ouvriers; deux jurys y ont ouvert, sur la condition des travailleurs, une enquête dont les conséquences peuvent être très

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Palais de l'Industrie (Exposition universelle de 1855).

considérables. Déjà des prix exceptionnels ont été décernés aux usines où règne ce qu'on a appelé d'un beau nom, l'harmonie sociale. Enfin, les délégations ouvrières, conviées à l'exposition, ont été appelées à rédiger des rapports et à exprimer les vœux de leurs commettants. Grâce à la facilité de relations établies par les chemins de fer, la navigation à vapeur et le télégraphe électrique, les peuples mêlent de plus en plus leurs intérêts et leurs idées, ce qui doit finir par rendre leurs destinées solidaires. Napoléon III seconda ce mouvement en faisant établir de nouvelles lignes de paquebots de nos ports de l'Océan à l'Amérique, et ceux de la Méditerranée aux côtes de l'Asie, pour multiplier nos échanges avec les contrées les plus lointaines. En 1862, on pouvait déjà mesurer les effets prodigieux produits sur notre commerce par tant de mesures habilement calculées. Le chiffre annuel des importations et des exportations avait triplé en douze ans, il s'élevait à six milliards.

Le même esprit libéral se retrouve dans la loi de 1864, sur les coalitions, qui consacra, sous une forme nouvelle, le principe de la liberté du travail en permettant aux ouvriers de discuter entre eux les conditions auxquelles ils donneraient leur temps, leurs bras et leur intelligence. Une autre loi de 1867 sur les sociétés coopératives offrit aux ouvriers des facilités pour associer leurs épargnes et fonder des établissements industriels.

Le paupérisme, attaqué par tant de mesures de bienfaisance comme par l'activité donnée partout au travail, livrait beaucoup moins de gens sans défense aux tentations de la misère ou des utopies dangereuses. La paix rentrait dans les esprits, et la diminution progressive de la criminalité, constatée d'année en année par la statistique, témoignait des progrès généraux de la moralité publique. De 1848 à 1861 le nombre des accusés a diminué de près de moitié. Instruction publique, hautes études. Les progrès de l'instruction publique sont pour beaucoup dans cette grande amélioration. A mesure, en effet, que se remplissaient nos écoles, les prisons se vidaient. En quinze ans le nombre d'enfants qui reçoivent l'enseignement primaire s'est accru d'un million, tant le gouvernement impérial mit de sollicitude à multiplier les écoles et à relever la condition des maîtres. (Loi du 10 avril 1867.)

Ce n'est pas tout d'apprendre au peuple à lire; il faut mettre des livres à sa portée des bibliothèques scolaires furent établies, et leur nombre s'accroît tous les jours.

La loi du 10 avril 1867, qui améliora l'ensemble des services de l'instruction populaire, organisa en outre les écoles de filles, développa la gratuité et consacra les cours d'adultes, dont près de 33 000 ouverts en 1867 reçurent 830 000 élèves.

Dans l'enseignement secondaire, les études classiques un moment ébranlées ont été raffermies, et la loi du 21 juin 1865 fonda l'enseignement secondaire spécial auquel se rattachent les formes diverses de l'enseignement professionnel ou technique, et l'école normale de

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Paris nouveau.

Le pont au Change, la préfecture de police, les théâtres Lyrique et du Châtelet.

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