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<< Il ne dépendra que de vous de retrouver dans le gouvernement français l'appui qu'il a toujours accordé à vos prédécesseurs, lorsqu'ils ont mis au rang de leurs premiers devoirs de prêcher les maximes tendant à raffermir la paix, les bonnes mœurs et l'obéissance au pouvoir civil.

« Il ne dépend pas de moi que les larmes de l'Europe se tarissent, que la paix générale et l'ordre succèdent aux révolutions et aux guerres.

<<< Dans toutes les occasions, je prie Votre Sainteté de compter sur le concours de son dévoué fils ».

BONAPARTE.

Cacault, qui restait encore à Florence, devait présenter cette lettre au Pape, et reçut pour cela l'ordre de retourner aussitôt à Rome et de reprendre ses fonctions, comme ministre de France.

Cette mission remplit de joie Cacault, lui qui aimait tant Rome et l'angélique Pontife, dont il avait si noblement secondé les vues au sujet du Concordat. Cacault fut au comble du bonheur quand Talleyrand lui annonça sa conclusion, comme le montre sa réponse (1).

Au ministre des relations extérieures.

Florence, 5 thermidor an IX. (24 Juillet 1801.)

<< Citoyen ministre,

« Je vous prie d'agréer mon remercîment de l'attention que vous avez eue de m'informer, par votre lettre du 27 messidor, de la signature de la Convention signée à Paris avec le cardinal Consalvi.

« J'avais remis, aux mains d'Alexandre, le noeud Gordien, que je n'avais pu trancher à Rome. Je suis enchanté qu'il le soit,

(1) Archives du ministère des affaires étrangères, à Paris.

et que mon idée de vous envoyer le secrétaire d'Etat du souverain Pontife ait réussi.

« Cette heureuse nouvelle répandra en Italie la joie et la confiance dans l'âme des bons et le désespoir de nuire dans celle des perturbateurs. Elle persuadera plus qu'aucune autre chose que la France veut véritablement fermer le temple de Janus.

<< J'ai l'honneur de vous saluer respectueusement ».

Signé: CACAULT.

CHAPITRE SIXIÈME.

Ratification du Concordat, à Rome et à Paris.

Le gouvernement français recommande à Cacault de hâter la ratification du Concordat encyclique de ratification. Bref aux évêques titulaires pour leur demander leur démission; comment on demande celle des constitutionnels. Caprara est envoyé à Paris comme légat a latere : détails relatifs à cette mission.

- Ratification et copies du Concordat; dépêches de Cacault. Lettres de félicitation de Bernier au Saint-Père et au cardinal Consalvi pour l'empressement et la condescendance que le Saint-Siége a montrés.

Consalvi arriva le 3 Août à midi précis à Florence, et partit le 5 pour Rome, où il arriva le 7. Cacault l'avait précédé d'un jour.

Les instructions, qu'on avait données à Cacault, pour remplir son message à Rome, étaient conçues dans un grand esprit de conciliation. Il devait d'abord faire accélérer la ratification du Concordat, l'expédition de la Bulle de la nouvelle circonscription des diocèses, l'envoi d'un légat, et tâcher qu'on choisît pour cette importante mission, le cardinal Caprara. On lui demandait ensuite qu'il rédigeât un mémoire sur les priviléges et droits de toute nature, dont jouissait la France, à Rome, avant la Révolution, et qu'il l'envoyât aussitôt à Paris, afin qu'il pût servir de modèle, pour bien rétablir les anciennes relations entre les deux gouvernements. Non moins amicales étaient les assurances qu'il devait donner au gouvernement pontifical relativement à ses affaires temporelles (1).

(1) Archives du ministère des affaires étrangères, à Paris.

Paris, 8 thermidor an Ix. (27Juillet 1801.)

<< Citoyen, le premier Consul s'est montré satisfait de la demande à laquelle le Saint-Père s'est déterminé en envoyant à Paris son secrétaire d'Etat. Les principales bases de la pacification entre la cour de Rome et le gouvernement de la République sont posées, et il convient que cet événement soit signalé en Italie par votre retour à Rome.

« Je vous envoie la copie de la convention qui a été conclue et signée par les plénipotentiaires respectifs des deux gouvernements, la copie du projet de Bulle convenu, et celle du tableau de la nouvelle circonscription des diocèses français. Ces deux dernier projets, ayant été longuement débattus ici, par les ministres plénipotentiaires de Sa Sainteté, ne sauraient être à Rome l'objet d'une discussion bien longue. Le premier Consul désire que toutes ces pièces soient expédiées assez à temps pour qu'elles puissent arriver à Paris avant le 15 Août.

<< Les rapports, étant ainsi entièrement rétablis au gré du Saint-Père, entre la cour de Rome et le gouvernement de la République, la nomination d'un légat doit en être la conséquence immédiate; nous désirons que le choix du Saint-Père se porte sur le cardinal Caprara : cependant, comme l'intérêt principal des deux gouvernements tient à la prompte expédition des affaires, la mesure de l'échange des ratifications ne doit pas dépendre de la nomination, ni du départ du légat du Saint-Siége; les ratifications peuvent très-bien être échangées à Paris par Me l'archevêque de Corinthe (Mer Spina).

<< Je vous invite à m'expédier, par le retour du courrier, un mémoire, dans lequel vous me ferez connaître le protocole des formes pratiquées entre la cour de Rome et l'ancien gouvernement de France, ainsi que les droits de toute nature, dont ce gouvernement jouissait à Rome avant la Révolution.

« Pour ce qui regarde les rapports temporels, vous êtes autorisé à faire connaître à la cour de Rome, qu'à dater du 1° fructidor, la ville de Pesaro, et tout le territoire qui a été

donné à la République Cisalpine, et qui n'avait pas été cédé à la France, par le traité de Tolentino, seront restitués au Saint-Siége.

<< Les villes et Etats du Pape seront évacués par les troupes françaises, à l'exception d'un corps de deux mille hommes qui doit rester en garnison à Ancône, pour établir une communication nécessaire avec les corps qui sont stationnés dans le royaume de Naples.

« A dater du 1er fructidor, ces deux mille hommes seront nourris et soldés par la France, et tout ce qui pourrait être avancé pour cet objet, par la caisse du Saint-Siége, lui sera remboursé.

« A cet effet, les agents ne fourniront rien que sur votre visa, et vous aurez soin de ne rien viser que ce qui est relatif à la solde et subsistance des troupes.

<<< Tous les dix jours, vous enverrez l'état des sommes que le Saint-Siége aura fournies, et il sera sur-le-champ pourvu à leur remboursement.

<< L'intention du premier Consul est de ne maintenir dans les Etats du Saint-Père, un corps de troupes françaises, que pour le temps où cette mesure sera absolument nécessaire; en conséquence vous devrez engager Sa Sainteté, à ordonner la levée d'un corps de soldats suffisant pour maintenir la tranquillité publique, mais il est indispensable de lui recommander et de veiller à ce qu'il ne soit reçu dans cette levée aucun Autrichien, et surtout aucun Napolitain.

<<< Il ne restera plus, pour le complément de nos rapports avec les Etats de Sa Sainteté, qu'à rétablir la poste française. Le premier Consul désire qu'elle soit immédiatement rétablie.

<< Telles sont, citoyen, les instructions que le premier Consul me donne l'ordre de vous adresser; je ne doute pas que votre zèle et votre sagesse n'assurent à leur exécution le plus entier succès.

« Je vous salue ».

CAILLARD.

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