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que quand elle est hors du trou, et ne produit aucun effet utile, ainsi que cela arrive également dans toutes les armes à feu: c'est un fait connu de tous les artilleurs, qu'une partie de la charge brûle hors de la bouche du canon. Les mineurs ne sont point de cet avis.

Quand on fait de grands trous avec la drague, et que l'on perce plusieurs bancs dont quelques-uns sont tendres, on ne se sert point de canettes, et l'on sépare la charge en deux ou quatre places, de manière à ce que la poudre soit enfermée dans le rocher dur, et l'on remplit le trou de l'épinglette avec de la poudre fine que l'on fait glisser au moyen d'un fil de fer. On conçoit que chaque partie de la charge éclate séparément, à commencer par la moins profonde et finissant par celle du fond; tandis que, si l'on se servait de canettes, ce ne serait que la première ou la dernière qui partirait. Ce mode de chargement ne s'emploie qu'au jour et pour effectuer de grands déblais.

LA MÈCHE.

On prépare les mèches soufrées, nommées soufres par les mineurs, en faisant passer trois brins de gros coton filé dans du soufre fondu, ce qui forme une petite baguette soufrée, que l'on coupe ensuite à la longueur convenable: deux pouces suffisent dans les cas ordinaires;

mais si le mineur sait d'avance qu'il éprou vera quelques difficultés à s'éloigner, il coupe ce soufre à trois pouces, afin de se donner tout le temps de se mettre hors de danger.

Les carriers se servent souvent d'amadou et d'une traînasse de poudre pour mettre le feu à leur cartouche; mais ce moyen est beaucoup moins sûr que la mèche soufrée, parce que l'amadou brûle quelquefois trèsirrégulièrement, surtout celui qui est préparé avec du nitre.

DES RATÉES,

pas

Lorsqu'un coup ne peut point partir, et que l'on a essayé deux ou trois fois d'y mettre le feu, sans pouvoir y réussir, il ne faut s'y entêter davantage; car c'est presque toujours là le moment où les mineurs se tuent ou s'estropient.

Quand on se sera assuré, après avoir attendu quelques minutes, que les canettes n'ont pas brûlé, on les retire pour en placer d'autres, après avoir repassé l'épinglette pour s'assurer que rien n'est tombé dans le trou; mais si, après toutes ces tentatives, le coup se refuse à partir, il faut se décider à le noyer et à le décharger; ce qui se fait en versant de l'eau dans le trou de l'épinglette, en le débourrant avec le fleuret et la curette, et en ayant soin de verser de l'eau à mesure qu'on approche de la charge, afin d'être certain que la poudre en bouillie n'est

plus en état de prendre feu. Ceci arrive souvent dans les mines qui contiennent beaucoup d'eau; car, malgré que les mineurs aient soin d'entourer leur trou d'un petit rebord en terre grasse, l'eau s'infiltre en dessous, va mouiller la poudre, et c'est ce que l'on appelle un coup noyé.

DES ÉTUIS. (Pl. X, fig. 7.)

L'étui de mineur ne sert ordinairement qu'à renfermer ses canettes et ses soufres dans deux compartimens séparés; il est en bois, mais je recommande un étui de fer-blanc composé de trois tubes soudés les uns à côté des autres, et fermant chacun avec un couvercle à charnière. Dans le premier, l'on peut mettre quatre cartouches; dans le second, douze canettes, et dans le troisième, qui est fort court, on peut renfermer quelques soufres de cette manière, le mineur, en entrant à sa place, emporte la provision de son poste et n'est pas exposé à la laisser mouiller. Ces étuis coûtent 2.

DU TIRAGE DES MINES SOUS L'EAU.

Il est assez rare que l'on soit obligé de tirer des coups de mine sous l'eau dans les travaux souterrains; mais cependant, comme il peut se présenter des circonstances où il le

faille absolument, nous dirons, d'après M, Baillet1:

Quand la roche n'est recouverte que de quatre à cinq pieds d'eau, on perce le trou de mine comme à l'ordinaire; on descend dans ce trou un étui de fer-blanc assez long pour qu'il dépasse la surface de l'eau, on y introduit une cartouche plus ou moins forte, on la pique avec l'épinglette, comme à l'ordinaire, et l'on bourre autour avec de la terre grasse ou du plâtre jusqu'à la hauteur qui correspond au sommet du trou fait dans le roc; enfin, on substitue la canette à l'épinglette et l'on allume, comme nous l'avons déjà expliqué.

Quand il n'y a que quelques pouces d'eau, et que le mineur voit son rocher, on peut se servir de cartouches goudronnées portant leurs canettes également goudronnées et faites avec de très-petits roseaux. La cartouche s'enveloppe avec du papier ou de la toile.

Le tirage à de grandes profondeurs sous l'eau, qui ne s'exécute guères que pour faire sauter des barres, des récifs ou des écueils, exige de tout autres précautions, et ne s'em ploie jamais dans les mines. Daniel Thumberg en a donné la description dans son ouvrage sur les travaux exécutés à Carlscron, en Suède.

1 Baillet, Description des différentes méthodes du tirage des mines sous l'eau. Journal des mines, n.o 56.

S. 3.

Des échelles, des escaliers et autres moyens de descendre dans les mines.

à

Parmi les différens moyens de descendre dans les puits de mine, je ne balance pas donner la préférence aux échelles, parce qu'il me paraît être celui qui offre le plus de sécurité.

4

Les échelles de mineurs sont verticales, quand elles sont placées dans un puits perpendiculaire; on les fixe au boisage par de gros clous; leurs montans sont carrés, et leurs échelons sont plats et toujours en bois dur. Chaque échelle a 10 pieds (3,33), et on les assujettit les unes au bout des autres pendant 30 pieds ou 10 mètres environ, après quoi on les change de côté, afin de pouvoir placer de petits planchers de 10 en 10 mètres, qui servent de repos et qui permettent aux mineurs de monter et descendre à la fois dans le même puits.

Les échelons s'usent assez vite, parce que les mineurs portent ordinairement des galoches ferrées, et c'est pour cette raison que dans plusieurs mines d'Angleterre on a adopté des échelons de fer; je l'ai essayé aussi, mais j'y ai renoncé à cause du froid excessif de ces échelons, qui se recouvrent de glace en hiver, surtout quand les échelles sont pla

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