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gnage de l'amitié et de la haute estime que je lui ai vouée; et j'envoie auprès d'elle mon lieutenant général le baron de Vincent pour vous porter, monsieur mon frère, l'assurance de ces sentiments invariables. Je me flatte que V. M. n'a jamais cessé d'en être convaincue, et que si de fausses représentations qu'on avait répandues sur des institutions intérieures organiques que j'ai établies dans ma monarchie, lui ont laissé, pendant un moment, des doutes sur la persévérance de mes intentions, les explications que le comte de Metternich a présentées à ce sujet à son ministre, les auront entièrement dissipées. Le baron de Vincent se trouve à même de confirmer à V. M. ces détails, et d'y ajouter tous les éclaircissements qu'elle pourra désirer. Je la prie de lui accorder la même bienveillance avec laquelle elle a bien voulu le recevoir à Paris et à Varsovie. Les nouvelles marques qu'elle lui en donnera me seront un gage non équivoque de l'entière réciprocité de ses sentiments, et elles mettront le sceau à cette entière confiance qui ne laissera rien à ajouter à la satisfaction mutuelle.

Veuillez agréer l'assurance de l'inaltérable attachement et de la haute considération avec laquelle je suis,

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Monsieur mon frère, je remercie V. M. I. et R. de la lettre qu'elle a bien voulu m'écrire, et que M. le baron de Vincent m'a remise. Je n'ai jamais douté des intentions droites de V. M.; mais je n'en ai pas moins craint un moment de voir les hostilités se renouveler entre nous. Il est à Vienne une faction qui affecte la peur pour précipiter votre cabinet dans des mesures violentes qui seraient l'origine de malheurs plus grands que ceux qui ont précédé. J'ai été le mattre de démembrer la monarchie de V. M., ou du moins de la laisser moins puissante je ne l'ai pas voulu. Ce qu'elle est, elle l'est de mon vœu : c'est la plus évidente preuve que nos comptes sont soldés, et que je ne veux rien d'elle. Je suis toujours prêt à garantir l'intégrité de sa monarchie. Je ne ferai jamais rien contre les principaux intérêts de ses États. Mais V. M. ne doit pas remettre en discussion ce que quinze ans de guerre ont terminé ; elle doit défen

dre toute proclamation ou démarche provoquant la guerre. La dernière levée en masse aurait produit la guerre, si j'avais pu craindre que cette levée et ces préparatifs fussent combinés avec la Russie. Je viens de licencier les camps de la confédération; cent mille hommes de mes troupes vont à Boulogne pour renouveler mes projets sur l'Angleterre. Que V. M. s'abstienne de tout armement qui puisse me donner de l'inquiétude et faire une diversion en faveur de l'Angleterre. J'ai dû croire, lorsque j'ai eu le bonheur de voir V. M. et que j'ai conclu le traité de Presbourg, que nos affaires étaient terminées pour toujours, et que je pourrais me livrer à la guerre maritime, sans être inquiété ni distrait. Que V. M. se méfie de ceux qui, lui parlant des dangers de sa monarchie, troublent ainsi son bonheur, celui de sa famille et de ses peuples. Ceux-là seuls sont dangereux; ceux-là seuls appel lent les dangers qu'ils feignent de craindre. Avec une conduite droite, franche et simple, V. M. rendra ses peuples heureux, jouira elle-même du bonheur dont elle doit sentir le besoin après tant de troubles, et sera sùre d'avoir en moi un homme décidé à ne jamais rien faire contre ses principaux intérêts. Que ses démarches montrent de la confiance, elles en inspireront. La meilleure politique aujourd'hui, c'est la simplicité et la vérité qu'elle me confie ses inquiétudes, lorsqu'on parviendra à lui en donner je les dissiperai sur-le-champ. Que V. M. me permette un dernier mot : qu'elle écoute son opinion, son sentiment: il est bien supérieur à celui de ses conseils.

Je prie V. M. de lire ma lettre dans un bon sens, et de n'y voir rien qui ne soit pour le bien et la tranquillité de l'Europe et de V. M.

Bonaparte autorise la confédération du Rhin à désarmer. Les démarches de l'Autriche convainquirent tellement Bonaparte de ses intentions pacifiques, qu'il écrivit, avant de répondre même à l'empereur François, la lettre suivante aux rois de la confédération du Rhin, ainsi qu'au grand-duc de Bade et au prince-primat :

Erfurt, le 12 octobre 1808.

Monsieur mon frère, les assurances données par la cour de Vienne que les milices étaient renvoyées chez elles, et ne seraient plus rassemblées, qu'aucun armement ne donnerait plus d'inquiétude pour la frontière de la confédération; la lettre ci-jointe, que je reçois de l'empereur d'Autriche, les protestations réitérées que m'a faites M. le baron de Vincent, et, plus que cela, le commen

cement de l'exécution qui a déjà lieu en ce moment en Autriche des différentes promesses qui ont été faites, me portent à écrire à V. M. que je crois que la tranquillité des États de la confédération n'est d'aucune manière menacée, et que V. M. est maîtresse de lever ses camps et de remettre ses troupes dans leurs quartiers de la manière qu'elle est accoutumée de le faire. Je pense qu'il est convenable que son ministre à Vienne reçoive pour instruction de tenir ce langage, que les camps seront réformés, et que les troupes de la confédération et du protecteur seront remises en situation hostile toutes les fois que l'Autriche ferait des armements extraordinaires et inusitės; que nous voulons enfin tranquillité et sûreté.

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Rupture entre l'Autriche et la France. Divers incidents vinrent bientôt troubler la sécurité de Bonaparte. Les intelligences que les agents de l'Autriche en Italie entretenaient avec les Espagnols; les difficultés que cette cour opposait à la reconnaissance de Joseph Bonaparte comme roi d'Espagne, tandis que la police de Vienne autorisait la vente d'une brochure, où le ministre de Ferdinand VII, Cevallos, avait dévoilé les intrigues employées pour faire tomber ce prince dans le piége; la part que l'internonce de cette puissance à Constantinople prit à la réconciliation entre la Porte et la GrandeBretagne, et surtout le passage du message du roi d'Angleterre à son parlement, du 15 décembre 1808, dont nous avons parlé 2, lui ouvrirent les yeux. Dans les premiers jours de 1809, il adressa, de Valladolid, des circulaires aux souverains de la confédération du Rhin, pour les requérir de compléter leurs contingents et de les rendre mobiles. Lui-même quitta l'Espagne, et arriva à Paris.

Rien ne contrariait plus les projets de Bonaparte qu'une guerre avec l'Autriche, à l'instant où il espérait réduire l'Espagne. Il fit une tentative pour l'éviter; il employa l'intervention du comte de Roumanzoff qui était encore à Paris, et par lequel il fit faire à l'ambassadeur d'Autriche la proposition d'un arrangement qui unirait la France, la Russie et l'Autriche par les liens d'une triple garantie, et qui donnerait à l'Autriche, pour sûreté de l'intégrité de son territoire, la garantie de la Russie contre les entreprises de la France, et celle de la France contre les entreprises de la Russie; la garantie de l'Autriche aurait aussi été acceptée par les deux autres puissances.

Cette proposition n'eut aucun résultat. Il ne s'agissait pas pour l'Autriche de s'assurer la tranquille possession des États que le dernier traité lui avait laissés; elle espérait que les conjonctures actuelles lui permettraient de briser les conditions onéreuses de ce traité et de rentrer dans l'intégrité de ses possessions. D'ailleurs, le cabinet de Vienne devait savoir apprécier la valeur de ces garanties qu'on pro met facilement, lorsque les conjonctures en font regarder l'effet comme éloigné, et qu'on a tant de moyens de décliner, lorsque la politique a changé. Qui, plus que cette maison, a éprouvé l'insuffisance de ces garanties; elle à laquelle l'Europe entière avait garanti la pragmatique sanction de Charles IV 3?

L'Autriche dévoila de plus en plus ses vues hostiles, en pressant ses armements et en travaillant à exalter l'esprit de la nation. Les armées françaises, de leur côté, se mirent en mouvement; le corps d'Oudinot entra en Souabe vers la fin de février; l'armée de Davoust, qui occupait auparavant Baireuth et Fulde, se

L'histoire de ce différend, qui forme un épisode dans celle de la guerre entre la Russie et la Porte, appartient à la troisième partie de cet ouvrage.

2 Voy. ci-dessus, p. 113.

3 Voici comment le comte de Stadion, ministre des affaires étrangères, s'exprime dans une lettre qu'il écrivit le 30 mars au comte de Metternich, mais que celui-ci lut pour la première fois dans le Moniteur du 27 juin, parce que le courrier qui la lui portait avait été intercepté « La part que la proposition de M. de Champagny destine à la cour de Saint-Pétersbourg, dans cette garantie qu'elle semble offrir à la cour de Vienne, tout en compromettant la tranquillité de l'empire de Russie, ne

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saurait cependant, pour de telles circonstances, rien ajouter à la sûreté de l'Autriche. Exposée sans défense à la première agression de la France et de ses alliés réunis, sans moyens en elle-même pour s'opposer à une invasion toujours préparée contre elle, l'Autriche ne pourrait en appeler à l'amitié et aux engagements de l'empereur Alexandre, que dans le moment où les troupes ennemies seraient déjà établies au centre de la monarchie, et elle aurait succombé avant que les secours que l'empereur lui assure ne fussent arrivés. C'est ainsi qu'elle entraînerait le garant généreux dans sa propre ruine, et qu'elle l'associerait non à son salut, mais à sa perte. »

porta sur le Mein; plusieurs corps français passèrent le Rhin en Alsace. Le 2 mars, le comte de Metternich annonça à M. de Champagny que le retour de Bonaparte à Paris, l'ordre donné aux princes de la confédération du Rhin, et des articles insérés dans les journaux, avaient inspiré à sa cour de justes inquiétudes, et qu'elle avait cru devoir mettre son armée sur pied de guerre, mais qu'elle conservait toujours des dispositions pacifiques. Des notes furent échangées entre les ministres, sans produire aucune altération dans l'état de gêne où les deux puissances se trouvaient l'une envers l'autre, et qui devait incessamment amener une crise.

Le 4 mars une nouvelle lettre adressée par Bonaparte aux princes de la confédération de la seconde classe, les pressa d'envoyer leurs contingents à Würzbourg, pour le 20. Les bataillons de la landwehr autrichienne se mirent en mouvement vers la frontière. Le roi de Würtemberg ayant mis le séquestre sur les biens de ses sujets qui se trouvaient au service de l'Autriche, la cour de Vienne rappela, le 30 mars, son ministre de Stuttgard. Parmi les individus frappés par la mesure du roi, se trouvaient, depuis les usurpations de 1806, le comte de Stadion, ministre des affaires étrangères de l'Autriche, et le prince de Metternich, père de l'ambassadeur de cette cour à Paris.

Déclaration de l'Autriche, du 27 mars 1809. - Bientôt après, la cour de Vienne publia une déclaration qui porte la date du 27 mars, et qui peut être regardée comme un manifeste contre la France'. On y affecte d'envisager la phrase de la lettre de M. de Champagny, du 30 juillet, par laquelle il dit que la guerre sera l'inévitable résultat du mouvement imprimé à la monarchie autrichienne, comme l'annonce d'intentions hostiles; mais à cela près, on n'y articule pas un seul fait positif qui eût forcé l'Autriche à prendre les armes à cette époque plutôt qu'à toute autre; on y récapitule tous les griefs de cette puissance depuis la paix de Presbourg; les outrages dont Bonaparte l'avait accablée, les actes arbitraires qu'il s'était per

mis; on cite des exemples de stipulations du traité qui n'avaient été exécutées que fort tard ou point du tout; la convention par laquelle la France avait forcé l'Autriche à accorder aux troupes italiennes une route d'étape à travers les provinces maritimes de la monarchie; le refus de rendre Braunau, sous prétexte que les Bouches du Cattaro avaient été livrées aux Russes; l'établissement de la confédération du Rhin, par laquelle l'empire germanique se trouva anéanti; l'occupation par les troupes françaises des provinces cédées par la paix de Tilsit, de manière que les frontières de l'Autriche se trouvaient continuellement menacées; la convention de Fontainebleau, du 10 octobre 1807, par laquelle on lui imposa de nouveaux sacrifices; enfin, l'obligation de fermer ses ports aux Anglais, au détriment de ses finances et du commerce de ses sujets. « La cour de Vienne vit donc à regret, continue le manifeste, que tout en restant fidèle au système qui l'avait guidée jusqu'alors, elle ne pouvait cependant trouver à l'avenir la sûreté et la conservation de ses États, que dans l'emploi sage et mesuré des moyens de défense que lui offraient l'attachement de ses peuples et le patriotisme des provinces de son empire.

« Ce fut cette conviction, née du désir et du besoin de la paix, qui détermina l'empereur à ordonner, dans l'intérieur de la monarchie, les institutions et les mesures organiques que S. M. jugeait de nature à assurer sa défense. Ces établissements intérieurs sont connus; ils portent l'empreinte de leur intention purement défensive, et de leur tendance purement pacifique, aussi longtemps que l'Autriche ne serait pas menacée d'une attaque étrangère. L'empereur crut donc pouvoir se flatter que ces mesures ne provoqueraient la jalousie d'aucune puissance qui n'aurait pas déjà contre lui des vues hostiles, ou des plans d'agression.

« La prévoyance de S. M. fut bientôt justifiée; car à peine s'occupait-elle de la première orga nisation de ces institutions intérieures, que de nouvelles circonstances lui en montrèrent l'ur

1 Cette déclaration se trouve dans mon Recueil de pièces officielles, volume II, page 455. Il est remarquable cependant que la cour de Vienne ne regardait pas cette déclaration comme un manifeste de guerre, puis

qu'elle ordonna à son ministre à Paris de ne demander ses passe-ports, après l'avoir remise, que lorsqu'il aurait reçu la nouvelle du commencement des hostilités.

gente nécessité. C'est en effet dans ce même temps que le cabinet des Tuileries fit à Vienne des insinuations tendantes à engager S. M. dans des projets contre un État voisin, dont la conservation fait partie de son système politique ; projets qui, en occupant les forces de l'Autriche sur une partie éloignée de ses frontières, auraient laissé ses provinces allemandes sans défense, et ouvert toutes les routes et tous les points de la monarchie aux armées françaises. C'est encore dans ce même temps que l'exemple d'un prince voisin et allié de la France, qui tombait victime de son amitié et de sa confiance envers S. M. l'empereur des Français, indiquait à l'Autriche le sort qui lui était également réservé, si elle ne trouvait pas dorénavant en ellemême, contre tous les dangers extérieurs, la garantie de son existence politique.

« Il ne fut plus possible de se méprendre sur la certitude des dangers. Plus les mesures défensives de l'Autriche étaient propres à maintenir la paix, plus le cabinet des Tuileries y trouva de raisons de s'en plaindre. »

Le manifeste parle ensuite de la demande qui fut faite de reconnaître immédiatement le frère de Bonaparte comme roi d'Espagne, en promettant par contre la retraite des troupes françaises de la Silésie; la lettre écrite, de Valladolid, par Bonaparte aux princes de la confédération du Rhin; le déchaînement des journaux français contre la maison d'Autriche. Répondant à la question élevée par Bonaparte : Que veut l'Autriche? dit la déclaration : « L'Autriche n'aspire qu'à la paix, et ne veut qu'être assurée de sa tranquillité. Mais elle aspire à une paix véritable, qui, au lieu d'être interrompue journellement par des menaces, par des dispositions hostiles, et par des exigences étrangères, permette aux peuples de l'empereur de jouir en repos des bienfaits d'une administration paternelle, et lui permette à lui-même de jouir du bonheur de ses peuples.

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L'empereur Napoléon avait arrêté que sa guerre contre la Grande-Bretagne serait la cause commune de tout le continent, que la haine qu'il avait vouée au gouvernement britannique deviendrait le principe de tous les souverains, et que les vexations que, dans son désir de nuire à l'Angleterre, il exerçait contre l'industrie commerciale de chaque pays accessible à ses armes ou à ses décrets, serviraient de règle à tous les gouvernements. Pour n'avoir pas assez complétement obéi à ce système jusqu'alors inconnu, la maison de Bragance fut précipitée du trône de Portugal. A la même époque, le cabinet des Tuileries demanda formellement à S. M. I. de cesser toutes ses relations avec le gouvernement anglais; et, pour tout argument, il lui présenta l'alternative ou de se rendre sur-le-champ à cette proposition, ou de se préparer à une rupture immédiate avec la France.

Déjà, par les mesures arrachées à l'empereur en 1806, par l'exclusion du pavillon britannique, par la fermeture de tous les ports du continent, exécutée en vertu des ordres suprêmes de l'empereur Napoléon, le commerce des États autrichiens se trouvait sensiblement paralysė. La nouvelle mesure exigée par la France devait porter le mal à son comble; et les suites en effet n'en furent que trop pernicieuses. Sous des rapports d'un ordre plus élevé, le sacrifice que, dans ce moment difficile, S. M. crut devoir faire au maintien de sa tranquillité, n'était pas d'une moindre importance. Ce sacrifice brisait un des liens les plus essentiels qui, jusque-là, avaient cimenté les intérêts communs des différentes puissances de l'Europe; il détruisait toutes les communications; il diminuait les moyens de défense de ceux des États indépendants qui avaient encore conservé des ressources; il achevait le découragement des autres; enfin, les motifs

1 On trouve ce manifeste dans mon Recueil de pièces officielles, vol. IX, p. 261.

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d'animosité, motifs entièrement étrangers à l'Autriche, qui avaient concouru à le faire exiger, le rendaient encore plus pénible à l'empereur. Aussi, en consommant ce sacrifice, S. M. sentit plus vivement que jamais combien il lui serait difficile de fixer, aux condescendances que lui prescrivait son amour pour la paix, des limites quelconques qui pussent arrêter enfin les prétentions toujours croissantes du gouvernement français.

Après cette tirade, le manifeste fait allusion à une transaction que l'on ne connaît absolument que par le peu de mots que cette pièce en dit; les voici :

Peu de temps après, les vastes projets de ce gouvernement se développèrent sous une forme nouvelle, et en apparence moins hostile pour l'Autriche. On fit à S. M. I. des insinuations tendantes à dissoudre un grand empire voisin et à en partager d'avance les dépouilles; insinuations d'autant plus inattendues pour S. M., qu'elles lui venaient de la part d'un cabinet qui n'avait jusque-là négligé aucune occasion pour proclamer la conservation de ce même empire comme une des bases de son système politique. L'entreprise proposée renfermait en elle un principe d'injustice si révoltant, que ce seul motif eut suffi pour en détourner l'empereur; mais une saine politique et le véritable intérêt de sa monarchie lui défendaient également d'y concourir. L'augmentation de territoire qui aurait pu en revenir à S. M. ne lui aurait paru qu'un avantage illusoire, tandis qu'un résultat plus réel et plus certain aurait été l'admission d'une armée française dans l'intérieur de ses États.

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pas éloignée de l'idée de fixer ses relations avec la France, de consolider et de garantir sa propre sûreté et celle de ses voisins par le lien de quelque nouveau traité; projet inexécutable, puisque, loin de favoriser les vues de l'empereur Napoléon, il n'aurait fait que les entraver et les déranger.

L'Autriche appelle aux armes les différents peuples de l'Allemagne.-Le 6 avril, l'archiduc Charles publia un ordre du jour qui fit connaître à l'armée sa destination. Le 8, l'empereur François annonça l'objet de la guerre à ses peuples. Le même jour, le généralissime publia un appel à la nation allemande1. Ce fut la première fois que l'Autriche essaya d'un moyen dont les révolutionnaires français avaient tant abusé, celui de s'adresser aux peuples, sans l'intermédiaire des gouvernements. Il paraît que l'effet produit en Espagne par les proclamations énergiques des juntes et des généraux, avait inspiré au cabinet de Vienne l'idée d'imiter cet exemple. Indépendamment de quelques pièces anonymes, quoique publiées sous l'autorité publique, on vit successivement paraitre une proclamation du général Rosenberg, aux Bavarois; une autre du général Radivojevics aux habitants de la principauté de Bayreuth; celle du général Am-Ende, publiée en Saxe; une proclamation de l'archiduc Jean aux Italiens; celle de l'archiduc Ferdinand aux peuples du duché de Varsovie. Toutes ces pièces appelaient les peuples à l'insurrection, sans le concours des gouvernements: tentative dangereuse, parce que s'il était vrai que tous ces peuples se trouvaient sous le joug français, il était vrai aussi que leurs souverains étaient les alliés de la France. Les changements de maitres que ces pays avaient éprouvés, étaient consacrés par des traités, et avaient été annoncés aux habitants par leurs souverains légitimes. Au reste, ce fut en vain que les proclamations autrichiennes s'adressèrent aux Allemands, et parlèrent des intérêts de l'Allemagne. Il n'existait plus d'Allemagne, si ce n'est dans un sens géographique. Depuis longtemps les habitants de ce pays n'avaient plus d'interêts communs ; il régnait des haines héréditaires et des jalousies

On trouve ces trois pièces dans mon Recueil de pièces officielles, vol. II, p. 455, 459, 461.

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