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136 sourds-muets sur 161 sourdes-muettes; l'Eure Loir, 55 sur 67; la Meuse, 58 sur 60, et le Gers, sur 6.

Le dénombrement des sourds-muets par âge présenter le résultat suivant: au-dessous de 5 ans, 573 garçons s 430 filles; de 5 à 15, 2,765 sur 2,038; au-dessus de 15 a 8,987 sur 6,783; total 12,325 sur 9,251; ensemb comme il a été dit, 21,576 des deux sexes.

La moyenne de la proportion des sourds-muets France serait, d'après M. de Watteville, de 4 sourd-mu sur 1,669 habitants, soit, pour les hommes, 1 sur 730, e pour les femmes, 1 sur 939. Les Hautes-Alpes contier draient sourd muet sur 419 habitants, tandis qu'il n'y e aurait dans la Seine que 1 sur 4,694.

Les départements dans lesquels on en trouverait le plu seraient les Hautes-Alpes, les Hautes-Pyrénées, la Corse l'Ariége, le Bas-Rhin, la Meurthe, le Puy-de-Dôme, le Basses-Alpes, le Haut-Rhin, la Drôme, contrées montagneuses, maritimes, forestières. Ceux où l'on en rencon trerait le moins la Seine, la Sarthe, la Haute-Marne, les Pyrénées-Orientales, le Lot-et-Garonne, le Maine-et-Loire, le Loir-et-Cher, les Landes, la Meuse et le Calvados, contrées dans lesquelles dominent, à quelques exceptions près, les plaines et les cultures.

Pour arriver à ce résultat, M. de Watteville a cru devoir diviser les départements: 40 d'après leurs points cardinaux, sud, sud-est, sud-ouest, est, nord et ouest; 20 en localités montagneuses, maritimes, forestières, de plaines et de

cultures; 3o en contrées frontières et centrales. Ce sont, comme nous l'avons dit, les régions montagneuses et dont la population est généralement pauvre, qui lui ont fourni le plus de sourds-muets, tandis qu'il en trouve le moins, de beaucoup, dans les pays de culture, où règne une plus grande aisance. De ce premier côté, il la juge de moitié moins considérable.

Remontant aux races primitives de la France, il en divise les débris en germanique, gallo-latine, basque, celtique, gauloise, wallonne et normande.

La première, qu'il trouve dans la Meurthe, la Moselle, le Bas-Rhin et le Haut-Rhin, lui donne 4 sourd-muet sur 1,053 habitants;

La deuxième, dans les Basses-Alpes, l'Aude, les Bouchesdu-Rhône, la Corse, le Gard, l'Hérault, le Var et Vaucluse. 1 sourd-muet sur 1,579 habitants;

La troisième, dans les Basses-Pyrénées, 1 sur 1,718;

La quatrième, dans les Côtes-du-Nord, le Finistère, l'Ille-et-Vilaine, la Loire-Inférieure et le Morbihan, 1 sur 1,720;

La cinquième, dans l'Allier, le Cher, l'Indre, l'Indre-etLoire, le Loir-et-Cher et le Loiret, 1 sur 1,988;

La sixième, dans les Ardennes et le Nord, 1 sur 2,091, La septième enfin, dans le Calvados et la Seine-Inférieure, 1 sur 2,227.

Moyenne sur la population totale de la France, 1 sourd muet sur 1,669 habitants.

S'il est, ajoute M. de Watteville, une classe d'êtres à laquelle il soit indispensable d'apporter le bienfait de l'instruction primaire, c'est, sans contredit, celle des sourds-muets. Trop longtemps relativement isolée par son malheur de la grande famille humaine, elle en deviendra alors un membre utile et actif. Mais, pour arriver à ce résultat désirable, il faut qu'elle ne soit pas abandonnée à elle-même ou laissée aux soins insuffisants d'une famille indigente; il faut qu'elle soit admise de droit dans les écoles, et que l'instruction primaire lui soit, au besoin, donnée gratuitement. Jusqu'au vie siècle on ne trouve aucun vestige de l'art d'instruire les sourds-muets. Pendant les siècles qui précédèrent l'établissement des asiles ouverts à ces malheureux, ils vécurent dans le plus complet abandon. Les premiers essais tentés pour leur enseignement datent du XVIe siècle et sont attribués à un bénédictin espagnol du couvent de Sahagues, dans le royaume de Léon, Pedro de Ponce, mort en 1584.

Deux frères et une sœur du connétable Velasco, frappés de cette double infirmité, durent aux soins éclairés de ce religieux, de remplacer l'ouïe par la vue et la parole par l'écriture. L'impulsion était donnée; il eut des imitateurs, un autre Espagnol, entre autres, Pereira, en 1748.

Le premier instituteur qu'ait eu la France est le père Vanin, de la doctrine chrétienne, qui s'aida d'estampes dans l'éducation de deux sœurs jumelles sourdes-muettes, chez la mère desquelles le hasard, après la mort du père Vanin, conduisit l'abbé de l'Épée.

Celui-ci, sans guide, sans livres, rédigea pour ses nouveaux élèves un projet de dictionnaire de la langue mimique, dont il envoya, dit-on, l'original imparfait à son disciple l'abbé Sicard.

Si les sourds-muets n'ont pas produit jusqu'ici tout ce qu'on croyait pouvoir en espérer, on aurait grand tort de s'en prendre à eux seuls. Les poésies imprimées de l'un d'eux, Pélissier, ne sont pas certes passées inaperçues, et, sans compter beaucoup de ses frères dignes d'éloges, nous serions sans excuse d'oublier M. Alphonse Lenoir, ancien professeur à l'Institution impériale de Paris, cultivant les lettres et les arts avec un talent aussi modeste que remarquable, et M. Forestier, qui, puissamment aidé par son épouse parlante, fille d'un sourd-muet, femme supérieure, dirige, à l'heure qu'il est, avec autant de talent que de zèle une des premières institutions de l'Empire, celle de Lyon, pour laquelle il publie sans cesse de nouveaux livres d'éducation spéciaux, qu'on aura bien de la peine à surpasser.

Les sourds-muets sont aptes aux études qu'exige un grand nombre de carrières. Nous en pouvons citer trois, entre autres, MM. Navarin, Aimé Giraud et Louis Rémond, qui, à la grande surprise des parlants, sont clercs chez deux notaires de Paris et de Grenoble, et chez un avoué de Paris.

Cette nation à part, si digne d'intérêt, a aussi des peintres dont les ceuvres figurent aux expositions et au musée de Versailles : Mlle Fanny Robert, élève de Girodet; Peyson, élève de Hersent et de Léon Cogniet, qui a

fait don à la chapelle de l'Institution impériale de Pa dont il se rappelle avoir suivi les cours, d'un de ses m leurs tableaux, représentant les derniers moments de l'a de l'Épée; Léopold Loustau, Ali de Sant-Prix, Jose Tronc, professeur adjoint de dessin à l'Institution imp riale; des graveurs : Boclet, attaché au dépôt de guerre; Mlle Alavoine; des photographes, entre autr Braquehais; des lithographes, des mécaniciens, des ho logers distingués: Barbat, Alavoine, frère de la sourd muette citée plus haut; enfin des ouvriers intelligents habiles ; des marins; l'un d'eux, nègre robuste au servi des États-Unis; un autre, le nommé Languerre, anci élève de l'Institution impériale de Paris, employé comm matelot à bord d'un bâtiment de pêche de Tréport et q observe admirablement les signaux de son patron, moir lettré que lui; un autre encore, le nommé Trannes, égale ment ancien élève de l'établissement, membre de la Sociét de sauvetage, et à qui des médailles et même la croi d'honneur ont été décernées en récompense du rar courage dont il a fait preuve plusieurs fois en retirant a l'eau des personnes qui se noyaient.

N'oublions pas dans cette énumération, que nous aurion voulu rendre plus complète, le nom d'un jeune statuaire sourd-muet, Félix Martin, dont on a remarqué au dernier salon un groupe d'une composition charmante: Saint François de Sales instruisant les sourds-muets, et qui expose, en ce moment, un sujet plus touchant encore: Notre Seigneur appelant à iui les petits enfants.

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