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marché, des divers produits qu'il donne, des péages, des tonlieux, des profits de justice, etc., et n'étudierons pas le prix des denrées aux différentes époques de l'histoire que nous entreprenons.

Par contre, nous avons l'intention de suivre de façon toute spéciale le processus général des foires et des marchés, et d'étudier les causes de leur prospérité et de leur décadence; nous indiquerons quelles personnes ou quelles autorités, suivant les époques, en profitèrent et les réglementèrent, et chercherons à fixer leurs emplacements, leurs époques, à montrer enfin, la lutte qui, de tout temps, éclata entre les différentes sortes de marchands, bourgeois, forains ou revendeurs, et les multiples péripéties de ce conflit qui ne sera apaisé que par la disparition de la foire et la victoire des revendeurs.

Tels sont les seuls points que nous allons traiter. Nous ne parlerons pas d'autre chose, c'est dire que de nombreux travaux restent encore possibles sur cette question. Nous ne prétendons pas avoir épuisé la matière, mais, cependant, si l'on compare notre travail au seul qui existe sur le même sujet, dans l'ouvrage de Courtépée (1), et qui se réduit à quatre pages, on jugera probablement qu'il n'est pas inutile ni sans intérêt.

Il nous reste maintenant à indiquer notre plan. Nous verrons d'abord que le marché et la foire sont la propriété des communautés religieuses de Dijon qui en touchent les bénéfices. C'est l'Eglise, en

(1) Courtépée, Description du duché de Bourgogne, t. I, p. 435, 436, 437 et 438.

effet, qui apparaît en premier lieu dans tous les pays, exerçant son autorité sur les manifestations commerciales. De très étroits rapports unissent aux fêtes religieuses les foires. Par leur solennité, par la foule qu'elles attirent, par leur périodicité et par la sécurité que la protection des divinités assure aux relations sociales, elles sont l'occasion de transactions commerciales. « Le temple a toujours attiré les marchands, parce qu'il attire les fidèles (1). »

Bientôt, à l'organisation religieuse succède l'organisation laïque, féodale d'abord, puis communale. Le seigneur, le premier, bat en brèche le pouvoir des grandes abbayes, et lorsqu'il cède ses droits à la commune, celle-ci restreint considérablement l'activité des communautés religieuses dont la décadence semble prochaine. Cette période, qui s'arrête avec la fin du quatorzième siècle, fait l'objet du second chapitre.

La réorganisation continue, la centralisation de tous les pouvoirs s'opère entre les mains du roi. C'est à cette époque que se creuse le fossé séparant les foires des marchés, et que les différences s'accentuent; les premières tendent à prendre, de plus en plus, un caractère quasi-international, tout au moins ultra-régional, tandis que les autres n'intéressent plus que la ville et ses villages avoisinants, qui vont y porter les produits du sol et des animaux. Pour cette raison et par suite du nombre des documents qui ont été conservés jusqu'à nos jours, nous allons,

(1) P. Huvelin, Essai historique sur le droit des marchés et des foires, Paris, 1897, p. 97 et suiv.

à partir du quinzième siècle, étudier séparément les marchés et séparément les foires.

Celles-ci sont à la période critique: elles éprouvent des alternatives de prospérité et de déclin, tantôt elles se relèvent et tantôt elles retombent. Toutes ces fluctuations, dues souvent à des causes extérieures, les marchés ne les subiront pas. Rien ne devait arrêter leur prospérité.

Dans notre sixième chapitre, nous les voyons cependant légèrement et momentanément décliner, à l'époque troublée de la Révolution, pour se relever dès que la paix est rétablie dans le pays. Ils continuent à être très prospères au cours du dix-neuvième siècle qui marque la décadence des foires générales, définitive et sans remède. Celles-ci ont complètement disparu, pour céder la place à quelques foires spéciales qui réussissent parfaitement, bien qu'elles ne soient créées que depuis peu d'années. Nous les étudions dans notre conclusion en même temps que, pour terminer, nous jetons un coup d'œil du côté de l'avenir.

Nous avons été puissamment aidé, dans la direction de notre travail, par les conseils de M. E. Champeaux, professeur à la Faculté de Droit de Dijon, qui avait traité le sujet dans ses grandes lignes jusqu'à l'époque révolutionnaire, à son cours de Droit bourguignon.

Nous sommes redevable à l'obligeance de M. Oursel, bibliothécaire-archiviste municipal de la ville de Dijon, d'avoir pu consulter quelques pièces des archives modernes non encore classées.

Quant à notre conclusion, elle a été rédigée plus

spécialement avec les renseignements que nous avons pu recueillir auprès de M. Barabant, maire de Dijon; de M. J. Delimoges, rédacteur-directeur de la Bourgogne agricole, président du Syndicat agricole de Seurre, vice-président de celui de la Côted'Or; de M. C. Dumont, président de la Chambre de commerce de Dijon, conseiller du commerce extérieur de la France; de M. Germain-Martin, professeur d'économie politique à la Faculté de Droit de Dijon; de M. A. Savot, président du Syndicat de la Côte dijonnaise; auprès enfin de M. A. Vialay, qui fut, au Conseil municipal, le rapporteur de toutes les questions concernant les foires et les marchés.

M. le Préposé en chef de l'octroi et le receveur du marché nous ont aussi fourni de très utiles indications.

Que tous ces messieurs, et plus particulièrement M. Champeaux, veuillent bien agréer mes plus sincères remerciements.

CHAPITRE PREMIER

Les Foires et Marchés et les Communautés religieuses.

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Dijon sous la domination des évêques de Langres. Les églises de Saint-Etienne et de Saint-Bénigne origine, situation différente, importance religieuse et commerciale. Diplômes royaux. Garnier de Maillys et l'abbé Guillaume. Conflit entre les deux abbayes. Décadence. - Les deux marchés, emplacements et jours. Les foires de la Saint-Bénigne et de la Saint-Jean: emplacements. — Cession de Dijon au roi Robert.

Depuis l'époque de Grégoire de Tours, l'obscurité s'est faite sur le sort de Dijon; aucun document authentique ne nous permet d'écrire son histoire. Nous ne pourrions que hasarder des conjectures, par comparaison ou assimilation avec ce qui s'est passé dans d'autres provinces ou dans d'autres villes, aussi préférons-nous nous abstenir et commencer notre étude au neuvième siècle seulement.

A cette époque, Dijon est sous la domination des

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