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ments des marchandises analogues aux différentes saisons, ce qui feroit nécessairement manquer la vente et nuiroit beaucoup au commerce... » rapporte son arrêté du 25 floréal et décide que « les foires accoutumées de se tenir à Dijon demeurent conservées au nombre de quatre, qui se tiendront toutes à la halle ». Elles seront toutes de huit jours, excepté celle de germinal dont la durée reste fixée à trois jours.

Malgré ces changements successifs, les foires de Dijon n'étaient pas brillantes, si l'on en juge par cette lettre du commissaire de police au maire : << Sur la demande que vous me faites de l'état actuel des foires de Dijon, je n'ai pas un compte des plus satisfaisant à vous faire, en ce qu'elles dégénèrent chaque jour (1). »

Lorsque le calendrier révolutionnaire fut abrogé (2), il fallut modifier les dates des foires; c'est pourquoi, le 17 janvier 1806, fut rendu un « arrêté par lequel le maire, sur l'invitation qui lui en a été faite par le préfet, d'après les ordres du ministre de l'Intérieur et d'après le vœu des négociens de la ville, décide qu'il sera prié de fixer la foire qui s'ouvrait au 10 ventôse au 10 mars »>, celle du 10 prairial au 10 juin, celle du 30 prairial au 24 juin, et celle du 10 brumaire au 10 novembre (3).

Le nombre des foires a encore été augmenté au cours du dix-neuvième siècle, on se demande en vain pour quelle raison.

(1) Archives modernes, S. 3. 13 brumaire an XIII.

(2) 1er janvier 1806.

(3) A. M., registre des délibérations, XXI.

Une ordonnance du roi du 18 janvier 1826 crée quatre nouvelles foires :

<< Charles, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre,

» A tous ceux qui ces présentes verront, salut! etc...

» Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit: ARTICLE PREMIER. Il sera établi dans la ville de Dijon, département de la Côte-d'Or, quatre nouvelles foires aux bestiaux; elles se tiendront annuellement les 15 janvier, 1er mars, 25 avril et 25 août, et dureront un jour... »

L'arrêté du maire avisant les habitants de Dijon de cette ordonnance royale, nous apprend qu'il existait déjà deux foires aux bestiaux les 24 juin et 10 novembre.

Nous ne savons pas à quelle époque ces dates furent modifiées, mais nous avons trouvé dans l'Annuaire départemental, de J. Garnier, de l'année 1858, l'indication suivante :

Les foires se tiennent à Dijon les « 15 janvier, 1er mars, 10 mars (trois jours), 25 avril, 10 juin, pour la verrerie (huit jours); 25 août, 10 novembre, pour le bétail; 10 novembre pour les marchandises de toutes espèces ».

Il n'y aurait donc plus à cette époque que deux foires pour le bétail, et le nombre des foires se serait élevé à sept.

Ce n'était pas tout, car, d'après l'arrêté du maire, en date du 11 septembre 1868, « il est établi à Dijon deux foires à houblon, qui se tiendront les 20 septembre et 20 octobre de chaque année. Lorsque le

20 septembre ou le 20 octobre tombera un dimanche ou un jour de fête légale, la foire sera remise au lendemain ». Elles se tiendront dans la halle au

blé (1).

L'arrêté du 23 décembre 1871 fixe les dates des cinq foires qui subsistent au 15 janvier, 1er mars, 25 avril, 25 août et 10 novembre (2). Le règlement de 1902 a créé une sixième foire qui doit se tenir le 24 juin.

La réglementation des foires intéressa fort peu les municipalités qui se succédèrent à Dijon depuis un siècle; alors que les arrêtés concernant les marchés sont en très grand nombre, nous n'en pouvons citer que cinq relatifs aux foires (3). Ce peu de souci des foires ne semble-t-il pas une preuve évidente de leur décadence irrémédiable?

L'arrêté de 1826 (4) nous révèle une tendance inspirée par des considérations d'hygiène et de salubrité publiques, tendance qui consiste à transporter la foire aux bestiaux en dehors de la ville, la reléguant jusque dans les faubourgs.

« L'emplacement désigné par arrêté du 23 juin 1824 pour la tenue desdites foires, qui est situé hors la

(1) Archives modernes, S. 3.

(2) B. M., brochure, nouvelle série, 2313.

(3) L'arrêté du 26 décembre 1846 concerne la perception des droits d'octroi sur les bestiaux et la viande dépecée. Cette perception se fait au poids: les bœufs et les vaches, pesés à l'octroi du faubourg d'Ouche, sont taxés à raison de 3 fr. 45 par cent kilogrammes. Cet arrêté ajoute que les bestiaux qui ne font que traverser la ville peuvent ne pas payer de droits si leurs conducteurs sont munis d'un passe-debout ou laisser-passer.

(4) Voir supra, p. 88.

porte Bourbon et se compose des allées latérales du cours Ignace et de la demi-lune à l'extrémité ouest de ce cours, sera conservé en raison de son étendue et de la facilité avec laquelle le bétail peut s'y rendre. »

Mais cette disposition ne concerne que le bétail ; les marchandises et objets divers continuent à être mis en vente dans différents quartiers de la ville.

Signalons en particulier un emplacement que nous avons vu mentionné dans une pièce de voirie de 1831 (6 août) et qui est ainsi dénommé : « le long du mur du jardin de la tour de Bart », c'est-à-dire dans la place des Ducs actuelle (1).

Ce n'est qu'en 1871 que la foire fut définitivement transportée sur la place du Trente-Octobre, et, de plus, il est interdit de laisser passer les bestiaux par l'intérieur de la ville alors qu'en 1801, le bureau de pesage pour les porcs était établi dans l'intérieur de l'église Saint-Jean (2).

La place de Gray, anciennement place au Foin (3), est spécialement affectée à la vente des porcs (4).

La partie de l'allée de la Retraite, actuellement boulevard Voltaire, qui s'étend de la place de Gray à la rue de Mirande est affectée à la vente des bœufs, vaches, veaux, moutons et chevaux.

(1) « Attendu que cet emplacement ne doit être occupé que pendant les jours de foire et qu'il doit être libre à toute autre époque »>, le voyer refuse d'y laisser construire un hangar.

nes, autorisation de voirie (place des Ducs).

(2) 1871.

B. M., brochure, nouvelle série, 2313.

(3) Milsand, Rues de Dijon, no 163.

Archives moder

(4) En 1711, les foires se tenaient dans les « halles et magasins de la ville ». Voir supra, chap. ш, p. 57.

-

Les marchandises de toutes sortes sont étalées << dans la rue de Gray, du côté de la ville ».

Très peu de modifications sont apportées à ces dispositions par le règlement du 27 mars 1892 (1).

La vente des porcs est transportée dans le boulevard de Strasbourg et sur les trottoirs nord-est et sud-est de la place du Trente-Octobre.

La rue Paul-Cabet et la rue Jeannin, jusqu'à la petite rue La-Monnoye, sont livrées aux marchands de toutes catégories.

Le règlement actuellement en vigueur, du 20 juillet 1902, consacre les dispositions antérieures, concernant l'emplacement.

<<< La foire de la Saint-Martin se tiendra rues PaulCabet et Jeannin, place du Trente-Octobre et boulevard Voltaire.

» La place du Trente-Octobre, à l'exception des trottoirs, doit rester libre (2). »

Telles sont les dernières dispositions concernant les foires de Dijon au début du vingtième siècle.

Cette étude, cependant, ne serait pas complète si nous ne nous occupions d'une classe bien intéressante de marchands, qui fut souvent sacrifiée aux intérêts de négociants plus puissants.

Si nous avons insisté sur les divers emplacements occupés par les foires, c'est que les modifications

(1) B. M., brochure, nouvelle série, 3663.

(2) Art. 13 du règlement du 20 juillet dont les tarifs ont été modifiés le 10 décembre 1902. Le 11 janvier 1901, un arrêté du maire interdit la foire du 15 janvier aux animaux des espèces bovine, ovine, caprine et porcine, en raison de la fièvre aphteuse. Même disposition.

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