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Quiconque voudrait faire regarder cet acte de protection, devenu nécessaire pour prévenir votre perte, comme une entreprise contre votre liberté, ne pourrait le faire qu'à mauvaise intention. S. M. veut qu'il n'y ait dans Genève ni oppresseurs ni opprimés, et elle prête à la république la force qu'un parti pourrait lui ravir.

Après vous avoir rassurés, messieurs, contre toute tentative qni pourrait vous plonger dans les horreurs de la guerre civile, S. M. augure assez bien de vos concitoyens pour croire que ces précautions seront superflues, et que les partis qui vous divisent écouteront les paroles de paix qui leur seront portées par les deux cantons. Une chose qui intéresse surtout le Roi, et à laquelle vous ne pouvez, Messieurs, avoir trop d'attention, c'est que vous devez faire en sorte que ce soit toujours les personnes les plus sages, les plus intègres, et les plus intéressées à l'indépendance de votre ville qui influent dans son gouvernement, etc.

VIII.

Note remise par le Ministre des affaires étrangères d'Espagne au Ministre plénipotentiaire des Etats-Unis à Madrid, concernant l'occupation d'une partie de la Floride.

Monsieur, je continue de recevoir dans le département qui m'est confié des nouvelles désagréables sur la nature et les circonstances des derniers événemens qui se sont passés dans la Floride, ainsi que sur la conduite hostile du général américain Jackson, et des troupes sous ses ordres dans ces provinces qui appartiennent à S. M. Outre les faits sur lesquels j'ai appelé l'attention de V. Exc. dans mes notes du 26 juillet, des 6 et 2 de ce mois, j'ai maintenant sous les yeux une copie de la capitulation qui a suivi, à ce qu'il paraît, les hostilités exercées par le général susdit contre la forteresse de Pensacola, et en vertu de laquelle la garnison espagnole a été transportée à la Havane:

Dans mes notes antérieures j'eus l'honneur de faire connaître à V. Exc., que, malgré la violence qui paraît caractériser les actions et les opérations du général Jakson, depuis sa première entrée dans la Floride, S. M., bien que disposée à regarder

cette conduite comme arbitraire de la part du général, était convaincue que le gouvernement des États-Unis ne tarderait pas à l'improuver aussitôt qu'elle serait parvenue à sa connaissance, et qu'en conséquence on expédierait les ordres nécessaires, non-seulement pour l'évacuation du territoire envahi, mais encore pour la réparation du dommage, et la restitution des effets dont on s'était emparé, et qui appartenaient soit à S. M. et à ses sujets espagnols, soit à des étrangers qui habitaient le pays sous la protection de son gouvernement. On ne pouvait supposer, sans méconnaître la droiture du gouvernement américain, qu'il pût différer de donner satisfaction à une puissance amie, et à toutes les nations civilisées un témoignage de son respect pour les principes conservateurs de l'ordre social.

C'est avec beaucoup de peine que S. M. a appris par les nouvelles postérieures de son ministre à Washington, que les premiers excès du général Jackson n'ayant point été improuvés, il ne s'était pas fait scrupule de continuer ses actes de violence; qu'il mettait tout à feu et à sang sur le territoire espagnol, lorsqu'il éprouvait la résistance que le sentiment de l'honneur prescrivait à quelques petites garnisons qui se voyaient attaquées en pleine paix par un corps d'armée nombreux. En général cette irruption sur le territoire

de S. M. s'est faite d'une manière révoltante; on a pris de force les forteresses et les places d'armes; les garnisons ont été faites prisonnières et emmenées ensuite hors de la province, où S. M. les avait placées pour son service; on a procédé sur le territoire espagnol à des exécutions contre des sujets de puissance amies de S. M., en colorant par des formes juridiques ces actions inhumaines, qui, dans la situation des choses, et d'après les circonstances, ne pouvaient être regardées que comme une cruauté raffinée.

On ne peut plus douter maintenaut que ces excès ne soient parvenus à la connaissance du gouvernement de Washington, et il ne paraît pas jusqu'à présent qu'on ait donné des ordres pour les réprimer et pour donner au gouvernement espagnol la seule satisfaction qu'il puisse admettre. Dans cet état de choses, S. M. a jugé convenable à sa dignité personnelle et à celle du peuple qu'elle gouverne, de m'ordonner qu'en renouvelant, comme je le fais ici, les protestations les plus solennelles contre tout ce que le général Jackson a fait depuis le jour qu'il a mis le pied sur le territoire de la Floride, j'ajoute à cette occasion, que V. Exc. veuille bien faire connaître à son gouvernement que le Roi est d'avis que, d'après la nature des offenses susdites et des mesures réellement hostiles qui ont été prises, la

marche des négociations entre les deux gouvernemens est interrompue, et doit l'être, jusqu'à ce que celui des États-Unis caractérise la conduite du général Jackson d'une manière qui réponde à la loyauté de ce gouvernement, et qui, à ce qu'il paraît, ne peut consister qu'à blâmer les excès ci-dessus, à donner des ordres pour que les choses soient remises dans l'état où elles étaient avant l'invasion, et que l'auteur de s grands désordres soit puni convenablement.

Il est très-pénible pour S. M. de se voir obligée de faire cette déclaration, qui est plutôt une suite nécessaire de l'état des choses qu'un acte de sa propre volonté ; l'objet de ses vœux et de ses efforts empressés ayant toujours été, comme on sait, de régler de la manière la plus satisfaisante les rapports entre les deux gouvernemens. Mais tout observateur impartial n'en reconnaîtra pas moins l'inconvenance qu'il y aurait, dans la situation actuelle des affaires, à ce que des négociations qui supposent un état d'harmonie politique la plus parfaite, continuassent en même temps qu'on éprouve des offenses aussi graves sans provocation et sans aucun événement antérieur qui ait pu y donner lieu.

L'occupation de la plus grande et de la meilleure partie de la Floride occidentale, que se permirent les États-Unis en 1810, et qui en enleva

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