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et diffus, ou un esprit faux qui sacrifie mal à propos le fond aux accessoires. Elle rejette un ridicule mérité sur l'ouvrage, rebute le lecteur et nuit à la marche des affaires en détournant l'attention.

En un mot, au lieu d'un étalage verbeux et disert, on demande en affaires un style précis, concis, serré, à courtes périodes; on veut que les mots s'arrêtent toujours où finissent les choses.

L'abus de cette brièveté nuit à la clarté et donne au style quelque chose d'affecté et de sen- tentieux. Il conduit d'ailleurs aisément au ton impérieux, hautain et tranchant. On doit donc, suivant les occasions, adoucir cette nuance en rendant le style plus lié et plus soutenu.

Le développement dont on vient de parler suppose nécessairement un ordre qui conduise à l'unité du sujet.

La plupart des écrits diplomatiques, et surtout les lettres, les complimens, les notes officielles n'ayant qu'un objet assez circonscrit, n'exigent point cette rigueur de méthode, ces détails de plan et cette chaîne de divisions qu'on retrouve dans des ouvrages plus étendus; il suffit que la matière soit divisée en chefs généraux nettement circonscrits, et que ces parties soient respectivement placées dans leur enchaînement mutuel.

III. Des convenances.

Jusque ici nous avons parlé des caractères généraux du style qui convient à toute espèce de composition diplomatique. Mais ce serait bien peu connaître les convenances, si l'on croyait avoir rempli ses devoirs en respectant ces conditions, et si l'on ne variait pas son ton d'après les circonstances. Le temps, les mœurs, la nature des relations, le genre de l'écrit, l'importance des affaires, etc., tracent au vrai politique la nuance du ton qu'il doit prendre. Suivant ces circonstances, le style prendra un caractère de supériorité ou de déférence et même de respect, de force, de véhémence, de fermeté, d'amitié ou de froideur, de confiance ou de réserve; il se rapprochera plus. ou moins des formes oratoires où il restera plus près des formes simples de la discussion.

Pour donner au style ce précieux mérite, qui résulte de son juste rapport avec les circonstances, il faut avoir un tact sûr et exercé, être constamment maître de soi et de ses passions, connaître la valeur des termes qu'on emploie et les moyens qui peuvent varier le style; il faut enfin connaître les formes particulières que l'usage a introduites, et qui tiennent au cérémonial.

CHAPITRE II.

Du Cérémonial.

C'est de la faiblesse humaine, qui cherche du relief dans de méprisables vanités, que sont nés tous les embarras d'un cérémonial minutieux, toutes ces disputes dégoûtantes sur des préséances souvent ridicules. L'indépendance, la liberté de nations, constitue leur égalité de droit, à laquelle l'inégalité de fait basée sur la différence de la puissance ne saurait déroger: donc il n'y a lieu à aucun droit de préséance entre nations, donc le cérémonial n'a aucune base stable.

Les rapports de féodalité ont cependant introduit, en dépit de la loi naturelle, ce cérémonial et ces préséances qui depuis ont été maintenus par la différence de l'étendue et la disproportion des forces des états. Enfin la coutume, nantie de l'autorité de prescription, et même les traités particuliers ont sanctionné ces abus si gênans etsi onéreux. Le cérémonial occupe donc une place dans tous les actes entre nations, tant de bouche que par écrit, et donne des règles auxquelles le style diplomatique doit se conformer strictement.

Les derniers bouleversemens de la politique ont beaucoup diminué cette gêne, et il est à espérer

que le temps et la raison simplifieront peu à peu tous les rapports.

Comme chaque forme d'écrit politique exige un cérémonial particulier, nous ne pourrons présenter ici que des observations générales. Les détails d'application appartiennent aux chapitres réservés à chaque espèce d'écrit.

On distingue dans le style diplomatique un double cérémonial:

1° Celui des titres,

2° Celui des expressions et du ton.

ARTICLE PREMIER.

Dù cérémonial des titres.

Le cérémonial en fait de titres semblait, vers la fin du siècle précédent, être assez exactement déterminé entre les puissances de l'Europe. On avait d'ailleurs dans toutes les chancelleries des recueils d'intitulations et de protocoles, qui contenaient les titres reconnus et avoués entre les puissances.

Les événemens politiques ont apporté à cet égard, durant les vingt-cinq dernières années, des changemens très-'considérables. D'anciens titres ont disparu, de nouveaux ont pris la place, et ce point n'est peut-être pas plus fixé encore que celui de la préséance.

Les titres des souverains quelle qu'en soit l'origine, ne sont point une émanation du droit des gens. Ils ont de tout temps varié et dépandu de la volonté des peuples. Chaque peuple est maître de donner à son chef le titre qu'il lui plaît, et en droit de prétendre qu'il soit traité en conséquence par les autres souverains et nations.

Cependant le droit des gens coutumier a introduit le principe, qu'il dépend des puissances étrangères de reconnaître ces titres, de les refuser, ou de ne les accorder que conditionnellement. Le prince auquel des puissances étrangères refusent un titre qu'il a adopté, peut renoncer à toute communication diplomatique avec elles, jusqu'à ce qu'elles se soient décidées à lui concéder ce qu'il demande, à moins qu'il n'aime mieux de recourir à la voie des négociations.

On distingue en fait de titres des souverains: 1o Les titres qui caractérisent les dignités; 2o Les titres de possession;

3° Les épithètes;

4° Les titres de parenté;

5o Les titres de courtoisie, ajoutés aux autres.

I. Titres qui caractérisent les dignités.

Les titres qui caractérisent la dignité souveraine sont ceux de Pape, d'Empereur, de Roi,

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