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bon Frère et Cousin, qu'il vous ait en sa sainte

digne garde.

Votre bon Frère et Cousin.

(L. S.) LOUIS.

PASQUIER.

Écrit au château des Tuileries, 'le, etc., de l'an de grace 1820, et de notre règne le vingt-sixième.

CHAPITRE V.

Des Lettres de récréance.

La lettre de rappel, remise par le ministre à la cour où il réside, exige de la part de celle-ci une réponse dans les mêmes formes, que l'on appelle lettre de récréance, et que l'on fait remettre au ministre pour son gouvernement.

Dans ces lettres on accuse la réception des lettres de rappel et la notification faite par le ministre de son rappel, sur quoi on lui fait témoignage de la conduite qu'il a tenue, de la manière dont il a su gagner l'estime générale, et de la satisfaction qu'on a eue en tout temps de ses procédés, etc.. On donne ensuite des assurances sur le vif désir que l'on a de maintenir la bonne intelligence inaltérable et les dispositions mutuellement ami

cales des deux états, et l'on s'en rapporte à ce que le ministre saura en dire à son retour au Souverain. C'est la foi que l'on prie de vouloir ajouter à ces témoignages de l'agent, qui a fait donner à ces lettres le nom de lettres de récréance.

Il s'agit ici de faire un juste choix d'expressions de civilité, et de s'appliquer à les employer avec élégance et sans recherche.

Dans le cas de rappel du ministre pour cause de rupture entre les deux états, on se dispense souvent, comme nous l'avons déjà observé, des formalités du départ, de manière qu'il n'y a point lieu aux lettres de récréance. Lorsque, au contraire, nonobstant la rupture, on observe ces formes de civilité, la lettre de récréance contiendra des expressions qui témoignent la peine que l'on ressent de voir interrompre les rapports d'amitié, et le désir qu'on a de retrouver l'occasion de les renouer le plus tôt possible.

On ne trouve que très-peu d'exemples où le gouvernement, même lorsqu'il aurait eu à se plaindre du ministre, ait exprimé ses plaintes dans la lettre de récréance. On préfère en pareil cas d'ajouter une lettre particulière à cet effet.

Quoiqu'il soit plus rare encore qu'un gouvernement en vienne à l'extrémité de signifier au ministre d'un Souverain avec lequel il serait tombé en mésintelligence, un ordre de départ

subit, le cas a cependant existé, et nous donnerons sous le n° v, ci-après, deux exemples de pareilles notifications.

EXEMPLES.

I.

Lettre de récréance du Roi de Danemarck pour le Chevalier de Terlon, Ambassadeur de France.

Fréderic III par la grace de Dieu Roi de Danemarc, de Norwège, des Wandales et des Goths, Duc de Sleswich, de Holstein, de Stormarie et Dithmarse, Comte d'Oldenbourg et de Delmenhorst, etc.

SÉRÉNISSIME PRINCE, TRÈS-CHER FRÈRE, COUSIN,
AMI, ET CONFédéré,

Nous ne pouvons passer sous silence l'affection singulière avec laquelle Votre Sérénité s'est entremise par son Ambassadeur aux troubles du Septentrion, les soins qu'elle a pris d'éteindre les embrasemens de la guerre qu'on y avait allumée, et qui jetait déjà des flammes de toutes parts, et les sages conseils par lesquels elle a aussi concilié une seconde fois nos dissensions et nos intérêts avec le Roi de Suède. Votre Sérénité n'a pu rien penser de plus auguste que de s'appliquer à ré

tablir la paix entre des Couronnes qui lui ont été de tout temps étroitement alliées. Nous ne pouvons non plus nous taire sur l'assiduité infatigable et le génie particulier avec lequel M. le Chevalier de Terlon, son Ambassadeur, pour qui nous avons bien de l'estime, a ménagé ces grands traités, depuis leur commencement jusqu'à leur fin, sous la conduite de la Providence divine. Présentement que les choses se trouvent dans un état tranquille, nous avons bien voulu faire cette justice à son mérite, à l'occasion de son audience de congé dans le dessein qu'il a de se retirer d'auprès de nous. L'ayant prié de remercier Votre Sérénité, de notre part, d'une Ambassade qui a tant contribué au repos de nos peuples; nous rendrons volontiers à Votre Sérénité la pareille dans les occasions qui se présenteront: lesquelles nous attendons avec autant d'impatience que nous avons de disposition à les embrasser. Sur quoi nous prions Dieu qu'il ait Votre Sérénité, TrèsCher Frère, Cousin, Ami, et Confédéré, en sa sainte garde.

Écrit à Copenhague, le 24 janvier 1661.

FRÉDÉRIC.

II.

Lettre de récréance des États- Généraux, pour le Comte d'Avaux, Ambassadeur du Roi de France.

SIRE,

la

Après que le sieur Comte d'Avaux, Ambassadeur de V. M., nous avait rendu sa lettre, par quelle il lui a plu de le rappeler, nous fimes des instances à ce qu'il pût encore rester ici pour quelque temps, pour voir si on pourrait terminer heureusement les conférences que nous avions demandées, et pour lesquelles il était venu. Mais, comme il nous a fait connaître aujourd'hui qu'il avait reçu des ordres nouveaux pour son retour, nous n'avons pas voulu le laisser partir sans témoigner à V. M. que sa personne nous a été trèsagréable, puisque dans toute sa conduite il a donné des marques de sa capacité, de sa prudence et de son zèle, tant pour le service de V. M. que pour l'affermissement de la paix et de la bonne intelligence entre elle et nous, et nous eussions souhaité qu'il ne fût pas parti avant que d'avoir fini heureusement la négociation. Cependant, Sire, nous espérons que, nonobstant ce rappel, les intentions de V. M. seront toujours portées

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