Page images
PDF
EPUB

rédiger le traité dans les deux langues, parti qui n'est pas sans inconvéniens sensibles.

On se servit long-temps de la langue latine, comme de langue neutre, dans les lettres et négociations, dans les traités, etc. Cependant depuis l'époque de Louis xiv, la langue française, substituée au latin, a été généralement employée comme langue diplomatique, sans cependant que cet usage lui ait jamais donné aucune préémi

nence.

La diète de la confédération germanique a adopté une sage mesure dont l'usage général, dans les communications réciproques des états, aplanirait bien des difficultés et favoriserait essentiellement les affaires publiques. Elle s'est fait la règle de présenter en langue du pays, savoir en allemand, tous les écrits et toutes les communications à faire aux puissances étrangères, en y joignant cependant une traduction ou française ou conçue dans la langue du pays avec lequel elle

traite.

Les écrits diplomatiques doivent être considérés sous un double point de vue:

1° Sous celui de leur contenu ou de la matière dont ils traitent;

2° Sous celui de la manière dont ils sont rédigés. Le premier de ces objets ne peut être de notre ressort. Il est inutile d'observer que, sans la con

naissance des matières à traiter, l'étude du style serait sinon impossible, au moins entièrement vaine. Ce n'est qu'après avoir fait une étude assidue des différentes branches de la science d'état que l'on doit se croire assez bien préparé pour s'appliquer aux principes du style diplomatique., C'est pour la même raison que nous croyons ne point devoir énumérer ici les branches de science ou principales ou accessoires qui forment la matière des écrits diplomatiques.

Mais quant à l'habitude du style des affaires, quant à la connaissance de la manière dont on rédige les différens écrits publics, on ne pourra l'acquérir que,

1° Par l'étude théorique des principes;

2° Par la lecture des meilleurs modèles;
3° Par la pratique.

Les principes applicables aux écrits politiques forment la théorie du style diplomatique. Les deux seuls ouvrages que l'on possède sur cette partie sont, l'un allemand: C. A. Beck's Versuch einer Staatspraxis oder Canzleɣübung aus der Politik, dem Staatsund Völkerrechte; Wien, 1754, 8 vol., dont il parut une seconde édition en 1778; et l'autre français: Essai d'un Traité du style des Cours, ou Réflexions sur la manière d'écrire dans les affaires d'état, par J.-S. Sneedorf; revu et corrigé par J. de Colon; à Hanovre, 1776, 8 vol.

Les deux ouvrages ne séparent cependant pas le style de chancellerie du style diplomatique proprement dit, et abondent en formes surannées qui ont perdu leur usage avec le temps.

On a en outre plusieurs ouvrages dédiés au style de chancellerie, mais que nous ne nommerons point ici, puisqu'ils sont étrangers au sujet du présent essai, qui traite exclusivement du style diplomatique.

L'ouvrage de M. le baron Charles de Martens, qui a paru très-récemment sous le titre de Manuel diplomatique, contient quelques règles pour le style des écrits qui sont du ressort des missions. diplomatiques; mais le but de l'ouvrage même n'a point permis à son auteur de donner l'étendue nécessaire à cette partie de ses observations, pour en former un cours de style complet. On consultera cependant avec fruit la riche collection d'actes et d'offices diplomatiques, que M. de Martens a joint à son Manuel diplomatique.

A l'étude des principes, il faut joindre la lecture des ouvrages politiques qui ont paru, soit peu de temps avant le traité de Westphalie, soit depuis ce traité jusqu'à nos jours. Comme on y trouve l'histoire des négociations les plus importantes, avec les actes et les documens authentiques qui y sont relatifs, ces écrits peuvent également servir de guides et pour la manière de

traiter les affaires, et pour le style dans lequel elles doivent être présentées.

On trouvera de même des modèles pour tout genre d'écrits politiques dans plusieurs recueils, mémoires et journaux où ils sont épars, sans autre ordre que celui des temps. Je ne nommerai point ici ces grands recueils qui forment les codes diplomatiques des nations, ni les collections d'actes de Lamberty ou de Rousset, si généralement connues; mais je me bornerai à rapporter les titres de quelques ouvrages où l'on trouve rassemblés des modèles de toute espèce que l'on chercherait en vain dans ces grands codes, qui ne contiennent que les traités mêmes. Telles sont les collections suivantes :

1° État politique de l'Europe, à La Haye, 173842, 12 tom. in-8°.

2° Recueil de déductions, manifestes, déclarations, traités et autres actes et écrits publics, qui ont été rédigés et publiés pour la cour de Prusse, par le ministre d'état comte de Herzberg, depuis les commencemens de la guerre de sept ans, 1756, jusqu'à celui de la guerre de Bavière; Berlin, 1778, 3 vol. in-8°.

3° Recueil des principaux traités d'alliance, de paix, de trève, de neutralité, de commerce, de limites, d'échange, etc., conclus par les puissances de l'Europe depuis 1761 jusqu'à présent,

par G. de Martens, 7 vol. in-8° (dont les 4 premiers ont eu une seconde édition) et 8 volumes de supplémens. Goëttingue, 1816-1820.

4° Recueil des traités de paix, d'amitié, d'alliance, de neutralité et autres, conclus entre la république française et les différentes puissances de l'Europe, depuis 1792 jusqu'à la paix générale, etc.; Goëttingue, 2 tom. 1795-96.

5° Collection générale et complète de lettres, proclamations, discours, messages, etc., de Napoléon, par C. A. Fischer; Leipsick, 1808, 8 vol. 6° Recueil de tous les traités, conventions, mémoires et notes, conclus et publiés par la couronne de Danemarck, depuis l'avènement au trône jusqu'à l'époque actuelle, ou de l'année 1766 jusqu'en 1794 inclusivement, in-8°.

[ocr errors]

On retirera encore de grands fruits de la lecture des lettres et mémoires des négociations que nous possédons en abondance, et dont on pourra consulter particulièrement les suivans:

1° Lettres du cardinal d'Ossat.

2° Mémoires et négociations du président Jeannin. 3° Négociations du comte d'Estrades. 4° Lettres du cardinal Mazarin.

5° Mémoires pour servir à l'histoire des négotions, depuis le traité de Riswyck jusqu'à la vaix d'Utrecht, par le marquis de Torcy.

6° Lettres et négociations du comte d'Avaux.

« PreviousContinue »