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POLISSOIRS MÉGALITHIQUES

DU

DÉPARTEMENT DE L'AUBE

PAR

M. EMILE PILLOT

Les monuments mégalithiques, antiques vestiges de la civilisation primitive de nos ancêtres, impressionnent toujours les personnes qui les voient pour la première fois. En effet, leur aspect étrange, leur masse imposante, laissent dans. l'esprit un souvenir qui ne s'efface pas, et provoquent des questions qu'il n'est pas toujours facile de résoudre.

Ces monuments, construits avec des blocs de pierre brute, comprennent Les DOLMENS, les MENHIRS, les CROMLECHS et les POLISSOIRS.

Les Dolmens se composent, le plus souvent, d'une grande pierre plate, supportée par d'autres pierres de moindres dimensions, fixées perpendiculairement dans le sol. Les dolmens sont appelés allées couvertes, quand ils se composent de plusieurs pierres de recouvrement, posées sur deux rangées de pierres fixées en terre verticalement. Ces derniers monuments sont beaucoup plus rares que les dolmens propre. ments dits; comme ceux-ci, ils servaient de sépulture.

Aux dolmens il y aurait peut-être lieu d'ajouter un autre mode de sépulture, dont il n'a pas encore été question.

Nous voulons parler des antiques sépultures nommées Dormants, dans le département de l'Aube. Ce sont de gros blocs bruts, en grès dur, plus ou moins enterrés, n'ayant pas de supports, et sous lesquels on trouve des squelettes humains, ainsi que des objets en bronze.

Nous ne connaissons cette sorte de sépulture que dans la contrée nord-ouest du département de l'Aube, dans l'arrondissement de Nogent-sur-Seine, et plus spécialement dans le canton de Villenauxe.

Sur le territoire de Villenauxe, au hameau de Dival, et sur les communes voisines, on peut encore, aujourd'hui, rencontrer ces monuments. Certains ouvriers savent parfaitement reconnaître leurs emplacements, à l'aide d'une sonde.

Ce mode de sépulture est sans doute postérieur aux dolmens; car l'on y rencontre souvent des outils en pierre; mais plus fréquemment des objets en bronze. De plus, on n'a pas constaté, sous un même dormant, des sépultures successives, comme cela s'observe dans les dolmens.

D'après les renseignements que M. Jules Ray nous a donnés sur les dormants, plusieurs fouilles ont été pratiquées sous ces sortes de blocs, dans les environs de Villenauxe, et on a constamment trouvé des vases en terre, des pointes de javelots et de flèches en bronze, et surtout des haches en même métal, d'une belle conservation. Malheureusement ces objets ont été souvent perdus ou dispersés.

M. Paré, carrier au Tremblay, hameau d'Avant-lès-Marcilly, nous a aussi donné quelques renseignements sur des fouilles qu'il a faites sous de gros blocs de grès qui existaient sur un petit plateau, entre Le Tremblay et Saint-Aubin; il a trouvé sous ces pierres des squelettes humains, des vases en terre grossière, d'une assez grande dimension, ainsi que des petites pointes de flèches en bronze. Tous les vases ont été brisés par l'ouvrier, qui les croyait remplis d'or et d'argent, mais qui ne contenaient, nous a-t-il dit, qu'une matière noire, semblable à de la graisse pourrie et desséchée.

Les Menhirs sont des blocs naturels de pierre, plus ou moins volumineux, dressés en forme de colonne ; ils servaient sans doute à perpétuer un souvenir, ou bien, autour d'eux, on célébrait des cérémonies.

Les Cromlechs se composent d'un certain nombre de pier

res, plus ou moins grosses, disposées en cercle, souvent autour d'un menhir ou d'un dolmen. Quel motif a pu faire ériger les cromlechs? Nous renvoyons pour la réponse à l'ouvrage de LUBBOCH, Les Origines de la Civilisation (1878), dans lequel l'auteur cite des pays où des cérémonies se célèbrent encore auprès de cercles semblables.

Les Polissoirs sont des blocs de grès fort dur, de différentes grosseurs, qui ont servi, à l'époque préhistorique, pour polir les instruments en silex ou en autre roche, seules armes et seuls outils de cette lointaine époque.

Le grand nombre d'instruments polis que l'on trouvait depuis longtemps a fini par attirer l'attention sur les polissoirs, qui avaient servi à les produire. Ils avaient échappé aux observateurs, sans doute à cause de leur forme simple et grossière. En effet, ce ne sont que des pierres brutes, souvent de gros volume et de formes très-variées ; ils n'ont pour tout caractère que les rainures ou sillons que le frottement des outils en pierre y a creusés, et généralement ces caractères sont invisibles, masqués par les mousses et la terre qui les recouvrent complètement.

Outre les rainures qui sillonnent la surface des polissoirs, et dans lesquelles on frottait les haches en silex, on remarque de larges surfaces polies, en forme de cuvettes plates, peu profondes, sur lesquelles on usait le tranchant en tenant à plat l'instrument à polir.

Les polissoirs n'ont éveillé l'attention des archéologues que depuis quelques années; au Congrès de Stockholm, en 1874, quand il s'est agi d'adopter des signes pour marquer, sur les cartes, l'emplacement des monuments mégalithiques, il n'en était pas encore question. Nous ignorons même si aujourd'hui les maîtres de la science en ont proposé un.

en

Depuis quelque temps on a trouvé des polissoirs sur différents points de l'Europe, en Espagne, en Danemarck, Suisse, dans l'emplacement des anciennes habitations lacustres, en Angleterre, dans des tertres tumulaires, en France, etc.

Les polisssoirs provenant du Danemark, de Suisse et des

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