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dans laquelle toutes les recherches antérieures, - de n'importe quel auteur, ont été examinées, commentées et résumées avec l'autorité qui appartient à M. Sotbeer. C'est tout un volume. Aussi devons-nous nous borner à lui emprunter, en les résumant, deux petits tableaux d'un intérêt général et que le lecteur trouvera sous la main avec une véritable satisfaction. Les voici :

Rapport entre la valeur de l'or et de l'argent de 1501 à 1878.

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En 1876, le prix de l'once était à Londres de 53 1/6 pence, rapport 17.77

1877

1878

54 3/4
52 5/8

17.22

17.92

Le deuxième tableau que nous avons promis est fondé sur les Etudes économiques sur l'Alsace ancienne et moderne de l'abbé Hanauer, il a pour but de montrer la diminution successive du pouvoir de l'argent.

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Ainsi, la quantité de pain qui coûtait 100 francs en 1500 en coûterait 578 en 1875, où aussi l'argent ne vaut plus que 17. 3 0/0 de sa valeur de 1500, c'est-à-dire près de 6 fois moins.

Nous venons de recevoir un beau travail de M. Riecke, directeur de la statistique et membre à vie de la Chambre des seigneurs

4 SERIE, T. VII.

15 juillet 1879.

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du Wurtemberg, intitulé: Die directen Steuern, etc. (Les impôts directs sur le produit et sur le revenu. Stuttgart, Kohlhammer). Nous n'avons pu encore que le parcourir rapidement, mais nous avons vu qu'il donnait l'histoire des impôts depuis 1470 en insistant surtout sur la législation moderne et en comparant l'impôt sur les produits avec l'impôt sur le revenu. Nous n'analyserons pas cette publication, nous rappellerons seulement qu'on entend par l'impôt sur le produit l'impôt sur les sources de revenu (sur la terre, sur les maisons, sur les valeurs, etc.), tandis que l'impôt sur le revenu vise le revenu en général, quelle que soit sa source, le travail compris, c'est un impôt sur la situation personnelle.

Nous voici en Italie. L'Archivio di Statistica en est arrivé au 3o fascicule de la troisième année. M. E. Morpurgo y figure en tête avec un article intitulé: Etudes d'économie nationale italienne, à propos de quelques publications officielles. L'auteur parle d'abord de la distribution de la richesse industrielle en Italie et montre, ce qu'on savait déjà approximativement, que sous ce rapport le nord est bien supérieur au midi. Voici quelques faits:

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Le fait est constaté, il importerait maintenant de savoir s'il a d'autres causes encore que le climat, et si l'on peut lutter contre ces autres causes. L'auteur donne encore d'autres détails sur l'industrie, puis il résume de la même façon un nouveau document sur les chemins de fer italien. Les voies ferrées ont déjà coûté 2 milliards 1/2 dans la péninsule, non sans que le Trésor se soit imposé de lourds sacrifices, mais il avait de bonnes raisons pour ce

faire. Il y a aussi de bonnes raisons pour distribuer inégalement les chemins de fer entre les diverses régions de l'Italie. Il faut en effet, d'une part, que les moyens de transport soient proportionnels aux besoins à satisfaire, et de l'autre, qu'on tienne compte. des obstacles à vaincre. Du reste, ces deux circonstances agissent presque toujours ensemble, c'est-à-dire que les pays très-montagneux ont généralement une population clair-semée, par conséquent peu d'industrie. Ce qui n'empêche pas les murs des Parlements d'entendre des discours soutenant que chaque province, chaque département doit avoir à un millimètre près le même nombre de kilomètres de chemin.

Le troisième document analysé par M. Morpurgo est relatif à l'asse ecclesiastico (biens ecclésiastiques), il veut déduire de la vente de ces biens le prix moyen des terres en Italie. Bornons-nous à dire qu'on a vendu, du 26 oct. 1867 au 31 déc. 1877, 513,006 hectares sur une mise à prix de 397 millions, mais qu'à l'adjudication on a obtenu plus de 513 millions (513,203,239 fr. 86), que la grandeur moyenne des lots a été de 4 h. 31 a. 12 c. et la valeur moyenne de 980 fr. par hectare. Cette moyenne est prise sur un maximum de 10,115 et un minimum de 400 fr. - Tout n'est pas encore vendu.

Contentons-nous de signaler le travail étendu de M. Ellena sur l'impôt sur les sucres et les spiritueux. Celui qui, comme nous, a lu sur ces deux questions des milliers de pages, qui suit depuis plus de trente ans les fluctuations des lois et des théories que ces impôts ont fait naître, trouve difficile de résumer un pareil travail en une vingtaine de lignes. Il faut de la place pour les si et les mais.

Dans son travail sur la loi de la périodicité des crises; perturbations économiques et taches de soleil, M. G. Boccardo aboutit aux mêmes conclusions que nous. Il ne voit pas une coïncidence suffisante entre les faits célestes et les faits terrestres, pour qu'il soit possible de conclure au « rapport nécessaire », et lors même que la concordance des phénomènes serait plus grande, comment faire abstraction des causes morales et politiques sur le commerce et le crédit des nations modernes.

Mentionnons encore le discours que M. Bodio a prononcé à la tombe du sympathique D' P. Castiglione, l'article de M. Anziani, et les nombreux comptes-rendus de livre dont quelques-uns sont très-instructifs.

Le Giornale della Società italiana d'igiene est une publication qui en est à son premier numéro, et déjà nous pouvons voir qu'il tiendra dignement sa place à côté des périodiques analogues si favo

rablement connus. Un journal d'hygiène intéresse sans doute avant tout les médecins et les administrateurs, mais le statisticien y trouve aussi à glaner. Dans ce numéro une place assez grande a même été faite à la statistique, nous aurions en effet à signaler plusieurs travaux sur la diffusion de certaines maladies, mais nous n'insistons pas de crainte qu'on ne nous reproche notre incompétence relative.

Avec l'Economista nous rentrons dans notre domaine, où nous trouvons d'ailleurs une riche moisson à faire. Le numéro du 6 avril rend compte d'un congrès de bienfaisance qui s'est réuni à Naples et auquel assistaient un certain nombre de personnages importants. Ce congrès a voté tout un ensemble de dispositions, qui forment presque un code économique, judiciaire et politique de la bienfaisance publique. Relevons deux ou trois de ces dispositions. L'administration des établissements de bienfaisance sera sous la tutelle d'une commission provinciale présidée par le préfet et composée de 9 membres dont 3 appartiendront à des corps administratifs légalement reconnus, 4 au conseil général de la province et 2 au conseil municipal du chef-lieu. Cette autorité révisera et approuvera le budget de l'établissement; ses décisions auront force exécutoire.

Le numéro du 13 avril rend compte d'une « conférence » convoquée par le maire de Turin pour étudier l'amélioration du système des impôts communaux. Treize villes envoyèrent des délégués. La décision la plus importante à enregistrer ici est qu'on demande que les droits d'octroi levés au profit de l'État soient restreints aux boissons et à la viande, avec faculté pour les communes, non-seulement d'ajouter des centimes additionnels, mais encore d'imposer à leur profit exclusif toute autre matière qui y semblerait propre, sauf la farine et le pain. Ajoutons que le numéro du 18 mai montre que les propositions de la conférence ont été acceptées par le gouvernement qui a présenté un projet de loi dans ce sens.

Dans le même numéro nous trouvons qu'à la fin de 1878 les caisses d'épargnes italiennes avaient en dépôt 767,644,490 fr. qui appartenaient à 1,189,829 déposants.

Puisqu'on songe maintenant à subventionner notre marine marchande qu'on lise le premier article du numéro du 4 mai. Les plaintes des armateurs italiens peuvent se résumer ainsi. On paye 55 centimes par tonne sous le nom de droit d'ancrage et 45 centimes de taxe sanitaire, ensemble 1 franc par tonneau. Si l'on suppose qu'un navire de 500 tonneaux fasse cinq voyages dans une année, cela fait 2,500 fr., avec un autre droit qui s'élève à 400 on atteint 2,900, soit pour 15 années, durée d'un navire, 43,500 fr. A ajouter l'im

pôt sur le revenu, 7,500 fr., ensemble 51,000 fr., soit 3,400 fr., par an. La valeur moyenne du navire étant de 110,000 fr. l'impôt équivaut à 60 ou 70 0/0 du revenu net. On trouve avec raison que cette proportion est un peu forte. Il est vrai que ces chiffres peuvent pécher par l'exactitude, nous n'avons pas le moyen de les vérifier.

Les numéros d'avril et de mai renferment des séries d'articles exposant ou résumant les projets de réorganisation des banques d'émission, les procès-verbaux de l'enquête sur les chemins de fer, une polémique entre les libre-échangistes et les protectionnistes, etc., etc. Plusieurs articles nous ont frappé par l'effort évident de rechercher la vérité, effort, bien plus rare qu'on le croit, et par un ton de modération qui invite à la réflexion.

Nous ne pouvons quitter l'Italie sans mentionner La Statistica e vita sociale (la statistique et la vie sociale), traduit de l'allemand de M. G. Mayr, par M. G.-B. Salvioni (Turin et Rome, E. Loscher, 1879). L'auteur a ajouté une introduction et de nombreuses notes, qui confèrent à la traduction une valeur toute particulière, car M. Salvioni semble avoir fait de la statistique une étude approfondie. Son introduction résume l'histoire de la statistique, ses notes donne pour l'Italie des faits analogues à ceux que M. Mayr a présentés pour l'Allemagne. Quant au livre lui-même nous n'avons plus besoin de le louer, il est suffisamment et très-favorablement connu.

Le Journal de Statistique suisse renferme trois ou quatre travaux originaux qui méritent d'être signalés. L'un est de M. Chatelanat. Il est intitulé: Études sur les finances du canton de Berne. La partie de ces études qui figure dans ce numéro est relative à l'instruction publique et à la voirie (construction et entretien des chemins). L'auteur entre dans de nombreux détails qui montrent que les choses ne vont pas toutes seules, même dans une démocratie. Il nous semble qu'on n'a pas toujours été généreux pour l'enseignement, que l'obligation de la fréquentation de l'école primaire ne s'est établie qu'avec grande peine et que l'organisation des écoles secondaires et supérieures laissait à désirer. Et puisque nous avons la parole sur cette matière, ajoutons que la Suisse nous a toujours paru avoir trop d'universités. En y comprenant les académies de Genève et de Lausanne, il y en a cinq. Ces cinq universités sont cantonales, elles ont donc un territoire restreint et une population insuffisante, elles ne sont pas assez riches pour devenir florissantes. A côté d'elles de nombreux cantons ne contribuent en rien à l'entretien d'une école supérieure (si ce n'est de l'école polytechni

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