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déposants à 382,747, par une progression de près de 66 mille déposants. Enfin, pour terminer cette revue des pays les plus en progrès, notons que la Belgique (5,400,000 habitants), qui, en 1874, comptait neuf Caisses particulières ayant une clientèle de 40,305 déposants et un stock de 25 millions et demi de francs, et 496 bureaux succursales et agences des Postes, dépendant de la Caisse nationale d'épargne, ayant une clientèle de 92,192 déposants, compte en 1878, dans les huit Caisses d'épargne existantes, 31,226 déposants, avec un stock de 27 millions de francs, et dans les 525 services d'épargne dépendants. de la caisse nationale, 147,838 déposants, avec un stock de 78,778,204 francs.

De cette étude comparée, nous pouvons conclure qu'en France nous avons beaucoup fait depuis quatre ans, surtout si l'on considère que les Caisses d'épargne scolaires sont aujourd'hui plus répandues en France qu'en aucun autre pays du monde. Nous avons beaucoup fait, au dire même des étrangers; mais nous pouvons faire bien plus encore, si nous savons mettre à profit les renseignements d'expérience que les étrangers nous présentent : et par nos Caisses d'épargne scolaires, devenues branches naturelles d'éducation dans nos soixante-neuf mille écoles; par nos Bureaux d'épargne des manufactures, organisés pour le service des trente mille ouvriers et ouvrières des manufactures de l'Etat, des vingt-quatre mille ouvriers de la Marine, et des centaines de mille d'ouvriers des manufactures particulières; et par les douze mille caisses succursales, perceptions des contributions ou bureaux de poste.

De 1874 à 1878, sa clientèle s'est accrue de 2,170,066 à 3,100,000, par une progression de 930,000 déposants; et son stock, de 573 millions à 1,015 millions de francs, par une progression de 442 millions de francs; dans une population de 37 millions d'habitants.

Et rappelons-nous, dans cette étude comparée des divers pays, que les Caisses d'épargne de France ont leur limite de livret à mille francs, c'est-à-dire à un chiffre plus bas et de beaucoup plus bas que les autres Caisses d'épargne.

Dans ces quatre dernières années, la Prusse (25,700,000 mille habitants) a étendu la clientèle de ses Caisses d'épargne de 2,059,665 à 2,500,528, par une progression de 440,866 déposants; et le stock, de 1,232 millions de francs à 1,625 millions de francs; par une progression de 392 millions de francs.

L'Italie (28 millions d'habitants) a étendu la clientèle de 676,237 déposants à 1,111,474, par une progression de 435,237 déposants, dont 199,759 clients des caisses postales; et le stock, de 446,513,350 francs à 646,877,474 francs, par une progression de 200,364,124 francs,

(Journal des Débats.)

4o SÉRIE, T. VIII. — · 15 décembre 1879.

A. DE MALARGE.
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Votre ancien et votre nouveau collègue au Sénat, MM. Pagézy et Gaston Bazille, ont dû sourire en lisant dans le dernier numéro du Journal des Economistes la leçon de chimie viticole que notre confrère M. Nottelle a eu la charité de donner aux vignerons routiniers de l'Hérault, c'est-à-dire précisément à ceux qui ont pris depuis dix ans l'initiative de la lutte contre le phylloxéra comme ils l'avaient prise en 1852 contre l'oïdium.

Que M. Nottelle juge à propos de rouvrir en 1879 la discussion sur le point de savoir si le phylloxéra est la cause de la destruction d'un dixième des vignes de France, ou seulement une conséquence de leur état maladif antérieur, c'est son affaire à lui, mais la question est résolue depuis trop d'années pour que l'on perde son temps à le suivre sur ce terrain stérile. Quoiqu'il en soit, néanmoins, on peut lui dire pour le rassurer ou le renseigner, que le conseil donné par lui d'administrer de la potasse aux vignes est suivi depuis les débuts de la maladie, non seulement à Las Sorres par la commission de l'Hérault, à l'Ecole supérieure de la Gaillarde, près Montpellier, ainsi qu'à Cognac, dans la Charente et dans le Médoc girondin, mais encore par tous les propriétaires intelligents dans les régions atteintes, en ajoutant toutefois que l'emploi de cet alcali n'a eu nulle part pour résultat de faire disparaître l'insecte, son seul effet ayant été de prolonger un peu, dans certains cas, l'agonie des vignes malades.

Le conseil de M. Nottelle est donc tardif, ainsi qu'il peut s'en convaincre en lisant le Bulletin de la Société des agriculteurs de France, pages 190 à 191 du numéro du 1er septembre dernier; mais il est, en outre, d'une application ou d'une pratique restreinte, tant

par la dépense à faire, qui ne doit pas dépasser ni même atteindre la valeur de la récolte, que par la nature des terres auxquelles on ne peut ajouter de la potasse en excès sans s'exposer au risque de rendre solubles les humus qu'elle renferme et de leur enlever ainsi toute leur fertilité.

Ce sont là, d'ailleurs, des questions de chimie et de physiologie végétales encore débattues entre les savants et qui ne sont pas traitées à leur place dans le Journal des Economistes, où il me semblerait plus important et plus opportun d'étudier l'influence que la perte de la moitié au moins de la récolte en vins et de près d'un tiers de la récolte en céréales est de nature à exercer sur les facultés consommatrices et contributives de la France agricole et vinicole et sur l'équilibre du budget de 1880.

Si notre savant confrère avait un bon avis à donner sur les moyens de combler le déficit désormais certain des revenus publics et privés, il serait assurément le bienvenu.

Tout cordialement à vous.

AD. BLAISE (des Vosges).

Vice-Président de la section de viticulture de la Société des agriculteurs de France.

20 novembre 1879. Roc-en-Tuf, par Montoire (Loir-et-Cher),

Réponse de M. Nottelle.

Ainsi la commission de l'Hérault a résolu, sur tous les points et à la grande satisfaction du pays, le problème du phylloxéra; elle n'a pas avoué le 14 juillet dernier à l'Académie l'impuissance des insecticides et de la submersion; et ses plants américains vont triomphalement suspendre les lois naturelles par un double miracle. Certes, en affirmant le contraire, j'ai mérité la leçon que M. Blaise me donne.

Pourtant, il reconnaît que les désastres causés par le fléau — (il sévit donc toujours ?) vont porter aux forces consommatrices et contributives du pays une atteinte assez grave pour éveiller l'attention des économistes; il convient en outre «< que les savants sont encore partagés sur des questions de physiologie végétale », d'où dépend la solution du problème. On serait tenté de voir là un appel implicite à l'initiative de tous les hommes d'intelligence et de cœur qu'émeuvent un problème naturel et une calamité nationale. M. Blaise ne l'entend point ainsi; il défend qu'on porte une main sacrilège sur le problème du phylloxéra, dont la commission de l'Hérault a fait sa propriété exclusive.

M. Blaise m'apprend que, sans attendre mes conseils, on a presque partout employé la potasse. Je l'avais peut-être oublié depuis que, dans l'article qui m'a valu l'honneur de sa critique, je l'ai répété à satiété : en spécifiant toutefois que la potasse administrée comme médicament n'avait produit que des effets temporaires, tandis que, pour en obtenir de permanents, il faudra la fournir à la vigne comme aliment annuel. Et je répète que le jour où, au lieu de poursuivre des impossibilités, on s'adressera largement à la chimie industrielle, elle fournira à la viticulture un sel potassique suffisamment efficace au prix des engrais ordinaires. J'en donnerai prochainement la preuve pratique.

On n'a pas à craindre non plus, avec M. Blaise, que la potasse versée dans le sol s'en écoule, emportant, dissous par elle, d'autres principes fertilisants. La chimie agricole a nettement constaté, par des expériences dont j'ai été témoin, ce fait d'une importance capitale c'est que le pouvoir absorbant de l'humus empêche l'entraînement par dilution des alcalis libres qu'on y mêle ou qui s'y forment par double décomposition.

Que M. Blaise veuille bien me permettre de le lui déclarer: malgré ses savantes critiques, je poursuivrai avec un redoublement d'énergie ma campagne commencée en 1874. Au lieu d'étudier, comme il m'y invite, d'ailleurs fort courtoisement, les effets économiques du fléau, j'estime qu'il y a mieux à faire : c'est de supprimer le fléau lui-même.

NOTTELLE.

SOCIÉTÉ D'ÉCONOMIE POLITIQUE

RÉUNION DU 5 DÉCEMBRE 1879.

COMMUNICATIONS: Mort de M. Michel Chevalier et de M. Benjamin Rampal. Manifestation protectionniste à Toulouse.

OUVRAGES PRÉSENTÉS.

M. Joseph Garnier, membre de l'Institut, un des vice-présidents de la Société, a présidé cette réunion à laquelle avait été invité M. Fabre, publiciste, sénateur du Canada, et à laquelle assistaient, malgré la rigueur exceptionnelle de la température et la difficulté des moyens des circulation, une trentaine de membres, dont M. Gaston Desmousseaux de Givré, receveur des finances dans le département de Meurthe-et-Moselle, et M. Fauveau, percepteur des finances à Montbard.

En ouvrant la séance, M. le président, très ému, expose en peu de paroles la grande perte que la Société vient de faire dans la personne de M. Michel Chevalier.

Notre illustre ami, dit-il, une de nos gloires, s'était tout d'abord signalé dans sa jeunesse, en 1830, par des articles pleins d'originalité dans le Globe saint-simonien, sur le système méditerranéen, et par de remarquables Lettres publiées dans le Journal des Débats sur l'Amérique du Nord. Ses travaux ne tardèrent pas à être si considérables et si variés que je ne saurais les résumer ici. Je me bornerai à dire qu'il n'a cessé, pendant sa laborieuse carrière, de militer par la plume, la parole et l'action, pour le perfectionnement des voies de communication, pour la grande cause de la liberté du travail et de la liberté des échanges, les deux grands moyens par excellence pour arriver à la paix internationale et à l'amélioration des classes les plus nombreuses et les plus pauvres. Ce but avait séduit sa jeunesse; il le retrouva dans les aspirations de l'économie politique; c'est pour cela qu'il s'est constamment efforcé d'en demander l'enseignement et qu'il était devenu un des membres les plus assidus de nos séances, où notre souvenir le cherchera toujours.

La réunion s'associe vivement aux sentiments exprimés par M. le Président

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