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dance, ils étudient: les dispositions générales et les trois catégories composant la matière brevetable et les objets qui ne sont pas susceptibles d'être brevetés; la durée des brevets; les formes de la demande et de la délivrance; les certificats d'addition; les perfectionnements; la transmission de la cession des titres obtenus; la communication et la publication des descriptions et dessins des brevets; les droits des étrangers.

L'attention des auteurs s'exerce, ensuite, sur les nullités, sur les déchéances et sur les actions qui en dérivent, ainsi que sur le délit commis par ceux qui, abusivement, se présentent comme brevetés, ne l'étant pas.

Enfin, la contrefaçon, la poursuite, la juridiction qui doit en connaître et les peines qu'elle mérite, sont scrupuleusement et minutieusement mises en relief. Et le tout est couronné par un formulaire exact et précis des actes nécessaires.

C'est, on le voit, un cours complet. L'exécution de ce plan répond à la grandeur de son ensemble. Le style est clair, élégant et nerveux, Dans une forme saisissante, toutes les difficultés sont abordées, élaborées à l'aide de la doctrine et de la jurisprudence et tranchées d'une main expérimentée. Si, sur certains points, j'ai le regret de ne pas être du même avis que MM. Malapert et Forni, du moins leur discussion, toujours courtoise, ne blesse jamais, et la solidité de leur argumentation inspire le doute sur le fondement des opinions contraires. Je n'hésite donc pas à dire que leur ouvrage prendra rapidement place parmi les meilleurs sur cet important sujet des brevets d'invention. Devant les tribunaux, il possèdera bientôt une légitime autorité, et il sera un guide sûr pour les inventeurs auxquels il apprendra leurs devoirs et leurs droits et qui, quand ils auront des procès, s'empresseront de le consulter avec fruit. LOUIS NOUGUIER.

LES MARTYRS DE LA SCIENCE, par M. GASTON TISSANDIER, un vol. gr. in-8°, de 344 p., illustré de 34 gravures sur bois. Paris, Dreyfous, 1880. Le rédacteur en chef de la Nature, l'héroïque aéronaute du siège de Paris et de l'ascension du Zénith, le savant, élégant et fécond écrivain qui déjà, l'an passé, a publié chez le même éditeur un semblable volume résumant « l'histoire de ses ascensions», M. Tissandier vient d'écrire, pour la première fois, un ouvrage destiné à la jeunesse, celui dont le titre sert d'en-tête à cette bibliographie. Ce livre est écrit dans un esprit d'impartialité, mais aussi d'indépendance complète; il retrace simplement « sans phrases » le récit des événements, il nous parle tour à tour de Dolet, brûlé par les catholiques, de Servet,

brûlé par les protestants, de Colomb, abandonné par l'ingratitude royale à la haine des subalternes, de Lavoisier, guillotiné par un peuple atteint d'un accès de fureur, de Jacquart et de bien d'autres dont les machines sont brisées par une populace ignorante; puis, c'est l'interminable liste des inventeurs qui, faute d'argent, meurent à la peine laissant leur découverte enrichir leurs successeurs; ce sont les héros mourant pour l'humanité médecins saisis par la contagion, voyageurs fauchés par les fièvres. Après les martyrs se placent les « confesseurs » ayant souffert pour la science et le progrès, usés par les préoccupations et morts avant l'heure, ou blessés dans leurs sentiments les plus délicats par la haine, l'envie et la contradiction. C'est ainsi que si l'on s'étonnait d'abord de trouver le nom de Newton et de quelques autres dans ce livre, en se rappelant combien les esprits supérieurs ressentent avec plus de vivacité certaines impressions morales, on comprendrait comment de simples discussions ont pu désespérer ce génie.

Des épigraphes et des citations qui dénotent chez l'écrivain autant de mémoire et d'érudition que de sage esprit de critique et d'élévation de sentiment se mêlent aux brèves biographies, se résumant souvent dans le récit des souffrances de l'inventeur. Chaque récit est loyalement justifié par l'indication des sources où puisé l'auteur; qui, dans chaque chapitre, réussit à émouvoir généreusement les jeunes esprits auxquels il s'adresse. CH. BOISSAY.

CHRONIQUE

SOMMAIRE. Les changements ministériels. Les réformes de Cuba compromises. Le message du président des Etats-Unis : la conversion de la dette. le papier-monnaie, la fabrication de la monnaie d'argent, le canal de Panama, - Renvoi de la question des tarifs à bref délai. tion de commerce avec l'Italie.

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Prorogation de la conven

- Les arguments tirés de la production agriRetrait des petites pièces de monnaie italienne.

Mort de M. Michel Chevalier.

L'Europe a vu récemment des évolutions ministérielles.

En Italie, M. Cairoli s'est adjoint le chef de l'une des gauches, M. Depretis. Ils doivent, à eux deux, résoudre le problème de la suppression plus ou moins complète de l'impôt sur la mouture, à la fois nécessaire et impopulaire.

-En Espagne, la question de Cuba semble compromise. Elle amenait, il y a un an, à la tête du ministère espagnol, M. MartinezCampos, pacificateur de l'île et partisan déterminé des réformes

que réclame justement et depuis si longtemps cette importante colonie. Des propositions ont été faites aux Chambres depuis leur rentrée; mais l'esprit de réaction triomphant de nouveau, le général Martinez-Campos a été obligé de donner sa démission. M. Canovas del Castillo reprend la présidence du conseil. Il est à espérer cependant que la question de Cuba n'est pas enterrée. Ce serait un véritable déshonneur pour le gouvernement espagnol et pour la nation elle-même.

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En France, les Chambres sont rentrées le 27 novembre; le Sénat, pour s'occuper du budget, qu'il a mené rondement, et la Chambre des députés pour faire une interpellation assez peu motivée, en vue de forcer le ministère à s'accentuer davantage. Il en est résulté la démission de M. Le Royer, ministre de la Justice, laquelle amènera dans quelque temps le remaniement du ministère.

En Angleterre, la rentrée du Parlement n'a pas encore eu lieu; mais le voyage triomphal de M. Gladstone en Ecosse nous annonce de vives attaques de l'Opposition contre la politique guerroyante et compromettante de lord Beaconsfield, ci-devant M. Disraëli.

- M. de Bismarck est toujours à Varzin, malade ou non; ce qui lui a permis de ne pas recevoir la visite de son antagoniste M. de Gortschakoff, revenant des eaux.

- Le congrès des Etats-Unis qui s'est réuni, conformément à la constitution, le premier lundi de décembre, a reçu le message habituel de M. le president Hayes.

La politique n'occupe pas le premier rang dans ce document; son intérêt principal est dans les questions économiques. Les conseils que, selon l'usage, le président donne au congrès, portent sur la conversion de la dette, la suppression du papier-monnaie et la suspension de la fabrication de la monnaie d'argent.

Le président dit que par la conversion des bons portant intérêt à 5 et 6 pour 100 émis pendant la guerre civile et par la création de titres 4 pour 100, le congrès réaliserait une économie annuelle de près de 60 millions. Le cours forcé du papier-monnaie décrété pendant la crise terrible de la sécession lui paraît n'avoir plus aucune raison d'être dans les temps paisibles et prospères. Enfin, M. Hayes se prononce pour une suspension dans la fabrication des dollars d'argent, à cause des négociations engagées avec les nations européennes pour établir un rapport fixe entre l'étalon d'or

et l'étalon d'argent. Il serait à craindre sans cela que l'or sortit du pays.

En ce qui touche le percement de l'isthme de Panama, le président Hayes passe sous silence le projet de M. de Lesseps; mais il exprime l'espoir que le contre-projet par le lac de Nicaragua pourra être exécuté, a s'il est entrepris sous la protection et les auspices des Etats-Unis. »

La commission des tarifs a repris et continué son travail de Pénélope; mais elle est mise en demeure de se trouver prête pour les débuts de la session de l'année qui vient.

En attendant, les ministres des affaires extérieures et du commerce font le nécessaire avec les gouvernements étrangers.

Le ministre des affaires étrangères et le chargé d'affaires d'Italie ont signé, le 26 novembre, une déclaration prorogeant la Convention de commerce du 15 janvier 1879, pour une période dont le terme est fixé à six mois à partir de la promulgation du nouveau tarif général dont le projet est soumis aux Chambres. Cette declaration, autorisée en France par la loi du 4 août dernier, n'attend plus que la sanction du Parlement italien.

La convention de navigation du 13 juin 1862 a été de même prorogée jusqu'au 31 décembre 1880.

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Les Etats-Unis jouent un grand rôle dans les discussions relatives aux traités de commerce et aux tarifs de douane. La production agricole en céréales et en bestiaux est un argument sans cesse invoqué par les protectionnistes. Un des articles de ce numéro est consacré à l'exposé de ce qui se passe en réalité dans ce grand pays, à la fois producteur et consommateur, à la fois fournisseur et client de l'Europe, intéressée à ses progrès comme il l'est lui-même à ceux de l'Europe.

- Les pièces divisonnaires de monnaie italienne cesseront d'avoir cours en France à dater du 1er janvier prochain. Le public s'émeut généralement de ces sortes de mesures. Voici l'explication de celle-ci.

L'Italie, en effet, n'a depuis longtemps que du papier dont le cours est forcé. L'argent est sorti de chez elle et elle désire se débarrasser du cours forcé, du moins pour les petites coupures. Pour cela il faut d'abord que sa petite monnaie lui revienne. Les pièces de 5 francs même lui manquent. Aussi a-t-elle obtenu des puissances faisant partie de l'Union monétaire l'autorisation de frapper pour vingt millions de pièces de 5 francs quand aucun Etat n'en laisse plus fabriquer. Pour que ses petites monnaies lui

puissent revenir, il n'y avait qu'un procédé à suivre, c'était qu'en France, en Belgique, en Suisse, en Grèce, il fût interdit de les laisser circuler plus longtemps. C'est donc par pure obligeance que ces Etats les ont mises en interdit.

Une fois que l'Italie aura aboli chez elle l'usage du papier-monnaie d'une valeur de 5 francs, ses pièces divisionnaires d'argent pourront circuler de nouveau dans toute l'étendue du territoire des pays monétairement unis.

L'opération a été confiée à la France, qui prendra la plus grande quantité de ces monnaies divisionnaires d'argent fabriquées par l'Italie et presque aussitôt sorties de chez elle. On estime qu'il y en a en France pour 87 millions, et que les autres Etats semblent n'en avoir que pour 13 millions. Il nous les remettront, et nous les ferons passer à l'Italie avec les nôtres, contre remise d'or, ou d'écus de 5 francs français, ou de bons du Trésor italien payables à Paris. Le gouvernement n'intervient, du reste, que pour ordonner; l'exécution des échanges aura lieu par les soins de la Banque de France.

La science économique a fait la perte la plus sensible dans la personne de M. Michel Chevalier; nous reproduisons sur cet illustre confrère et collaborateur l'article d'un éminent écrivain qui marche sur ses traces.

La perte de M. Michel Chevalier a été vivement sentie à l'Academie des sciences morales et politiques et à la Société d'économie politique.

Paris, le 14 décembre 1879.

Jph G.

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