rique, tel enseignement géographique qui ne contribueront ni à éclairer l'intelligence, ni à fortifier les bons sentiments, ni à rendre plus productive l'industrie que l'élève choisira, tandis que telle notion économique aurait pu être utilisée dans cette triple direction. Mais qui est-ce qui s'occupe de pédagogie? 11 faut dire qu'elle exige trop d'études et une attention observatrice trop soutenue pour être du goût de tout le monde. On aime mieux s'en moquer.

La Société de statistique suisse a eu une bonne idée; son Journal de statistique renferme dans le double fascicule des deux premiers trimestres 1879 un « Manuel statistique de la Suisse» avec une carte des chemins de fer. Ce Manuel (190 pages in-4°) qui ne s'annonce que comme un premier essai est divisé en 16 chapitres. Puisons-y quelques renseignements. La superficie de la Suisse est de 41,390 kilomètres carrés, dont 7,714 en bois, 305 en vignes, 21,648 en terres arables, prés et jardins; le sol productif atteint donc 71.61 0/0 de la superficie totale. La population de la république s'est élevée en 1850 à 2,390,116 hab., en 1860 à 2,507,170 et en 1870 à 2,669,157 hab. On estime que la Suisse a aujourd'hui, 1879, 2,808,509 habitants et qu'elle en aura l'année prochaine 2,824,762. Veuillez noter ce chiffre, car l'année prochaine il y aura un dénombrement et vous pourrez contrôler l'évaluation. Suisse compte 3,052 communes, dont 759 de moins de 250 hab., 834 de 251 à 500; 735 de 501 à 1,000, 312 de 1,004 à 1,500; 243 de 1,501 à 2,500, 169 de 2,501 et au-dessus. Les existences en chevaux et bétail sont (1876): chevaux, 100,933; bêtes à cornes, 1,035,856; porcs, 334,507; bêtes à laine, 367,549; chèvres, 396,001; enfin 177,120 ruches.

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La

Le chapitre VI est consacré à la politique. Nous trouvons qu'il y a eu depuis 1830 (l'auteur ajoute entre parenthèses respectivement depuis 1814, cela veut-il dire que pour quelques cantons les renseignements remontent à 1814) (1) 115 révisions de Constitutions cantonales, dont 75 révisions totales. On compte 3 révisions de la Constitution fédérale. En nous donnant ce renseignement, savezvous ce que fait l'auteur? Il jette un défi aux «journalistes chauvins de l'étranger » de citer le moindre assassinat commis lors de ces révisions et dit que ce calme « relatif », c'est « l'effet adoucis

(1) Cela peut vouloir dire aussi qu'il n'y en a pas eu de 1814 à 1830. L'auteur n'explique pas sa pensée.

sant de la liberté » (die mildernde Macht der Freiheit). L'auteur non chauvin de ce défi ne prétend pas, il faut l'espérer, que la liberté date en Suisse de 1830 ou même de 1848? Elle est beaucoup plus jeune que cela. Un citoyen d'Uri a été condamné, il y a une dizaine d'années, à subir une peine afflictive, sinon infamante, pour avoir douté de la divinité de Jésus-Christ. Nous ne toucherons pas au reste des opinions politiques exprimées, de crainte d'être marqué du sceau des « journalistes chauvins de l'étranger, » car nous aurions à contredire plus d'une fois l'auteur. - Les cantons envoient au «< Conseil national» (Chambre des députés fédérale) 1 député sur 20,000 habitants, ensemble 135. Il y a 642,552 électeurs. L'auteur passe ensuite en revue la situation de l'instruction publique dans chaque canton, mais sans résumer les chiffres.Nous arrivons à un chapitre très curieux, qui mériterait d'être étudié à fond, on y expose la répartition des charges entre l'Etat et les communes en ce qui concerne le culte, l'instruction publique, la bienfaisance, les routes et chemins, etc.

Un chapitre spécial est consacré à la bienfaisance, mais la statistique n'est pas résumée. Les chemins de fer se divisent en lignes normales (d'intérêt général), longueur 2,528 kilom., et en lignes spéciales (d'intérêt local), longueur 83 kilom. Recettes totales 53,849,000 fr. en 1877 et 51,857,000 fr. en 1878. La poste entretient (1878) 799 bureaux et 2,820 « offices » (boîtes aux lettres?) et un personnel total de 5,391 individus. Nombre des lettres intériéures 47,330,000 (dont 5,282,000 cartes), internationales 20,200,000 (dont 1,200,000 cartes). Journaux suisses: en 1855, 10,735,894 numéros; en 1878, 50,787,000.- Télégraphe : longueur des lignes 6,523 kilom., des fils 15,960 kilom. Nombre des dépêches pour l'étranger 589,040, total général des dépêches 2,476,988. - Le commerce de la Suisse ne peut être résumé, parce qu'on ne publie que les quantités. Les 35 banques suisses ont ensemble un capital versé de 108,870,000 fr., elles ont émis pour 108,820,000 fr. de billets, mais la circulation réelle a été en moyenne, en 1878, de 82,582,000 fr.- Armée : ligne, 119,748 hommes; réserve, 95,430 hommes. Finances recettes nettes des cantons 39,300,000 fr., recettes fédérales 17,200,000 fr., ensemble 56,500,000 fr., soit 14.246.25 ou 20.49 par tête. Les dépenses se sont élevées, dans les cantons à 44 millions, dans les caisses fédérales à 18,400,000 fr., ensemble 62,400,000 fr.

Nous venons de donner une vague idée des renseignements nombreux et variés accumulés dans ce recueil, et nous n'avons pas besoin de dire que souvent les détails présentent plus d'intérêt que le total; seulement le total prend une ligne et les détails

prennent dix ou vingt pages. Cette raison nous dispense d'en

donner une autre.

La Russische Revue nous donne plusieurs articles très intéressants, mais nous n'en analyserons qu'un (année VIII, fasc. 5), nous réservant de revenir sur les autres en une prochaine occasion. Cet articlé traite: De la circulation monétaire, particulièrement en Russie. Cet article n'est pas signé, il est extrait du Otgoloski (les Echos) et s'applique à défendre 21 thèses que nous allons résumer, en ajoutant au besoin de courtes explications empruntées à l'auteur, mais sans les apprécier (faute d'espace).

1. L'expérience a démontré qu'il n'y a pas de rapport direct entre le cours du rouble-crédit et le montant de ces billets en circulation (tableaux).

2. Il est démontré par l'expérience que la baisse ou la hausse du papier ne dépend pas de la quantité des billets rachetés par la caisse de remboursement.

3. Que les efforts faits pour améliorer le cours, en retirant de la circulation une quantité notable de billets, sont restés sans effet, si ce n'est celui de diminuer les espèces dans la caisse de remboursement.

4. Que la banque impériale a pu augmenter son encaisse métallique en émettant des billets.

5. En Russie, la circulation fiduciaire domine et doit prédominer. (Parce que le commerce a lieu surtout entre producteurs et consommateurs. Dans les relations entre négociants, les métaux sont indispensables. L'auteur cite Bagehot à l'appui de son opinion.)

6. Une circulation de 800 millions en billets de crédit ne constitue pas une circulation exagérée en Russie.

7. Le pouvoir (Zahlungskraft) du rouble-crédit n'est pas le même à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays; il est supérieur à l'intérieur (parce qu'il est reçu dans les caisses de l'Etat).

8. Les comptes internationaux sont soldés par des marchandises ou des espèces.

9. Lorsque les comptes ne peuvent pas être réglés d'une de ces deux manières, le papier des pays débiteurs n'a plus une valeur constante, et il faut faire entrer dans les prix une assurance contre les variations des cours à la bourse. Il en résulte une baisse de la valeur du papier.

10. Le rouble baisse, parce que la dette (commerciale) de la Russie augmente constamment.

11. Cette dette est actuellement dix fois plus forte que la somme

des billets retirés de la circulation dans les deux tentatives de faire monter les cours.

12. Une hausse durable des cours ne peut être produite que par l'emploi des moyens opposés à ceux que nous avons vus causer la baisse.

13. La baisse des cours est l'équivalent d'un renchérissement de crédit à l'étranger.

14. Le crédit extérieur ne peut diminuer que par la diminution de la dette commerciale.

15. Il est évident que la diminution de la dette ne peut pas être obtenue par des emprunts.

16. La diminution de la dette ne peut s'opérer que successivement et par l'établissement d'un rapport plus avantageux entre les dépenses à l'extérieur et les exportations. Ce résultat ne peut être obtenu que par l'essor des forces productives du pays.

17. La situation financière de la Russie dans l'avenir n'est pas aussi défavorable que cela pourrait paraître. (L'auteur donne quelques chiffres sur les progrès de la production.)

18. Le système financier d'un État doit être en rapport avec la nature du pays et l'organisation politique.

19. La circulation fiduciaire de la Russie est un moyen de donner l'essor à l'industrie; on ne doit pas affaiblir la confiance qui lui est due.

20. Toute réduction de la circulation diminuera la production et produira, par conséquent, des effets tout opposés à ceux qu'on voudrait obtenir.

21. La question de la différence entre les dépenses productives et les dépenses improductives exerce une influence sur l'avenir financier de la Russie et sur le développement de ses productions. (L'auteur veut sans doute dire qu'il faut diminuer les dépenses improductives. Convenons que l'auteur ne brille pas toujours par la clarté.)

Quelques mots seulement, avant de terminer, sur l'Annuaire des finances russes, par M. A. Vesselovsky (8° année). C'est une publication qui, depuis longtemps, offre bien plus qu'elle ne promet, car, outre les finances, elle traite du commerce, des chemins de fer, des banques, etc. Cette fois-ci, le volume a été augmenté de trois nouveaux documents, tous les trois très importants: l'un donne toutes les pièces relatives à une nouvelle législation financière; l'autre renferme un tableau de la fabrication des monnaies pendant la période 1800-1878; le troisième se rapporte à la circulation des personnes entre la Russie d'Europe et les pays étrangers. La valeur des monnaies d'or frappées dans les 78 premières

années de ce siècle s'élève à 890,065,648 roubles; la valeur des monnaies de platine à 4,251,843 roubles (pièces de 3, 6 et 12 roubles); la valeur des monnaies d'argent à 348,013,361 roubles. Ensemble plus de 1,242 millions de roubles. Que sont devenus ces espèces? Dans notre précédente revue nous avons fait connaître le mouvement des voyageurs dans la Russie d'Asie, voici ceux de la Russie d'Europe, pour 1876 Russes, entrées 302,653, sorties 347, 297; étrangers, entrées 557,495, sorties 472,502. L'Annuaire de M. Vesselovsky est trop connu pour qu'il soit nécessaire de le louer, mais comme il nous a souvent rendu service, nous nous acquittons simplement d'un devoir en disant qu'il fait honneur à son auteur.

Nous avons publié jadis, dans le Journal des Économistes, quelques notices sur un certain nombre de chemins se distinguant par les conditions particulières de leur exécution (1).

Depuis de nouvelles études ont été faites soit pour l'ascension des rampes, soit pour l'utilisation des routes ordinaires et nous décrirons quelques lignes typiques.

1. LE CHEMIN DE FER ROUTIER DE RUEIL A MARLY-LE-ROI.

Comme le système du chemin de fer du Righi, celui du tramway de Rueil à Marly est dû aux Américains. C'est vers la fin de 1873 que le docteur E. Lamm appliqua au tramway de New-Orléans à Carrolton les premières locomotives sans feu et sans fumée,

(1) Nous avons parlé successivement du chemin de fer provisoire sur le mont Cenis (3a série, mars 1869, p. 458, t. XIII), du tunnel sous le mont Cenis (février 1871, p. 273, t. XXI), de la ceinture de Paris, du chemin de fer mixte provisoire à un seul rail (juin 1869, p. 420, t. XIV), des chemins de fer projetés dans Paris (août 1872, p. 348, XXVII), du railway du Pacifique (juin 1871, p. 359, t. XXIII), du chemin de fer du Righi, de celui de la Croix-Rousse (avril 1872, p. 106, t. XXVI).