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au point de vue des secours et de leurs effets hygiéniques et moralisateurs. Par le travail, le secours se trouve transformé et multiplié et l'indigent devient lui-même l'artisan de son relèvement. Aussi la Commission administrative est-elle décidée, après trois années d'expérience, à compléter ce mode d'assistance dans la partie de la ville où son action bienfaisante ne s'exerce pas encore (1).

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La gestion directe est également pratiquée par le bureau de bienfaisance de Saint-Quentin et par ceux de quelques communes de moindre importance: Morcourt, Genech, Bachy, etc.

Ailleurs, c'est le conseil municipal qui a pris l'initiative de créer des Jardins ouvriers sous l'impulsion d'un besoin pressant ou d'un vœu de l'opinion. Etablis sur des terrains communaux, ces jardins sont mis à la disposition des ouvriers, moyennant un prix de loyer, et administrés comme les autres biens communaux. C'est ce qui s'est passé à Fouilloy dès 1848, plus tard, à Beauvais, en 1872. Sur d'autres points le conseil municipal a préféré fournir des terrains communaux, comme au Cateau, ou assumer la location des terrains privés, comme à Boulogne-sur-Mer ou à Reims, en confiant au bureau de bienfaisance le soin d'administrer l'œuvre nouvelle et de désigner les familles indigentes auxquelles les jardins pourraient être attribués.

Dans quelques villes enfin, les jardins créés par la municipalité sont administrés par une commission extra-municipale comprenant des conseillers municipaux et des personnes compétentes choisies en dehors du conseil.

Tel est le cas à Arras où le maire a nommé une commission de vingt membres dont font partie un adjoint et quatre membres du conseil.

(1) Rapport sur l'exercice 1902-1903, publié en juillet 1903.

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Quand un groupe de Jardins est fondé par une administration, celle-ci en assume la direction; il en est de même d'un fondateur unique qui agit le plus souvent personnellement, parfois par un mandataire choisi par

lui.

Mais quand il s'agit d'une association de personnes charitables, il devient nécessaire de constituer une direction chargée de l'administration des intérêts com

muns.

Le plus souvent, une assemblée générale nomme un comité assez nombreux, et ce comité choisit dans son sein un bureau chargé plus spécialement de la partie active de l'administration.

Tel est le cas à Tours, où l'œuvre est dirigée en réalité par un bureau de trois membres.

On a parfois cherché à intéresser les tenanciers à la bonne tenue de leurs Jardins. Plusieurs ouvrages ont fait connaître l'organisation créée à Saint-Etienne par un religieux dont le nom est aujourd'hui célèbre, le R. P. Volpette (1). Les tenanciers de chaque champ élisent un conseil particulier dans la proportion d'un membre pour cinq familles et ce conseil exerce la surveillance sur l'ensemble des jardins, détermine les dépenses, prononce les avertissements ou exclusions. Les affaires concernant l'ensemble de l'œuvre sont réglées par un conseil général composé de la réunion de tous les membres des conseils particuliers.

Sur plusieurs points, on s'est inspiré des mêmes idées. A Grenoble, par exemple, dans la si intéressante fondation de M. Vellot, le conseil se compose d'un bureau de sept membres, de quatre conseillers nommés par le

(1) P. Piolet, op. cit., pages 66 et suivantes.

président, de quatre conseillers élus par les tenanciers et des deux chefs des familles les plus nombreuses. A Lyon, chaque section est administrée par un comité élu par les occupants, à raison d'un délégué pour cinq familles, sous la surveillance d'un membre du Comité central. Nous rencontrons à Dijon la même organisation. Grâce aux délégués qui le représentent, le Comité central est tenu au courant de la situation de chaque section et décide, quand il y a lieu, d'allouer une subvention.

A Beaune, M. Fontaine a composé son comité des lauréats des quatre premiers prix et de leurs femmes, estimant que celles-ci contribuent grandement à la culture du jardin et doivent participer à la direction.

A Rodez, où l'œuvre est moins importante, les jardiniers nomment quatre délégués qui sont leurs représentants près de la conférence, et celle-ci désigne un de ses membres spécialement chargé de la surveillance des jardins. A Versailles, la conférence Saint-Laurent, composée de jeunes gens, désigne chaque semaine un de ses membres pour la visite et la surveillance des jardins; dans ces causeries sur place avec les tenanciers, ils ont pu constater le contentement de tous.

D'autres groupements ont préféré s'assurer le concours d'un surveillant rétribué. La conférence SaintEutrope, de Clermont-Ferrand, par exemple, s'est entendue avec un employé en retraite, qui, moyennant un modeste traitement de vingt-cinq francs par an, a bien voulu se charger d'assurer l'observation du règlement et le bon ordre. A Bagnères-de-Bigorre intervient un surveillant volontaire, fort au courant du jardinage. A Moulins, l'instituteur-adjoint d'une école libre a reçu un jardin et se charge de surveiller le groupe, tout en vaquant à sa culture.

M. Chevassu, d'Hennebont, définit parfaitement les qualités que doit réunir ce délégué permanent de la direction:

<< Un seul individu suffit pour la surveillance de trente à cinquante jardins; toujours le même, il doit être doué d'un sens commun robuste et d'une grande rondeur d'allures.

«Il lui faut gagner la sympathie des ouvriers sans éveiller leur susceptibilité, qui est grande. Il ne faut pas qu'ils puissent supposer que, en échange du jardin, on veut mettre la main sur leurs idées.

«Le contact apportera bien vite des améliorations dans leur esprit »>.

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Pour épuiser cette première question, il nous reste à nous demander comment doit être assurée la possession du terrain.

« J'ai acheté les parcelles de terre à mon nom, nous dit le fondateur d'une des œuvres de Châteauroux; il m'a semblé que c'est le moyen le plus simple et le plus pratique d'assurer la propriété ».

C'est également ainsi qu'ont procédé MM. Vellot, à Grenoble, Fontaine, à Beaune. Nous ne pouvons que féliciter les œuvres qui ont à leur service de pareils dévouements.

Mais on ne saurait les considérer comme indispensables, sous peine de restreindre singulièrement le nombre des groupes de jardins.

Sur beaucoup de points, on a donc eu recours à la location.

C'est ici que nous constatons un des principaux avantages de la déclaration. D'après l'art. 6 de la loi de 1901, l'association déclarée acquiert le droit de posséder ou de louer à son nom « les immeubles strictement nécessaires à l'accomplissement du but qu'elle se propose ». Par conséquent, on évite ainsi l'obligation de louer au nom d'un tiers, ce qui donne trop souvent lieu à des diffi

cultés, ou au moins à des frais supplémentaires, en cas de décès du membre de l'œuvre qui a assumé la responsabilité de la location.

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Quelle que soit la forme adoptée pour cette location, on ne saurait trop recommander de la régulariser par un bail écrit, et, autant que possible, par un bail à long terme. Les locations verbales offrent, il est vrai, souvent l'avantage de bénéficier d'un prix réduit, en s'appliquant à des terrains acquis en vue d'une revente, et qu'on s'engage à restituer immédiatement en cas d'aliénation. Mais l'inconvénient qu'elles présentent se trouve précisément dans cette clause qui peut priver le bénéficiaire du prix d'un défrichement souvent pénible, de plantations, de constructions légères auxquelles il s'est attaché par l'effort même qu'elles lui ont coûté.

Avec un bail, chacun sait la durée sur laquelle il peut compter.

Plusieurs œuvres ont loué leurs terrains pour neuf et douze ans. A Saint-Gaudens, M. l'abbé Germès a loué dix hectares, pour neuf années, au prix de 1.000 fr. par an, avec faculté d'achat à la fin du bail, moyennant un prix prévu au contrat. C'est là une excellente précaution qui donne du temps pour constituer le capital nécessaire, et peut permettre ultérieurement la cession de parcelles aux intéressés, en vue de les rendre propriétaires et de leur faciliter la construction d'une habitation.

Les prix de location varient beaucoup. L'are se paie depuis 0,95 à Wissant jusqu'à 10 fr. à Bercy. On peut évaluer le prix moyen à 2.50 l'are, soit 10 fr. pour un jardin de quatre ares. Ce prix n'a rien d'exagéré, si l'on réfléchit que ces terrains doivent être situés dans un faubourg, à proximité des habitations des ouvriers aux

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