Page images
PDF
EPUB

LIVRE DEUXIÈME.

AUX ux promesses de fidélité offertes par le maréchal Ney à Mgr le comte d'Artois au nom des maréchaux de France, S. A. R. avait répondu : « Messieurs, vous avez « porté dans les contrées les plus éloignées

la gloire du nom français; à ce titre << le Roi revendique tous vos exploits; « tout ce qui a été fait pour la France n'a « jamais été étranger au Roi. »

Ces expressions magnanimes furent généreusement confirmées par S. M. * A peine Louis XVIII fut-il assis sur le trône de ses pères, que les maréchaux de France se virent appelés à en être les plus fermes soutiens. Les bienfaits du Roi envers ces guerriers illustres furent sans bornes, comme

* Le maréchal Ney était au nombre des maréchaux qui furent à Compiègne au-devant de S. M. Il en fut reçu avec la plus grande bonté. C'est dans une des fréquentes visites qu'il était admis à lui faire qu'il lui donna le conseil de choisir sa garde dans la garde impériale.

sa confiance. Il les admit dans l'intimité de ses conseils, leur prodigua les marques de son estime, et partagea entre eux les grandes dignités militaires de l'Etat.

Le maréchal Ney ne fut point oublié dans la distribution de ces grâces; il fut nommé, par ordonnance du 20 mai, commandant en chef du corps royal des cuirassiers, des dragons, des chasseurs et des chevau-légers-lanciers de France; chevalier de Saint-Louis le 1er juin, pair de France le 4 du même mois, et gouverneur de la 6e division militaire. *

Ce fut S. M. elle-même qui lui conféra la dignité de chevalier de Saint-Louis, et qui reçut de sa bouche le serment de mourir fidèle au Roi et à la patrie.

Après les détails que nous avons donnés dans le livre précédent sur la vie militaire du maréchal, le lecteur verra sans doute avec intérêt une esquisse de sa vie privée.

Sous le régime qui venait de finir, les guerres lointaines, les conquêtes, la prééminence militaire et toutes les conséquences d'une puissance qui embrassait une moitié de l'Europe et tendait à envahir l'autre,

* C'est en cette qualité qu'il fit un voyage à Besançon pour y recevoir S. A. R. MONSIEUR, en décembre dernier 1814.

[graphic]
[ocr errors]
[graphic][subsumed][ocr errors][subsumed][ocr errors][ocr errors]

avaient établi les idées d'un grand nombre de Français hors des limites de leur patrie.

Ces idées ne trouvèrent plus de place dans un ordre de choses qui, ramenant une paix solide et réparatrice, restreignait la France dans ses intérêts réels.

Sans doute il dut en coûter beaucoup aux hommes qui s'étaient élevés au milieu du tumulte des armes et de la vie licencieuse des conquêtes, pour rentrer tout-àcoup dans l'ordre des citoyens; leurs habitudes se trouvèrent détruites, leur avenir changé, leurs pensées sans direction.

Telle dut être la situation morale du maréchal Ney, lorsque la réconciliation de l'Europe eut terminé sa carrière militaire.

Pendant les longues guerres qui avaient embrassé le continent, à peine quelques mois de trève l'avaient rendu à sa famille : étranger aux mœurs de la paix, il eut d'autant plus de peine à y faire plier ses goûts, qu'il n'était pas assez âgé pour trouver quelques douceurs dans le repos, et pas assez jeune pour soumettre ses habitudes aux convenances adoptées dans le monde..

Ayant passé ses jours dans les camps, les marches, les dangers, les combinaisons militaires étaient devenus des alimens né

« PreviousContinue »