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pour l'attaquer, et ils gagnèrent la bataille. de Zurich.

Le général Ney fut 'successivement employé sous les ordres du général Masséna, en Suisse, et sous ceux du général Moreau, en Allemagne.

En 1802, Bonaparte, alors premier consul, lui envoya un superbe sabre égyp-tien. Nous verrons plus tard combien ce présent lui fut fatal..

A la paix de Lunéville il fut nommé inspecteur général de la cavalerie; mais l'ambition de Bonaparte lui réservait un autre emploi:

La Suisse avait, dans les dernières guerres, laissé violer son territoire, qui était devenu le théâtre des hostilités entre l'Autriche et la France. Les bases de l'indépendance helvétique avaient été détruites, et cette contrée restait ouverte aux invasions des Français qui en possédaient les barrières. Sa position était encore plus critique par les dissentions civiles qui déchiraient alors son sein. Les oli garques de Berne excitaient depuis longtems la haine de plusieurs cantons; une confédération s'était formée et avait pris les armes. Si cet état de fermentation détruisait la force morale de cette nation, la Suisse

armée offrait cependant un aspect imposant, qui pouvait inspirer quelque crainte à un ennemi extérieur. Il était possible que l'approche du danger commun suspendit les haines et réunit les partis. Le général Bachmann, qui commandait les confédérés, aurait pu opposer une longue et vigoureuse résistance à une attaque de vive force. D'ailleurs, la France ne pouvait afficher ses vues de conquête sur ce pays sans éveiller les inquiétudes des Etats voisins, qui n'auraient pas manqué de s'y opposer. Ces considérations déterminérent Bonaparte à employer l'intrigue pour asservir cette contrée. Il y envoya le géné ral Ney, avec le titre de ministre plénipoten-tiaire.

L'arrivée de ce chargé de pouvoirs tint tous les esprits en suspens; les espérances des deux partis se tournèrent vers la médiation de la France.

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Ney, d'après les instructions qu'il avait reçues, se présenta le 25 octobre dans le sénat de Berne; il lui offrit l'appui que son gouvernement l'autorisait à lui promettre ; et s'étant conduit de manière à mettre ce eorps entièrement dans ses intérêts, il signifia au général Bachmann l'ordre de licen

cier ses troupes, l'avertissant que si elles ne l'étaient pas au 1er novembre, il marcherait contre lui à la tête de l'armée française. A la suite de ces menaces, il ordonna le désarmement des Suisses.

L'armée des confédérés ayant été bientôt dissipée, les chefs furent arrêtés, et il reçut de toutes les villes des députés chargés de protester de leur soumission à la France. Il répondit à quelques-uns d'entre eux qui lui apportaient les clefs de leur ville: « Ce ne « sont point vos clefs que je demande; mes «< canons sont là pour enfoncer vos portes; apportez-moi des cœurs soumis, dignes du • pardon et de l'amitié des Français. »

On voit, par ces paroles, quelle médiation le général Bonaparte voulait exercer dans ce pays.

La puissance de la France s'accroissant de plus en plus, et l'Angleterre étant le seul ennemi qui lui résistât, tout ce vain appareil d'une expédition qui inspirait peu d'inquiétudes à ceux qu'elle semblait menacer, et n'avait peut-être pour but que de faire prendre le change à l'Allemagne sur la véritable destination des troupes qu'on assemblait, se déploya dans toute son ostentation; des forces immenses sé réunirent sur les côtes. Le

général Ney fut rappelé. Il prit le commandement de l'armée de Compiègne, puis du camp de Boulogne, puis de celui de Montreuil, et employa cette espèce de trève à l'instruction de son corps d'armée.

Lorsque Bonaparte eut pris le titre d'Empereur, qui seul manquait à son usurpation, il conféra au général Ney la dignité de maréchal d'empire; il le nomma, en 1804, grand-officier et chef de la 7o cohorte de la Légion-d'Honneur. Peu après ce général fut décoré du grand-cordon et créé chevalier de l'ordre du Christ de Portugal.

Cependant la guerre ayant éclaté tout-àcoup avec l'Allemagne, l'armée qui occu pait les côtes traversa la France en poste, et vint passer le Rhin en Alsace en 1805. A peine arrivé, le maréchal Ney livra le combat d'Elchingen, journée mémorable si funeste aux deux armées, qui y perdirent l'élite de leurs soldats, et où la victoire, longtems balancée, sembla accorder le champ de bataille plutôt à l'opiniâtreté des Français qu'à la supériorité de leurs efforts. C'est en mémoire de ce combat, qui d'ailleurs ne produisit aucun avantage au vainqueur, que le maréchal Ney fut créé duc d'Elchingen.

Après la capitulation d'Ulm, il fut détaché dans le Tyrol avec un corps de 30,000 hommes, et força F'archiduc Jean d'évacuer cette contrée. Il s'empara des forts de Scharnitz et de Neuf-Larek, et entra presque sans résistance à Inspruck le 7 novembre; puis à Hall, où il trouva des magasins immenses. Poursuivant toujours l'archiduc Jean, il atteignit son arrière-garde, le 17, au pied du mont Brenner, et la tailla en pièces; ensuite il entra en Carinthie, et y resta jusqu'à la paix de Presbourg.

Le 6e corps d'armée, qu'il commandait, ayant été envoyé en Souabe, le maréchal Ney y prit position, et ne quitta cette province qu'à la rupture du traité de paix avec la Prusse, en 1806, pour marcher vers le Haut- Mein, entre Bamberg et Amberg.

Bientôt les armées ennemies se trouvèrent en présence dans les plaines d'Iéna. Le 14 octobre se donna la fameuse bataille qui faillit renverser à jamais la puissance prussienne. Le maréchal Ney y commandait, sous les ordres du maréchal Soult, le 6e corps, qui formait l'aile droite de l'armée française..

Après la bataille, il fut envoyé devant

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