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peu de forces plus redoutable à la puissance française, que quand il commandait une armée nombreuse et disciplinée.

Il réussit à s'emparer de Ponte Ferrado, dont il fit la garnison prisonnière. A l'aide d'une pièce de canon qu'il trouva dans cette place, il prit Villa-Franca. Ces avantages ayant grossi considérablement son armée, il força le maréchal Ney à abandonner le Bierzo, se jeta dans les Asturies, qu'il insurgea, et coupa ainsi toute communication entre l'armée de ce maréchal et celle du maréchal Soult. Ney avait concentré ses forces sur Lugo, place fortifiée qui pouvait tenir contre un coup de main.

L'insurrection des Asturies s'étendant de plus en plus, il faisait des excursions fréquentes sur divers points de cette province, laissant à Lugo une forte garnison, qui était étroitement assiégée dès que l'armée s'en éloignait.

Le maréchal Soult faisait une guerre plus régulière, mais non moins malheureuse. Forcé bientôt d'évacuer le Portugal devant l'armée de Wellington, il rentra dans la Galice, arriva fort à propos pour débarrasser la garnison de Lugo, et fit sa jonction avec le maréchal Ney, qui revenait d'une expédition contre Oviedo dans les Asturies.

La réunion de ces deux armées ne changea rien à la situation de ces provinces. Bientôt Soult s'éloigna de nouveau pour observer le mouvement des Anglais; et le maréchal Ney, ne pouvant se maintenir dans la Galice ni dans les Asturies, fut contraint de se retirer dans le royaume de Léon, après un séjour de six mois dans ces provinces. Sa retraite ne fut point troublée; il recueillit les malades et les blessés de Soult.

Telles sont les principales opérations du maréchal Ney dans la guerre d'Espagne, guerre féconde en désastres pour les Français, et qui attaqua la puissance de Bonaparte dans ses deux élémens, ses trésors et ses soldats; mémorable exemple de ce que peut un pays injustement envahi, quand il a des mœurs nationales.

Dans toute cette guerre, Ney ne livra qu'une seule bataille en revenant de l'Estramadure, où des lenteurs et de fausses. combinaisons laissèrent au général anglais l'honneur équivoque d'une victoire à Talaveyra. Ney trouva sur sa route un corps de six mille hommes, commandé par le général anglais Wilson, * et posté sur les hauteurs.

Ce même général Wilson, lorsque le maréchal fut traduit devant la chambre des pairs, lui montra l'intérêt le plus tou

de Bagnos. Ce faible ennemi fut aussitôt culbuté, et laissa plus de cinq cents morts sur le champ de bataille.

Nous suivrons rapidement le maréchal Ney dans la campagne qu'il fit en Portugal, sous les ordres de Masséna.

Le sixième corps s'étant réuni à celui de Junot près de Salamanque, et ayant été joint plus tard par celui du général Regnier, Masséna chargea le maréchal Ney de prendre Ciudad-Rodrigo. La place se défendit avec assez de constance, et se rendit à discrétion, au moment où Ney avait tout disposé pour l'assaut. Le gouverneur, Herrasti, était un des signataires de la constitution de Bayonne. Croyant avoir affaire à un ennemi qui portât dans le combat des sentimens politiques, et craignant que les opinions qu'il avait manifestées ne lui attirassent la colère du vainqueur, ik se présenta sur la brêche en habit bourgeois, et dans une attitude suppliante.

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chant. Il aida madame Ney dans les démarches qu'elle fit an près des puissances alliées; il la seconda de tout son crédit, et témoigna en faveur du maréchal un zèle et un dévouement dignes d'un meilleur succès. Quelle grandeur d'ame ! quelle générosité dans un étranger, dans un ennemi que le maréchal avait vaincu deux fois !

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C'est le gou

un de ses aides-de-camp. verneur. Cela est impossible, >> dit le maréchal, étonné de l'air embarrassé du Castillan. L'aide-de-camp ayant assuré que c'était le gouverneur, et qu'il le connaissait « Monsieur, lui dit Ney, pourquoi

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n'avez-vous pas votre uniforme? Vous « l'avez honoré par votre belle défense. « Je suis le maître ici; mais je vous accorde << une capitulation. » Il tint parole; et les conditions furent plus satisfaisantes que la garnison n'avait osé l'espérer.

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L'armée française ayant passé la Coa,. repoussa les avant-postes anglais, et se porta sur Alméida. L'investissement de cette place fut l'ouvrage de Ney. Sans les lenteurs ou un mal-entendu du général Montbrun, qui ne crut pas devoir obéir aux ordres du maréchal, la division entière de Crawford était prise. Le 27 août l'armée française entra dans cette ville, frontière du Portugal, après 13 jours de tranchée ou

verte.

Cependant les Anglo-Portugais occupaient des positions formidables sur les hauteurs de la Sierra de Buzaco. Contre l'avis formel du maréchal Ney, l'attaque de vive force fut tentée par les Français, qui y firent des pertes considérables, et ne

réussirent à débusquer l'ennemi qu'après avoir tourné la position.

L'armée française s'étant emparée de Coïmbre, arriva à Alenquier, à 9 lieues de Lisbonne, après 9 jours de marches forcées par des pluies continuelles. Les Français touchaient au but de leur campagne, qui était de livrer bataille aux Anglais et de les chasser du Portugal, quand ils apprirent par les reconnaissances envoyées sur divers points que l'armée de lord Wellington s'était retranchée sur la chaîne des montagnes de Torrès-Vedras, entre la mer et le Tage.

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De telles positions ne pouvant être tournées, Masséna fit de vaines tentatives pour passer le Tage; il borna ensuite tous ses efforts à attirer les Anglais hors de leurs retranchemens, pour les forcer à accepter la bataille; mais il ne put réussir dans ce dessein. La disette et les maladies contagieuses faisaient des ravages effrayans dans son armée, par la précaution- qu'avaient eue les habitans de détruire leurs provisions. A l'approche des Français, les hommes s'étaient retirés dans les montagnes, avec leurs armes et leurs bestiaux. Les femmes, les enfans, les vieillards, les religieuses et les moines, s'étaient sauvés à Lisbonne,

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