mi nous, qu'il s'est trouvé des hommes assez pervers pour les excuser. Que leur a-t-il manqué pour en faire l'éloge? rien qu'un nouveau succès. Il faut vivre dans ce siècle pour entendre dire à un magistrat qu'il a été fidèle à toutes les circonstances politiques qui se sont successivement présen tées. Les expressions manquent pour qualifier un tel excès d'avilissement. C'est à l'histoire à désigner à la flétrissure et au mépris des siècles ceux qui s'en sont rendus coupables. Il est tems enfin que les lâches et les parjures sachent que si la Providence a semblé les oublier, sa foudre pour être lente à frapper, n'en est pas moins inévitable. C'est avec le sentiment d'indignation que doit exciter tant de bassesse, que nous rappelons une partie de ces attentats; mais nous sommes Français, nous ne l'oublierons jamais; et si, du sein de nos misèrès, quelques souvenirs honorables viennent en adoucir l'amertume, nous ne négligerons pas de les recueillir. C'est sur-tout en parcourant les périodes si glorieuses de la vie militaire du maréchal Ney, que nous nous consolerons d'avoir à retracer sa faute. Nous nous sommes procuré, sur campagnes, les détails les plus étendus. Nous avons recueilli et rattaché à sa vie privée plusieurs anecdotes intéressantes. Le rang que Ney occupait dans le monde, l'illustration qui a suivi ses services militaires, la funeste célébrité de sa faute et l'éclat de son procès, le rendent un des hommes les plus remarquables de notre siècle. Nous avons suivi, dans cet ouvrage, la division naturelle que présente la vie du maréchal; elle se partage en cinq époques principales, qui seront autant de livres. Dans le premier, nous ferons connaître quelles furent la naissance, la famille et les premières années du maréchal; nous dirons quels événemens l'ont porté dans la carrière militaire; nous retracerons l'élévation rapide qu'il dut à la révolution et à son intrépidité. Le mariage qu'il fit fournira plusieurs anecdotes intéressantes peu connues; nous indiquerons, dans le plus grand détail et d'après des documens particuliers, les campagnes dans lesquelles il s'est distingué à la tête des différens corps de l'armée française. A l'entrée de l'ennemi en France, le maréchal oppose des efforts quelquefois heureux à son invasion. Enfin, lorsque son courage est obligé de céder au nombre, nous verrons le maréchal demander à Bonaparte et en obtenir une tardive mais heureuse abdication. Notre premier livre comprendra le tableau du gouvernement provisoire, et finira à la rentrée du Roi dans la capitale. Le second livre embrassera les onze mois pendant lesquels la France a joui de la présence de son Roi. Le maréchal obtient du monarque des honneurs et des dignités. La paix ayant été heureusement ramenée, il va jouir d'un repos honorable à la campagne et au sein de sa famille. Mais l'usurpateur rentre en France, et le Roi donne au maréchal un commandement dans le Midi pour repousser l'invasion de Bonaparte. Nous verrons bientôt le maréchal céder à la voix de quelques émissaires envoyés par celui qu'il devait combattre. Nous sommes à l'époque de la proclamation de Lons-le-Saulnier. Dans le troisième livre, le maréchal à rejoint l'usurpateur. Quelques jours après, le Roi quitte la capitale, et Bonaparte y fait son entrée. Le maréchal reçoit diverses missions de celui-ci; nous le suivrons dans ses tournées. A son retour, il est nommé membre de la chambre des pairs de Bonaparte. Ce ne sera pas pour le lecteur un spectacle indifférent que la chute d'un règne qui s'annonçait accompagné des plus sinistres présages. Nous ne perdrons de vue le ma réchal ni dans la chambre législative où il siége, ni dans les champs de Waterloo, où il va donner de nouvelles preuves d'intrépidité. Il nous sera pénible de montrer le maréchal réduit à justifier sa conduite aux yeux de ce gouvernement imaginaire, dont l'incohérence et la nullité, bien plus que la volonté, nous rendirent une seconde fois le souverain légitime. Nous n'omettrons cependant aucun détail sur cette importante époque. Le Roi est rentré, des listes sont dressées qui comprennent ceux que la justice de S. M. veut livrer aux tribunaux, et ceux, dont elle remet le sort à la décision des chambres. Le maréchal est sur la première; et notre troisième livre se complétera par le récit des faits qui se rattachent à sa fuite et à son arrestation. Le quatrième représentera le maréchal amené à Paris et emprisonné. Nous suivrons ses premiers interrogatoires, et nous les mettrons en entier sous les yeux de nos lecteurs. Bientôt nous verrons le maréchal traduit devant un conseil de guerre, décliner sa compétence, et demander à être |