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la nuit du 13 au 14, ils jetèrent deux ponts sur le Borysthène.

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Le 14, le roi de Naples, appuyé par le maréchal duc d'Elchingen, arriva à Krasnoë. La 27e division ennemie, forte de 5,000 hommes d'infanterie, et appuyée par 2,000 chevaux et douze pièces d'artillerie, était en position devant cette ville. Elle fut attaquée et dépostée en un moment par le maréchal duc d'Elchingen. Le 24o régiment d'infanterie légère attaqua la petite ville de Krasnoë à la baïonnette, avec intrépidité. La cavalerie exécuta des charges admirables. Le général de brigade baron Bordesoult et le 3e régiment des chasseurs se distinguèrent. La prise de huit pièces d'artillerie dont cinq de 12, de deux licornes, de 14 caissons attelés, 1,500 prisonniers, un champ de bataille jonché de plus de 1,000 cadavres russes, tels furent les avantages du combat de Krasnoë, où la division russe, forte de 5,000 hommes, perdit la moitié de son monde.

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S. M. avait, le 15, son quartier-général à la porte de Kovonitnia.

Le 16, au matin, les hauteurs de Smolensk furent couronnées; la ville présenta à nos yeux une enceinte de murailles de 4000 toises de tour, épaisses de 10 pieds et hautes de 25, entremêlées de tours, dont plusieurs étaient armées de canons de gros calibre.

. Sur la droite du Borysthène on apercevait et l'on savait que les corps ennemis tournés revenaient en grande hâte sur leurs pas pour défendre Smolensk. On savait que les généraux ennemis avaient des ordres réitérés de leur maître de livrer bataille et de sauver Smolensk. L'empereur reconnut la ville, et plaça son armée, qui fut en position, dans la journée du 16. Le maréchal duc d'Elchingen eut la gauche, appuyant au Borysthène; le maréchal prince d'Eckmuhl, le centre; le prince Poniatowski, la droite; la garde fut mise en réserve au centre; le vice-roi, en réserve à la droite, et la cavalerie, sous les ordres du roi de Naples, à l'extrême droite; le duc d'Abrantès, avec le 8e corps, s'était égaré et avait fait un faux mouvement.

Le 16, et pendant la moitié de la journée du 17, on resta en observation. La fusillade se soutint sur la ligne; l'ennemi oecupait Smolensk avec 30,000 hommes, et le reste de son armée se formait en belles positions sur la rive droite du fleuve, visà-vis la ville, communiquant par trois ponts. Smolensk est considéré par les Russes comme ville forte, et comme le boulevart de Moskou.

Le 17, à deux heures après midi, voyant que l'ennemi n'avait pas débouché, qu'il se fortifiait dans Smolensk, et qu'il refusait la bataille; que, malgré les ordres qu'il avait, et la belle position qu'il pouvait prendre, sa droite à Smolensk et sa gauche au Borysthène, le général ennemi manquait de

résolution, l'empereur se porta sur la droite et ordonna au prince Poniatowski, de faire un changement de front, la droite en avant, et de placer sa droite au Borysthène, en occupant un des faubourgs par des postes et des batteries, pour détruire le pont et intercepter la communication de la ville avec la rive droite. Pendant ce tems, le maréchal prince d'Eckmuhl eut ordre de faire attaquer deux faubourgs que l'ennemi avait fait retrancher à deux mille toises de la place, et qui étaient défendus chacun par 7 à 8,000 hommes et par du gros canon. Le général comte Friant eut ordre d'achever l'investissement, en appuyant sa droite au corps du prince Poniatowski, et sa gauche à la droite de l'attaque que faisait le prince d'Eckmuhl.

A deux heures après midi, la division de cavalerie du comte Bruyère, ayant chassé les cosaques et la cavalerie ennemie, occupa le plateau qui se rapproche le plus du pont en amont. Une batterie de 60 pièces d'artillerie fut établie sur ce plateau, et tira à mitraille sur la partie de l'armée ennemie restée sur la rive droite de la rivière, ce qui obligea bientôt les masses d'infanterie russe à évacuer cette position.

L'ennemi plaça alors deux batteries de 20 pièces de canon à un couvent, pour inquiéter la batterie qui le foudroyait et celles qui tiraient sur le pont. Le prince d'Eckmuhl confia l'attaque du faubourg de droite au général comte Morand, et celles du faubourg de gauche au général comte

Gudin. A trois heures la canonnade s'engagea; à quatre et demie commença une vive fusillade, et à cinq heures les divisions Morand et Gudin enlevèrent les faubourgs retranchés de l'ennemi avec une froide et rare intrépidité, et le poursuivirent jusqu'au chemin couvert, qui fut jonché de cadavres

russes.

Sur notre gauche le duc d'Elchingen attaqua la position que l'ennemi avait hors de la ville, s'empara de cette position et poursuivit l'ennemi jusque sur le glacis.

A cinq heures la communication de la ville avec la rive droite devint difficile et ne se fit plus que par des hommes isolés.

Trois batteries de pièces de 12 de brèche furent placées contre les murs de la ville à six heures du soir, l'une par la division Friant, et les deux autres par les divisions Morand et Gudin. On déposta l'ennemi des tours qu'il occupait, par des obus qui y mirent le feu. Le général d'artillerie comte Sorbier rendit impraticable à l'ennemi l'occupation de ses chemins couverts par des batteries d'enfilade.

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Cependant, dès deux heures après midi, le général ennemi, aussitôt qu'il s'aperçut qu'on avait des projets sérieux sur la ville, fit passer deux divisions et deux régimens d'infanterie de la garde pour renforcer les quatre divisions qui étaient dans la ville. Čes forces réunies composaient la moitié de l'armée russe. Le combat continua toute la nuit. Les trois batteries de brèche tirèrent

avec la plus grande activité; deux compagnies de mineurs furent attachées aux remparts.

Cependant la ville était en feu. Au milieu d'une belle nuit d'août, Smolensk offrait aux Français le spectacle qu'offre aux habitans de Naples une éruption du Vésuve.

A une heure après minuit, l'ennemi abandonna la ville et repassa la rivière. A deux heures, les premiers grenadiers qui montèrent à l'assaut ne trouvèrent plus de résistance; la place était évacuée: 200 pièces de canons et mortiers de gros calibre, et une des plus belles villes de la Russie étaient en notre pouvoir, et cela à la vue de l'armée ennemie.

Le combat de Smolensk, qu'on peut à juste titre appeler bataille, puisque 100,000 hommes ont été engagés de part et d'autre, coûta aux Russes la perte de 4,700 hommes restés sur le champ de bataille, 2,000 prisonniers, la plupart blessés, et 7 à 8,000 blessés. Parmi les morts se trouvent cinq généraux russes. Notre perte se monte à 700 morts, 3100 à 3200 blessés. Le général de brigade Grabouski a été tué.. Les généraux de brigade Grandeau et Dalton ont été blessés. Toutes les troupes ont rivalisé d'intrépidité. Le champ de bataille: a offert, aux yeux de 200,000 personnes: qui peuvent l'attester, le spectacle d'un cadavre français sur sept où huit cadavres: russes. Cependant les Russes ont été, pen-dant une partie des journées du 16 et du

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