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suittes et requisitions qu'il verra estre necessaires, et à vous d'y vacquer toutes af faires cessantes et postposees, et n'y faictes faute. Car tel est nostre plaisir, etc. »> « HENRY, etc. à nos amez et feaux conseillers Mes Achiles de Harlay, premier president en nostre cour de parlement de Paris, et Nicolas Potier, aussi president en nostre cour de parlement, conseillers en nostre conseil d'Estat; Mes Estienne Fleury et Philibert de Turin, conseillers en icelle cour, comme par nos lettres patentes du iourd'huy dix-huictiesme iour dudit mois, nous auons r'enuoyé à nostre cour de parlement la cognoissance de l'entreprise dressee contre nostre Estat et personne par le duc de Biron, pour la preuue et verification de laquelle il est besoin d'instruire le procez dudit Biron par interrogatoire, recollement et confrontation. A ces causes, et par la confiance que nous auons entiere et parfaicte de vostre suffisance et capacité prud'hommie et affection au bien de ce royaume, nous vous auons commis et deputez, commettons et deputons, pour faire et parfaire ladite instruction, de mettre ledict procez en estat de iuger, , pour en fin estre procedé au iugement d'iceluy par nostredite cour, selon les formes qui doivent estre gardees et obseruez en crime de si grand' importance, et à l'endroit de personnes qui ont la qualité de l'accusé. Car tel est nostre plaisir, etc. >>>

Le procez du mareschal fut instruict à la Bastille. Le sieur de la Fin luy estant presenté du commencement, il ne luy donna aucunes reproches, ains dit, Qu'il le tenoit pour gentil-homme d'honneur, son amy et son parent (car il pensoit qu'il n'eust rien dit contre luy ). Or les principaux poincts de la deposition du sieur de la Fin estoient :

L'intelligence que ledit mareschal auoit euë auec vn nommé Picoté, de la ville d'Orleans, refugié en Flandres pour estre vn ardant ligueur, lequel auoit faict plusieurs voyages en Flandres et en Espagne pour le mareschal;

Plus, que durant que le duc de Sauoye estoit à Paris, que ledit sieur de la Fin ne bougeoit du logis dudict mareschal, et n'en sortoit que de nuict pour aller conferer auec ledit duc, qui le chargeoit souuent de messages vers ledit mareschal; mesmes que ledit duc auoit dit à la Fin que soupant chez Zamet auec le roy, sur vn discours auquel il fut fort parlé de vaillants, que S. M. auoit mis ledit mareschal aprez beaucoup d'autres.

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Et sur ce que ledit duc de Sauoye auoit dit au roy qu'il desiroit nourrir ses enfans en France mesmes y marier ses filles, suppliant S. M. luy donner des gendres, lequel luy en auoit nommé aucuns. Et sur ce que ledit duc auoit dit : « Et le mareschal de Biron, Sire, » le roy auroit respondu « Qu'il n'estoit pas de la cen

que

<< tiesme maison de France; ce que ledit sieur de la Fin auroit reporté audict mareschal, auec offres de la part dudit duc de luy lui donner sa fille en mariage; ce ledit mareschal auoit eu fort agreable. Que depuis, le roy estant en Sauoye, ledit mareschal auoit faict tout ce qu'il pouuoit pour la conseruation dudit duc de Sauoye aux ruines de l'armée du roy, mesmes à la perte de sa propre personne.

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Que lors que le mareschal estoit deuant Bourg, qu'il auoit enuoyé plusieurs instructions escrites de sa propre main audit due tant par quelques soldats que par Renazé; de toutes les forces du roy, des moyens de le deffaire, des deffaux qui se trouueroient en ses places, des moyens de les deffendre, le tout fort particulierement.

Que lors qu'il fut question de prendre le fort Saincte Catherine, que ledit mareschal aduertit celuy qui commandoit de faire promptement des palissades hors la ville, d'autant qu'ayant esté recogneu qu'il n'y auoit que quatre cents hommes dedans, le sieur de Vitry auoit offert au roy de l'escallader en plain iour.

Qu'il auoit aussi aduerty ledit gouuerneur du fort Saincte Catherine de pointer ses pieces, et qu'il neroit le roy le lendemain recognoistre la place, où afin qu'on ne le tüast luy mesme, il se feroit signaler par un pennache noir; mais que si ce dessein failloit, qu'il estoit aisé de mettre hors de la ville quelques caualliers en em

buscade à la faueur du fossé, qui pourroient facilement se saisir du roy, parce qu'il le meneroit si auant luy troisiesme, qu'il ne s'en pourroit degager.

Que depuis, ledit la Fin ( par l'aduis et ordonnance dudit mareschal auoit fait certains voyages à Sainct Claude, Milan, Turin, Pauie et en Suisse, où il auoit conferé tant auec ledit duc de Sauoye et Roncas son secrétaire, le comte de Fuentes et l'admiral d'Arragon, qu'au pays de Suisse auec vn docteur agent d'Espagne nommé Alphonse Casal, auec lesquels il auoit traicté des seuretez que l'on pouuoit prendre les vns des autres, auec charges mesmes de conclure; mais que ledit la Fin ne l'auoit iamais voulu faire.

Que les clauses dudit traicté estoient que l'on promettoit au mareschal la belle-sœur du roy d'Espagne, ou sa niepce de Sauoye en mariage, la lieutenance par toutes ses armees, dix-huict cents mille escus pour la guerre de France, le duché de Bourgongne en propriété, sous l'hommage d'Espagne, et que le sieur mareschal promettoit seruitude perpétuelle et affection à l'Espagne, et de bouleuerser tous les ordres et estats de France, rendre ce royaume eslectif, à la nomination des pairs, à la mode de l'Empire.

Le mareschal n'eust pas plustost entendu cette déposition, qu'il dit vne infinité d'iniures à la Fin, comme du plus meschant homme du monde, On le laisse dire;

mais la Fin lui soutint fort pertinemment tout ce qu'il auoit deposé. A quoi le mareschal lui dist plusieurs fois : si Renazé estoit icy il te diroit bien le contraire. Lors l'on faict retirer la Fin. Quatre iours apres, Renazé, qui s'estoit sauué de Quiers en Piedmont, et auoit amené ses gardes quand et luy en France, lui est presenté. Le mareschal, estonné de voir celui qu'il tenoit pour mort, demeura sans responce; ce fut lors qu'il pensa mesmes que l'Espagnol et le Sauoyard l'auoient trahy.

Renazé soustient au mareschal qu'il auoit faict les voyages contenus en la deposition de la Fin, et nombre d'autres par son commandement, mesmes qu'il auoit porté lettres et aduertissemens au duc de Sauoye et à ses capitaines commandant dans les places assiegees.

Vn nommé Hebert, secretaire dudit mareschal, qui recognoissoit auoir escrit de sa main des lettres en chiffres, qui tesmoignoient les grandes intelligences dudict mareschal auec le duc, et maintenant les autres coppies sous les originaux, escrites de la main de son maistre, confessoit d'abondant auoir fait depuis quatre mois vn voyage à Milan, par commandement dudict mareschal, auec protestation toutefois que ce n'estoit que pour acheter des espees, esperons et draps de soye, desquels achapts il monstreroit vn bordereau iusques à 16

cents escus.

Ces lettres, memoires et instructions,

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