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maréchal, le témoin a répondu qu'il avait été avec lui au-devant de MONSIEUR, et qu'à propos du procès de Louis XVI le maréchal avait exprimé son attachement pour la famille royale, et son indignation franche et vive contre les auteurs de la mort de ce prince.

Interrogé depuis combien de tems il connaissait le maréchal, il a répondu : « Il y a sept à huit ans. Je le connais susceptible de recevoir des impressions subites et vives, et je pense que c'est la seule manière d'expliquer. l'action. qu'on lui impute.

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Douzième témoin, M. le maréchal duc de Reggio.

Il n'a été appelé que pour constater l'identité de deux lettres qui lui ont été adressées par le maréchal Ney, et qu'il a remises à son épouse. Le maréchal les a reconnues. On en a donné lecture. Elles contiennent des détails de service et des mesures à prendre pour s'opposer à Bonaparte.

Ces pièces sont annexées au procès.

On a donné aussi lecture de trois dépêches adressées par le maréchal Ney au duc d'Albufera. Elles ne sont relatives qu'au service. On en a ordonné également la jonction au procès.

Ici la séance fut suspendue et remise au lendemain, et le 5 décembre elle s'ouvrit à dix heures, et commença par l'audition du treizième témoin, M. Magin. Il a déposé :

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« Le 20 mars, j'ai reçu de M. Delaboulaye, inspecteur de la navigation à Montereau, une lettre dans laquelle il m'annonçait que le maréchal Ney était à Montereau, chez Labbé, aubergiste. Le maréchal a dit que le retour de Napoléon avait été arrêté au congrès de Vienne; que tout était arrangé par les soins

de Talleyrand, qui ramenait l'archiduchesse Marie-Louise et son fils.

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Quatorzième témoin, M. Pantin, ancien avoué près le tribunal de première instance de Paris. Il a déposé:

« Vers le 15 ou le 20 juillet dernier, j'ai été arrêté dans une promenade publique par M. Magin, qui, en me parlant des grands évé nemens qui venaient de se passer, me demanda quelle était mon opinion de la fuite de l'indi-. vidu nommé Bonaparte et du retour de S. M.; il ajouta que ces événemens n'avaient rien de surprenant.» (Ici le témoin a déposé les mêmes faits que nous venons de rapporter dans la déposition de M. Magin.)

Quinzième témoin, M. Perrache, avocat près le tribunal de première instance de Paris. Il a rapporté d'après M, Pantin, le propos tenu par M. Magin.

Seizième témoin, M. Félix. Il a dit:

« J'ai vu le maréchal, à Lille, haranguer les soldats en faveur de Napoléon. Il a demandé aux colonels s'il y avait parmi eux des intrus;: il leur a dit que s'il y en avait il fallait les chasser. Il paraît qu'il y a eu des distributions d'eaude-vie aux soldats; à la suite, deux jeunes gens qui avaient crié vive le Roi! ont été massacrés! Ces faits se sont passés le 27 ou le 28 mars. » Un pair Précisez l'époque.

Le témoin : C'est le jour de l'arrivée du maréchal.

Le maréchal : C'est le 24 ou le 25.

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Le témoin Vous logiez sur la grande place.. Dix-septième témoin, M. Debeausire. Il a déposé :

D'après l'acte d'accusation, j'espérais avoir passé un marché pour la fourniture des remontes de deux régimens à Lille. Je suis censé avoir

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refusé de faire ces fournitures après le départ du Roi, et le maréchal m'aurait dit qu'en traitant avec les ministres du comte de Lille, j'aurais traité avec ceux de Bonaparte.

« Je n'ai jamais vu le maréchal, je n'ai jamais traité d'aucune fourniture; il y a confusion de nom.

« J'ai dit que les frères Thiébault avaient été chargés de la remonte de deux régimens, qu'ils s'étaient refusés à fournir après le départ du Roi; que le maréchal, en passant la revue, avait fait des reproches au colonel du régiment, qui avait rejeté la faute sur les frères Thiébault ; que le maréchal les avait fait venir, et leur avait dit qu'ayant traité avec les agens du comte de Lille, ils ne devaient pas croire avoir traité pour d'autres que Bonaparte. Au reste, on peut les faire venir, ils sont à Paris. >>

Le maréchal a dit qu'il ne connaissait ni le témoin, ni les frères Thiébault.

M. Bellart a expliqué qu'on avait appliqué par erreur au témoin le fait qu'il avait attribué aux frères Thiébault.

Dix-huitième témoin, M. Charmoilles de Fresnoy, capitaine au 1er régiment de la garde royale. Il a déposé:

« A l'époque du débarquement de Bonaparte j'étais à Besançon ; j'offris mes services au maréchal, qui les accepta et m'attacha à l'étatmajor en qualité de capitaine-adjoint. Le 13, il m'envoya en mission à Dole; le 15, en revenant, je rencontrai le corps d'armée qui portait la cocarde tricolore; en conséquence je n'ai point été témoin de ce qui s'est passé à Besançon. Dix-neuvième témoin, M. Grison, capitaine d'infanterie. Il a déposé:

Qu'étant à Landau dans le 37° régiment

d'infanterie, le maréchal était venu inspecter

les troupes. Il a rassemblé les officiers au Moutond'Or, et, ayant fermé la porte à clé, il a demandé au colonel s'il y avait parmi nous des intrus. Le colonel ne répondit rien. Le maréchal ayant interprété son silence d'une manière négative, répondit: A la bonne heure! Il se répandit de suite en invectives contre la famille royale. La majeure partie des troupes était pour le Roi, mais la défection du maréchal fit tout changer. »

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Le maréchal Le témoin se trompe. Quand un maréchal reçoit des officiers, il ne va pas fermer la porte à clé ; cela ne serait pas convenable. J'ai vu dans ma tournée de 50 à 8o mille individus. Je ne sais pas si vous été envoyé en députation pour me dénoncer. Le fait est que j'ai dû agir d'après la lettre dont j'étais porteur; que je n'ai rien dit d'insultant contre le Roi; que la lettre même me le défendait, puisqu'elle ordonnait de respecter le malheur, et, dans le cas où un membre de la famille tomberait entre mes mains, de lui donner toute facilité pour gagner les frontières.

Le témoin Je le dis en homme d'honneur. C'est au baron Menu que vous avez parlé. Vous avez dit tant d'outrages de la famille royale que les bonapartistes eux-mêmes en ont été indignés. Ne nous avez-vous pas dit que plusieurs maréchaux voulaient la république ? L'avez-vous dit, qui ou non? Avant votre arrivée le drapeau blanc flottait encore à Landau, quoique toutes les communes des environs eussent arboré le drapeau tricolore. Aussitôt après votre arrivée, on le prit. à Landau, et le général Girard, quand il vous a vu, a fait crier vive l'empereur!

M. Berryer Précisez l'époque.

Le témoin C'est dans le courant d'avril

Vingtième témoin M. de Balincourt, colonel du régiment de cuirassiers de Condé, a déposé :

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Je n'ai aucune connaissance des faits im-putés au maréchal. J'ai été appelé le 20 novembre pour déposer d'un ouï-dire que j'ai répété. L'un de mes parens, capitaine au 75o régiment, m'a rapporté que le maréchal avait dit à Philippeville qu'en partant de Paris il avait. dans sa voiture une proclamation qu'il a lue à ses troupes avant de passer à l'ennemi. »

M. Bellart a interpelé le témoin Grison dedéclarer s'il ne connaissait pas quelqu'un qui pût déposer dans le même sens que lui.

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Oui, a répondu M. Grison, un capitainequi est ici. »

On l'a introduit. Il se nomme Casse, capitaine au 42 régiment (vingt-unième témoin). Sa déposition n'étant qu'un simple renseigne-ment, il n'a pas prêté serment.

Il a déposé qu'après l'arrivée de Bonaparte à Paris, le maréchal a dit à Condé mille horreurs du Roi; que sa cause était perdue; queTM c'était une famille pourrie; que le Roi n'était ni Français ni légitime; que c'était à Bonaparte qu'il fallait obéir..

M. le président : Avez-vous entendu ces paroles personnellement ?

Le témoins: Oui, le 24 ou le 25 mars, dans la maison du gouverneur, avec tous les officiers du régiment. Vous avez dit davantage; vous avez dit : Nous faisions notre cour au Roi, mais il n'avait pas nos cœurs; ils étaient toujours à l'empereur; le Roi nous aurait donné vingt fois la valeur des Tuileries, que jamais nous ne l'aurions eu dans nos cœurs.

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