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oppositions: il avait cédé sur l'institution camonique, il avait accepté Avignon, le malheureux prince avait ses souffrances de plus et son trône de moins. Le triomphe de Napoléon était complet, il tenait Rome, le pape avait accepté le remplacement par le concor dat de Fontainebleau. Dès 1811, à Savone il se bornait à demander de lui épargner le désagrément d'apposer son nom à la cession de Rome. Finalement les conseillers du pape après avoir abymé leur trop confiant souverain, se trouvaient n'avoir travaillé que pour Napoléon. Il a fallu Moscow et les champs de Leipsick pour réparer leurs fautes, et relever le trône renversé par leurs passions et par leur impéritie

O gens dignes de tous maux!

Le pape est fondé à dire de ses conseillers ce que dans son testament Louis XVI dit de ceux qui par un zèle mal entendu lui ont fait beaucoup de mal.

On entend toujours parler de ce zèle, et trop souvent il n'y a qu'à s'en défendre.

Ce qui vient d'être dit est propre à produire un double effet sur les esprits raisonnables.

1 de la douleur pour le passé; 2o des vœux pour que des limites sagement mais fermement tracées entre les trônes et les autels garantissent les yeux des générations à venir du spectacle qui a affligé les nôtres.

Avant de finir cet article, je ne dois pas oublier de faire remarquer que la fàcheuse direction que Napoléon suivit dans cette affaire provint en grande partie du singulier système qu'il avait embrassé, celui d'envelopper du plus profond secret tout ce qui tenait aux affaires de l'église. Jamais il ne fut possible d'obtenir de lui quelque publication à cet égard; je les regardais comme indispensables, je les lui ai demandées cent fois; jamais il ne voulut consentir à ce que rien transpirât. On encouragea des écrits plus chauds que forts, leur défaut de mesure choqua. L'écueil était là, toujours on allait s'y briser. Je n'ai pu pénétrer le motif de ees réticences, elles me paraissaient entièrement contraires à ses intérêts. Les publications du pape étant les seules connues, pouvaient seules exercer une action sur l'opinion. Par là Napoléon cédait à son adversaire un avantage qu'il aurait partagé avec lui; car enfin il avait

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bien aussi quelque chose à dire, et il savait parler.

Napoléon eut tout lieu, lors du concile, de recounaître l'étendue de sa faute : car il se trouva en présence de préjugés formés par le silence, et d'hommes préoccupés, qui ne connaissant toute cette querelle que par les pièces de Rome, redoutaient des piéges partout, et craignaient d'en trouver dans la simplicité même des propositions qui leur furent soumises, ne pouvant se figurer que ee fût pour cela seul qu'on les eût rassemblés. Cette concentration des plans et des affaires dans une seule tête est le résultat nécessaire du gouvernement absolu et caché. Un seul sait tout:

les autres ignorent. Cette partie de l'exercice exclusif du pouvoir est peut-être une de celles qui en fait le plus sentir les charmes, et qui flatte le plus l'amour propre ; mais si elle flatte, elle met aussi la flatterie à un bien haut prix, celui de l'erreur que ne peut manquer de favoriser une longue interception des lumières, Pendant que l'on se complaît dans la jouissance puérile de savoir tout seul ce que les autres ignorent, la triste vérité vient vous. assaillir, et presque toujours c'est au fond

d'un abyme qu'elle vous trouve. Là on a tout le temps de se repentir de n'avoir admis

que

ses clartés tardives. Les princes absolus, en possession d'effrayer tout le monde ressemblent tous plus ou moins à ce sultan auquel les médecins n'osèrent parler de sa maladie, effrayés qu'ils étaient par la peine capitale prononcée par lui contre quiconque annoncerait la mort du souverain: un quart d'heure avant son trépas, ils l'assuraient officiellement qu'il se portait à merveille. Au moral comme au physique, un roi absolu jouit toujours de la meilleure santé.... dans sa salle des gardes.

CHAPITRE XXXIV.

Examen de la bulle d'excommunication.

PARMI toutes les singularités qui forment une partie si considérable de l'histoire des trente dernières années, aucune peut-être n'a présenté des caractères aussi frappans que dut le faire une bulle d'excommunication lancée contre le prince le plus puissant de son temps. Après une si longue interruption, l'apparition de ce fantôme dut paraître étrange. Il y avait mille ans d'intervalle entre la dernière et celle-ci, et Rome dut passer pour avoir bien peu consulté l'Art de vérifier les Dates.

Lorsque les anciens papes recouraient à l'usage de cette arme, ils faisaient ce qui était dans l'esprit du temps; alors l'excommunication était tout ce qu'il y avait de plus redoutable dans la main qui en était armée, et le pire des maux pour ceux qui en étaient atteints. Par conséquent, il y avait de l'harmonie entre le principe de l'action et son résul

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