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pas à capituler; dès qu'ils sont reconnus, ils doivent être maintenus, aucune affection personnelle ne doit être écoutée. Avec une cour aussi attentive que l'est celle de Rome à transformer tout fait en droit, aucune déclinaison de la ligne directe des principes ne peut être admise, sans les plus graves conséquences, parceque Rome inscrit tout dans ses archives en caractères ineffaçables. Napoléon n'avait pas assez pesé ce qu'il faisait en adoptant cette proposition; une lueur de paix l'avait frappé et séduit: si à cette époque la commission eût été réunie, elle l'aurait rappelé au maintien des principes et à celui de ses droits.

Les embarras dans lesquels Napoléon s'enfonçait tous les jours davantage, donnèrent naissance à cette commission. Il était à bout de voies. Après s'être retourné en tous sens, il se retrouvait à son point de départ, la même résistance se représentait toujours, et les coups venaient s'amortir sur un roc vif, impénétrable, et qui avait l'air de se raffermir par l'ébranlement même que l'on voulait lui imprimer: car telle est la nature des résistan ces que l'autorité civile rencontre toujours dès quelle se mêle de religion.

Ne sachant plns comment avancer, ne vou lant pas reculer, Napoléon finit par où il aurait dû commencer, c'est-à-dire par appeler des guides qui le dirigeassent sur cette terre dont il se fatiguait à parcourir les profondeurs vagues et inconnues de lui.

Telle fut l'origine des commissions ecclésiastiques.

Dès qu'elles parurent, elles fixèrent tous les regards, par plusieurs raisons.

1o. La nouveauté de la chose. A cette époque cela était neuf.

2o. L'importance de la chose elle-même. 3o. Le mouvement que les affaires religieuses ont donné à la France depuis trente ans, mouvement curieux à observer, surtout par l'espèce de petit peuple qui s'en est le plus mêlé. Il y a eu une grande influence, et il y a bien paru, car il y a tout gâté. Pendant la révolution, la religion a presque toujours été un moyen d'opposition politique. Les chevaliers de l'autel et du trône, dont la révolution fit tout-à-coup une si ample promotion, et qui avaient besoin de toute leur mémoire pour se rappeler leur catéchisme, étaient à la religion ce que les chevaliers des

ordres religieux et militaires étaient devenus pour le célibat ; ce n'était qu'un parti proférant un nom nouveau pour se conserver en jouissance des choses anciennes. Cette même disposition d'opposition ultra religieuse était fort marquée dans le temps de Napoléon; le parti tremblait que les affaires ne prissent un terme, et surtout il avait peur des missions à Savone. En sa qualité de parti d'opposition, tout ce qui en diminuait l'aliment, ne lui convenait pas. Salamandre politique, pour vivre il lui fallait le feu de la discorde. C'est ce qui, à l'époque de l'arrestation des trois évêques du concile, faisait dire à un personnage connu par sa persévérance dans ce genre d'opposition tout va bien, la persécution

va commencer.

4o. Par le choix des prélats qui formèrent cette commission. Elle ne fut pas composée tout-à-fait de même dans les deux années.

M. le cardinal Caselli ne fit point partie de la première. Je n'en étais pas.

M. l'évêque de Verceil mourut dans l'intervalle de la première à la seconde. Le père Fontana, général de l'ordre des Barnabites, ne fut pas membre de la seconde.

T. II.

29

La première fut composée ainsi qu'il suit:
MM. les cardinaux Fesch et Maury;
MM. l'archevêque de Tours, les évêques de
Nantes, de Trèves, de Verceil, d'Évreux,
et M. l'abbé Émery, avec le père Fon-

tana.

La seconde fut formée de

MM. les cardinaux Fesch, Maury, Caselli; MM. les archevêques de Tours, de Malines; MM. les évêques de Nantes, de Trèves

d'Évreux, et M. l'abbé Émery.

M. le cardinal Fesch présidait. On s'assemblait chez lui. Plusieurs fois il fit des efforts, mais sans succès, pour faire entrer dans cette commission des prélats qu'il affectionnait particulièrement, tels que MM. les évêques de Troyes, de Metz et de Montpellier, alors membres de la Chapelle impériale. En général ce n'est point par le nombre que les conseils sont sujets à manquer. De tous les déficit, voilà le plus facile à combler.

Comme il est juste de faire rendre à chacun ce qui lui appartient; comme cette commission n'a pu échapper à la versatilité des opinions qui a régné depuis 1814, et dont on s'est glorifié sur les mêmes choses et à l'égard

des mêmes hommes; comme on a fini par être injuste envers quelques-uns de ses membres, dont on avait commencé par priser beaucoup le mérite; comme cette commission est inconnue à beaucoup d'hommes, et qu'elle a été traitée peu respectueusement par d'autres que leur éloignement des lieux ou des affaires a fait incliner vers l'erreur, j'ai regardé comme un devoir de présenter:

1°. Le portrait des membres de cette commission;

2o. Son esprit ;

3o. La direction qu'elle donna aux affaires; 4°. Ses actes.

J'ai déjà eu occasion de parler de M. le cardinal Fesch. Il se montra, dans la commission, tel que je l'ai toujours vu être; trèsassidu, très-zélé, très-pieux, très-courageux à l'égard de son neveu, auprès duquel la pétulance de son zêle et l'indiscrétion de ses aveux gâtaient nos affaires, et souvent défaisaient en un jour ce qui nous en avait coûté plusieurs. Le neveu, plus fin que l'oncle, le faisait parler, et nous n'en étions pas mieux. C'était un des plus dangereux talens que possédait Napoléon: il était pourvu d'un

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