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confiance. Elle s'établit. La commission rapportait tout à deux objets principaux également conformes au devoir et à la raison :

1o. La fin des contestations avec le pape, et le terme des souffrances de celui-ci. Elle savait que ce serait la fin des premières qui amènerait la fin des secondes; c'est pourquoi elle y tendait avec persévérance. Son intention n'était nullement d'élever le pape audessus du prince, non plus que faire perdre le pape, que déjà elle ne jugeait pas être trop fort. Elle n'avait pour but que de régulariser l'action des deux pouvoirs l'un à l'égard de l'autre, et conformément au bien de la religion et de l'État : son travail aurait été aussi utile sous Louis XIV que sous Napoléon, dans un temps que dans un autre ; et cette généralité dans son application est le sûr garant de l'excellence de son principe. Aussi la commission ne voulut-elle jamais entrer dans les plans que Napoléon énonçait sur Rome, et sur lesquels ses instructions l'autorisaient à traiter. Elle a toujours voulu s'en tenir à la partie religieuse de l'accord proposé par Napoléon, lui abandonnant de débattre avec le pape toute la partie temporelle.

Ici je dois rendre justice au secours qui nous fut prêté par M. Regnault de Saint-Jean-d'Angély : sa position, loin de devoir l'en priver, est un motif de plus pour la publier. Connaissant l'influence qu'il avait dans les affaires, je crus devoir l'aboucher avec M. l'évêque de Nantes, pour lui faire bien entendre notre position. Nous le trouvâmes très-disposé à nous servir, et pénétré du même sentiment que nous sur les inconvéniens de toutes les querelles religieuses. M. l'évêque de Nantes produisit sur ce ministre-d'État l'effet qu'il obtenait partout. Deux hommes d'autant d'esprit ne pouvaient pas manquer de s'entendre. M. Regnault s'engagea à retarder par tous les moyens en son pouvoir, même par des prétextes de maladie, l'émission des actes pour lesquels son ministère pourrait être requis, et il tint parole: il fit gagner du temps pour arrêter la publication d'un sénatus-consulte que Napoléon avait ordonné, d'après lequel toute espèce de communication avec le pape était interdite. Nous en sentions les redoutables conséquences. Un jour Napoléon, ignorant la cause de ce retard, qui le contrariait beaucoup, s'en prit à moi, et me dit: Vous

m'avez empêché de faire mon sénatus-consulte, tout serait fini. Il fallut lui montrer que tout aurait été perdu. Peu de jours après, il reçut un mémoire de la commission sur ce sujet, et se calma. C'était ainsi qu'il fallait procéder avec lui; et ceux qui, pour éviter des malheurs, usaient d'adresse, servaient mieux la religion et la France, que ceux qui ne savaient que l'enflammer avec leurs pieuses gaucheries.

Maintenant que ces préliminaires ont bien fait connaître la position des choses, on peut passer avec assurance à l'exposition des travaux de la première commission.

Elle eut à répondre, car il ne faut pas perdre de vue que son rôle se bornait là, et Napoléon n'était pas homme à l'en laisser sortir, à trois séries de questions:

La première, sur des objets qui intéressent toute la chrétienté ;

La deuxième, sur des objets relatifs à la France;

La troisième, sur la position actuelle des affaires.

Le lecteur trouvera les questions avec les réponses, à la fin de cet ouvrage On lui de

mande de se rappeler le temps auquel les unes et les autres furent faites, et de les juger uniquement par ce qui existait alors.

Seconde commission, en 1811.

Depuis la séparation de la première commission, les circonstances étaient devenues plus graves. Le pape avait fait l'éclat de l'émission des brefs relatifs aux vicaires capitulaires de Paris et dè Florence. De là s'était ensuivie la nouvelle rigueur de sa captivité. Les troubles causés par mille incitations prétendues religieuses, augmentaient. Napoléon se voyant au moment de devenir père, ne cessait de dire qu'il ne voulait point laisser son fils en proie, à tous les hasards de la bonne ou de la mauvaise volonté de Rome. Je n'ai point oublié sur quel ton il m'en parlait, et quelle suite de résolutions menaçantes son courroux déroulait devant moi. En attendant, rien n'avançait, et des contrariétés de tous les instans étaient tout ce qu'il y avait de plus propre à précipiter Napoléon dans l'exécution soudaine de ses funestes résolutions.

Dans le courant de janvier 1811, la commission fut réunie de nouveau.

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On trouvera à la fin de l'ouvrage les demandes qui lui furent présentées, et les réponses qu'elle donna.

On verra par elles qu'elle se proposait trois objets principaux :

1o. Prévenir l'interdiction des communications avec le pape;

2o. Faire adopter une mesure relative à l'institution canonique;

3o. Faire rendre la liberté au pape, le rap. procher de Napoléon, et terminer ces affligeantes dissensions.

Les séances de la commission furent terminées à la fin du mois de mars 1811. Les membres reçurent l'ordre de ne pas s'éloigner de Paris. Vers la fin du mois d'avril, M. l'archevêque de Tours, les évêques de Nantes et de Trèves, furent envoyés à Savone. Le patriarche de Venise, évêque de Faenza, leur fut adjoint.

Les députés reçurent les instructions suivantes tracées par Napoléon :

Annoncer la convocation d'un concile pour le 9 juin.

Le concordat de 1801 n'existe plus, puisque le

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