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plusieurs fois on ne recueille que ce que l'on a semé, le concordat est la plus grande faute de ma vie.

Ceci peut paraître étrange, inventé, sur tout à qui n'a pas connu Napoléon : eh bien, á la vie et à la mort, en la présence comme en l'absence de Napoléon, je n'en retrancherais pas une syllabe.

Une maladresse de M. le cardinal Fesch causa l'arrestation des trois évêques. Napoléon était irrité de la manière dont il avait présidé le concile, et dans le fait il n'y avait pas brillé. Il lui en attribuait le mauvais succès; ayant compté sur l'annonce que tout était arrangé, ne pouvant concilier cette opposition avec les idées qu'il s'était faites du clergé, il en demanda l'explication au cardinal, qui, par une de ses inadvertences ordinaires, lui désigna comme chefs de cette opposition les trois prélats qui furent arrêtés dans la nuit même de cette belle révélation. (1) Voilà

(1) Au mois de janvier 1815, M. l'évêque de Gand et le duc de Rovigo s'étant rencontrés chez moi, le dernier, après avoir donné au premier des éclaircissements sur quelques circonstances de sa captivité, lui demanda s'il

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comme ces maladroits gâtaient tout. Dès que cet acte fut connu, le parti inscrivit les patiens sur son martyrologe. Jamais on ne vit martyrs plus embarrassés de leurs palmes, ni plus désintéressés; car ils en auraient fait part à qui aurait voulu s'en charger. Dans tout cela, il n'y avait pas une ombre de ce qui fait le martyr, mais seulement maladresse d'un côté et abus de la force de l'autre. Ces évêques avaient fait rejeter ce qu'ils auraient dû s'empresser de faire accepter pour le bien de la religion, et Napoléon appesantissait son bras sur eux pour un fait dont il n'était pas juge. Que signifie d'assembler un concile pour emprisonner ceux qui ne sont pas de notre avis. Interroger les hommes, c'est reconnaître en eux jusqu'au droit d'errer.

Mais ce n'était pas tout que de dissoudre le concile; les embarras n'étaient point dissous avec lui, au contraire ils redoublaient: le parti de l'opposition triomphait. Le coup

en connaissait la cause véritable; et sur sa réponse négative, il lui fit le récit que l'on vient de lìre. C'est par lui que nous apprîmes tous les deux à quoi avait tenu cet enlèvement des trois évêques, que nous ignorions également.

frappé, Napoléon ne se trouva que plus embarrassé : il chercha à revenir, et au bout de 25 jours les membres du concile ayant été de nouveau reunis, le décret ci-jont fut adopté à l'unanimité, et quelques jours après la seconde députation envoyée à Savone.

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Le concile national est compétent pour statuer sur l'institution des évêques, en cas de nécessité....

AUTRE DÉCRET. 5 août.

I.

Les siéges épiscopaux, d'après l'esprit des canons, ne peuvent rester vacans plus d'un an, pendant lequel la nomination, l'institution, et la consécration doivent avoir lieu.

2.

Le concile suppliera l'empereur de continuer à nommer aux évêchés, d'après les concordats. Les nommés aux évêchés s'adresseront au pape pour obtenir l'institution canonique.

3.

Six mois après la notification de la nomination faite dans la forme ordinaire, S. S. sera tenue de donner l'institution d'après la forme des concordats.

Les 6 mois écoulés, sans que le pape ait accordé l'institution, le métropolitain y procédera, et à dé

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4.

faut du métropolitain, le plus ancien évêque de la province, qui fera la même chose, s'il s'agit de l'institution du métropolitain.

5.

Le présent décret sera soumis à l'approbation du pape: à cet effet l'empereur sera supplié de permettre à une députation de six évêques de se rendre auprès du pape, pour en obtenir la confirmation d'un décret qui peut seul mettre un terme aux maux des églises de France et d'Italie.

Je vais laisser M. l'abbé de Fraissynous faire l'apologie de ce concile, cependant en faisant remarquer que cet écrivain, tant est grande la force des préjugés et de l'irréflexion d'habitude, qualifie de décret favorable à d'injustes prétentions, le seul article raisonnable qui eût été jusque là inséré dans un concor dat: décret qui, au lieu d'élever des prétentions injustes, au contraire, mettait ordre à jamais aux injustes prétentions de Rome. Voilà comme l'on confond tout.

«Tandis que tout tremblait devant celui » qui se trouvait le maître de la France, un » concile est convoqué à Paris, en 1811: on » veut s'en servir comme d'un instrument con

» tre le pape; on lui demande un décret fa»vorable à d'injustes prétentions. Le concile » arrête des dispositions nouvelles, il est vrai; » mais il a le courage de les terminer par un » article qui les sauve de tout reproche de » schisme. Il y est dit : le présent décret sera » soumis à l'approbation de notre Saint-Père » le pape. Ainsi, les évêques de l'intérieur se >> montraient fidèles aux saines doctrines, en » même temps que ceux dont ils occupaient » les siéges (1), après avoir illustré l'église galli» cane, aux yeux du monde entier, par la plus généreuse résistance, continuaient de » l'édifier par leur résignation. >>

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Voici comme M. l'abbé de Fraissynous juge les effets du concordat de 1801.

» Si je finis par considérer le concordat » de 1801 dans ses suites et ses effets, j'ob» serve qu'il a rendu au culte public plus » d'éclat, plus de régularité, et par-là même plus d'influence pour le bien de tous; que » l'enseignement de la religion, de la morale, » de tous les devoirs, est devenu plus uni

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(1) Ces mots sont ambigus, et ce n'est pas sans dessein. M. Frayssinous, dans une autre partie de son ouvrage, laisse entrevoir des doutes sur la légitimité de ces évêques, et les accepte, comme chose plus probable, dans un cas douteux.

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