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S. X I.

De l'origine des houilles schisteuses.

Il n'est guère permis de douter que la houille schisteuse ne doive son origine au règne végétal, quoique encore ici il y ait des opinions différentes. Green et Fourcroi (1) regardent les houilles en général, comme étant plutôt d'origine animale que végétale, et cela à cause de l'ammoniaque que l'on en retire. Il est très

s'est réuni en une consistance de pierre. On trouve quelquefois des impressions de plantes entre ces différens lits, et des couches du roc bleuâtre (c'est l'argile schisteuse) assez dur à travailler, mais qui se décompose à l'air : on les nomme platte et mettle... On rencontre ordinairement, au-dessus et au-dessous de la couche de charbon un lit de ce roc: on peut le mettre au rang des schistes. ...... ».

(1) Voici comme s'exprime M. Fourcroi, (Système des Connaissances chimiques, tom. 8, p. 24): « La plupart » des naturalistes regardent la houille comme le produit » d'un résidu des bois enfouis et altérés par l'eau et les »sels de la mer. On rencontre souvent au-dessus du char» bon de terre des plantes et des bois en partie reconnais»sables, et en partie convertis en bitume charbonné. Il >> paraît que c'est à la décomposition d'une immense quan»tité de végétaux marins et terrestres, et à la sépara>>tion de leur huile unie à de l'alumine et de la matière cal» caire, qu'est due sa formation. On ne peut pas nier que » des matières animales n'entrent aussi dans sa composi» tion. . . . . . Il faut observer que l'ammoniaque fournie » (dans la distillation) en assez grande quantité par la » houille, favorise l'opinion de son origine animale, puiscomme on le verra ailleurs, les corps qui appar» tiennent à cette classe de composés, donnent toujours de l'ammoniaque dans leur distillation ».

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vraisemblable que des matières animales ont contribué à leur formation; mais d'après mes observations, il me paraît que c'est principalement dans le règne végétal qu'il faut aller chercher leur origine. On n'en peut avoir des preuves plus formelles que dans certaines impressions de roseaux que l'on trouve non-seulement dans de l'argile schisteuse, mais encore dans des schistes bitumineux. Ces roseaux y sont couchés de tout leur long : ils ont évidemment été applatis, et leur substance est convertie en houille, au moins tout ce qui était susceptible de cette transmutation; car on sent aisément qu'un mince roseau aqueux, et qui souvent n'est pas plus gros que le doigt, ne pouvait pas fournir une grande quantité de houille. Lorsqu'on vient à fendre ces schistes, la houille provenant du roseau, et qui est souvent trèspure, n'y paraît que comme un léger enduit que l'on peut aisément effacer ou enlever d'un simple souffle. Ces roseaux ont fourni plus ou moins de houille selon qu'ils étaient plus ou moins épais. J'en possède un qui est cilindrique et a environ de trois à quatre pouces de diamètre, il est rempli d'argile schisteuse, et entouré de cette même substance : ce roseau s'est converti en houille, de sorte qu'entre l'argile schisteuse qui lui sert d'enveloppe, et celle qui forme le noyau, on a de la vraie houille qui a une demi-ligne d'épaisseur, et qui est douée d'une certaine consistance. Il est impossible de révoquer en doute l'origine végétale de la houille dans de pareils échantillons, car qu'estce qui aurait pu pénétrer dans l'espace étroit qu'occupait la substance végétale.

Il paraît cependant que certains végétaux les roseaux entr'autres, ont plus contribué que d'autres à la formation de la houille.

J'ai brisé et fendu une infinité de morceaux d'argile schisteuse pour y chercher des impressions de plantes, et jamais je n'ai trouvé, sur ces impressions, la moindre trace de houille qui aurait dû être produite par cette multitude de plantes qu'on y trouve : à peine l'empreinte était-elle d'une couleur un peu plus foncée que le reste de l'argile schisteuse.

Dans les couches de houille même, on ne trouve pas la moindre impression de plante : il paraît que ces couches ont été des tas de plantes qui ont été charriées et accumulées les unes sur les autres; la fermentation s'est mise dans ces tas, les plantes ont perdu leurs formes, et pressées par la masse du terrain qui était audessus, elles ont fini par ne plus faire qu'un

tout.

On trouve, dans l'argile schisteuse, des roseaux de quatre à cinq pouces de large : ils paraissent avoir été ronds et aplatis ensuite par une force de pression, car ils sont couchés entre les feuillets de l'argile schisteuse, des schistes bitumineux et même des grès. Toutes les fois qu'on en rencontre de verticaux, on les voit de forine ronde et traversant perpendicu lairement plusieurs couches. Ces végétaux ont depuis un pouce jusqu'à six et plus de diamètre (1) je serais tenté de croire que ces im

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(1) En allant du Hainchen en Saxe, aux houillères quí sont dans le voisinage, on passe devant une grande carrière de pierre taillée dans le grès, et l'on aperçoit sur la sur

pressions appartiennent à des troncs d'arbre, si les surfaces striées et les noeuds n'indiquaient pas que ce sont des roseaux. Ils sont remplis de la même substance qui les entoure : ce qui indique qu'ils étaient creux lorsqu'ils ont été apportés (1) par les eaux, et remplis de matière minérale. Cependant dans quelques couches de houille schisteuse, on tr uve reellement du bois pétrifié j'en possède des morceaux retirés des houillères de Cammerberg; ils pèsen: vingt livres et plus.

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Il est singulier que les impressions de coquilles soient si extrêmement rares dans la formation de la houille schisteuse. Je douterais même de leur existence, si je n'avois pas vu, ainsi que je l'ai déjà dit il y a peu de tems, une petite plaque d'argile schisteuse sur laquelle on remarque des impressions de muskulite et de

face verticale de la roche " comme quatre ou cinq troncs d'arbres verticaux de le 9 à 12 pouces de diamètre, 5 à 6 pieds de long, non compris ce qui est encore enterré dans le grès, et éloignés de quelques toises les unes des autres : ils sont évidemment en place, et sans en être enlevés, ils ont été enveloppés par le dépôt du grès. Dans un endroit, on ne voit dans la roche que la concavité qui était occupée par le tronc; dans d'autres, la convexité du tronc est saillante audessus de la surface de la roche : il ne reste plus du végétal que l'écorce qui est convertie en une légère couche de houille ou bitume minéral; la masse du tronc est du même grès que celui de la carrière. Le grès, en se déposant peu à peu et par sédimens horizontaux, remplissait ces roseaux à mesure qu'il les enveloppaient.

(1) Ceux dont j'ai parlé dans la note précédente, ne paraissent pas avoir été apportés par des eaux; leur position verticale et parallèle (entre eux), au milieu des couches horizontales, semble indiquer le contraire.

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tellinites. On dit également que dans les houillères de Wettin, il y a un endroit où l'on trouvė des corps marins pétrifiés : mais malgré les promesses qu'on m'a faites de m'en envoyer, je n'ai pu encore en voir.

Quelques personnes pensent que la houille schisteuse n'est autre chose qu'un bois et des plantes qui ont subi une simple transmutation; mais cela ne peut être : ils citent en preuve les troncs d'arbres pétrifiés que l'on trouve dans les houillères; mais ces personnes, M. Berolding entr'autres, confondent vraisemblablement les vrais houilles avec les bois bitumineux. Il paraît bien plutôt, que les substances végétales ont d'abord subi une fermentation qui a produit une substance huileuse, et que c'est cette substance qui dans la suite a formé les houilles : de cette manière on peut expliquer la formation de ces petites veinules de houille qui ont à peine une ligne d'épaisseur.

MM. de Charpentier et Werner (1) font mention de filons de houille qui courent dans une pierre sablonneuse, en Lusace près de Wehrau: ces filons, un seul excepté, n'ont pas plus d'un demi-pouce de puissance. Comment du bois aurait-il pu pénétrer dans ces fentes étroites, si auparavant il n'avait été dissous et converti en une substance huileuse et fluide. Au reste, il est à regretter que ces naturalistes, en nous instruisant de ce fait, n'aient pas decrit lavariété de houille ou de bois bitumineux qui constitue ces filons.

Les masses pierreuses qui se trouvent dans

(1) Théorie des filons, §. 48.

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