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50/0; et 2o les chances de mortalité qui, bien qu'incertaines dans la réalité, reviennent cependant à des conditions à peu près égales quand elles portent sur un grand nombre de per

sonnes.

Les pensions ne peuvent être ni cédées ni saisies que pour ce qui dépasserait la rente de 360 francs. Les sommes versées en fraude des créanciers sont saisissables pendant l'année qui suit le dépôt. Le maximum de la pension étant fixé à 600 francs, toute somme qui dépasserait le capital nécessaire pour obtenir cette rente serait restituée sans intérêts.

Le Gouvernement garantit le service des pensions. Les dépôts sont employés à l'achat de rentes sur l'Etat, et tous les frais d'administration sont supportés par le Trésor public. Une commission présidée par le Ministre de l'agriculture et du commerce est chargée de la haute administration de la caisse.

Il résulte de l'ensemble des dispositions applicables à cette caisse qu'il n'y a aucun placement plus sûr et aucune institution mieux administrée et à moindres frais.

Ouvriers isolés.

L'ouvrier isolé qui n'est pas encore chef de famille est plus exposé que tout autre à perdre son temps et son argent, parce que l'exemple, les encouragements ou les devoirs de famille ne le poussent pas sans cesse à la prévoyance. Les plus jeunes ouvriers, au début de leur profession, sont ordinairement dans cette condition. C'est cependant à cet âge qu'il leur serait le plus facile d'être économes, et que leurs économies produiraient pour la retraite les résultats les plus avantageux.

Le jeune homme de 20 ans veut-il s'assurer à 60 ans une pension de 600 francs, il suffit qu'il verse 30 francs par an ou dix centimes par jour de travail; et ce sacrifice n'est-il pas bien inférieur à celui que s'imposent les ouvriers qui ont l'habitude de fréquenter les lieux publics, où ils compromettent leur santé, leur moralité, en même temps qu'ils nuisent à leurs intérêts matériels?

Celui qui commencerait ses versements à 25 ans n'arriverait au même résultat que par un versement de 41 francs par an, soit 14 centimes par jour. S'il ne commençait qu'à 30 ans, il devrait élever à 60 francs par an le chiffre de ses versements annuels.

Ouvriers mariés.

La loi a déclaré que le versement fait par une personne mariée profiterait à son conjoint; qu'il serait ouvert deux comptes et constitué deux titres séparés de rente viagère pour chacun des deux époux; seulement, si l'un des deux avait déjà fait des dépôts avant son mariage il en profiterait seul; ils s'accroîtraient

des versements faits pour sa part après le mariage. Le travail du mari et celui de la femme se trouvent ainsi associés.

Ouvriers pères de famille.

Les ouvriers pères de famille qui, à raison de leur âge avancé, ne seraient plus en position de profiter pour eux-mêmes des avantages de la nouvelle loi, pourraient au moins en faire jouir leurs enfants en faisant des dépôts en leur nom, avec d'autant plus de raison que, dans la première jeunesse, les moindres versements produisent insensiblement de très beaux résultats.

Un sou par jour de travail à raison de 300 jours par an, déposé par un enfant de 3 ans et continué jusqu'à 50 ans, lui assure à 56 ans et 3 mois 600 francs de pension. 400 francs déposés en une seule fois pour un enfant de 3 ans produiraient 598 francs à 50 ans.

Habitants des campagnes.

Les habitants des campagnes sont en général plus économes que ceux des villes; l'esprit de famille, le respect des vieillards règnent encore parmi eux et leur rendent peut-être moins nécessaire l'application de la nouvelle loi; cependant une preuve que l'institution de la caisse de retraite doit avoir aussi sa grande utilité parmi eux, c'est cette affluence des vieillards vers les villes pour y participer aux secours de la charité publique et privée. Mais l'homme des champs, habitué à une vie plus modeste, pourra se contenter d'une retraite moins forte. Avec la modique somme de 5 francs par an, depuis 20 jusqu'à 60 ans, il pourra se créer 100 francs de rente, et cette somme, jointe au faible travail auquel il pourra se livrer, suffira pour le mettre à l'abri du besoin.

Domestiques et gens de service.

Les domestiques ont d'autant plus besoin de se préparer des secours pour leurs vieux ans, qu'ils sont habitués à un assez grand bien-être et que cette habitude leur rendrait la misère plus insupportable. Ils font généralement des économies; les caisses d'épargnes les leur gardent particulièrement pour le moment où ils changent de conditions; la caisse de retraite les leur réservera pour le temps où l'épuisement de leurs forces ne leur permettra plus d'être placés. Cette caisse offre aux maîtres le meilleur moyen de récompenser les bons serviteurs et de prolonger les marques de la reconnaissance au-delà des services qui l'ont méritée. 20 fr. par an, depuis l'âge de 20 ans, donnent à 60 ans une pension de plus de 400 francs. Il n'y a pas d'acte de bienfaisance plus intelligeut et plus exempt d'abus que celui qui consiste à assurer à un homme le bien-être de sa vieillesse.

Mode, lieux et heures des versements.

Les versements peuvent être faits soit par intermédiaires, soit directement par les déposants eux-mêmes; mais l'Etat n'en prend la responsabilité que du moment où ils sont entrés dans les caisses de ses agents. Lors du premier dépôt, le déposant doit produire son acte de naissance et déclarer le lieu de son domicile, s'il est marié ou non et à quel âge il entend jouir de la pension.

Les versements sont reçus :

A la recette générale, à Arras, le jeudi de chaque semaine, de neuf heures du matin à deux heures de l'après-midi.

Aux recettes particulières:

A Béthune, le lundi, de neuf heures du matin à midi, et de deux à quatre heures du soir;

A Boulogne, le jeudi, de neuf heures du matin à deux heures de l'après-midi;

A Montreuil, le lundi, de neuf heures du matin à deux heures de l'après-midi ;

A St-Omer, le vendredi, de neuf heures du matin à deux heures de l'après-midi ;

A St-Pol, le samedi, de neuf heures du matin à trois heures de l'après-midi.

Un livret est remis aux déposants lors de leur premier versement, moyennant le simple remboursement des frais (25 centimes). Il doit être rapporté à chaque versement. La somme versée y est consignée et le reçu est signé par le préposé de la caisse des dépôts et visé par le Préfet ou le Sous-Préfet.

A l'époque de l'ouverture de la retraite, le livret sera remplacé par une inscription de rente viagère sur l'Etat.

EXEMPLES TIRÉS DU TARIF.

Capital non réservé.

Un enfant de 3 ans pour qui l'on verserait à la caisse 15 francs par an et qui continuerait le versement de pareille somme, soit 5 centimes par jour de travail (à raison de 300 jours par an), jusqu'à l'âge de 50 ans inclusivement, aurait droit à une rente viagère de 343 francs.

S'il discontinuait ces versements à 50 ans, mais qu'il voulût retarder l'époque de l'entrée en jouissance de la retraite jusqu'à l'âge de 56 ans et 3 mois, il aurait droit alors à une rente de 600 francs. S'il continuait ces versements, à 55 ans il aurait droit à 543 francs, et à 60 ans il aurait dépassé de beaucoup le maximum légal de 600 francs.

Si des parents ou un bienfaiteur voulaient assurer à un enfant de 3 ans une retraite à venir de 299 francs, payable à l'âge de

50 ans, il leur suffirait de verser, en une seule fois, une somme de 200 francs. Le double de cette somme ou 400 francs lui assurerait, par conséquent, une retraite de 598 francs.

Il suffirait de 150 francs pour assurer à un enfant de 3 ans une rente viagère de 575 franes, commençant à l'âge de 60 ans seulement.

Pour un enfant de 10 ans, le versement d'une somme de 150 francs fait en une seule fois constituerait à 50 ans une rente de 139 francs, et s'il entendait n'en jouir qu'à 60 ans, elle s'éleverait jusqu'à 558 francs.

A compter du même âge de 10 ans, un enfant qui verserait 5 centimes par jour et qui continuerait cette épargne jusqu'à 50 ans, aurait droit à une rente de 218 francs. S'il arrêtait ses versements à l'âge de 50 ans, mais qu'il ne voulût toucher la rente qu'à 60 ans, elle serait alors de 559 francs.

On voit par ces exemples combien la rente viagère s'accroît promptement lorsque l'entrée en jouissance est retardée de quelques années.

Un jeune homme de 20 ans qui placerait successivement chaque année la même somme de 15 francs, jouirait à 50 ans d'une rente viagère de 110 francs. S'il attendait jusqu'à 60 ans, en discontinuant ses versements, il aurait 284 francs; mais s'il ne les arrêtait pas, il aurait à 60 ans 307 francs..

S'il ne commençait ses versements de 15 francs par an qu'à l'âge de 25 ans, il n'aurait droit à 50 ans qu'à 76 francs. Mais, en les arrêtant à 50 ans, et en attendant la pension jusqu'à 60 ans, il obtiendrait 196 francs, et en continuant les versements de 15 francs jusqu'à 60 ans, sa pension atteindrait 219 francs. Pour obtenir le maximum de 600 francs il faudrait, dans ce cas, accroître beaucoup le versement annuel et le porter à 41 francs environ ou près de 14 centimes par jour de travail. Mais il est à remarquer qu'un versement unique de 150 francs fait à cet âge de 25 ans produit à 60 ans une rente viagère de 150 francs, de sorte que quelques économies extraordinaires peuvent suppléer à ce qui ne saurait peut-être s'obtenir que par une augmentation considérable de l'épargne annuelle.

Ce qui précède s'applique à plus forte raison aux âges plus élevés et démontre la nécessité de commencer de bonne heure un système régulier d'économies. On ne saurait donc trop inspirer aux jeunes ouvriers l'esprit d'économie. Cet esprit est d'ailleurs pour eux un gage de moralité et de bonne conduite, car lorsqu'ils auront contracté l'habitude de faire des épargnes, ils voudront les augmenter et ils se garderont bien de dépenser inutilement des sommes dont ils peuvent faire un si utile emploi.

Nous ne multiplierons pas les exemples; nous nous contente

rons seulement d'indiquer que le maximum de 600 francs de rente viagère immédiate exigerait une versement unique à 50 ans de 7,031 francs, à 55 ans de 6,370, à 60 ans et au-delà de 5,638 francs.

Capital réservé.

Nous avons fait remarquer que si le déposant fait la réserve du capital pour ses héritiers, la rente à laquelle il aura droit sera beaucoup moindre que celle qui n'exige aucune restitution de capital. Il est utile cependant de bien observer que la différence ne devient très sensible qu'après la première jeunesse.

Par exemple, des versements de 15 francs commencés à l'âge de 3 ans, avec réserve du capital, produiraient à 50 ans une rente de 268 francs, tout en laissant aux héritiers du déposant un capital de 705 francs. Continués jusqu'à l'âge de 60 ans, ces versements produiraient une rente de 700 francs et un capital de 855 francs; et dès lors, ils devraient être cessés avant cette époque pour ne pas excéder le maximum.

Le dépôt d'une somme de 500 francs sur la tête d'un enfant lui assurerait une rente de 585 francs, s'il parvenait à l'âge de 50 ans. Mais dès l'âge de 10 ans. le versement de la même somme de 500 francs ne produirait plus que 381 fr. à 50ans. Cependant, si le titulaire voulait attendre jusqu'à 55 ans, il obtiendrait

595 francs.

Pour l'âge de 25 ans, le versement annuel de 15 francs ou de 5 centimes par jour de travail ne produirait qu'une rente de 54 francs à 50 ans, ou une rente de 153 francs à 60 ans.

On n'obtiendrait donc 300 francs de revenus que par une économie annuelle un peu supérieure à 30 francs.

Ce sont surtout les personnes plus âgées qui pensent vouloir réserver le capital; mais malheureusement il est bien clair que plus l'âge sera avancé, plus cette réserve se rapprochera d'un simple placement de 5 0/0, puisque la caisse alloue 5 0/0.

Nous insérons ci-après deux tableaux résumés qui feront comprendre le résultat des placements uniques ou des placements annuels de 5 francs aux différents àges, soit que l'on réserve ou non le capital.

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