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pour essayer d'arrêter l'armée française? Elle n'osera y songer; car, dès le Nr. 10757. 35o jour, qui suivra la mobilisation ordonnée en Autriche, une armée prussienne, 30, Juni 1870. qui serait sur le haut Mein ou concentrée près de Nordlingen, en face de l'armée française, serait très exposée du côté de celle-ci, mais très menacée aussi du côté de l'armée autrichienne de Bohême *). Ce serait alors pour l'Autriche et l'Italie le moment de dénoncer leur neutralité, au lieu d'attendre 42 jours après l'ordre de mobilisation pour déclarer la guerre et joindre leurs forces à celles de la France. Le feraient-elles? l'archiduc laisse espérer que l'Autriche n'hésiterait pas. || Dans le plan qu'il a imaginé, l'archiduc Albert tient peu de compte de la place d'Ulm occupée par les troupes de Wurtemberg et de Bavière. Le Prince est convaincu que ces troupes ne pourront tenir la campagne dans les environs de la place pour contrarier le mouvement de l'armée française. Il considère, en outre, que l'importance de la forteresse d'Ulm a été fort exagérée, que parmi les forts qui constituent le camp retranché de la place, les deux principaux, dont celui de Willembourg, sur la rive gauche du Danube, pourraient être trés menacés et seraient probablement enlevés en peu de jours par un corps d'armée française qui s'établirait sur les hauteurs qui avoisinent ces deux forts, hauteurs qui sont à la même cote que ces forts et à la distance de 1800 à 2 000 mètres.. Rien ne semble préparé à Ulm en vue d'un armement qu'on voudrait exécuter très promptement. Les communications entre une armée prussienne du Mein et le corps wurtembergeois ou bavarois, qui serait à Ulm au début des hostilités, seraient interceptées à coup sûr par l'armée française, avant que l'armement eût pu être à demi-achevé. On pourrait objecter à l'archiduc Albert que, si l'on devait avoir et si l'on avait en effet grande confiance dans les calculs qu'il avait faits et dans les études auxquelles il s'était livré relativement au temps qu'il fallait à la Prusse pour mobiliser, concentrer et mettre ses forces en mouvement au delà de ses frontières, cette confiance toutefois ne pouvait être tellement absolue, qu'on ne vit point de danger pour une armée française qui exécuterait le grand mouvement que S. A. I. indiquait, mouvement pendant toute la durée duquel cette armée serait constamment menacée sur son flanc gauche et sur ses derrières, sur son flanc gauche, par une armée prussienne concentrée sur le Mein, et plus forte, peut-être, qu'on ne le supposait, et sur les derrières par un corps prusso-badois concentré à Rastadt. La prudence conseillait, sans aucun doute, de prêter à la Prusse plus de célérité que ne lui en concédait le Prince pour la mobilisation ou le transport de ses forces sur les points de concentration choisis par elle au début des hostilités. Dans les idées mêmes du Prince, il fallait que l'armée d'Allemagne fît sa jonction avec l'armée autrichienne de Bohême avant d'avoir eu une bataille à recevoir, d'où elle sortirait affaiblie, fût-elle même victorieuse. Il fallait dès lors être

*) Il faut remarquer que, dès le 25 jour, un corps autrichien, dont la concentration serait presque achevée, serait à Pilsen sur Amberg.

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Nr. 10757. très certain que, pendant le grand mouvement qu'on lui demandait, l'armée 30. Juni 1870. prussienne ne pourrait jamais lui présenter sur sa gauche, vers Stuttgart, cinq ou six corps, au lieu de trois qu'admettait l'archiduc; à Nordlingen, sept ou huit au lieu de quatre, entre Nordlingen et Nuremberg peut-être neuf, alors que l'armée autrichienne serait encore incapable de marcher à sa rencontre pour lui donner la main. || Dans une note spéciale, qui avait été rédigée pour exprimer un certain doute à ce sujet, il était dit que dans la difficulté où l'on se trouvait d'avoir une appréciation très exacte de ce que pourrait faire la Prusse, eu égard aux études persévérantes auxquelles se sont livrés ses officiers pour obtenir la plus grande célérité possible dans la concentration des armées, il paraissait indispensable que le cas fût prévu où une armée française, marchant sur Nuremberg, après son passage du Rhin, serait arrêtée tout à coup dans son mouvement, ayant sur son flanc une armée prussienne égale, sinon supérieure en forces. On ajoutait que, dans un cas pareil, l'armée française n'aurait point à hésiter un instant. Elle devait renoncer sur-lechamp à poursuivre sur Nuremberg, éviter une grande bataille, et se dérobant à l'armée prussienne au moyen d'un mouvement tournant qui la ferait pivoter sur celui de ses corps qui serait le plus rapproché d'Ulm, passer sur la rive droite du Danube. Le passage du fleuve se ferait soit en amont soit en aval d'Ulm, suivant la situation présente de l'armée. Une fois concentrée sur la rive droite du Danube, l'armée marcherait par cette rive sur Donauwert et Ingolstadt pour aller se joindre à l'armée autrichienne. | Mais en prévision de ce mouvement, qui serait peut-être imposé à l'armée française, il était indispensable que, pendant sa concentration en Bohême, l'armée autrichienne eût, au moins, trente jours après l'ordre de mobilisation, 40 à 50 000 hommes à Pilsen, tout prêts à se porter à ce moment sur Ratisbonne pour s'y joindre à l'armée française arrivant soit à Ratisbonne, soit à Ingolstadt par la rive droite du Danube. || Il y avait à dire encore que, dans le mouvement dont il s'agit ici, l'armée française se verrait condamnée à perdre pour un certain temps, sinon pour toujours, sa ligne d'opération sur le Rhin. Un corps d'armée prussien pouvait, en se joignant aux troupes badoises, se jeter sur Rastadt sur les derrières de l'armée française et couper ses communications avec Strasbourg et même Brissach. Il est bien vrai que l'armée française ne serait pas perdue pour cela. Sa jonction avec l'armée autrichienne en éprouverait un certain retard, du fait du mouvement qu'elle aurait exécuté sous les murs d'Ulm, pour franchir le Danube, elle se ferait quelques jours plus tard et sur un autre point que celui que le Prince avait imaginé; mais les quelques jours de retard que l'on subirait devaient mettre l'Autriche en situation de jeter le voile vis-à-vis de la Prusse, au cas où elle se serait crue jusque-là forcée de garder les apparences de la neutralité, la concentration de son armée de Bohême n'étant point encore assez avancée. On devait penser que, du moment où l'armée française serait sur la rive droite du Danube, les armées alliées d'Autriche et d'Italie commenceraient leurs opérations. || L'armée italienne, ayant

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le passage libre par le Tyrol autrichien, du fait de la déclaration de guerre Nr. 10757. de l'Autriche à la Prusse, marcherait aussitôt sur Munich. Maîtresse de ce 30. Juni 1870. point, elle dominait la Bavière, et permettait à l'armée française de se servir éventuellement de la voie ferrée du Brenner, reliée par le chemin de fer italien de Véronne, Milan, Turin, avec le Mont-Cenis, comme ligne de communication avec l'intérieur. On devait compter qu'aussitôt la jonction faite entre les armées alliées, l'armée française pourrait rétablir et assurer fortement sa ligne d'opérations sur le Rhin et par Brissach. || Aux observations et aux propositions dont il vient d'être parlé, l'archiduc, opposant les calculs qui lui avaient donné la conviction que l'armée prussienne ne pouvait rien faire pour contrarier le mouvement de l'armée française sur Nuremberg, convenait cependant que, pour mettre de leur côté, une prudence qu'il regardait, pour son propre compte, comme exagérée, il donnait son approbation complète à la combinaison qui lui était soumise. Il admettait d'autant plus volontiers cette combinaison, que si, par impossible, on devait la mettre à exécution, on dérouterait, selon lui, tous les plans de l'ennemi, par le mouvement tournant de l'armée française, se dérobant tout à coup pour passer le Danube sous les murs d'Ulm. Pendant ce mouvement, que l'armée prussienne ne pourrait contrarier, cette armée ne risquerait même pas à se mettre dans les traces de l'armée française et ne s'approcherait pas d'Ulm; car elle serait trop menacée par l'armée autrichienne de Bohême. Ses corps d'armée, surtout s'ils étaient nombreux, venus du Mein, vers Stuttgart ou le Moyen-Neckar, quitteraient l'Allemagne du sud en toute hâte, pour se porter en Saxe, sur la frontière de Bohême, et derrière les défilés de la Thuringe. Il serait presque à désirer, disait l'archiduc, que l'armée française se vit ou se crût forcée de passer le Danube, comme on l'a dit; le résultat ou l'objet principal de ses premières opérations, c'est-à-dire la jonction des armées alliées, devant en être la conséquence très assurée.

Il pouvait être intéressant d'examiner la question de savoir si, dans l'opinion de l'archiduc, il serait favorable aux puissances alliées de songer à une campagne d'automne contre la Prusse. Sur ce point, le Prince est d'avis que ce n'est qu'au printemps qu'il est possible d'entreprendre une guerre contre cette puissance. Les raisons principales sont qu'il faut prévoir le cas où la lutte se prolongerait, une grande bataille heureuse pour les alliés pouvant ne pas suffire pour abattre l'orgueil national prussien; que, dans ce cas, il serait bien désirable que l'on eût devant soi de longs mois et de longs jours pendant lesquels les armées alliées trouveraient de grandes facilités pour marcher utilement et pour suivre leurs premiers succès; qu'il convenait au contraire de redouter les jours courts de l'automne et de l'hiver, dans un pays où, peutêtre, la population insurgée exposerait aux surprises de nuit; que d'ailleurs il convenait de redouter, pour les soldats des armées alliées, un climat trop froid et un sol marécageux que les soldats prussiens supporteraient beaucoup mieux qu'eux. || Dans le plan de campagne imaginé par l'archiduc, le Prince demandait

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30. Juni 1870.

Nr. 10757. que la France ayant deux armées, l'une destinée à l'Allemagne et à se joindre à l'armée autrichienne, l'autre sur la rive gauche du Rhin, la première fût constituée, aussi fortement que possible; la deuxième, au contraire, se composant de ce qui serait rigoureusement nécessaire, sur la Sarre ou dans le Palatinat, Son Altesse Impériale étant d'ailleurs convaincue, pour les motifs exposés déjà, que la France n'aurait à craindre aucune agression sérieuse de ce côté du Rhin. Il était impossible de ne pas représenter à l'archiduc que la France était tenue à ne pas trop dégarnir ses frontières du nord est et du nord; que, dans une guerre avec la Prusse, elle aurait nécessairement à observer la Belgique, à agir dans le Palatinat, et à se préoccuper aussi de la place de Luxembourg, nonobstant ce qu'on pouvait dire du traité qui l'a neutralisé récemment au grand déplaisir de la Prusse. || Afin que le Prince ne pût pas s'exagérer ce que pourrait faire la France en vue de condescendre à ses désirs, une note lui fut remise dans laquelle on présentait une composition rigoureusement possible des deux armées françaises dont il s'agissait, en utilisant toutes les forces actives disponibles de l'armée telle qu'elle existe en ce moment. || Aux observations relatives à la Belgique et à la place de Luxembourg, l'archiduc répondait, en répétant que dans un conflit engagé avec la France et l'Autriche, la Prusse ne pourrait songer à prendre l'offensive sur la rive gauche du Rhin, trop menacée qu'elle serait du côté de Berlin par l'armée de Bohême; que sa perte la plus certaine serait qu'une armée prussienne mît le pied sur le sol de la Belgique, qu'en ce qui concernait particulièrement la place de Luxembourg, la Prusse n'avait aucun intérêt à y jeter une partie de ses forces, puisqu'elle ne pouvait songer à prendre l'offensive pour envahir la France par ce côté, tandis que pour elle, ce serait s'affaiblir que d'occuper le Luxembourg avec des troupes qui, inutiles là, lui seraient si nécessaires ailleurs, du côté du Mein ou du côté de la Bohême; qu'enfin, à ce point de vue de la question, qui était relatif aux frontières de la France du côté du nord, le plan imaginé par le Prince offrait cet avantage qu'il localisait forcément la guerre, ne donnant ni à la France, ni à la Prusse, aucun prétexte ou aucune nécessité pour ne pas respecter la neutralité de la Belgique et du Luxembourg. Comme il était représenté à l'archiduc qu'on serait désireux qu'il voulût bien permettre qu'on soumît à son approbation, la rédaction du plan de campagne auquel il donnait la préférence sur celui qu'on lui avait exposé, afin de n'en rien omettre afin aussi, que l'on pût mettre à l'appui les considérations qu'il avait fait valoir, et qu'on a cherché à reproduire ci-dessus, quand le moment serait venu de les faire connaître à Paris, où, sans aucun doute, elles rencontreraient quelque opposition, l'archiduc proposa de rédiger le tout lui-même, sous peu de jours, et d'en faire l'envoi à Paris par voie sûre. || Enfin, sur la proposition qui était faite au Prince de ne pas s'en tenir à l'étude d'un seul plan de campagne, parce qu'il semblait qu'il y eût utilité à étudier plusieurs plans, il fut admis par S. A. I. que l'Autriche, proposant le plan qu'il avait imaginé, plan qu'elle considérait comme le seul qui dût ou pût être mis à exécution,

Nr. 10757.

étudierait deux autres plans, afin que les officiers qui, forcément, seraient ap- Frankreich. pelés à faire les études nécessaires, ne pussent savoir celui des trois plans so. Juni 1870. auquel on se serait arrêté uniquement. || L'archiduc accédait d'autant mieux à cette proposition qu'il lui paraissait que des études, dont il s'agit, il ressortirait clairement que le plan qu'il avait proposé, n'exposerait à aucun danger et réunissait tous les avantages désirables.

VII.

Note remise à l'archiduc Albert, le 13 juin.

Forces actives de l'armée française disponibles pour une guerre en Europe.

Nombre des bataillons actifs

1° Infanterie.

Nombre des divisions d'infanterie que l'on pourrait former à 13 et 12 bataillons .

En effet, il faut laisser en Algérie 8 régiments d'infanterie, le régiment étranger et 3 bataillons d'infanterie légère d'Afrique. Il reste alors pour composer les divisions d'infanterie en Europe, savoir:

98 régiments de ligne à 3 bataillons

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338 bons

26 1/2 dens

294 bons

20

21

3

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Avec les bataillons de la ligne, on pouvait former:

20 divisions à 13 bataillons dont un bataillon de chasseurs

à pied.

4 divisions à 12 bataillons

Divisions dans lesquelles on placerait les zouaves et les ti

railleurs algériens.

La Garde impériale donnerait:

260 bons

48

Une division de grenadiers et de zouaves

11

Une division de voltigeurs (y compris le bataillon de chas

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