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La nature veut en effacer rapidement toutes les traces, et la forêt renaîtra quand même de ce sol ruiné.

Le Bois-le-Prêtre ne constitue d'ailleurs pas une forêt isolée. Il ne forme au contraire qu'une partie, un tiers environ, d'un important massif forestier de près de 1.000 hectares, limité au sud par la route de Bar-le-Duc à Metz, à l'ouest par les territoires de Fey-en-Haye et de Vilcey-sur-Trey, au nord par ceux de Villers-sous-Prény et de Norroy, et à l'est par la vallée de la Moselle en aval de Pont-à-Mousson; ce massif comprend des bois communaux et des bois particuliers.

La Croix des Carmes se trouvait à l'intersection des périmètres du Bois-le-Prêtre, du quart en réserve de Fey-en-Haye, aussi connu que le Bois-le-Prêtre par les communiqués de la guerre sous le nom de « Quart en réserve », et du Bois-la-Dame, bois particulier de 14 hectares, où il ne reste plus un tronc d'arbre debout.

Cette croix mutilée, que la guerre n'a pu détruire, est aujourd'hui encastrée dans le monument élevé à la mémoire des anciens combattants du Bois-le-Prêtre, à quelques mètres de son emplacement primitif, et c'est ce monument qui a été inauguré solennellement le 23 septembre dernier.

Nancy, 8 octobre 1923.

Ch. GUINAUDEAU.

LES FORÊTS D'AUSTRALIE

D'après un article de la Revue Américaine" JOURNAL OF FORESTRY ", signé Harry D. Tiemann, du Service forestier des États-Unis.

On a beaucoup écrit sur l'Australie, sur la flore et la faune si curieuses de ce pays. Bien des gens ont entendu parler des immenses régions d'élevage de moutons, si vastes que, dans la province de Kimberley, dans l'ouest de l'Australie, les voisins les plus proches d'une famille de fermiers sont à plus de 100 kilomètres de distance et qu'il faut dix jours pour faire, à cheval, le tour d'un domaine.

Mais bien peu d'entre nous ont des idées précises sur les forêts d'Australie. Dans ce pays, l'homme et la forêt vivent côte à côte : ce ne sont pas, comme ailleurs, les grands espaces sauvages qui sont boisés, mais au contraire les régions voisines des centres où la population est la plus dense.

La zone forestière suit la côte, sur une largeur de 80 à 250 kilomètres. Elle s'étend, depuis la région tropicale au nord, jusqu'à la ville d'Adélaïde au sud, tout autour de la grande plaine nue désignée sous le nom bien caractéristique de « Nullarbor Plain ». A l'ouest d'Adélaïde, la zone forestière disparaît, le désert s'étendant jusque sur les bords de la grande baie d'Australie. Elle se retrouve dans la péninsule du Sud-Ouest et s'étend un peu au delà de la ville de Perth. Puis elle disparaît encore et est remplacée par les vastes plaines arides de la côte occidentale.

Dans la région Nord, la végétation arborescente réapparaît, mais à l'état disséminé, sans constituer de forêts proprement dites.

L'ile de Tasmanie était à l'origine complètement boisée. A l'heure actuelle, le coefficient de boisement n'est plus guère que de 60 %. L'examen de la carte des chutes annuelles de pluie montre que la zone forestière correspond très exactement aux régions qui reçoivent 50 centimètres au moins de pluie dans la région tempérée et 70 centimètres au moins dans la région tropicale.

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C'est dans la zone tempérée que sont situées toutes les grandes villes Brisbane, Sydney, Melbourne, Adélaïde, Perth et, en Tasmanie, Launceston et Hobart.

Contrairement à ce qui se passe dans beaucoup de pays, en Australie, il n'est pas nécessaire de faire un long voyage loin de la civilisation pour voir les plus belles forêts. La plupart d'entre elles sont accessibles par de bonnes routes.

Leur proximité des grands centres, qui sont en même temps des ports maritimes, exerce une influence sensible sur leur valeur et leur avenir. Les plus belles forêts d'Australie peuvent être visitées en une randonnée de deux jours, en partant de Melbourne, dont elles ne sont éloignées que de 150 kilomètres environ.

En partant de Perth, il faut parcourir 350 kilomètres vers le Sud pour voir les plus beaux arbres de l'Ouest de l'Australie, les magnifiques Karri (nom local de l'Eucalyptus).

A l'intérieur de la zone côtière existe une vaste région agricole et pastorale, convenant à la culture du blé et à l'élevage du bétail. Plus loin commence le désert (Nullarbor Plain) dans la partie centrale du continent.

Une chaîne de montagnes irrégulière court parallèlement à la côte sud-orientale et à une distance de 80 à 160 kilomètres vers l'intérieur, limitant à l'Ouest la zone forestière. Elle rappelle un peu la chaîne côtière de Californie, dans les Etats d'Orégon et de Washington.

On appelle cette chaîne de montagnes la chaîne de partage (Dividing Range) ou parfois, les Alpes d'Australie. Elle renferme beaucoup de sommets de 1.200 à 1.800 mètres de hauteur et le point culminant du continent, le Kosciusco, dans les Nouvelles-Galles du Sud, qui a 2.200 mètres d'altitude. Ces montagnes sont très boisées jusqu'à 1.200 à 1.300 mètres, avec différentes espèces d'eucalyptus et d'acacias.

Dans la partie sud-ouest du continent, une chaîne basse, dominant de 150 à 180 mètres les plaines côtières, avec quelques rares sommets de 600 mètres d'altitude, s'étend immédiatement à l'est de Perth vers le Sud, parallèlement à la côte, sur une longueur d'environ 300 kilomètres et à une trentaine de kilomètres vers l'intérieur. C'est plutôt un escarpement et la chaîne est connue sous le nom de Darling Scarp.

Elle forme la limite entre la plaine côtière tertiaire et le grand plateau granitique. C'est sur la partie supérieure de cette chaîne

que sont situées les meilleures forêts de Jarrah (autre nom local de l'eucalyptus), qui s'étendent sur une zone d'une soixantaine de kilomètres de largeur. Plus à l'intérieur, la végétation s'éclaircit, devient broussailleuse et se compose en majeure partie d'arbustes de diverses espèces.

Si l'on considère la surface totale de l'Australie (qui est à peu près égale, y compris la Tasmanie, à celle des Etats-Unis, moins l'Alaska), on trouve pour ce pays le plus faible taux de boisement de tous les continents, moins de cinq pour cent. Mais il ne faut pas perdre de vue que cette estimation est tout à fait approximative, car il n'existe encore aucune statistique précise, et, de plus, de grandes surfaces sont couvertes d'une végétation arbustive composée d'espèces qu'on ne peut pas classer parmi celles donnant du bois d'œuvre.

Comme le fait remarquer D. E. Hutchins dans son ouvrage sur les forêts d'Australie, il faut considérer avant tout la surface habitable de ce pays. Comme un tiers du continent est un désert et que la moitié de ce qui reste est comprise dans la zone tropicale, la surface habitable par une population blanche dense est relativement restreinte.

C'est à cette surface habitable que nous devons comparer la surface boisée. Hutchins l'évalue à 200 millions d'hectares. Les forêts couvrant 37 millions d'hectares, le taux de boisement, par rapport à la surface habitable, est de 18,7 %. Mais ces 37 millions d'hectares comprennent beaucoup de broussailles. C'est seulement, en réalité, à 10 millions d'hectares, que la conférence interprovinciale de Perth de 1917 a estimé la surface portant actuellement du bois de sciage. Ce n'est donc que 5 % de la surface habitable, d'après l'estimation d'Hutchins, et 1,3 % de la surface totale du pays.

A la conférence des Premiers Ministres des Etats tenue à Melbourne en 1920, il a été décidé que 10 millions d'hectares de forêts seraient réservés d'une façon permanente. C'est à peine le tiers de ce que Hutchins considère comme le minimum indispensable (15 %) pour une population normale.

La forêt australienne est très suffisante pour la population actuelle, mais elle est tout à fait insuffisante pour les besoins de l'avenir. La proportion de forêts permanentes dans les pays d'Europe, reconnue comme nécessaire à une population dense, est de 25 %.

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