On lui répondoit, 1o que c'étoit le Régle ment de 1692 qui formoit le dernier état du Bénéfice. 2°. Que la claufe cum voto profitendi, inférée dans les provifions du Sieur Larmufier n'avoit point eu d'effet, que le Pourvu avoit été obligé d'y renoncer, & que fi ces provifions avoient eu leur effet, c'étoit en vertu de la claufe aut alio quovifmodo.

Parmi un grand nombre d'objections que faifoit le Sieur Sauvage à fon Concurrent, on peut remarquer celle-ci il n'y a difoit-il, que la fécularifation ou la commande, qui puiffe admettre les Séculiers dans un Bénéfice régulier.

Outre que la maxime n'eft pas vraie, répondoit-on, puifqu'on admet provifoirement, quand la vie réguliere eft impraticable, & jufqu'à ce que la conventualité foit établie; c'eft argumenter contre une loi fubfistante. Cette loi eft le Réglement de 1692.

Sur ces moyens eft intervenu Arrêt le... Mars 1750, fur le rapport de M. de Montpefat, par lequel le Sieur de la Gafnerie a été maintenu.

CHAPITRE XXII.

Les Religieux Mandians font incapables de poffeder des Bénéfices même réguliers, Ceux qui après avoir été transférés dans les Ordres de S. Benoît ou de S. Au guftin, obtiennent difpenfe, ne peuvent poffeder qu'un feul Bénéfice. La provi❤ fion d'un fecond eft nulle de plein droit,

ON

Na vu que ce n'est que par un abus énorme que de fimples commiffions ont été trans¬ formées en titres de Bénéfices, & que ce n'est que par une fuite de cet abus, que les Moines font devenus Bénéficiers, , que fuivant un ufage prefque général, un Religieux ne pouvoit être pourvu que des Bénéfices dépendans du Monaftère où il avoit fait profeffion, & que fuiyant la difcipline encore aujourd'hui uniforme dans toute l'Eglife, un Religieux ne peut être pourvu que des Bénéfices de fon Ordre, qu'il eft cenfe incapable d'en pofféder des dépendans d'un autre Ordre, & à plus forte raifon des féculiers.

De ces maximes il fuit naturellement qu'un Religieux Mandiant ne peut pofféder aucun Bénéfice de quelque qualité qu'il foit. Il n'en peut pas pofféder de féculiers parce qu'il eft régulier. Il n'en peut tenir de réguliers, parce qu'il n'y en a pas dans fon Ordre. Mais indépendamment de cette raifon générale, il y a une particuliere, tirée de la profeffion, &

I.

Les Religieux Mandians

de l'état de Religieux Mandiant ; c'est-à-dire du vœu particulier de pauvreté que font ces Religieux. Auffi toutes les fois qu'ils ont entrepris de fe faire pourvoir de Bénéfices, l'Eglife a réprimé leur témérité.

Le Concile de Ravenne (a) tenu l'an 1312, leur défendit expreffément de passer dans un autre Ordre dans le deffein de pofféder des Bénéfices. Le Concile tenu à Lavaur l'an 1368, compofé des Evêques des provinces de Narbonne, Auch & Toulouse, réitéra (b) cette défenfe, qui fut renouvellée par d'autres Conciles du même fiécle.

او

L'Ordonnance de Charles VII publiée l'an ne 1443, déclare les Religieux Mandians incapeuvent poffe pables de pofféder des Bénéfices dans le der des Béné- Royaume, & enjoint aux Offiçiers du Roi fices fans la d'en dépofféder ceux qui fe trouveroient en permiffion du avoir été pourvus, nonobftant les Difpenfes qu'ils pourroient avoir obtenues du Pape à cet effet (c), Rebuffe témoigne que cette Or

Roi.

(a) Ut nulli maximè Mendicantium Ordinum, de catero admittantur in Ecclefiis fæcularibus, non obftante quod à Prala is fuis licentiam habuerint ad alias obfervantias tranfeundi, & Beneficia curara obtinendi, cap. 22.

(b) Art. 74.)

(c) Relationibus Procuxatoris noftri, & infrà confiderantes, quod fundatores Ordinum Mendicantium ftatuerunt falubri er, & decreverunt eofdem Mendicantes, paupertate

mendicitate viduros, præfertim Minores, qui nec in communi, nec 'in particulari proprium habere poffint, juxta tenorem Regularum fuarum. Quin imo obfervatio paupertatis, ficut cuftodia caftitatis, adec eft annexa Regula Monachali, ut conira cam, nec Summus Pontifex poht Licentiam indulgere, & aliis circa pramiffa confiderandis, Senefe allo Vicario, & Judići Majori Senefchalliæ Tholofa, & veftrum cuilibet præcipimus,& mandamus, quatenus &fuper promis vos diligenter & fecrcia informetis ; & fi de pramiffis vobis conftiterit, ita effe præcipiatis, & mandeus Presuraieri noftro dicta Seneschallia, ut in pramiffis,

donnance eft obfervée exactement (d)..

> nec alentari

circa pramiffa, Bullas, Refervationes, collationes, feu quafcumque provifiones fallas, feu faciendas fupradictis, &aliis quibufcumque Mendicantibus vel alteri eorumdem fe apponat; & fi quam oppofitionem fecerit eam profequatur coram vobis, & hanc novam perniciem, feu fuperftitionem in Clero › populo,& Regno noftro fieri perminal; & fi que fuerint attentata, innovata per pradios Mendicantes, at eorum aliquem, recipiendo Beneficiorum Curatorum, vel non Curatorum, Digniratum quarumcumque (Epifcopali, vel aliis Dignitatibus Majoribus exceptis) in quibus eos Curia Romana Luc ufquè toleravit, vos id ad ftatum priftinum, & debitum reducatis,

apofione pradicturum Beneficiorum, abfque morosa dilatione expellatis, feu expelli faciatis pradictos Mendicantesz Clericofque fæculares, & Univerfitates Regni nostri juribus eifdem pertinentibus ad caufam Beneficiorum pradictorum ex collatione Summi Pontificis aut alias, uti & gaudere liberè faciatis, & permittatis, dictis Mendicantibus amoris, O rejectis à Beneficijs ante dielis, abfque diffi ultate quâ, sumque; inhibentefque fingulis Archiepifcopis, Epifcopis,

Abbatibus, & aliis Ordinariis Collatoribus, nec non executoribus gratiarum præfatorum Mendicantium, Magiftris pradictorum Ordinum, Generalibus, Provincialibus Miniftris, Gardianis, & aliis quorum intererit, fub certis,

magnis penis nobis applicandis, ne contra tenorem prafent um literarum aliquid faciant, nec attentent, directè, vel indirectè, aut aliàs quovifmodo: & fi aliquid fecerint vel procefferint conira tenorem eorumdem, illud revocent

2

ad Rarum priftinum reducant, vel reduci faciant, & reparari cum effectu: & fi quos rebelles, vel contradictores reperiatis, eofdem aliter puniatis, quod cateris tranfeat in exemplum, quoniam fic fieri a lumus & concedimus per prafentes, appel'a ionibus", oppofitionibus, ordinationibus verifque noftris fubreptitis in contrarium impetrans vel impetrandis obftantibus quibufcumque. Preuves des libertés de l'Eglife Gallicane chap 7.

Joan Galli qu. 244. per Arreflum condemnatus fuit Carmelits di&us Goulan ad dimirendum hofpitium de Passy, heer per Papam fuisset cum eo duper satum ut tenerce proprium.

(d) Rebuff de pacif. poff. n. 358. funt inhabiles Fratres minores & alii Mendibuntes, quia hoc eft propriè contra Regulam illorum ? mendicitatem, & de boc reftar

Dumolin (e) remarque que les Mandians, fur-tout de l'Ordre de S. François, ne peuvent être admis à pofféder des Bénéfices fans la permiffion expreffe du Roi, parce que la difpenfe du Pape ne fuffit pas, à moins qu'elle ne foit autorisée par Lettres Patentes; Vail lant (f) obferve auffi que tel eft l'ufage,

M. PAvocat Général Bignon établit ces maximes dans le Plaidoyer fur lequel intervint l'Arrêt du 8 Mars 1660, contre Frere Bernardin Goujon Religieux Cordelier, qui fur la réfignation de Jacques Aveline avoit été pourvu en Cour de Rome de la Cure du Chemin près d'Alençon. Par cet Arrêt, la Cour déclare qu'il a été mal, nullement & abufivement impétré & exécuté. Le Cordelier fut déclaré incapable de pofféder la Cure. Journal des Audiences tom. 1, liv. 11. ch. 10.

2

ordinatio Regia qua benè fervatur in hoc regno, & fuit fecundum eam prolatum Arreftum Tholofa nuper ut habui ab egregio, & do&rinâ admirabili viro D. Deferta, olim Senare regio in dicto Parlamento, nec vero Prafide bis fallit in Epifcopatu & Archiepifcopatu quos ad nomina, tionem Regis habere poffunt.

(e) Stylo Parlam. part. 3. tit. 32. §. 2.

(f) Vaillant fur Louer reg de infirm. refign. n. 307. De moi, dit l'Auteur des Définitions canoniques, Tit. Mandians n. 24. je crois que la véritable raison pour Laquelle on ne veut accorder aux Mandians la faculté d'être Curés, c'est parce que ce feroit leur donner moyen de détruire leur vou, & leur faire perdre la qualité de Mandiant, dont le propre eft de chercher leur vie, & leur fubfiftance dans la charité des Fidéles, & de vivre felon leur libéralité, qui eft une peine qui leur eft impofée par la févérité de leur Régle, de leur Profefion & de leurs Statuts.

S'ils étoient Curés, ils ne feroient plus Mandians, que par leur habit, & romperoient leur vou en ce qu'ils poffederoient des biens en particulier, ce qui eft gontraire à la qualité de Mandians.