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reste pour favoriser ce mouvement, et sans doute il se flattait de pouvoir ensuite se jeter lui-même en Tyrol. S'il est vrai que les généraux autrichiens aient adopté ce plan de retraite excentrique à la Bulow, cette résolution était le digne complément de toutes les sottises qu'ils avaient déja commises. C'était en jetant 4 mille hommes seulement dans Ulm et se serrant en masse avec tout le reste qu'ils pouvaient se flatter de gagner ou la Bohême ou le Tyrol, et non en se morcelant sur toutes les routes. En agir ainsi, c'était vouloir ruiner leur armée en détail.

Haslach.

Quoi qu'il en soit, un corps de 25 mille hom- Combat de mes était sorti d'Ulm par la rive gauche le même jour où Ney, mal dirigé par Murat, rappelait la division Loison d'Elchingen sur la Roth, et partait de Gunzbourg avec celle de Malher pour la joindre mes généraux semblaient s'être ainsi donné le mot pour ouvrir à l'ennemi une issue qu'il ne devait plus espérer. Pour surcroît de contrariété, Baraguey d'Hilliers, chargé de se réunir à Dupont vers Albeck afin de marcher de concert sur Ulm, n'en fit rien. Dupont, arrivé seul le 11 octobre au village de Haslach, avec 6 bataillons et 3 régiments de cavalerie, y donna sur tout le corps de bataille de Mack. La fortune répara ces fautes.

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Le général autrichien voulut s'étendre par ses ailes pour envelopper notre petite troupe : sa nombreuse cavalerie fit des mouvements à perte de vue, et courut au loin à gauche pendant que Dupont réunissait ses efforts sur le centre à Jungingen. Ce village fut pris et repris jusqu'à six fois. La 9 légère, qui avait mérité à Marengo le surnom d'incomparable, et la brave 32, l'honneur de l'ancienne armée d'Italie, s'immortalisèrent dans cette occasion. Grace à tant de vaillance, Dupont enfonça la 1o ligne ennemie, enveloppa et prit une colonne isolée, se maintint jusqu'à la nuit, et se mit avant le jour en retraite sur Albeck, emmenant près de 3000 prisonniers. Il laissait à la vérité un champ de bataille jonché du tiers de sa division: la cavalerie, qui s'était promenée derrière lui, enleva 9 pièces de canon et ses équipages; mais il avait triomphé avec 7 mille hommes de plus de 20 mille et arrêté le mouvement de l'ennemi; il revenait couvert de gloire et de trophées. Baraguey d'Hilliers, qui devait le seconder, s'arrêta lâchement à Languenau sous prétexte de ne pas compromettre ses troupes; étrange manière de voler au secours de son collègue! Le lendemain, Ney, induit en erreur par Murat qui prétendait toujours livrer bataille sur l'Iller, avait rappelé Dupont à Gunzbourg

pour ne pas le laisser compromis seul sur la

rive gauche.

le Danube

pour inves

tir Ulm.

J'appris à Augsbourg, le 12, le mouvement Je cours sur que Murat avait prescrit à Ney; j'avais eu d'abord le projet de me porter avec Davoust sur Munich où l'on craignait l'approche des Russes et de l'archiduc Jean; mais je sentis que, sans ma présence sur le Danube, on ne ferait que des sottises; je me rendis en toute hâte à Pfaffenhofen, et dirigeai ma garde sur Gunzbourg. Marmont marcha sur l'Iller; Lannes dut garder Weissenhorn et Pfuhl; Soult se rabattit de Landsberg sur Memmingen pour couper la route du Tyrol. Je reçus, dans la matinée du 13, l'avis du combat inégal soutenu par Dupont ; il n'y avait pas de temps à perdre, je courus à Kissendorf au quartier général de Ney, à qui j'avais déja fait réitérer par Berthier l'ordre de reprendre la position d'Elchingen, ne comprenant rien aux motifs qui avaient pu la faire abandonner. Ce maréchal venait de partir pour Fallheim dans l'intention de reprendre le pont d'Elchingen où une canonade assez vive se faisait entendre.

Mack, instruit le 12 de la disparition de Les AutriDupont, avait lancé le corps de Werneck pour

chiens oc

cupent

le suivre à Albeck; le corps de Laudon dut se Elchingen, porter à Elchingen afin de masquer ce débouché.

Le général autrichien ne savait où donner de

chent Jella

chich sur

la tête; à peine était-il débarrassé de Dupont qu'il apprit que Soult venait de tomber sur son extrême droite à Memmingen, d'investir la division de Spangen dans cette ville, et de refouler Ils déta- les troupes de Wolfskehl sur Ochsenhausen. Il fit partir en toute hâte le général Jellachich Biberach. d'Ulm le 13 pour aller couvrir cette route, et peut-être même pour délivrer Spangen. Il était déja trop tard enveloppé par 25 mille hommes dans une ville ceinte de murailles et d'un vieux parapet, manquant de vivres et de munitions, Spangen s'était rendu le 13 avec environ 7 mille Autrichiens. L'idée de pousser Werneck sur Heidenheim tandis que Jellachich s'en allait vers Biberach, montre assez à quel ennemi nous avions à faire.

Ils brûlent

chingen.

:

Les divisions autrichiennes de Laudon et le pont d'El de Riesch, campées sur les hauteurs d'Elchingen, devaient protéger la marche de Werneck et sans doute celle de l'armée qui se disposait à le suivre. C'était leur avant-garde qui, au moment de mon arrivée à Kissendorf, fit attaquer, le 13 octobre, le pont d'Elchingen où le général Malher n'avait qu'un régiment: l'officier qui y commandait fit couper une arche pour se couvrir contre des forces supérieures, en se repliant sur la rive droite. Ney, qui voyait réaliser tout ce qu'il avait prédit à Murat, se

hâta de rassembler la division Malher sur ce point, et il y marcha lui-même avec celle de Loison. Les Autrichiens, menacés à leur tour par l'approche de ces forces, n'eurent rien de mieux à faire que d'incendier le reste du pont; ce qu'ils ne purent néanmoins exécuter qu'en partie.

Ney fit tous les préparatifs pour le rétablir, Ney se disafin de forcer le passage et de retourner à prese la rive gauche où il était trois jours aupara- commises.

vant. Je trouvai ainsi à mon arrivée tout le ́ mal réparé et mes dispositions prévues et parfaitement exécutées : il s'agissait de combiner les moyens d'y faire concourir le reste de mon armée. Lannes, qui occupait Pfuhl et Kirchberg en face d'Ulm, dut se préparer à soutenir Ney au besoin; Marmont reçut l'ordre de venir relever Lannes dans sa position et de se mettre à cheval sur l'Iller. Soult, aussitôt qu'il eut fait mettre bas les armes aux Autrichiens qu'il cernait à Memmingen, se dirigea vers Achstetten, afin de couper la route de Biberach. Dupont, recevant l'ordre de se porter de nouveau de Brenz sur Albeck, aurait favorisé Ney dans l'attaque d'Elchingen. Tout se disposait ainsi pour l'entier investissement de l'ennemi : quelque parti qu'il prît désormais, sa perte dépendait de la journée du 14.

fautes

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