Page images
PDF
EPUB

Sentant que j'étais allé un peu loin, je m'adressai de nouveau à Withworth en ces termes. «Pour

quoi ces armements, contre qui ces mesures? « Je n'ai pas un vaisseau de ligne armé dans les << ports de France: si vous voulez vous battre, je << me battrai ; il est peut-être possible de détruire << la France, mais non de l'intimider. Vous dites << vouloir la paix, exécutez donc les traités. Mal<«<heur à ceux qui ne les respectent pas; ils en << seront responsables à toute l'Europe, dont ils «< causeront la ruine! » Je me retirai ensuite trop agité pour ne pas craindre de me laisser entraîner de nouveau.

anglais re

jeté.

Cependant mes ministres ayant proposé de Ultimatum souscrire à tout arrangement pour rassurer les Anglais sur l'Égypte, ils feignirent de consentir à ne pas conserver Malte comme propriété, mais de se réserver le droit de l'occuper pendant dix ans. Ils demandaient en outre, 1o qu'on leur fît céder l'île de Lampedouse par le roi de Naples; 2o que mes troupes évacuassent la Hollande et la Suisse; 3° qu'on assurât une indemnité en Italie au roi de Sardaigne. A ces conditions, ils reconnaîtraient le roi d'Étrurie et la république ligurienne. Ferme dans ma résolution de ne pas déroger aux conditions du traité d'Amiens, je rejetai ces différents articles, et il fallut de nouveau courir aux armes. J'avoue que c'était mettre beau

J'occupe de

nouveau

Naples.

Mes troupes

coup en jeu pour un mince avantage; j'aurais pu sans honte et sans danger admettre ces propositions qui peut-être n'étaient pas sincères.

Je ne pouvais faire la guerre qu'en m'assurant des compensations pour les colonies que nous pourrions perdre, et des pays maritimes pour nous aider à la soutenir. Mes troupes rentrèrent dans le royaume de Naples afin d'occuper de rechef la presqu'île de Tarente et de fermer les ports de la péninsule au commerce anglais. St.Cyr conclut à cet effet une nouvelle convention et occupa les Abruzzes.

Mes troupes, renforcées en Hollande, passèrent envahissent le Rhin, et pénétrèrent dans le Hanovre dont Mortier prit possession. Les troupes hanovriennes,

le Hanovre.

Effet pro

invasions

acculées au nombre de 15 mille hommes sur le bas Elbe, capitulèrent à Artlenbourg, et furent licenciées sous condition de rentrer dans leurs foyers. Ces invasions nous convenaient certainement

duit par ces beaucoup; mais elles n'étaient pas du goût des en Europe. autres puissances: on leur reprochait d'être con

traires aux principes reconnus du droit public, qui ne permettent pas à une puissance d'envahir tout ce qui est à sa convenance. La Russie avait quelque intérêt au sort de la Hollande, et l'Autriche ne voyait pas sans déplaisir le sol germanique violé par l'entrée dans le Hanovre. Toutefois, comme le cabinet de Vienne sentait que j'étais

en guerre avec le roi Georges, il ne pouvait pas m'interdire de justes représailles contre ses états; il se contenta d'échanger quelques notes diplomatiques insignifiantes.

La paix de Lunéville, quoique imposée à l'Autriche, la laissait assez puissante pour qu'elle redoutât de courir les chances incertaines de la guerre, dont tout l'avantage se réduirait à faire une diversion utile aux Anglais. Thugut avait cédé le ministère au comte de Cobentzel, homme d'état plus modéré. Je pouvais espérer de conserver avec elle des relations amicales.

La Prusse s'engraissait de sa neutralité, et n'avait aucun motif de la rompre.

La Russie m'observait, et réclamait en faveur de la Hollande, de Naples et du roi de Sardaigne. L'Italie était entrée, à peu de chose près, dans mon système.

rapports

avec l'Es

pagne.

L'Espagne fit quelques difficultés de prendre Nouveaux de nouveau part à la guerre, qui avait été nuisible à ses ports et à ses colonies; elle cherchait à se soustraire au traité de St.-Ildefonse, se flattant de pouvoir conserver sa neutralité. Des débats eurent lieu à ce sujet depuis le 6 juin jusqu'au milieu d'octobre 1803. Il m'était indifférent que la marine espagnole se réunît à la nôtre pour l'instant, et j'étais bien aise que le commerce de l'Espagne prospérât à l'ombre de la neutralité,

[blocks in formation]

car la France y avait toujours la meilleure part. Toutefois, pour ne pas renoncer aux avantages du traité, je fis convertir le contingent en un subside annuel de 60 millions par une convention signée à Madrid le 19 octobre entre Beurnonville et Cevallos, ministre des affaires étrangères.

L'Angleterre eut vent de ce traité, car elle ne tarda pas à prendre un ton menaçant. Au fait, cet état de choses ne convenait pas au ministère britannique: il lui fallait sinon la neutralité absolue de l'Espagne, du moins l'admission du commerce anglais dans ses ports du continent; si elle devait en être exclue, la guerre était préférable. La négociation dura un an, et prit un caractère hostile dès que le ministère eut appris, par l'amiral Cochrane, qu'une escadre de 10 à 12 vaisseaux français, réfugiée de St. - Domingue au Ferol, allait y être armée et réparée, et que les Espagnols faisaient des préparatifs.

Le parti de la guerre avait à Londres de nombreux sectateurs. La décadence de la marine espagnole dispensait de la ménager; elle ajoutait peu aux forces matérielles de la France; ainsi, durant la guerre, toutes les possessions de l'Amérique espagnole resteraient à la merci des expéditions anglaises, ou à l'influence de ses agents, qui y fomenteraient l'esprit d'indépendance les vaisseaux, les galions devien

:

draient la proie de ses croisières et de ses arma

teurs.

Cet intérêt était trop évident pour ne pas amener une rupture. Le cabinet de Londres donna ordre à ses vaisseaux de courir sur les Espagnols, et plusieurs frégates, revenant du Mexique avec 15 à 20 millions en piastres ou en lingots d'or, furent attaquées et enlevées par l'amiral More sans déclaration de guerre préalable. On cria à la piraterie; l'Angleterre se justifia en disant que l'Espagne était alliée de la France et lui fournissait des secours. L'Espagne se vengea en déclarant enfin formellement une guerre à laquelle elle s'était vainement flattée d'échapper en conservant des relations amicales avec le gouvernement anglais.

Le Portugal avait aussi acheté sa neutralité au prix d'un tribut annuel de 16 millions stipulé par le traité du 25 décembre, signé à Lisbonne entre le général Lannes et le ministre portugais. Le reste de l'Europe était également en bonne harmonie avec nous. Afin de resserrer nos liens avec les États-Unis d'Amérique, je venais de leur céder la Louisiane contre le paiement de 70 millions. Il me convenait mieux de la savoir dans leurs mains que de l'exposer à passer dans celles des Anglais, à cause de son voisinage du Mexi

Le Portugal neutralité.

achète sa

« PreviousContinue »