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gnols sortis de Cadix immédiatement après son passage, sous les ordres du brave amiral Gravina.

n'ose pas

Brest.

L'amiral Gantheaume, qui devait appareiller Gantheaume de Brest pour la même destination avec 20 vais- sortir de seaux, ne put y parvenir, ayant devant lui l'amiral Cornwalis avec des forces supérieures, et n'ayant su profiter assez tôt du gros temps pour assurer cette sortie. Il fallut, pour plus de sûreté, adopter la résolution de faire revenir Villeneuve, et d'opérer la jonction vers Brest, en lui laissant le soin de débloquer ce port : l'ordre lui en fut envoyé par l'amiral Magon, sorti à cet effet de Rochefort avec deux vaisseaux.

Nelson, instruit de la sortie de l'escadre de Toulon, s'était persuadé qu'elle était destinée pour l'Égypte. Le rassemblement du corps de St.-Cyr, à Tarente, au fond de la presqu'ile de Naples, et les troupes prises à bord de l'escadre, rendaient cette conjecture plus probable que toute autre. Aussi Nelson courut-il chaque fois jusqu'aux bouches du Nil. Il ne fut pas peu surpris d'apprendre que Villeneuve avait débloqué Cadix, et continué sa route dans l'Océan.

Quoiqu'il n'eût que dix vaisseaux abîmés par une croisière de deux ans, l'amiral anglais fit voile pour Lisbonne, aussitôt que le vent lui permit de franchir le détroit; et certain, par les nou

Nelson court en

Égypte.

de Ville

velles qu'il y reçut, que les Français cinglaient vers les Indes occidentales, il résolut de les

suivre le 11 mai; au moment où Villeneuve Operations mouillait déja à la Martinique. Celui-ci ne neuve aux sut pas profiter de l'avance qu'il avait sur Antilles. l'ennemi, ni des troupes de débarquement

Il revient

que je lui avais données; il se borna à l'attaque du rocher du Diamant où les Anglais avaient fait le dépôt de leur croisière dans les Antilles. Important comme poste secondaire, ce rocher ne l'était point assez pour fixer exclusivement l'attention de l'amiral français, et la prise en était assez difficile, faute d'espace pour y débarquer. Le colonel Boyer, chargé de l'entreprise avec quelques compagnies, se glissant de grotte en grotte et de rocher en rocher, hissant ses tirailleurs avec des cordes, parvint à emporter ce petit Gibraltar et à y faire 150 prisonniers. Cette escalade périlleuse autant que pénible est un des plus beaux faits d'armes de cette guerre maritime.

Après avoir perdu inutilement trois semaines en Europe. à attendre la flotte de Brest, Villeneuve se décida à opérer contre les îles anglaises, et tira à cet effet des renforts de troupes de la Guadeloupe et de la Martinique; lorsque le contreamiral Magon lui apporta, le 6 juin, l'ordre de revenir en Europe, afin de se réunir à l'escadre du Ferrol et de Rochefort, et de dé

bloquer ensuite Brest où Gantheaume l'attendait avec 21 vaisseaux, ceux-ci reçurent l'ordre de sortir en rade pour prendre part à la bataille, si elle avait lieu.

Instruit, en même temps, de l'arrivée de Nelson à la Barbade, Villeneuve, s'appuyant sur l'ordre qui le rappelait, appareilla le 10 août, sans même se donner le temps de mettre à terre les troupes de débarquement qu'il avait emmenées et que j'ordonnais de laisser à la Martinique, pour pousser avec succès la guerre dans les Antilles.

vient aussi

en Angle

terre.

Nelson, ayant appris son départ, ne douta Nelson renullement qu'il n'attaquât la Trinité, et courut au secours de cette île. Désabusé, il revint sur Antigoa ce ne fut que plusieurs jours après qu'il sut enfin que Villeneuve reprenait la route d'Europe. Alors il se dirigea vers Cadix, envoya en toute hâte des avisos pour en prévenir les stations et l'amirauté; puis, après avoir vainement cherché des renseignements sur la marche de notre escadre, il retourna avec deux vaisseaux en Angleterre, et envoya les 9 autres renforcer la flotte de Cornwallis devant Brest, persuadé un peu tard que la réunion de toutes nos forces sur ce point était notre unique objet.

Origine

velle coali

CHAPITRE VIII.

Projet de Pitt
pour abaisser la France. Troisième coalition.
Campagne de 1805. Batailles d'Ulm et d'Austerlitz. Opé-
rations en Italie et Tyrol. Démêlés avec la Prusse. Traités
de Vienne et de Presbourg. Les électeurs de Bavière et de
Wurtemberg prennent le titre de roi. Masséna envahit
le royaume de Naples. Guerre maritime. Bataille navale
de Trafalgar.

La sortie de forces navales si considérables, et d'une nou- la présence de 160 mille braves en face et à vingt tion. lieues de ses ports, étaient bien faites pour inspirer de justes alarmes à l'Angleterre; elle sentit le besoin de s'en débarrasser à tout prix. A peine Pitt fut-il replacé à la tête du ministère, que cet infatigable ennemi de la France chercha dans toutes les cours de l'Europe des alliés à nous opposer.

Le voile qui couvre l'origine de la troisième coalition n'a été jusqu'à ce jour soulevé qu'à demi; la Russie paraît en avoir donné l'impulsion; d'autres l'attribuent au cabinet de Londres, et quoi qu'il en soit, tous deux ne pouvaient tarder à s'entendre, dès que l'ambassade russe avait quitté Paris sans que j'eusse satisfait à aucun de

ses griefs, et que celle de Suède venait d'imiter son exemple.

Le cabinet de St.-James travaillait de tout son pouvoir à envenimer ces ressentiments: le prince Czartorinski, ministre des affaires étrangères, ayant laissé entrevoir au ministère anglais les dispositions où l'empereur Alexandre était de s'opposer, à main armée, à tout empiétement ultérieur de ma part, Pitt saisit avec avidité cette ouverture, et une négociation fut entamée à l'instant pour ourdir une coalition formidable, seul moyen de détourner l'orage prêt à fondre sur l'Angleterre. On a dit que ces communications de Czartorinski étaient une manoeuvre concertée d'avance par des hommes dont l'attachement à l'Angleterre n'était point un secret.

Il ne suffisait plus à notre implacable rival d'imposer des limites à la puissance française; il voulait encore contester celles qui venaient d'être sanctionnées par des traités, nous faire rétrograder dans les limites de 1792. Sans cela, comment promettre à l'Autriche un agrandissement qui pût l'entraîner à la guerre? comment y décider la Prusse ?

Projet de

La fameuse note du 16 janvier, qui proposait Pitt pour à l'Europe le partage de nos dépouilles, est un monument curieux, et qui justifie tout ce que 792

nous reléguer dans les limites

de

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