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gré ce succès, je ne voyais en ligne que cinquantecinq mille hommes, et ce n'était plus assez pour me maintenir sur l'offensive; je crus convenable de me replier sur la France. Le 1" novembre j'étais sur le Rhin, et le 2, j'entrais à Mayence.

» Là, de nouveaux malheurs allaient achever de dévorer mes braves soldats; des maladies pestilentielles et mortelles s'emparèrent des hôpitaux, où soixante mille Français bourgeois et militaires trouvèrent la fin de leur triste existence. Du moins en expirant, ne virent-ils pas l'envahissement de leur belle patrie....; de leur patrie abandonnée par ses propres enfants.

» Le 9, je rentrai à Paris. Le 12, je disais au Sénat conservateur :

« Toute l'Europe marchait avec nous, il y a un » an; toute l'Europe aujourd'hui marche contre >> nous: c'est que l'opinion du monde est faite par » la France ou par l'Angleterre, nous aurions » tout à redouter sans l'énergie et la puissance » de la Nation. >>

» Le 19 décembre, à l'ouverture de la session du Corps Législatif, je parlai en ces termes :

>>

<<< MESSIEURS,

» D'éclatantes victoires ont illustré les armées » françaises dans cette campagne; des défections » sans exemple ont rendu ces victoires inutiles, >> tout a tourné contre nous; la France même se

>>rait en danger sans l'énergie et l'union des » Français.

» Dans cette grande circonstance, ma première pensée a été de vous appeler près de moi, mon » cœur a besoin de la présence et de l'affection de » mes sujets.

» Je n'ai jamais été séduit par la prospérité, l'adversité me trouverait au dessus de ses at» teintes.

» J'ai plusieurs fois donné la paix aux nations lorsqu'elles avaient tout perdu d'une part de » mes conquêtes. J'ai élevé des trônes pour les » rois qui m'ont abandonné.

» J'avais conçu et exécuté de grands desseins » pour la prospérité et le bonheur du monde. » Monarque et père, jé sens que la paix ajoute à » la sécurité des trônes et à celle des familles. Des négociations ont été entamées avec les puis»sances coalisées, j'ai adhéré aux bases préli>> minaires qu'elles ont présentées; j'avais donc l'espoir qu'avant l'ouverture du congrès de » Manheim tout serait fini, mais de nouveaux re» tards qui ne doivent pas être attribués à la >> France, ont différé ce moment que presse la » paix du monde.

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» J'ai ordonné qu'on vous communiquât toutes » les pièces originales qui se trouvent au porte>> feuille de mon département des affaires étrangères. Vous en prendrez connaissance par l'in

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>termédiaire d'une commission. Les orateurs de » mon conseil vous feront connaître ma volonté » sur ce sujet.

>> Rien de ma part ne s'oppose au rétablisse» ment de la paix, je connais et partage tous les >> sentiments des Français; je dis des Français, > parce qu'il n'en est aucun qui désirât la paix au prix de l'honneur (1).

» C'est à regret que je demande de nouveaux » sacrifices à ce peuple généreux, mais ils sont > commandés par les plus nobles, par ses plus >>chers intérêts. J'ai dû renforcer mon armée par

de nombreuses levées, les nations ne traitent » avec sécurité qu'en déployant toutes leurs for»ces; un accroissement dans les recettes devient

indispensable. Ce que mon ministre des finan» ces vous proposera, est conforme au système » de finance que j'ai établi; nous ferons face à » tout, sans emprunts qui consomment l'avenir, sans papier monnaie qui est le plus grand ennemi de » l'ordre social.....

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» Le Danemarck et Naples me sont restés fidè» les..... J'ai reconnu la nationalité des 19 can

(1) Bientôt Murat et sa femme oublieront, dans leur ingratitude, qu'ils doivent tout à la France et à Napoléon, et en janvier 1814, traiteront avec les coalisés. Le prince de Lucques, Bacchiochi et la princesse sa femme, sœur de Napoléon, suivront cet exemple, mais leur égoïsme sera puni. Comme on ne les craint pas, on les chassera sans

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>> tons Suisses... Messieurs, vous êtes les organes »> naturels de ce trône, c'est à vous de donner l'exemple d'une énergie que recommande notre génération aux générations futures. Qu'elles ne » disent pas de nous : Ils ont sacrifié les premiers » intérêts du pays, ils ont reconnu la loi que l'Angleterre a cherché en vain pendant quatre » siècles à imposer à la France.

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» Mes peuples ne doivent pas craindre que la politique de leur Empereur trahisse jamais la gloire nationale; de mon côté, j'ai la confiance » que les Français seront dignes d'eux et de » moi. »

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façon de leurs États, et ils l'auront bien mérité. On n'a jamais su assez tout le mal que Murat, sa femme et la princesse Élisa, ont fait à la famille impériale des Bonaparte et à la France en même temps. C'est un point qui sera traité amplement dans les mémoires du baron de Lamothe Langon, ainsi que nombre d'autres non moins intéressants, qui concerneront les maisons de Bourbond'Orléans et de Bonaparte. Cet ouvrage curieux paraîtra lorsque la santé affaiblie de l'auteur lui permettra de le terminer. Ils embrasseront toute la révolution française, qui dure depuis 1789 jusqu'à aujourd'hui.

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SOIRÉE XLVI.

État des affaires.-Sédition du Corps Législatif.

Colloque entre Napoléon et Raynouard. - Adresse du sénat et du Corps Législatif. Allocution de l'Empereur au conseil d'État. - Le Corps Législatif est ajourné. — Discours de Napoléon au sénat. Les reproches au Corps Législatif.-Suite des évènements.-L'Empereur fait l'éloge du prince Eugène. Lettre admirable de celui-ci au czar. Carnot. Sa lettre à Napoléon. - Forces respectives de la coalition et de la France. - Réflexions impériales.

« Je touchais au moment fatal, où, avec mon trône, allait s'écrouler la gloire de la France, à cet instant douloureux où mon peuple, au lieu de ne voir que son intérêt et sa grandeur, se mit à me punir des fautes commises par l'enivrement de la postérité. En se ralliant à moi au lieu de m'abandonner, nous eussions fait trembler l'Europe! Mais non, la stérile joie de ma perte fermait les yeux sur l'anéantissement de la puissance fran

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