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semblent renaître, il serait bien coupable celui qui tenterait d'en arrêter l'essor par le changement, l'astuce et la perfidie (1). » — « Je veux être digne de la confiance de la nation en maintenant la Constitution que j'ai jurée (2). » << Des bruits de coup d'État sont, peut-être, venus jusqu'à vous, mais vous n'y aurez pas ajouté foi; je vous en remercie. Les surprises et les usurpations sont le rêve des partis sans appui dans la nation (3). » -« Le titre que j'ambitionne le plus est celui d'honnête homme, je ne connais rien au-dessus de mon devoir (4). » — « La règle invariable de ma vie politique sera, dans toutes les circonstances, de faire mon devoir, rien que mon devoir. Lié par mon serment, je me renferme dans les strictes limites que notre loi fondamentale m'a tracées (5). »-« Je respecterai toujours les droits de l'Assemblée (6). » — « Je ne vous demanderai rien qui ne soit d'accord avec mon droit reconnu par la Constitution (7). » - « Comme elle pourrait être grande la République française, s'il lui était possible de vaquer à ses affaires (8) ! » -«Les hommes qui ont déjà perdu deux monarchies veulent me lier les mains afin de renverser la République. Mon devoir est de déjouer leurs perfides projets, de maintenir la République (9). » — « Bientôt, le pays pourra accomplir, dans le calme, l'acte solennel qui doit inaugurer une ère nouvelle pour la République (10). » -«Conservons la République ; elle ne menace personne, elle peut rassurer tout le monde (11). »

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(4) Au maire de Strasbourg, août 1850.

(5) Message du 12 novembre 1850.

(6) Lettre au président de l'Assemblée, e 19 janvier 1851.

(7) Allocution aux officiers,

novembre 1851.

(8) Allocution aux exposants francais, 26 novembre 1851.

(9) Proclamation du 2 décembre 1851.

(10) Proclamation du 6 décembre 1851.

(11) Discours d'ouverture de la session législative 29 mars 1851

Voilà bien l'homme dont lord Cowley 1) disait: il parle peu, mais il ment toujours ! » Il avait, suivant les conseils de sa mère, trompé tous les partis, étudié et imité le machinations du plus grand acte politique de son oncle, surveillé les occasions propices, amené de loin son usurpation criminelle. Ainsi que le lui avait prédit cette créole immorale, ardente et rusée, la couronne impériale était le prix de sa docilité aux leçons maternelles. Devenu, grâce à ces leçons, « le maître de pourvoir à l'organisation du pays,» il se garda d'oublier celles que, dans cette hypothèse, sa prévoyante mère lui avait aussi données : « Ne souffrez pas qu'on parle quelque part sans vòtre autorisation expresse... il n'y a presque pas de gouvernement qui puisse résister à l'examen de son origine et à la discussion des actes personnels du maître. » Louis Bonaparte savait, comme tout le monde, que ses actes personnels n'auraient pu résister, un seul instant, à la moindre discussion, ni les origines de son pouvoir brigandé au moindre examen; aussi, réduisit-il au silence le plus absolu la France dont il aurait voulu étouffer la mémoire comme il en étouffait la voix et qui se fût bien vite désasservie s'il ne lui eût pas mis le bâillon recommandé par la reine Hortense.

Le 2 décembre 1852, premier anniversaire de son grand crime, Louis Bonaparte donna le bâton de maréchal de France à ses deux complices Saint-Arnaud et Magnan. Par où purent-ils le prendre sans ensanglanter leurs mains? Le général Castellane fut élevé aussi au maréchalat.

A la tête d'un cortége brillant, le nouvel empereur quitta le palais de Saint-Cloud et se rendit aux Tuileries où sa famille et ses courtisans l'attendaient; il parut au balcon donnant sur la cour où se massaient dix mille soldats qui lui présentèrent les armes. Les canons, les trompettes, les tambours, les musiques militaires saluaient l'apparition du

() Ambassadeur d'Angleterre à Paris.

drapeau tricolore sur le faîte du palais qui sera, désormais, la résidence de Napoléon III, et Paris célébra la fête de la proclamation de l'empire.

Mais, la machine infernale, et « les monstres qui, n'ayant rien d'humain, rien de français, avaient révé une scène de sang et de mort (1), qu'était devenu tout cela ? L'effet qu'on en attendait ayant été produit, chaque chose avait repris sa płace, « les monstres » dans les rangs de la police, « les · engins infernaux » dans le magasin des accessoires, rue de Jérusalem; et il n'en fut plus question du tout.

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(1) Article publié par M. Arthur de la Guéronière après la découverte de cette machine.

FIN DU PROLOGUE DU SECOND EMPIRE

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LE SECOND EMPIRE

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