aussi profond que pratique : « Quand je vais auprès d'un homme, riche ou pauvre, pour calmer ses remords, exciter ses vertus ou apaiser ses douleurs, je lui souhaite la paix, mais ne la lui donne pas. Je ne puis lui dire: Vous avez fait une mauvaise action, allez au tribunal où elle sera jugée et pardonnée; - vous souffrez, allez à l'autel où Dieu luimême viendra en vous pour vous consoler. Je puis être comme un ami qui souhaite la santé à son ami, je ne suis jamais comme un médecin qui la lai rend. Où en serait l'assistance charitable en Angleterre, conclut M. Cochin, si cette puissance n'était pas ce qu'elle est, une puissance maritime en même temps que commerciale; si toutes les mers ne faisaient pas, pour ainsi dire, partie de son territoire, et tous les pays partie de son marché; si elle n'avait pas aujourd'hui l'Australie et la Californie, qui ont reçu, en 1852, trois cent soixante-huit mille sept cent soixante-quatre de ses enfants; si l'émigration et la famine n'avaient pas arraché à la malheureuse Irlande trois millions de ses habitants en dix ans. (Report of colonial land and emigration commissioners, 1853.) En somme, l'histoire de la législation charitable et du paupérisme en Angleterre prouve à l'excès que, dans ce grand pays, on fait d'immenses efforts pour nourrir le pauvre, on ne le moralise pas; on craint le pauvre, on ne l'aime pas; nous n'oserions pas dire qu'au lieu de lui faire la charité, on lui fait la guerre, si ce mot n'était pas prononcé par un des plus remarquables écrivains qui aient traité cette matière, M. Charles Weston (1802, Remarks on the poor laws), dans une page empreinte d'une éloquence expressive et douloureuse: Ainsi, dit-il, après une guerre continue de cent quarante ans, nous avons enfin gagné une complète victoire, et fait nos ennemis prisonniers de guerre; mais, comme à l'issue d'une guerre civile, nous trouvons que nous avons épuisé nos ressources, dépeuplé notre pays, vicié ses mœurs, énervé son énergie, et qu'en échange, nous avons conquis un désert désolé, fertile seulement en plantes dangereuses, en animaux venimeux, en éléments contagieux; un territoire qui nous donne uniquement des êtres vicieux, dégradés, insouciants, dont nous ne tirons ni honneur ni avantage, qui sont une entrave à notre force, un fardeau pour notre industrie, une souillure pour notre morale, et une contagion de l'espèce la plus mortelle pour notre bien-être national, et nous laissent exclusivement préoccupés des moyens de nous débarrasser d'un butin si fatalement acquis. Ce sentiment divin de la charité, qui porte nonseulement à respecter le droit du faible et la place du pauvre, mais à les comparer, à les juger trop petits, à vouloir les élever, les dilater, qui fait l'honneur de la France, on le chercherait vainement dans les mœurs et dans la législation, nées de la réforme, qui ont ôté au riche toute vraie charité, au pauvre toute dignité, toute reconnaissance. Au fond du cœur de l'un et de l'autre, on trouve la loi et le respect de la loi; mais c'est la loi des hommes; ce n'est pas la loi de Dieu. (Lettre sur le paupérisme en Angleterre, par M. Augustín Cochin. Annales de la charité 1854.) Concluons: Après la pitié antique, mêlée de tant d'alliage, après la miséricorde juive, isolée en Judée, la tradition des apôtres a fondé la charité catholique, que le fatalisme de Mahomet a paralysée, et que le protestantisme a fait dégénérer en assistance rationaliste, se mourant de langueur en France, et s'épuisant, en Angleterre, en manifestations fastueuses et en efforts impuissants Voy. CLERGÉ (influence du); CONGREGATIONS hospitalières et enseignantes, etc. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. - 11 CHAP. II. Droit canon. Administration des secours à domicile aux xn et xm siècles. Suite du même sujet. X1 et xv siècles. Arras. Dijon. 14 CHAP. III. —xvi® siècle.- Strasbourg.-Aumônerie de Saint-Marc (1523).—Mortagne (Ore) (1550) —Aumônerie générale de Lyon.-Procession de l'aumône de Lyon. -Ordonnance de Charles IX.--Bourse des pauvres de Lille (1531).—Décision du parlement (5juin 1552).—Injonction du parlement du 5 février 1555 -- Ordonnance du roi (1556).-Arrêt du parlement de Toulouse du 10 mars 1558 Bureau général des pauvres de Paris (1544).—Edit de Henri II (1547).- Secours à domicile à Rouen (1531).— Ordonnance de Moulins (1566). Lettres patentes de Charles IX (1572). Règlement de l'aumône de Metz (octobre 1572). Juridiction de l'aumône de Paris (1578). Exposé de la situation de l'aumône de Paris (1582). Edit "de 1586. Disette à Paris. Arrêt du parlement (1587).- Caractère de la cotisation à l'aumône générale (1596). — Arrêt du pariement (1597). 21 CHAP. IV. XVI siècle. Grand bureau des pauvres reli à la police de Paris; arrêt du Parlement (1626).-Bureau des pauvres de Beauvais (1629). Temps de contagion ( 1631 ).— Différend relatif aux quêtes dans les églises; arrêt du Parlement (1659).— Nouveau débat relatif au droit de quêtes (1641).— Arrêt relatif aux taxations. Même sujet. Injonction aux commissaires de rendre compte. Responsabilité 1555 du receveur général des pauvres (1616).- Bourse com- - 73 CHAP. V. XVIe siècle. Considérations générales. - Bureau 95 157 CHAP. I. - Premier soin de l'Assemblée constituante. 137 CHAP. II. Situation des bureaux modernes. Ac- 162 CHAP. III. Revenus des bureaux par départements. CHAP. VI. Secours distribués. - Absence de mé- SECTION III. CHAP. Ier. - Etude approfondie des secours à domicile 187 206 CHAP. II. Ordonnance du 29 avril 1831. 208 CHAP. IV. Causes génératrices de la misère. CHAP. V. - Recettes des bureaux de bienfaisance de - CHAP. VI. Mouvement des secours. - Dépenses en CHAP. V-Exemptions, franchises, immunités et pr 1 31 CHAP. VI. Droit d'octroi.--Droit sur l'entrée des um raux de bienfaisance. Jeunes-aveugles. Sourds- muets de Paris, sourds-muets de Bordeaux, maison de Charenton, hospice des Quinze-Vingts, hospi e du mont Genèvre. Subvention sur les fonds de secours géné- Faux aux hôpitaux, hospices, asiles d'aliénés, bureaux de bienfaisance et établissements privés.-Secours extraor- dinaires. Crédit ordinaire et extraordinaire en 1841. -Les subventions aux hospices s'appliquent, en 1843, à 61 départements, et celles aux bureaux de bienfaisance à 57 départements.-En 1845, les subventions appliquées à la charité privée s'élèvent à 155,000 fr., dont 47,000 fr. à des œuvres de Paris, au nombre de 24. — Secours spé- cial aux sociétés de charité maternelle. - Fonds de se- Cours de l'Etat applicables aux personnes dans l'indi- gence, qui ont des droits à la bienveillance du gouver- CHAP. IV. Fonds commun. Sa nature et sa desti- nation. Fonctionnement du fonds commun. Sa rela- tion avec la charité. Premier et deuxième fonds commun. Répartition du premier fonds commun. Ré- partition du deuxième fonds commun. CHAP. V. — Concours indirect de l'Etat. — Budget de l'Etat, dans ses rapports avec ceux qui en vivent. - Le budget porte une partie du poids de la société sur laquelle il pèse. 219,000 individus remplissent des emplois ci- vils sans avoir besoin de connaissances spéciales, et re- coivent de l'Etat 145,000,000 fr. Le budget salarie 63,000 personnes instituteurs ou institutrices, 50,000 can- tonniers, 30,000 gardes-champêtres, etc. - Le chiffre de l'armée, en 1844, est de 344,000 hommes, dont 50,400 en- gagés volontaires. La marine emploie 34,625 person- nes. Le budget des cultes, à la même époque, rétribue 54,000 prêtres. Les retraités civils forment un per- sonnel de 49,000 individus. —Les militaires recevant des pensions s'élevaient, en 1835, à 121,807 individus, CHAP. VIII. Concours des communes à l'assistance. - Revenu total des communes. Dépenses ordinaires et extraordinaires. Classification des communes en raison de leur revenu. Les subventions communales relatives à l'assistance sont comme celles des départe- ments. Subventions des communes considérées en masse, par départements. - Enfants trouvés, aliénés, CHAP. IX. Concours de la charité privée. — Dons et legs aux hospices, moyenne annuelle. -- Chiffres de 1833 à 1841. Dons et legs par départements en 1841. — Li- béralités comparées. Evaluation du conseil d'Etat. Dons et legs aux bureaux de bienfaisance. Ils s'élèvent, de 1816 à 1826, à 11,183,659 francs, de 1826 à 1856, à 13,441,269 francs. Nature des dons et legs. - · Por- tion capitalisable.-Détails.-Legs Monthyon.-- Législa CHAPITRE I. Charité en Angleterre. Trois épo- ques dans les institutions charitables de l'Angleterre." Caractère de l'assistance anglaise.-La taxe des pauvres a pour point de départ le protestantisme. - Statuts qui l'organisent. Tentative de défense de la taxe des pau- vres, par les économistes.--Workhouses.- Immense dé- veloppement de la volontary contribution, servant de pen- dant à la taxe des pauvres. - Nomenclature. Exposé des œuvres publiques et privées. - Asiles de nuit. CHAP. II. Secours à domicile à l'étranger. - Genève, Fribourg, canton de Vaux.-Hambourg.-Hollande.-Se- cours à domicile en Italie. Etats-Romains, Comtat Venais- CHAP. III. Secours hospitaliers à l'étranger. - An- gleterre. Détails sur les Workhouses. Détails sur les asiles de nuit. Hôpitaux. Visite aux hôpitaux de Londres. Hôpitaux royaux. Colléges médicaux et chirurgicaux annexés aux hôpitaux. Hôpital Saint-Thomas. Hôpital Saint-Georges. Hôpital Brompton. Hôpital Chelsea. Ho- pital de Greenwich. - Ecosse.- Irlande.-Hollande. — Suisse. Dix grands hôpitaux. Genève. Båle. Berne. Hospices des Bourgeois. Bourgeoisies Suisses. Fribourg. Bourgeois. Lauzanne. Secours hospitaliers en Italie. Rome. Naples. Toscane. Etats-Sardes. Nice. - Belgique. Bruxelles. Hospice Saint-Jean. Historique, construction. Visite à l'hospice Saint-Jean. Liége.-Espagne.-Vienne. CHAP. IV. - Administration de la charité à l'étranger. -Angleterre. - Budget de l'hôpital Saint-Thomas de Londres. Régime alimentaire. Hôpital de Bridewell, dépense et personnel administratif. Dépense et person- nel administratif de la maison de travail du même hôpi tal. Dépense de la même maison. - Personnel adminis- tratif de Bethlem.-Régime administratif à Greenwich.- Administration en Amérique. - Cantons suisses. - Rus- sie. Italie, historique, ix x, x1o, xuo, xìï et xiv° siè- cle. Administration moderne: Rome, Milan, Trieste. Venise, Etats de Parme, Etais-Sardes, Turin. tanéité des secours à domicile et des secours hospita- liers. Moyenne des prix de journée. -- Ensemble de SECTION 1. Pitié antique. Première époque.— Age homérique, morale d'Hésiode.-Loi du travail. -Précepte de la pitié. Principe de la solidarité humaine. -Pro- méthée. Pandore. Conséquences de la solidarité humaine.--Solidarité humaine personnifiée. Prométhée. -Pressentiments d'un Sauveur. Bienfaiteurs de l'ho- manité de l'âge homérique. Thésée.-Pitié antique dans les faits. OEdipe. Antigone.-L'homme humain des temps héroïques. Alliance de la pitié envers les hommes à la SECTION. I. Deuxième époque. -- Siècle de Périclės. - Pressentiment du prosélytisme chrétien chez Socrate. -Aspirations paiennes à la morale évangélique - Euri- pide. Rameaux des suppliants. — Athènes élève des autels à la pitié. — Pitié dans Eschyle. — Tragédie des Suppliantes. Démosthènes. Pitié dans les lois- Pitié dans la philosophie. -Amour du prochain soupçonné par Socrate. Socrate prototype de la sagesse paienne. Il se dévoue à l'éducation des âmes.--11 scrute la con- science d'autrui. Son abnégation. Il enseigne le mé- pris des choses périssables. - Socrate dans sa vie. -Sa patience. Son amour de la pauvreté. — Il pardonne à ses accusateurs et à ses juges. — Sa mort. — L'enseigne- ment de Socrate finit avec lui. Aristote ne voit dans l'homme que l'homme social. La morale de Zénon, SECTION III. Obstacles apportés par la civilisation a- tique aux progrès de l'humanité. —Religion antique, le ciel paien. Les dieux d'Homère. - Irrévérence envers les dieux. Les oracles. Eternité socratique. - Vague de la morale de Socrate. Défectuosité de la morale antique. Doctrine de la vengeance.- Restrictions aux principes de la pitié antique. La pauvreté jugée p.7 Aristophane. Dédain de Socrate pour les malades et les infirmes. - Abaissement des masses. Qualification on- trageuse des masses. Platon, Aristote, Xénophon, Aris tophane. Inégalité des bomines devant Dieu.-Abais sement de la femme. - Patriotisme antique opposé à la SECTION V. Obstacles apportés par la morale et par les mœurs de Rome au règne de la charité.—Observations générales. Cicéron nie le gouvernement de la Provi- prisonniers de guerre. Coutumes inhumaines dans les honneurs du triomphe. Cruauté des combats de gla- diateurs. Corruption des mœurs publiques. - De quel poids Rome pèse sur le monde. Abaissement des reurs. Mépris pour l'homme dans le nouveau-né. Droit de vie et de mort sur l'enfant. — Loi de Romulus; loi des douze tables. -Immolation des adultes.-Barbarie attestée par les dissertations des rhéteurs - Témoi- gnage d'Òvide; autres témoignages. — Il n'est pas vrai que Rome eût été préservee du paupérisme par l'escla- vage et l'infanticide. Réfutation de cette fausseté his- torique. Difference fondamentale entre l'ère paienne SECTION VI. — Miséricorde juive. Exposé de cette doctrine. -Suite du même sujet. Psaumes. Pro- verbes - Isaie. — Ezechiel. — Daniel. Osée. - Ma- Tédictions bibliques contre les impitoyables. — Aumône alliée à l'idée d'offrande à Dieu. - Suite du même su- jet.-Suite du même sujet - Démonstration. Premier âge du monde. Deuxième époque. — Troisième épo- § - Esprit de la charité chrétienne. - Prolégomè- nes - - Considérations préliminaires. Justification des droits de la charité évangélique à régir l'humanité. § II. Doctrine de la charité enseignée par Jésus- Christ. Humanité antique comparée par Jésus-Christ à la charité chrétienne. Principe de la fraternité hu- maine -Solidarité humaine. Texte sacramentel de la loi de la charité. Comment doit être pratiquée la charité. Première parabole. Deuxième parabole. Troisième parabole Quatrième parabole. fication de la pauvreté. Enseignement à la classe souffrante. Réhabilitation de l'enfance. Consolation des affligés. Secours des malades Doctrine du par- don. Condamnation des impitoyables. SHI.Jésus-Christ arché-type de la charité. — Jésus- Christ naît pauvre. Ses miracles sont des œuvres de charité.. Suite du même sujet. Conséquence de sa mission. Suite du même sujet - Suite du même su- jet. Charité exercée envers les pécheurs. - Pratique tion de la monasticité sur la charité. - Vie cénobitique. Application des monastères à la pénitence des grands pécheurs. L'organisation du travail a son type dans les monastères. Le travail monastique profite aux indi- gents. La monasticité dans ses rapports avec la société générale. Hospitalité monastique; éducation des en- Radegonde. yn siècle. Expression de la libéralité du moyen âge. - Saint Bernard des Alpes. Le grand docteur saint Bernard. Saint Thomas. Saint Louis. Charité contemporaine. Elisabeth de Hongrie. § V. xvu' siècle. Grandeur charitable du siècle de Louis XIV. Saint Vincent de Paul. teurs de ce saint. Claude Bernard. Une assemblée de charité en 1651. Mission des apôtres.-Jésus-Christ qualifie ses œuvres.~ Application du principe de la charité universelle. pécheresse -La femme adultère. Suite des œuvres de charité. Les cinq pains d'orge. Les sept pains. - Les quatre drachmes. Le fumatique guéri Deux aveugles guéris. Le sourd-muet. La femme courbée guérie le jour du sabbat. Les dix lépreux; guérison de l'ame et du corps L'aveugle-né. Resurrection de la grande aumônière du xvn siècle. Ses immenses charités. Mile de Longuev lle. Magnificence dans la charité. - Hu- de l'âme. Charité de Jésus-Christ pour ses bourreaux. nelon. - Reniement de Saint-Pierre pardonné. - Journée du § VI. xvII siècle. - Belzunce. Nom de Law à 1224 charité du dernier siècle. Charité générale. — Les encyclopédistes.- Louis XVI. - Sa famille. - Les deux courants de la charité sous son règne.-Philanthropisme |