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mises les aumônes volontaires des bourgeois et habitants; item, était faite deux fois la semaine, par la ville et toutes les fêtes par l'Eglise, une queste et collecte qui était apportée entre les mains des tenants le bureau. Ceux-ci nommaient de semaine à autre un ou plusieurs quêteurs, qui, par la ville et églises, faisaient la collecte, en commençant aux plus grands pour donner exemple aux petits. Disaient les quêteurs: Donnez pour Dieu l'aumosne aux pauvres de Mortagne. Item pour enrichir ladite bourse est ordonné prendre le bled qui se donnait pour la confrairie, aux prêtres de l'archidiacrie de Corbonnois, duquel bled le receveur de l'hospital était comptable comme des autres deniers, rentes et revenus d'icelui hospital. Au moyen de cette organisation on espérait arriver à ce que nous appelons l'extinction de la mendicité. Mais il fallait pour cela que la ville n'eût à secourir que ses pauvres, et que des mendiants étrangers ne vinssent pas accroître ses charges. Pour éviter la foule et oppression des mendiants estrangers qui sont et viendront demeurer dans la ville et faubourgs est ordonné qu'ils videront les lieux, et leur sera fait commandement de ce faire dans le mois sous peine de fustigation et for banissemens, sinon à moins qu'ils n'eussent autre estat et industrie de vivre que le métier de mendiant. Défense au bourgeois de recevoir et héberger plus d'une nuit les estrangers mendiants en leurs maisons et logis, sous peine d'amende arbitraire.

Aumônerie générale de Lyon. La disette de 1531 (voir SUBSISTANCES [question des]) fut la source où prit son origine cette durable création. Elle commence en mai et juin de cette année-là. En rendant nécessaire l'organisation des secours pour 8 ou 10,000 pauvres, elle donna l'idée de créer un bureau de secours permanent, sur le même pied. Les 386 livres 2 sols 7 deniers tournois de reliquat de l'aumône extraordinaire composaient le noyau du revenu de l'aumône ordinaire. Malgré le congé donné aux pauvres et aux étrangers lors la dissolution de l'aumône extraordinaire le 9 juillet 1531, le déluge de pauvres dont la ville avait été inondée laissa de longues traces à Lyon, et de nombreuses ordonnances de police durent limiter et règler les secours selon la mesure des besoins et discipliner ceux à qui on les distribuait,« ce finalement, en fut conclu par une grande assemblée de gens de tous estats faite au couvent de saint Bonaventure que les pauvres seraient à jamais comme ils sont entretenus, nourris et endoctrinés. Des membres de l'assemblée bons catholiques et vrays chrétiens avaient vanté l'excellence d'un bureau de charité permanent; c'était une très-sainte et digne œuvre avaient-ils dit, exemplaire à toutes les autres villes et digne de grande mémoire et louange, de fonder cette charité et de toujours entretenir les pauvres de la ville. » Ce n'est pas qu'il n'existât des secours à domicile avant cette époque, mais ils étaient res

tés dans la sphère religieuse. Ils avaient été jusque là organisés dans chaque église par les évèques, dans chaque paroisse par le curé. Ils avaient été la principale attribution des fabriques, les marguillers sous la conduite du curé en avaient été les administrateurs. (Bibliothèque de Bouchel.) Par conséquent la sécularisation des sécours n'a commencé à Lyon qu'en 1531. Le but de la fondation est d'empêcher les indigents d'aller mendier çà et là leur pauvre vie et de faire concurrence aux passants et aux voyageurs. Ce projet fut trouvé bon et louable de chacun. Pour le mettre à exécution le dimanche en suivant s'assemblèrent au couvent de saint Bonaventure MM. de l'église, les gens du Roi, les conseillers et eschevins de la ville et les nations estranges. Les plus considérables d'entre ceux-ci sont: Allemands, Florentins et Lucquois. Il fallait que l'assistance des étrangers attirés par le commerce de cette ville fût immense pour qu'il fût besoin de leur donner ainsi des représentants dans une assemblée communale. Le plan est communiqué dans cette réunion. D'après les coutumes municipales l'administration et sur-intendance de l'aumône ordinaire en propre appartenait de droit aux conseillers (municipaux) et aux eschevins, mais l'assemblée décida qu'en dehors de l'administration supérieure de la municipalité, et pour rendre l'aumosne mieux réglée et plus diligemment administrée, il y aura des gens exprès et d'élite pour gérer et servir ladite aumosne, et fut arrêté le règlement dont les dispositions ont été depuis entretenues et observées. L'assemblée élit trois personnages des plus notables et capables de la ville, quatre pour le costé de saint Jean, et quatre pour celui de saint Dizier, pour administrer l'aumosne. Ils prêtèrent serment pardevant les conseillers municipaux de bien et loyalement servir et administrer pour le fait de ladicte aumosne pendant le temps de deux années sans aucuns gages ny récompense que celle de Dieu et furent nommés et intitulés : les recteurs de l'aumosne. Le règlement porte que chaque année se fera nouvelle élection le jour de saint Thomas avant Noël, en la maison de la ville par les conseillers et eschevins de quatre recteurs qui seront mis au lieu et place des quatre plus anciens recteurs, lesquels feront le même serment que les autres. La relation qui nous fournit ces détails constate que cet état de choses s'est continué sans interruption jusqu'au règne de Louis XIV. Outre les huit recteurs il était nommé un marchand proposé ad hoc qui avait la charge de la provision des bleds. Les huit recteurs avaient sous leur obéyssance, les onze serviteurs et officiers à gage ci-après Un secrétaire, pour le bureau, lequel secrétaire devait être un notaire royal, un solliciteur et clerc pour les affaires sous entendu contentieuses de l'aumosne, un aumosnier pour distribuer l'aumosne aux pauvres passants et étrangers, lequel serait le même qui servait à l'aumosne ordinaire

des cordeliers (3). Le mot d'aumosnier était employé ici dans son sens propre et originaire, mais l'aumonier est personne laïque. Ajoutons quatre serviteurs ou bédeaux, pour donner crainte aux pauvres et leur faire tenir l'ordre nécessaire, et pour rendre d'autres services en cas de besoin, un meusnier, un boulanger, un maître d'eschole ou pedagogue, pour endoctriner les enfants masles, une maistresse pour les filles.

Il fallait à l'aumosne une maison centrale de secours, on l'établit au couvent de SaintBonaventure. Il y est basti un logis pour le fait de l'aumosne. Il est composé premièrement d'une chambre pour tenir le bureau et conseil particulier, et pour retirer les deniers et papiers. Là s'assembleront chaque dimanche les officiers de l'aumosne, les huit recteurs et le notable marchand chargé de la provision des bleds. Les officiers sont : le notaire royal, le préposé au contentieux dont il a été parlé et l'aumônier. Dans cette assemblée du dimanche seront discutées les choses de l'aumosne. Un autre local est destine secondement à faire cuire le pain; dans ce local se trouve un puits et tout ce qui est nécessaire aux boulangers. Un autre local est destiné à bluter et retirer les farines; un quatrième consiste dans un grand grenier jour serrer les grains. Le cinquième emplacement grand et spacieux a pour objet de mettre à couvert bois et charrettes et toutes choses nécessaires à un tel ménage. Les recteurs sont élus pour faire en outre, sur le rhussel, un moulin qui porta le nom de Moulin de l'aumosne. Enfin, un petit cloistre qui existait dans le couvent de Saint-Bonaventure servit de bureau public. Tous les dimanches après midy s'y établissaient les recteurs pour ouyr les requestes et plaintes de tous les pauvres, et leur donner ou reluser l'aumosne, ainsi qu'ils voyaient

estre de raison.

Vient le tour de la discipline. Pour conserver et entretenir de poinct en poinct l'œuvre de l'aumosne, et afin que les recteurs soient bien et duement obeys, il leur est permis par les gens de justice et du consentement des conseillers (municipaux), et eschevins d'avoir l'une des tours des murs de la ville de laquelle ils font leur prison: On a vu les gens de justice et les conseillers eschevins figurer dans l'assemblée municipale, et à portée de faire cette délégation du pouvoir public au bureau de l'aumône. Les recteurs peuvent faire emprisonner et punir les pauvres désobeyssans et rebelles, les détenir en prison par manière de correction. Au cas qu'ils commettent des crimes dignes de punition publique, ils les mettent entre les mains de la justice pour les faire punir selon leurs démérites.

L'aumône de Lyon aura une portée plus grande, son règlement s'occupe des orphefins, et des malades. Tantôt les hôpitaux s'immiscent dans les secours à domicile; tantôt les bureaux de charité s'étendent à

des secours hospitaliers. C'est cette promiscuité qui trompe, l'écrivain orléanais cité plus haut, au x siècle. Le règlement de Lyon porte que les orphelins et les malades seront tous recueillis et logés en un lieu nommé la Chana, auprès du château de Pierre-Céze, duquel messieurs de l'église de Saint-Paul avaient fait don à l'aumosne. Là, les orphelins sont nourris, entretenus chaussez et vestus à la discrétion des huit recteurs, et instruits par leur maistre d'eschole, et tous ainsi que méritent des pauvres petits enfans. Les filles orphelines sont logées et retirées en un autre lieu nommé l'hospital Sainte-Catherine, assis auprès des Carmes, entre les deux fleuves du Rhosne el de Saune, duquel hospital les conseillers (municipaux), furent depuis crééz recteurs par bulle apostolique. L'autorité ecclésiastique apparait encore. Les filles orphelines sont la dedans encloses, et ne sortent dehors qu'elles ne soient accompagnées de leurs maistresses, et sont semblablement nourries, entretenues et instruites comme les enfants orphelins.

Le règlement statue que les pauvres malades tant de la ville qu'étrangers, seront logés et nourris au grand Hostel-Dieu, situé près du pont du Rhosne. A l'égard des malades, la séparation entre les secours à domicile et ceux hospitaliers est tranchée comme on le voit par le règlement.

Mais, pour qu'un bureau de charité pût écrire une telle disposition dans son règlement, il fallait qu'il eût la puissance de la faire exécuter. Le bureau de charité n'est pas à Lyon comme cela se voit à Paris de nos jours une institution subalterne aux hospitaux. Les secours considérés dans leur généralité sont organisés avec ensemble. La création d'un directeur des secours publics à Paris peut produire cet ensemble, mais elle ôte à l'administration charitable son caractère municipal.

Les pauvres malades placés par l'aumône de 1531 à l'Hôtel-Dieu de Lyon devaient être servis par femmes rendues et repenties: l'Hôtel-Dieu se trouvait être accessoirement une maison pénitentiaire pour les Repenties. (Voy. REPENTIES, SYSTÈME PÉNITENTIAIRE.) Quand les pauvres sont guéris, s'ils sont estrangers on leur donne congé et de l'argent pour s'en aller, selon le chemin qu'ils ont à faire. Cette mesure prise à Lyon, en 1531, en faveur des malades au jour de leur guérison, devrait être une mesure générale. Le règlement s'occupe ensuite des secours à domicile proprement dits. Ils s'adressent aux pauvres gens et ménagers (ménages), chargés d'enfans ou d'infirmes, qui au moyen de leurs labeurs et l'ayde de l'aumosne, logent en la ville ainsi qu'ils peuvent, selon leur commodité et puissance, et qui sont en grand nombre. L'aumosne leur est distribuée en cinq lieux : du côté de Saint-Jean se distribuait l'aumosne tous les dimanches au matin. par deux au

(3) Il n'était pas de couvent qui n'eût son aumône à heure et prix fixes.

môniers, au lieu de la Chana et de SaintGeorge, commanderies de Rhodes. On donnait à chaque pauvre l'aumône ordinaire en pain pain de froment, pesant douze livres pour la semaine, et un sol tournois en argent; c'est la part d'un pauvre isolé. A celui qui est chargé de femmes et enfants, on donne deux ou trois semblables aumônes, selon que la nécessité le requiert, et à la discrétion des recteurs; mode très-différent de celui qui consiste à morceler le secours, selon l'état de la caisse et non suivant les besoins du pauvre. Aux gens vieux qui ne peuvent manger le pain, sans doute, parce qu'à la fin de la semaine il était trop dur ou qui sont maleficiez, on donne pour chaque semaine cinq ou six sols; aussi à la discrétion des recteurs et selon leur pauvreté. Cinq ou six sous par semaine équivalaient à quinze centimes par jour de ce temps-ci.

Le sol était divisible par douze deniers, et tandis qu'on n'achète rien pour un centime, on payait maint objet de consommation avec un denier, et a vigile des bonnes fêtes, comme Pâques, Noël, le jour de l'An et des Rois, en l'honneur des bons jours, chaque pauvre recevait double aumosne d'argent, à savoir à ceux qui avaient d'ordinaire un sol on en donnait deux et ainsi à chacun un sol davantage. Les deux distributions dont on vient de parler concernent le quartier SaintJean. Pour les trois autres, quartier SaintNizier, elles se pratiquaient aux lieux de Saint-Bonaventure, de Jacobins, et des Carines. Une distribution particulière avait lieu pour les pauvres passans et estrangers. Elle se baillait par un aumônier spécial au couvent de Saint-Bonaventure, à la discrétion des recteurs. Un certain nombre de passans sont classés à part et l'objet de règles spé

ciales.

D'abord les michelots. Les michelots, les mêmes, pensons-nous, que Rabelais appelle miquelots ou petits garçons qui allaient en pelérinage à saint Michel et gueuzaient le long du chemin. Aux michelots, porte le reglement ne se donne qu'une aumosne de pain tant seulement, pour autant qu'il en passe tout le long de l'année en nombre infiny et aussi que la pauvreté n'y est pas grande. Suivent les pauvres malades qui venaient en pelérinage à l'église Saint-Jean de Lyon, le jour de saint Jean-Baptiste. Il leur était fait une aumône ce jour-là devant le cloistre de l'église. Le reglement s'occupe en troisième lieu des ladres, c'est-à-dire des lépreux. (Voyez CONTAGION). Il leur alloue à chacun six sols tournois par semaine, par ce moyen il leur est défendu de venir à la ville, mais ils peuvent mandier ailleurs et par les villages. A l'exception de ces classes d'étrangers, aucun passant, aucun pauvre étranger à la ville n'est admis à l'aumône ordinaire de Lyon. La résidence dans la ville est indispensable pour avoir droit au secours. Le principe de la localisation du secours est posé à Lyon, à Lyon comme

partout. Il fallait assurer un revenu à l'aumône. Pour recouvrer et augmenter ce revenu on place plusieurs grands troncs par toutes les églises et tous hopitaux de la vi.le. Auprès de chacun des troncs sont apostés tous les jours un ou deux des orphelins de l'aumosne qui recommandent les pauvres aux passants durant que se fait le service divin. Aux grandes fêtes annuelles, dans les églises et les hopitaux, et aux deux bouts du pont de la Saone deux ou trois recteurs auxquels s'adjoignent des bourgeois, remplissent par eux-mêmes l'office de recommander les pauvres aux passants. On fait fabriquer un grand nombre de petites boëttes de bois au-dessus desquelles est écrit: pour les pauvres. On les distribue par toutes les bonnes maisons, hostelleries et boutiques de la ville. Lorsqu'il se vend ou achète quelque chose ou que les voyageurs partent des hôtelleries, l'on ne manque jamais de recommander les pauvres. Les deniers provenant de ces boëttes et troncs sont recouvrés tous les trois mois, par six des recteurs, à savoir trois pour le quartier Saint-Jean, accompagnés du secrétaire du bureau et trois autres pour le quartier SaintNizier, accompagnés du solliciteur clerc du bureau. Les fonds sont portés au bureau et délivrés aux deux trésoriers dont il sera parlé ci-après sur leur récépissé. Ceux qui contribuent à l'aumône, soit prêtres soit laïques, sont en deux rôlles avec enonciation de la somme à laquelle ils se sont quottisez. La cueillette des cotisations. se fait par mois ou par semaine, par soixante-quatre quarteniers (4) élus dans les trente-deux quartiers de la ville, deux par quartiers. Leur recette faite, les quarteniers portent les deniers au bureau et les délivrent également aux deux trésoriers. Les dons provenant des libéralités des nations estranges sont levés par eux-mêmes et portés aux trésoriers chaque mois aussi. L'archevêque de Lyon, abbés, prieurs, bénéficiers, tous sans exception contribuent à l'aumône. Toutes les anciennes aumônes et celles qui auront lieu à l'avenir sont converties aux pauvres de l'aumône ordinaire. Les trésoriers doivent en opérer la recette. En 1586 les fruits décimaux ou dixmes du clergé séculier et régulier sont frappés de la taxe des pauvres, tantôt pour un sixième, tantôt pour un huitième. Nous les avons trouvés frappés à Toulouse d'un sixième, ils le sont d'un huitième à Lyon. Un arrêt du parlement de Toulouse du 16 juin quinze cent huictante six-1586 condamne le syndic des recteurs et regents de la compagnie de Jésus établie à Lyon, prieurs du prieuré de Tence, à mettre annuellement èsmains des consul au dit lieu de Tence la huictème partie des fruits décimaux qu'il perçoit au prieuré et paroisse de Tence, toutes charges tant ordinaires qu'extraordinaires déduites, même l'impôt, c'est-à-dire par conséquent la huitième partie du revenu

(4) Officiers chargés du commandement des bourgeois de leurs quartiers.

ou d'autres assistants, si besoin est, pourvoient à leurs nécessités, augmentent, diminuent, continuent, suppriment les secours qui leur sont alloués, selon leur jugement et conscience. Les pauvres qui s'adressent aux cinq bureaux de distribution sans avoir passé par le bureau des recteurs sont renvoyés par les aumôniers à ce bureau. Le maître et la maîtresse des orphelins présentent à ce même bureau, tous les dimanches, infailliblement, les enfants orphelins fils ou filles qui sont d'âge et en état de servir. Le bureau les baillait à ceux qui en demandaient, à condition que ceuxci fussent gens notables et capables. Les uns les demandaient pour en faire des domestiques, d'autres pour leur apprendre un mestier, d'autres à titre d'enfants ado;

tifs.

Les recteurs stipulaient que le cas advenant, que les enfants allassent de vie à trépas étant en service, l'aumosne succederait à leurs biens comme leurs héritiers ab intestat, vu que leurs proches, les avaient abandonnés. Le bureau des recteurs pouvait bailler les enfans à l'essay pour huics ou quinze jours; s'ils étaient trouvés agréables l'aumône les habillait par ordonnance du bureau selon leur aage le mestier, le temps, le lieu. Elle fournissait des vêtemens aux enfans la première année seulement. Ils étaient placés ainsi à la charge que s'ils s'absentaient ou s'en allaient tout à fait sans le congé des personnes à qui on les remettait, cellesci devaient le reveler incontinent au bureau. Si les enfans tombaient malades et étaient hors d'état de servir les maîtres et maîtresses qui les avaient choisis, ou que ceux-ci ne les voulussent plus nourrir ils devaient le notifier au bureau qui prenait une décision suivant le cas.

net pour être cette huitième partie employée par les consuls en présence du curé ou vicaire de la paroisse, à la nourriture et l'entretenement des pauvres du lieu. Les notaires lorsqu'ils reçoivent ces œuvres ou donations sont tenus de recommander les pauvres de l'aumosne. C'était une source abondante de legs, d'argent, d'habillements et d'autres dons. Le trésorier en faisait la recepte et en cas de litige les recouvrements étaient poursuivis par le solliciteur clerc du bureau. Pour conclusion, dit la relation, il By a ni grand ni petit qui ne fasse son devoir de recommander les pauvres et de chercher les moyens d'augmenter leur revenu et ainsi se pouvaient nourrir tous les jours grande quantité de pauvres; ainsi étaient retirées les pauvres orphelines qui le temps passé courroient jour et nuict parmy les estables et autres meschants lieux, où elles estaient violées et subornées, et les petits enfants nourris sainement, qui bien Souvent mouraient de froid et de faim. Et c'était un fléau, une famine, qui avait engendré un bien si souhaitable, ajoute le narrateur. Le règlement va nous initier encore plus aux détails administratifs de l'aumône de Lyon. Nous avons vu six des recteurs préposés aux recettes, deux autres avaient la charge totale des deniers et bienfaits de l'aumône. Ils tenaient le compte tant de la recepte que dépence et pour ce sont intitulés trésoriers de l'aumosne. Ils ont un coffre de fer dedans la chambre du bureau, fermant à deux clefs dont chacun avait la sienne. Ils n'ont pouvoir de rien distribuer ni payer que par l'ordonnance des six autres recteurs et mandement signé par deux d'iceux. Ils doivent se trouver tous les dimanches au bureau, sont obligés de tenir bon et loyal compte chacun an, et d'en faire connaître le reliqua à ce bureau le deuxième dimanche après Noël. Sont mandez huics jours à l'avance pour y assister si bon leur semble, MM. de l'Eglise, les gens du roi, les conseillers et échevins et les consuls des Allemands Florentins et Lucquois. La présence de consuls des diverses nations à Lyon est chose notable, non moins que leur présence dans une assemblée de charité. En outre y sont reçus tous ceux qui s'y veulent trouver. Les deux trésoriers à l'expiration de leur service doivent enseigner les deux notables commis en leur lieu, leur bailler par inventaire les deniers du reliqua en leurs mains, les clefs du coffre fort et tous les papiers, et pièces, et pour leur loyer et récompense,dit le règlement, ils auront la grâce de Dieu. Les fonctions des six autres recteurs ne se bornent pas à surveiller des recettes, les imanches après midi, ils tiennent séance au bureau public établi en l'un des cloîtres à l'entrée du couvent de Saint-Bonaventure, y donnent audience à tous les pauvres, reçoivent leurs requêtes et complaintes et les vérifient, en questionnant les voisins.

(3) Le verbe circonvenir est seul resté.

Les recteurs faisaient tenir un état registre de tous les faits importants, accomplis par leur entremisc par le notaire et le secrétaire de l'aumône. Les papiers actes et registres qui constataient leurs opérations, restaient sous clef dans le bureau, dans le coffre confié à la garde des deux trésoriers. Les recteurs ne pouvaient rendre ordonnance de conséquence qu'ils ne fussent appellés tous huict, et que la décision ne fut prise par la majorité, c'est-à-dire, par cinq membres. Ils avaient encore la charge de faire trouver l'un d'eux le dimanche aux distributions pour surveiller la délivrance, et empêcher les abus et circonventions (5). Ils pouvaient commettre un quartenier ou une personne recommandable pour veiller à leur place, mais cette faculté leur était refusée à l'aumône d'après Pâques, où ils devaient se trouver en personne. A cette époque ils avaient à vérifier par eux-mêmes, s'il y en avait parmi les pauvres enrolés qui fussent sains et valides pour servir, travailler, à gagner leur vie le long de l'été. Si davanture il s'en trouvait quelqu'un, ils les devaient casser de l'aumône, afin qu'il ser

vit à la chose publique, sauf à le reprendre à la Saint-Martin, si la pitié et la nécessité le requéraient, ce qui ne pouvait avoir lieu que par décision expresse du bureau. Chaque pauvre reçu à l'aumône était muni d'un billet, signé de deux administrateurs et du secrétaire, qui lui était remis au bureau faute de le représenter il était exclu de la distribution. Chaque année à Noël les directeurs devaient faire inventaire de tous les biens, de tous les titres appartenant à l'aumône, y compris ceux des deux hôpitaux et du moulin. Ils étaient tenus encore d'aller une fois l'année par la ville, au domicile de chaque pauvre, s'informer des voisins si l'aumône était bien employée, si les pauvres étaient ou n'étaient pas en état de gagner leur vie afin de les casser de l'aumone, s'ils pouvaient s'en passer. La même visite annuelle embrassait l'obligation de faire une revue des pauvres enfants et filles orphelines placés chez les maîtres, de s'enquérir s'ils faisaient leur service, s'ils étaient entretenus et instruits comme leurs maîtres

et maîtresses avaient promis faire en les prenant. S'ils en trouvaient qui fussent mal traités, ou qui ne fissent pas leur devoir, ils donnaient des ordres en conséquence. Les six recteurs avaient encore la mission de visiter les deux hôpitaux des pauvres orphelins. Le règlement répète ici sa même phrase finale, en parlant des six recteurs, et pour leur loyer et récompense ils auront la grâce de Dieu.

On a vu que le secrétaire de l'aumône devait être notaire royal. A l'obligation de tenir registres de toutes les opérations publiques et secrètes de l'aumône, il pouvait réunir et réunissait en effet la charge de passer toutes les obligations et tous les contrats, qui intéressaient l'aumône. Il les grossoyait lui-même et les baillait aux trésoriers. Le secrétaire de l'aumône se trouvait ainsi à la hauteur d'un fonctionnaire public; il avait la charge de relever chez tous les notaires de la ville les legs faits à l'aumône, et d'en bailler mémoire d'en donner l'étatau clerc du bureau qui était chargé, lui, d'en poursuivre le recouvrement; s'il s'en meût quelque procès, ils sont aux frais de l'aumône. Le secrétaire doit se présenter chaque semaine, le premier, au bureau avec un état dressé de toutes les affaires survenues le long de la semaine, et le soumettre tour à tour à la décision du bureau. On a vu qu'il accompagnait les deux recteurs chargés de la levée des trones et des boëttes, et tenait registre des recettes opérées ainsi. Il devait assister aussi aux distributions, I inventoriait tous les biens et revenus de l'aumône à mesure qu'ils lui échéaient. I se trouvait au cloître Saint-Jean, la veille de saint Jean-Baptiste pour mettre de l'ordre dans la distribution, qui s'y faisait aux malades et pèlerins, empêcher qu'ils ne sautent et crient comme ils faisaient dans le temps passé au scandale du peuple. Il était aidé dans cette difficile partie de sa tâche, par les quatre bedeaux de l'aumône. La lé

gislation elle-même recourait à des dispositions de plus en plus sévères contre le pèlerinage et les pèlerins. Le secrétaire assistait enfin à la procession générale des pauvres, qui avait lieu chaque année à la foire de Pâques, dans le but du règlement, de montrer publiquement au peuple le nombre des pauvres et les charges de l'aumône. Le secrétaire était subordonné aux recteurs, et c'était de plus un agent salarié de l'aumône, comme sont de nos jours les secrétaires en titres des bureaux de bienfaisance. Leurs gages étaient à la discrétion et taxation des recteurs. Le règlement s'occupe ensuite du clerc de l'aumône.

Le clerc de l'aumône doit être chaque dimanche au bureau, aux ordres des huit recteurs. Il tient le livre des trésoriers, et enregistre leur receptes et mises dépenses. Il veille à ce que les quarteniers fassent leurs devoirs concernant le recouvrement des deniers, et en apportent le montant au bureau. Ceux-ci sont-ils en retard, il en fait son rapport aux recteurs. II veille de même aux rentrées des dons promis par les bienfaiteurs de l'aumône, y compris les nations étranges. Les donations par testament pouvaient donner lieu à des procès, dans ce cas, il en conférait avec le secrétaire de l'aumône. Il devait présenter aux recteurs un état de la recette et de la dépense de l'aumône toutes les semaines, chaque mois au plus tard, pour faire voir aux recteurs le fonds de leurs deniers. Il entrait dans sa charge de porter aux cinq aumoniers chaque samedi ou chaque mo's, l'argent nécessaire aux distributions, qui lui était remis par les deux trésoriers. Il avait également à approvisionner les deux hôpitaux d'orphelins, et en rendait compte de mois en mois au bureau. I assistait à la distribution de la Chana, le dimanche pour y exercer la plus rigoureuse surveillance.

tenait les comptes et registres des deux trésoriers. Le clerc solliciteur comme le secrétaire, avait des gages que fixaient les rec

teurs.

Les dispositions relatives à l'aumôner des étrangers, et à ceux des pauvres ordinaires étaient celles-ci :

L'aumonier des pauvres passants et étrangers, enregistrait leurs noms, énonçait les lieux d'où ils venaient et où ils allaient, la distance des lieux de leur voyage et pèlerinage, l'aumône qu'ils recevaient. Etaient exceptés de cette formalité, les michelots auxquels il n'était donné que du pain. Si parmi les passants il s'en trouvait un malade ou tant attenué qu'il ne pût cheminer, l'aumonier demandait aux recteurs un billet par lequel il était mandé au Grand Hôpital ou Hôtel-Dieu, de le recevoir. On voit quelle était la puissance d'action de l'aumône. L'aumônier lui-même, menait à l'hôpital le passant ou pèlerin malade, et quand celui-ci était guéry ou assez reposé, lui baillait de l'argent pour s'en aller, à la discrétion tou

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