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gouvernementale et administrative. Apparition du droit au secours et au travail. L'assemblée constituante. Marche des idées d'assistance. - Secours aux enfants. Secours aux vieillards. Travail des valides. -Fixation du chiffre des secours, proportionnellement à celui des indigents. Détermination de ce dernier chiffre. Idées courantes recueillies dans les suppléments aux procès-verbaux de l'assemblée constituante. -La Terreur.- Barrère parlant de bienfaisance. Votes de la Convention. Décret du 19 mars 1793; 101 du 26 juin 1794. - Vente des biens des hospices 1461 § VII. XIX siècle. - Napoléon. Monthyon relie le xvu siècle au xix. - Part du xix siècie dans la charité.-Esprit de la charité privée. --Révolution de 1848. Les dévouements du xive siècle.-Sœur Marthe.

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AVERTISSEMENT.

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Il est douteux que le mot d'Economie charitable eût été proféré il y a quinze ans ; et déjà nous esons consacrer à l'économie charitable un Dictionnaire. Ce mot indique une science, et certains esprits contestent que l'exercice de la charité puisse en constituer une. Les négations partent des deux points opposes de l'horizon, de la bouche des économistes et de la plume des écrivains catholiques. Le Dictionnaire que publie M. l'abbé Migne prouvera que le débat n'est pas sérieux, car il reposera d'un bout à l'autre sur des réalités aussi peu niables pour les économistes que pour les écrivains catholiques. Un dictionnaire de doctrines et de théories eût couru le risque de nombreux démentis; nous n'apportons que des faits. La charité vit depuis dix-huit siècles; apparemment on nous l'accordera; elle se manifeste par des actes extérieurs, malgré son humilité originelle et traditionnelle. Il nous a paru bon, indispensable même, de proclamer ses œuvres. La forme du dictionnaire ne devra pas donner lieu à une prisc, c'est une histoire ou plutôt un exposé général que nous publions. Nous n'avions aucune autorité pour enseigner; nous pouvions nous donner la tâche de rapporteur. La longueur de notre récit a été la conséquence forcée de notre curiosité de tout connaître. En réunissant la plus grande masse possible de faits, nous avons écarté naturellement toute idée de leur arrangement au profit d'un système.

Ceux qui s'imagineraient que ce qu'on a bapt se, dans ces derniers temps, du nom d'Economie cheritable est une science toute neuve, calomnieraient le Christianisme, puisqu'ils l'accuseraient d'avoir et infécond pendant dix-huit siècles. On pensait bien, mais c'était très-confusément, que la foi de nos pères n' tait pas demeurée stérile; la présence des vieux hôpitaux et le nom de saint Vincent de Paule étaient là pour aider les souven rs; mais les économistes avaient besoin qu'on leur mit le doigt sur les plaies gueries par la verta chrétienne, qu'on leur additionnât à livre, sou et denier, les produits de la charité passée. Quelques uns supposent que le travail en commun dans les maisons d'assistance est une excentricité moderne; d'autres écrivent, nous nous garderons de les nommer, que les secours a domicile, replâtrés du nom de Bureau de bienfaisance, pour déguiser leur vieille origine d'Aumône; générales et de bureaux de charité, étaient sortis du cerveau de la Convention. Le mot: Ateliers de CHARITÉ, et celui, employé par nous à regret, de BUREAU DE BIENFAISANCE feront voir que ces deux formes de secours ont une longue histoire. Le mot CHARITÉ PRIVÉE, qui ouvrira le troisième volume, apprendra à ceux qui, connaissant mieux la charité étrangère que la charité française, nous envoient prendre s leçons chez les nations voisines, que notre pays est à la tête de la charité, comme il est au premier rang dans la civilisation du monde.

De nombreuses erreurs circulent de toutes parts sur la source des secours charitables sous l'ancien régime. Le mot CAPITAL ET REVENUS DE LA CHARITÉ dissipera toutes les obscurités. On verra que les trois ordres de l'Etat concouraient à l'assistance publique et privée, avec une foi ardente, puisée à la même source, celle de la doctrine chrétienne et il résultera de cette vérité que pour secourir toutes les misères morales et matérielles, ce n'est pas trop de tout le monde ; et par tout le monde nous entendons les êtres collecti's, comme les individus, l'Etat, les départements et les communes, comme les associations particulières, comme les dévouements personnels de la charité religieuse et privée.

Or, il n'est pas une des formes de l'assistance qui soit exempte du besoin d'organisation. Le besoin d'organisation a été démontré surtout au mot ADMINISTRATION. On y a vu la nécessité de tous les concours, y compris celui de l'Etat. Quand l'œil et aussi la main de l'Etat se retirent ou se lassent, les éléments accumulés par les charites individuelles se désassocient et menacent de se dissoudre; de même que lorsque l'œil de l'autorité ecclésiastique se ferme, ne fût-ce qu'un moment, les liens des congrégations religieuses d'hommes et de femmes, ces milices de la charité hospitalière, aumónière et enseignante, se relâchent immédiatement. Qu'il nous suffise de dire qu'il a fallu deux siècles aux pouvoirs religieux et civils, pour rendre à leur destination première les biens usurpés, les revenus dissipés ou épars d'une notable partie de nos vieux hôpitaux, pour prèter main-forte aux donateurs morts des classes souffrantes. Dire la vérité, sous ce rapport, nous a semblé un impérieux devoir, que le catholicisme, nous l'espérons, ne nous reprochera pas d'avoir acco pli. Un de ses plus accrédités organes écrivait ceci, il y a pea d'années L'équité chrétienne doit s'élever au-dessus des intérêts d'école et d'opinions. C'est dans sa main surtout que la plume de l'histoire sera véridique et saura traduire au tribunal de l'immortelle justice, même la mémoire vénérée des aïeux. Elle ne se permettra pas, quelque profit qu'elle en espère pour la plus sainte des causes, de forger des systèmes aux dépens de la vérité (*). ›

On voit au surplus, à chacune de nos pages, que ce n'est pas pour décrier le passé, mais pour que nous nous inspirions de son exemple, que nous publions ses annales. Rappeler ce qui a été et ce qui est, n'est-ce pas le meilleur n oyen de connaitre ce qui nous reste à faire? Comment saurions-nous où nous alions, si nous ne savions pas d'où nous venons et même où nous sommes? S'il importe de le savoir, c'est qu'il importe de comparer les faits et d'apprécier les œuvres ; et nous ne voulons pas d'autre preuve que la science de l'économie charitable n'est pas une illusion, et que le Dictionnaire que publie M. l'abbé Migne n'est pas une superfluité ou un non-sens.

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MARTIN-DOISY.

Imprimerie MIGNE, au Petit-Montrouge

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