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Au Japon, on trouve deux Rhus fournissant la laque. Le Rhus Succedanea (Haze en japonais) est multiplié entre les 31 et 360 de latitude nord '. « C'est, dit M. Hori Shirasawa 2, un arbre de croissance rapide qui atteint 12 mètres de hauteur et un diamètre de o m 70. Il est très rare de le voir en peuplement naturel et il se plait dans les sols profonds et un peu secs. Son fruit est utilisé pour l'extraction de la cire végétale qu'il contient. Le Rhus vernicifera (Urushi en japonais) est au contraire un habitant des zones tempérées, c'est-à-dire des régions d'Echizen, Echigo, Ugo, Mutsu, comprises entre les 36 et 40 degrés de latitude Nord. Il ne croit pas dans les régions chaudes et se plaît sur les sols un peu humides. C'est un arbre de croissance très prompte dans sa jeunesse et qui acquiert 10 mètres de hauteur sur un diamètre de om 40. Le Rhus vernicifera (D. C.) produit la laque et de ses fruits on extrait également une cire végétale.

Il semblerait résulter de ce renseignement, ainsi que de l'étude si complète de Rein sur la laque dans ses Industries of Japan 3, que les Japonais se servent de la laque du Rhus Vernicifera, et non pas de celle du Rhus Succedanea, lequel serait réservé à la fabrication de la cire végétale extraite de ses fruits (?). Peutètre ce fait explique-t-il la supériorité incontestée de la laque japonaise même sur la laque chinoise.

Le Rhus Succedanea se rencontre dans l'Inde (Himalaya tempéré: Kashmir, Sikkim et Bhoutan; et dans les monts Khasia). Watt 5 ne parait pas sûr qu'on en emploie le suc comme laque ou vernis, mais parle de la fabrication d'une cire au Sikkim et au Nepal. Il existe d'ailleurs d'autres Rhus aux Indes, mais ne fournissant pas de laque.

Pour en revenir au Rhus Succedanea, et à sa variété du Tonkin, nous ne saurions mieux faire que d'en reproduire, in extenso, d'après Pierre (Flore forestière) la diagnose botanique.

Description botanique. Feuilles plus ou moins pressées au sommet des rameaux, le plus souvent glabres, assez longuement pétiolées et toujours plus longues que l'inflorescence. Folioles opposées ou subopposées assez longuement pétiolulées, ovales ou oblongues, lancéolées, plus ou moins longuement acuminées, obliques à la base, aiguës aux deux bouts, glabres ou

1 Anciennes provinces de Satsuma, Higo, Hizen, etc. en Kioushiou; Iyo et Tosa en Shikokou. 2 Iconographie des Essences forestières du Japon.

3 Edition anglaise de 1884.

Cependant, le vieux Kæmpfer signale l'emploi de la laque du Succedanea aussi bien que du vernicifera. Il règne encore une certaine confusion dans la détermination botanique des divers Rhus. C'est ainsi que Pierre avoue qu'il n'a aucune vue sur ce que peut être le Rhus Japonicum de « Loureiro », et que, quant à l'Augia sinensis du même, c'est probablement en partie un « Rhus ». M. Pierre affirme d'autre part que le Rhus sylvestris (Sieb, et Zucc.) est cultivé pour l'extraction du suc, fait démenti par Shirasawa et par Rein. Il en est de même d'un autre Rhus du Japon, le Rhussemialata (Murr.), qui n'est employé que pour son bois. N. D. L. D.

♪ Dictionary of Economic Products of India - Art. Rhus.

pubescentes, glauques ou pâles en dessus; munies de 10 à 20 paires de petites côtes souvent peu ascendantes. Grappes paniculées, le plus souvent glabres. Pédicelles de même longueur ou plus longs que les fleurs. Sépales toujours obtus, souvent crénelés, rarement papilleux. Pétales au moins deux fois plus longs que le calice, elliptiques, pourvus de 3 à 4 paires de nervures quelquefois obscures. Etamines plus courtes ou de même longueur que les pétales, vers la base. Disque cupuliforme, crénelé, souvent adné aux filets et aux pétales, vers la base. Ovaire dressé, terminé par un style couronné par 2 à 4 lobes très courts et peu distincts. Drupe excentrique, le plus souvent un peu plus longue que large, variant de 5 à 10 millimètres de longueur sur 4,5 à 9,5 millimètres de largeur.

Var. Dumoutieri. Folioles le plus souvent au nombre de 11; longuement pétiolulées, à pointe très accusée, brunes au-dessus et à peine glauques, munies de seize paires de petites côtes. Panicules longues de 24 centimètres très ramifiées, entièrement glabres. Fleurs très petites. Pétales (2 millimètres) deux fois plus longs que le calice, réfléchis, un peu papilleux vers le milieu. Drupe longue de 7,5 millimètres très comprimée 1.

Culture du Rhus. Généralités. Cette culture se trouve pour ainsi dire localisée au Tonkin dans la province de Hung-hoa. Elle occupe, par petits emplacements, de nombreux mamelons et constitue pour les indigènes un revenu assez important. Cette province ne produit que peu de riz, aussi les habitants ont-ils dû s'adonner à diverses cultures de plantes industrielles et c'est, en effet, cette région qui, entre toutes, alimente le Tonkin des produits que le Delta ne peut fournir. Le cây sơn est également cultivé sur de petites étendues dans les provinces de Son-tay, de Tuyên-quang, de Yên-bay et de Thai-nguyên. Il se trouve à l'état spontané dans le bassin de la Rivière Noire.

Choix et préparation du sol. Les indigènes recherchent pour leurs plantations de cây sơn des terres argilo-sablonneuses, déclives, situées sur des mamelons, sans préoccupation d'orientation. Un travail de débroussaillement préparatoire est effectué; bien entendu, lorsqu'il s'agit de créer de nouvelles plantations, car dans les plantations à renouveler ce déboisement n'est plus à faire.

Dès le 8 mois (septembre) le terrain est retourné à la houe et les herbes qui pouvaient garnir le sol sont enfouies. Des trous de 10 centimètres de profondeur sont immédiatement pratiqués en lignes, à 1 m 50 de distance.

1 Autres variétés Indo-Chinoises de Rhus Succedanea. M. Pierre décrit dans sa Flore forestière, les deux autres variétés suivantes :

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Var Albapunctata. Feuilles de 20 centimètres environ à folioles petites, nettement ponctuées sur la face supérieure, au nombre de 11 à 13, pétiolulées, oblongues ou ovales oblongues, longuement acuminées, pourvues de 20 paires de petites côtes, longues de 4,7-5 centimètres et larges de 1,8-2,5 centimètres Panicules moitié plus courtes que les feuilles. Drupes petites peu comprimées, longues de 5-6 millimètres sur 5-5 1/2 millimètres.

Var. Cambodiana. Feuilles de la précédente quant aux dimensions, mais pubescentes dans le jeune âge de même que le rameau. Folioles au nombre de 11 à 13 de même forme que la précédente, mais d'une teinte uniforme sur les deux faces. Panicules à peine plus courtes que les feuilles, longues de 10 centimètres. Drupe comprimée longue de 7 à 8 millimètres sur 5-7 millimètres.

Les lignes sont également distantes de 1 m 50. On place au fond du trou, en triangle, 3 graines provenant de la dernière fructification et on opère le

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remplissage avec la terre du déblai à laquelle on a ajouté du fumier de buffle, de préférence à tout autre. Ces fumiers sont renouvelés au pied du plant chaque année, mais seulement pendant les trois premières années de végétation de l'arbuste. On ne les renouvelle pas lorsque l'arbuste est incisé pour l'obtention de la laque qu'il doit fournir.

Des désherbages sont pratiqués deux fois par an, au 3 mois (avril), et au 8e mois (octobre).

Le plant semé au 8e mois (septembre) apparaît à la surface au 10 mois (novembre) et il atteint ordinairement la hauteur de o m 30 au 4e mois (mai). A ce moment, on arrache deux plants issus du trou pour ne conserver que celui qui présente le plus bel aspect; au bout d'une année dans les terres bien propices, l'arbuste aura atteint près de o m 80 de hauteur. A l'âge de 2 ans, l'arbuste s'élève à 1 m 20 pour atteindre un peu plus de 2 mètres à la troisième année,

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époque où il entre en production. A cet àge le tronc acquiert la grosseur du poignet. Sa croissance continue, malgré les incisions fréquentes dont il est l'objet, et vers la sixième année, date de sa déchéance, il a pu atteindre une hauteur moyenne de 4 m 50.

C'est, disions-nous, au cours de sa troisième année de végétation qu'il commence à recevoir des incisions. Ces incisions sont pratiquées constamment, pendant trois

années après lesquelles l'arbuste, épuisé par cette exploitation à outrance, ne produisant plus de laque, sera coupé et utilisé comme bois de chauffage.

Exploitation. -Les incisions sont pratiquées tout au cours de l'année avec une périodicité de deux jours. On y procède vers les cinq heures du matin pendant l'été et durant toute la matinée pendant l'hiver. On s'abstient les jours de pluie. Ce qu'il importe avant tout, c'est de pratiquer les incisions à l'abri d'un soleil trop ardent, qui oxyderait immédiatement le latex, ou par des temps de pluie. En effet l'eau, qui se répandrait dans les coquilles fixées comme on va le voir à l'arbre pour recueillir la laque au bas de l'incision, aurait pour effet d'atténuer fortement la valeur du latex.

Ce sont des femmes ou des enfants qui procèdent aux incisions. A l'aide d'un fort couteau à lame assez large, l'opérateur trace vigoureusement sur l'écorce deux entailles embrassant chacune le quart du tronc de l'arbuste et se réunissant

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en forme de V. Au point d'intersection des deux entailles, une coquille de moule est enfoncée dans l'écorce par son tranchant. C'est dans cette coquille que va s'écouler lentement le latex blanchâtre que suinte la blessure. Lorsque, tour à tour, les arbustes ont été incisés, les femmes ou les enfants repassent au pied de chaque cây son, enlèvent les coquilles, qui sont vidées dans un récipient, et

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