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leur apprendre à exécuter avec assez de régularité des mouvemens cadencés, des ondulations symétriques. Ces jongleurs sont de la plus basse caste de l'Inde, en sorte que le pouvoir dont ils se vantent ne leur attire pas plus de respect. Leur art n'est pas toujours sans péril, non pour eux-mêmes, mais pour les assistans. M. Johnson, auquel on doit une description des amusemens des Indiens, raconte qu'à l'un de ces spectacles, qui avait attiré une grande affluence de curieux, un jeune garçon eut l'imprudence de provoquer un des serpens du jongleur pour voir s'il en serait mordu: le reptile lui donna cette triste satisfaction, c'était un cobra di capello; une heure après, le jeune garçon était mort. NOMS DU CERF A SES DIFFÉRENS AGES. ÉQUIPAGES DE Le serpent coupable de cet homicide fut examiné: on reconnut que ses crochets à venin avaient repoussé, et quoiqu'ils ne débordassent pas encore la mâchoire, ils avaient pu atteindre la main qui s'était exposée à leur dangereuse atteinte. Le père de la victime assura que cet évènement était le premier dont il eût été témoin, et que jamais il n'avait entendu parler de pareils accidens. On ne peut cependant pas ignorer dans les Indes que les crochets des serpens venimeux repoussent lorsqu'ils ont été enlevés, que même ce remplacement est accompli au bout de quelques mois, et qu'il peut se renouveler indéfiniment.

Les Guelfes et les Gibelins sont deux partis célèbres par leurs luttes sanglantes en Italie. Leur origine re-sivement donner le nom de troisième et quatrième téte. monte jusqu'au commencement du treizième siècle. Enfin, après cinq années révolues, sa ramure se trou"C'est en Allemagne d'abord que s'élevèrent avec leur vant chargée de cinq andouillers de chaque côté, on nom de guerre ces deux partis acharnés l'un contre l'autre, les Guelfes et les Gibelins étaient deux illustres maisons qui se disputaient la couronne impériale; le chef de l'une de ces maisons était désigné par le nom de Gueibelinga ou Waiblinga, château du diocèse d'Augsbourg, dans les montagnes de Hertfeld, d'où cette famille était peut-être sortie; ses partisans furent, plus tard, appelés Gibelins. L'autre était originaire d'Altford; comme elle eut à sa tête successivement plusieurs princes qui portaient le nom de Guelfo ou Welf, elle fut, ainsi que ses partisans, désignée par celui de Guelfes.

Vers 1100, les empereurs de la maison des 'Gibelins ayant eu à soutenir de longues guerres contre l'église, les Guelfes se déclarèrent ses protecteurs. Depuis, le nom de Guelfe a toujours servi à désigner les partisans de l'église, et celui de Gibelin, les partisans de l'empereur. Comme c'est en Italie que les papes et les empercurs s'attaquèrent, ce fut là aussi le théâtre des luttes violentes des Guelfes et des Gibelins. Toute l'Italie, pendant cinq siècles, fut divisée entre ces deux partis. En général, les nobles étaient du côté de l'empereur, les villes et les républiques du côté du pape. Le parti guelfe était le parti de la liberté et de l'unité italienne. M. Sismondi, a écrit une volumineuse histoire des républiques italiennes, dans laquelle sont racontées les sanglantes querelles des Guelfes et des Gibelins; mais il y a lieu de se défier des jugemens de M. Sismondi qui, Issu d'une famille gibeline, est peu impartial envers les Guelfes et l'église, et ne comprend pas toujours la po

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tous autres, parce qu'ils courent mieux et plus long-espère en trouver d'autres. Il les fait partir à sa place, temps, que leurs empreintes sont mieux formées et donnent lieu à moins d'erreurs.

et donne ainsi le change aux chiens; dès que les piqueurs s'en aperçoivent, ils font tous leurs efforts L'équipage dont on se sert pour cette chasse se com- pour les rallier et les ramener sur les voies de leur cerf. pose le plus ordinairement de douze ou quatorze ve- S'ils ne peuvent y parvenir et qu'ils tombent en défaut, neurs, nommés, les uns piqueurs piquans, les autres, au lieu de se lancer à la poursuite des bêtes de l'acvalets de limiers, à pied et à cheval de quatre-vingt-compagnée, ils arrêtent leurs chiens, et les ramènent dix à cent chevaux ( les chevaux limousins et anglais à l'endroit où ils ont pris le change; ils sont alors sûrs sont ceux dont on se sert préférablement); de quatre- d'y retrouver le cerf de meute. Cet accident, au reste, vingts chiens, quarante limiers et quarante chiens cou- ne peut arriver qu'au commencement de la chasse; car si les chiens poursuivent le cerf depuis long-temps, leur odorat est tellement frappé de son odeur, que, quoi qu'il fasse, ils ne le quittent plus pour en courre d'autres.

rans.

Il faut ordinairement trois ou quatre relais pour une chasse: un relai se compose de vingt chevaux et de seize chiens deux hommes sont chargés de les surveiller; on dispose ces relais de distance en distance sur la route que doit tenir la chasse': en y arrivant, on change de chevaux, on découple les chiens, sans pour cela arreter ceux qui courent déjà, de sorte qu'un cerf, s'il court long-temps, a toute la meute à sa poursuite.

Enfin, après une longue fuite, si le cerf trouve un étang, il s'y jette. Les veneurs y arrivent, et sonnent la fanfare de l'eau. Lorsque l'animal ne paraît pas disposé à en sortir, un des chasseurs le tue d'un coup de carabine et fait sonner l'alhali par terre, Souvent le cerfue C'est ordinairement vers la mi-octobre que commen- fait que traverser l'étang et se fait chasser de nouveau. cent les grandes chasses à courre. Les cerfs cherchent On sonne à l'instant la sortie de l'eau et le débuché. S'ii alors à se réunir dans les endroits les plus propres à se lance dans la plaine, les piqueurs se hâtent alors de viander ( pâturer). Cette saison convient mieux d'ail-rallier leurs chiens et de poursuivre de nouveau; mais, leurs aux chasseurs, qui n'ont plus à redouter dans ce temps la fatigue des chaleurs de l'été.

Lorsqu'une chasse doit avoir lieu, deux veneurs vont dès la veille parcourir les cantous où ils présument devoir rencontrer des cerfs; c'est aux empreintes (traces que le pied du cerflaisse sur le terrain), et aux fumées, qu'ils reconnaissent l'âge de ces animaux. Ces données sont si certaines, qu'il est bien rare qu'ils s'y trompent, pour peu qu'ils aient d'expérience.

Le jour de la chasse, les veneurs partent de grand ma tin, pour arriver à leur quéte (canton de forêt assigné à un piqueur), et mettre devant; on appelle mettre devant, se faire précéder par un limier, pour découvrir d'une manière certaine la retraite ou reposée du cerf. Lorsqu'ils ont dépisté un cerf, ils le détournent, l'isolent, autant que possible, l'observent, et ne le quittent pas jusqu'à l'heure du rendez-vous, où ils viennent faire leur rapport. S'il arrive qu'ils aient observé plusieurs cerfs, l'usage veut qu'on aille au plus gros et au plus beau parti (le lieu le plus commode pour courre le cerf). On se dispose alors à aller attaquer; les chiens sont placés à l'endroit indiqué; les piqueurs se rangent autour de l'enceinte pour observer la bête au moment où elle en sort; d'autres partent pour aller frapper aux brisées (petites branches cassées autour de l'endroit où se trouve le cerf, pour le reconnaître ), On découple dix chiens, avec lesquels on foule l'enceinte jusqu'à ce que l'on arrive près du cerf. Cet instant est l'un des plus curieux de la chasse; à la vue des chiens et des veneurs, le cerf dresse fièrement la tête, hésite un moment s'il leur résistera on s'il prendra la fuite; mais bientôt sa timidité naturelle l'emporte sur cette velléité de courage. Épouvanté par les cris des hommes et les aboiemens des chiens, il recule quelques pas, puis s'élance; à l'instant, les trompes font retentir la forêt de la fanfare propre au cerf que l'on a lancé. Les chasseurs animent leurs chiens de la voix et de la trompe, et suivent avec ardeur l'animal qui fuit devant eux.

La chasse est commencée. Elle continne à travers les-bois et les buissons. Les chiens seuls y suivent le cerf; les hommes et les chevaux prennent les routes pratiquées à cet effet dans les bois, ils se guident dans leur course sur les aboiemens continuels des chiens, On cherche autant que possible à forcer le cerf à faire un débuché, c'est-à-dire à quitter le bois pour prendre la plaine. La chasse alors est plus belle; le cerf se montre à découvert; hommes, chevaux et chiens s'élancent à la fois après lui, et rivalisent d'ardeur et de rapidité. Quelquefois le cerf se réfugie dans un canton où il

dans ce cas, la chasse ne peut être longue, car le cerf n'a plus l'énergie nécessaire pour fatiguer ceux qui le poursuivent.

Quelquefois le cerf refuse d'aller à l'eau; sentant ses forces épuisées, n'espérant plus sauver sa vie par la fuite, il s'arrête, se retourne vers les chiens pour leur faire payer leur victoire et ne pas mourir sans vengeance. Acculé à un arbre, il baisse la tète et en éventre deux ou trois, si les chasseurs lui en laissent le temps et ne le font pas tomber d'un coup de carabine aussitôt qu'ils le voient s'arrêter. Cette fin de chasse est plus rare que la précédente, et sur dix cerfs chassés, huit, sans aucun doute, iront à l'eau, espérant, en prenant ce parti, n'être pas suivis par les chiens.

Lorsque le cerf est abattu, les piqueurs s'en emparent, l'éventrent, le dépouillent, en réservent le corps et les membres pour eux, et abandonnent aux chiens le dedans, c'est-à-dire les poumous, les foies et la panse, pour en faire curée. Pendant qu'on leur prépare ce repas, on les rallie le mieux qu'on peut. On les tient en respect quelques instans à l'aide du fouet, car la par role serait insuffisante pour modérer leur ardeur et leur voracité. Enfin, on leur livre leur proie, et pendant qu'ils la dévorent, les chasseurs sonnent les faufares les plus gaies pour célébrer leur triomphe. Il serait difficile de rendre l'effet de cette harmonie répétée par tous les échos de la forêt. La trompe perd dans les bois ees sons rudes et sauvages qui terrifient une oreille, délicate, et semble dans ce moment emprunter la douceur du cor d'harmonie.

Quand cette chasse a été courte et que le cerf a peu couru, on va en attaquer un autre, sinon on sonne la retraite prise, qui est la fin de la chasse.

Mais tout n'est pas terminé pour les piqueurs; il leur reste à chercher les chiens, qui, excédés de fatigue, sont restés couchés dans les taillis. Ils partent donc pour faire le contrepied, c'est-à-dire pour suivre toutes les allées et routes qu'a parcourues la chasse. Ce dernier devoir rempli, tous les chiens et les chevaux rassemblés, ils rentrent à la vènerie.

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> Cet homme entendit la prédication de Paul; et Paul arrêtant les yeux sur lui, et voyant qu'il avait la foi qu'il serait guéri, il lui dit à haute voix : « Levez-vous, et >tenez-vous droit sur vos pieds. » Aussitôt il se leva en sautant, et commença à marcher.

>>Le peuple ayant vu ce que Paul avait fait, ils élevèrent leur voix, et dirent en langue lycaonienne : « Ce >> sont des dieux qui sont descendus vers nous, sous la >> forme d'hommes. >>

Et ils appelaient Barnabé Jupiter, et Paul Mercure, parce que c'était lui qui portait la parole.

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Pour se rendre bien compte du mérite d'une œuvre d'art, il est une méthode que l'on a quelquefois recommandée et qui nous paraît en effet propre à exercer le jugement et l'imagination, et en même temps à habituer à une saine critique. Cette méthode consiste, lorsqu'on est en présence d'un tableau, et au moment où le regard a compris le sujet avant d'avoir encore saisi les détails,, à se recueillir quelques instans et à rechercher comment on aurait conçu et développé le même sujet, si' Mais les apôtres Barnabé et Paul ayant entendu l'on avait été appelé à le traiter. Les résultats auxquels ceci, déchirèrent leurs vêtemens; et, s'avançant au mi-conduit ce travail intérieur servent ensuite de terme lieu de la multitude, ils crièrent:

» Et même le sacrificateur du temple de Jupiter, qui était près de la ville, aména des taureaux, et apporta des couronnes devant la porte, voulant aussi bien que le peuple leur sacrifier.

« Mes amis, que voulez-vous faire? Nous ne sommes >> que des hommes, non plus que vous, et sujets aux mê>>>mesinfirmités; et nous vous annonçons que vous quittiez >>ces vaines superstitions, et que vous vous convertissiez » au Dieu vivant, qui a fait le ciel et la terre, la mer, et » tout ce qu'ils contiennent; qui, dans les siècles passés, » a laissé marcher toutes les nations dans leurs voies. Et » néanmoins, il n'a point cessé de rendre toujours témoignage de ce qu'il est, en faisant du bien aux hommes, » en dispensant les pluies du ciel, et les temps favorables >> pour les fruits; en nous donnant la nourriture avec abondance, et remplissant nos cœurs de joie.»

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» Mais, quoi qu'ils pussent dire, ils eurent bien de la peine à empêcher que le peuple ne leur sacrifiât. »

Tel est le sujet que Raphaël a représenté dans le carton dont nous donnons la gravure, et où le génie du grand peintre se montre aussi puissant que dans les plus célèbres de ses compositions.

Tout ce que le récit des Actes des Apôtres indique de poésie est exprimé. Dans l'effet général comme dans les détails, la simplicité du christianisme naissant contraste avec la splendeur du paganisme mourant; le calme s'unit au mouvement, le repos à l'action, la dignité et la confiance religieuse à l'agitation et l'étonnement populaires.

Paul et Barnabé se distinguent tout d'abord par la place qu'ils occupent dans la scène, par leur ferveur et la dignité de leur maintien, par l'attention de la foule qui se porte vers eux: Paul, suivant le texte, s'avance vers la multitude en protestant contre les honneurs aveugles qu'on veut lui rendre.

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Les prêtres païens couronnés s'humilient, le sacrificateur est prêt à frapper un taureau devant l'autel; un disciple chrétien s'est élancé du sein de la foule pour l'arrêter.

Immédiatement derrière ce disciple, le boiteux que Paul a guéri miraculeusement est debout; entraîné par son émotion, il presse et joint ses mains; les traits de son visage qui exprime au plus haut degré l'admiration et la reconnaissance, conserve ce caractère particulier aux personnes difformes de naissance. Ses jambes nues et nerveuses le soutiennent maintenant sans peine ses liens et ses béquilles, désormais inutiles, sont tombées à terre; un vieillard qu'à la noblesse de sa physionomie et à la richesse de ses sandales on reconnaît pour un des principaux habitans de Lystre, se baisse et vérifie le miracle en soulevant un pan du vêtement qui couvrait la jambe naguère estropiée; plus loin, des hommes du peuple regardent aussi avec des expressions variées d'étonnement.

Il est impossible de ne pas remarquer au milieu de toutes ces figures agitées de sentimens si divers, deux enfans placés derrière l'autel; l'un joue des deux flûtes, l'autre porte une boîte d'encens : leur calme innocent

de comparaison pour apprécier les beautés de l'œuvre, que l'on a devant les yeux; et chaque découverte d'une expression ou d'un développement qu'on n'avait point su imaginer, sont une occasion de vive jouissance et d'étude profitable; on arrive de plus, par cette voie, être toujours modeste et naif, soit que l'on blâme, soit que l'on admire.

LA CHUTE D'ALPNACH.

Parmi les forêts qui recouvrent les hautes montagnes de la Suisse, de magnifiques bois de charpente se trouvent dans des positions presque inaccessibles. La dépense des routes, si toutefois il était possible d'en construire dans de pareilles localités, empêcherait les habitans de retirer aucun avantage de ces ressources presque inépuisables. Placés par la nature à une élévation considérable, ces bois sont précisément dans les circonstances les plus propres à l'application des moyens mécaniques, et les habitans y ont recours pour faire servir la force de la pesanteur à les débarrasser d'une partie de leurs travaux. Les plans inclinés qu'ils ont établis dans diverses forêts, et au moyen desquels les bois sont amenés jusque dans les cours d'eau, ont excité l'admiration des voyageurs, car ces plans inclinés, outre le mérite de la simplicité, ont encore celui de l'économie, leur construction n'exigeant guère d'autres matériaux que ceux qui se trouvent sur les lieux mêmes. De tous ces chefs-d'œuvre de charpente, la chute d'Alpnach est le plus gigantesque, tant à cause de sa grande longueur, que de son point de depart, placé dans une position presque inaccessible. Nous en empruntons la description aux Annales de Gilbert, publiées en allemand, en 1819.

Depuis plusieurs siècles, les flancs escarpés et les gorges profondes du mont Pilate étaient couverts dé forêts impénétrables. D'immenses précipices les entou-? raient de toutes parts; on citait les chasseurs assez hardis pour avoir affronté les dangers d'y pénétrer, et jamais les habitans de la vallée n'avaient conçu l'idée d'y porter la hache. Des arbres immenses croissaient et périssaient sans être de la moindre utilité aux hommes, lorsqu'un étranger, conduit dans ces lieux par la chasse des chamois, fut frappé de la beauté des bois de construction qu'il y remarqua, et appela sur eux l'attention de quelques uns des principaux habitans. Les ingénieurs les plus habiles furent consultés, et tous déclarèrent l'impossibilité de tirer parti de ces richesses. Cependant, en novembre 1816, M. Rupp et trois Suisses, ayant bien reconnu le terrain par des mesures trigonométriques, constatèrent la possibilité d'y établir avec succès un plan incliné. Ils achetèrent alors une certaine étendue de forêts dans le territoire de la commune d'Alpnach, et commencèrent leur construction, qui fut terminée au printemps de 1818. Le plan

toutes les cinq à six minutes, à moins qu'il n'arrivât
un accident, qui était à l'instant même réparé.
Pour avoir une idée de la force énorme qu'acqué-

incliné d'Alpnach est formé d'environ 25,000 gros sapins, dépouillés de leur écorce, et fixés les uns après les autres de la manière la plus ingénieuse, sans attaches métalliques. Il occupa environ 160 ouvriers pen-raient les arbres dans une descente aussi rapide, dant 18 mois, et a coûté près de 100,000 francs. Il avait à peu près trois lieues de longueur, et se terminait au lac de Lucerne. Sa forme était celle d'une auge d'environ six pieds de large, et de trois à six pieds de profondeur; le fond était formé de trois arbres sur celui du milieu était pratiquée une rigole pour recevoir de petits filets d'eau qui y étaient conduits de divers points, dans le but de diminuer le frottement. Le plan incliné était tout entier soutenu par 2,000 supports; et dans plusieurs points, il était fixé par des moyens très ingénieux aux flancs des précipices de granit.

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La direction du plan incliné était quelquefois en ligne droite, quelquefois en zigzag, et son inclinaison variait entre 10 et 18 degrés. Il régnait tantôt sur les côtés des montagnes ou les flancs des précipices, tantôt il passait sur leur sommet; quelquefois il passait sous terre; ailleurs il traversait des gorges profondes sur des échafaudages de 120 pieds de hauteur.

M. Rupp fit les dispositions nécessaires pour que quelques arbres sautassent hors du plan incliné. Ceux-là pénétrèrent, par le gros bout, de dix-huit à vingt-quatre pieds dans la terre; et l'un de ces arbres, ayant, par accident, heurté contre un autre, fut fendu en plusieurs morceaux, dans le sens de la longueur, comme s'il eût été frappé de la foudre.

Après leur descente, ces arbres étaient réunis en radeaux sur le lac, et conduits à Lucerne; de là ils descendaient la Reuss, puis l'Aar jusqu'auprès de Brugg ; ensuite le Rhin, jusqu'à Waldshut; de là à Bâle et enfin jusqu'à la mer si cela était nécessaire.

Afin de ne rien perdre du bois abattu, M. Rupp établit, dans ces forêts, de grandes manufactures de charbon, et fit construire des magasins pour le conserver dans l'été jusqu'à l'hiver. On le mettait alors dans des barils qu'on plaçait sur des traîneaux qui n'étaient lancés que lorsque le plan incliné était recouvert de neige. Le bois qui n'était pas propre à la carbonisation, était converti en cendres, qui, descendues de la même manière, trouvaient encore une vente assurée.

Quelques jours avant que l'auteur auquel nous empruntons cette description visitâ Alpnach, un inspecteur de la marine était venu examiner la qualité des bois qu'on y exploitait; il déclara n'avoir jamais vu de bois aussi beau, aussi fort, et aussi gros; et fit immédiatement un marché avantageux pour 1,000 pieds d'arbres.

La hardiesse qui caractérisait cet ouvrage, la sagacité déployée dans toutes ses dispositions, et l'habileté de l'ingénieur, ont excité l'étonnement de toutes les personnes qui l'ont visité. Avant de faire la moindre construction, il fallut abattre plusieurs milliers d'arbres pour se frayer un passage dans cet impénétrable taillis. A mesure que les bûcherons avançaient, des hommes étaient placés, de distance en distance, pour leur faire reconnaître le chemin à leur retour, et pour découvrir dans les gorges les places où les piles de bois avaient été placées. M. Rupp fut obligé plusieurs fois de se Telle est la description succincte d'un ouvrage entre faire suspendre à des cordes pour descendre dans des pris et exécuté par une seule personne, et qui a excité précipices de plusieurs centaines de pieds. Dans les un haut degré d'intérêt dans toutes les parties de l'Eupremiers mois de son entreprise, il fut attaqué d'une rope. Nous regrettons d'avoir à ajouter que cette mafièvre violente, qui ne l'empêcha pas de continuer àgnifique construction, insensiblement détériorée par surveiller par lui-même les travailleurs. Rien ne put lasser sa persévérance. Tous les jours il se faisait conduire sur la montagne pour diriger ses ouvriers, au nombre desquels il se trouvait à peine deux bons charpentiers, tous les autres ayant été rassemblés au hasard, et n'ayant aucune des connaissances qu'exigeait une pareille entreprise. M. Rupp eut aussi à lutter contre les préjugés des paysans; on le supposait en relation avec le diable; on l'accusa d'hérésie, et l'on suscita tous les obstacles possibles à une entreprise considérée comme absurde et impraticable. Toutes ces difficultés furent surmontées, et il eut enfin la satisfaction de voir les arbres descendre le long du plan incliné avec la rapidité de la foudre. Des sapins de cent pieds de long, et de dix pouces de diamètre à leur petit bout, parcouraient cet espace de trois lieues, en deux minutes et demie, et, pendant leur descente, ils paraissaient avoir à peine quelques pieds de lon

gueur.

défaut de travail, n'existe plus, et qu'on peut à peine en découvrir les traces sur les flancs du Mont-Pilate. Les circonstances politiques ayant détruit la source des principales demandes de bois de eharpente, et d'autres marchés n'ayant pu être trouvés, la coupe et le transport des arbres a nécessairement dû cesser.

Le professeur Playfair, qui a eu occasion de visiter ce plan incliné, rapporte que, lors de sa visite, un arbre mettait six minutes à descendre par un temps sec, seulement trois minutes dans les temps humides.

et

« Vous avez mauvaise grâce; excusez-moi, s'il vous plaît. Sans cette excuse, je n'eusse pas aperçu qu'il y eût d'injure. Révérence parler, il n'y a eu de mauvais que l'excuse. PASCAL, Pensées:

Eussiez-vous l'âme aussi ardente que le foyer de l'Etna, si vous avez un père, une mère, une femme, des enfans, vous ne pouvez redouter les anxiétés de l'ennui. Par le sentiment, nous jouissons de la nature, de la patrie, des hommes qui nous environnent... Voilà les seuls, les vrais plaisirs de la vie, et dont rien ne peut ni nous distraire ni nous indemniser.

NAPOLÉON.

Les dispositions observées pour cette partie de l'opération étaient extrêmement simples. Des hommes étaient placés à des distances régulières, le long du plan incliné, depuis le haut jusqu'en bas; et lorsque tout était prêt, l'homme placé au point le plus bas, criait à celui qui était placé au-dessus de lui: Láchez! Ce eri était répété de proche en proche, et parvenait, DE LA CLASSIFICATION DES PLANTES. en trois minutes, au haut de la montagne. Les hommes qui s'y trouvaient criaient à leur tour à celui qui était Il serait impossible de se reconnaître dans le nombre au-dessous d'eux : Il vient! Et l'arbre était à l'instant de 60,000 plantes que l'observation a fait découvrir, même lancé sur le plan incliné, précédé par le cri: si nous n'avions une méthode pour nous diriger parmi Il vient! répété aussi de proche en proche. Aussitôt une quantité si considérable d'espèces. L'artifice de que l'arbre avait atteint le bas du plan incliné, et s'é- cette méthode consiste à les distribuer sous quelques tait plongé dans le lac, le cri: Lachez! était reproduit chefs principaux qui rappellent leurs caractères essencomme auparavant, et un nouvel arbre était lancé de tiels. Suivant le choix des parties des plantes qui ont la même manière. Par ce moyen un arbre descendait | servi de base à cette distinction, on peut réduire à trois

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