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plusieurs de ces trois figures, mais avec des effets va- | riés. Quelquefois les figures étaient faibles et mal déterminées; dans d'autres momens, elles offraient une grande intensité et des contours nettement arrêtés. Le lecteur a deviné, sans doute, à l'inspection de la gravure, que le phénomène est produit par l'ombre des observateurs projetée sur le nuage. La troisième image était sans doute due à une troisième personne, placée derrière quelque anfractuosité de rocher.

Des phénomènes tout-à-fait analogues aux précédens se manifestent quelquefois dans des circonstances moins imposantes. On voit quelquefois une ombre projetée par le soleil levant ou couchant, sur une masse de vapeurs blanches passant à quelque distance; mais la tête de l'ombre est presque toujours environnée d'un cercle de rayons lumineux. Souvent cette figure aérienne n'est pas plus grande que nature, ses dimensions et sa distance apparentes dépendant de circonstances locales.

Lorsqu'on se baigne par un beau soleil dans une eau limpide, profonde et tranquille, l'ombre du baigneur est projetée au fond, comme elle se voit sur la terre. Mais quand l'agitation produite par le baigneur a soulevé la vase du fond, de manière à la disséminer dans la masse quide, l'ombre n'est plus seulement une figure plate dessinée sur le fond, mais elle présente les apparences d'un corps plus ou moins solide, formé sur les particules flottantes de la vase. La tête de cette ombre paraît également environnée d'une auréole lu

mineuse.

Bouguer, membre de l'Académie des Sciences de Paris, envoyé à l'équateur avec La Condamine pour mesurer un degré terrestre, fut témoin au Pérou, en novembre 1744, sur le sommet du mont Pambamarca, d'un phénomène tout-à-fait semblable à celui du Brocken.

à

« Un nuage, dans lequel nous étions plongés, dit-il, nous laissa voir, en se dissipant, le soleil qui s'élevait et qui était très éclatant. Le nuage passa de l'autre côté. Il n'était pas trente pas, et il était encore à trop peu de distance pour avoir acquis sa teinte blanchâtre, lorsque chacun de nous vit son ombre projetée dessus, et ne voyait que la sienne, parce que le nuage n'offrait pas une surface unie. Le peu de distance permettait de distinguer toutes les parties de l'ombre; on voyait les bras, les jambes, la tête; mais ce qui nous étonna, c'est que cette dernière partie était ornée d'une auréole formée de trois ou quatre petites couronnes concentriques d'une couleur très vive, chacune avec les mêmes variétés que le premier arc-en-ciel, le rouge étant en dehors.

Les intervalles entre ces cercles étaient égaux, le dernier était plus faible; et enfin, à une grande distance, nous voyions un grand cercle blanc qui environnait le tout. C'était comme une espèce d'apothéose pour chaque spectateur; et je ne dois pas manquer d'avertir que chacun jouit tranquillement du plaisir de se voir orné de toutes ces couronnes, sans rien apercevoir de celles de ses voisins. Je me hâtai de faire, avec les premières règles que je trouvai, un instrument pour mesurer les diamètres. Je craignais que cet admirable spectacle ne s'offrît pas souvent. J'ai eu occasion d'observer depuis que ces diamètres changeaient de grandeur d'un instant à l'autre, mais en conservant toujours entre eux l'égalité des intervalles, quoique devenus plus grands ou plus petits. »

Bouguer ajoute qu'on apercevrait probablement quelquefois ce spectacle sur les tours élevées si l'on s'y trouvait dans des circonstances convenables; savoir : un brouillard peu étendu, à quelques pas de distance, et le soleil placé à l'horizon, à l'opposite.

Jeu. - Pour seconder les salutaires intentions de Charles V, le prevót de Paris, en 1397, rendit une ar

donnance dans laquelle il déclarait qu'en interrogeant les criminels, il avait découvert que la plupart des crimes venaient du jeu (ordonn. du 2 janvier 1397 ). Les tripots et les loteries n'existaient pas encore.

HISTOIRE DES DEUX BARBEROUSSE. La puissance d'Alger fut surtout redoutable aux peuples de la chrétienté, depuis l'époque où cette ville avait été gouvernée par les frères Horouc et Scherreddin, plus connus sous le nom de Barberousse, à cause de la couleur de leur barbe.

Leur père était un potier de l'île de Lesbos; Horouc, l'aîné des deux, commença fort jeune le métier de corsaire; il était à peine âgé de treize ans, lorsqu'il prit deux galères du pape. Huit ans après, sa renommée était si grande, qu'il commandait une escadre de quarante galères, montées par des Turcs et des Maures accourus au bruit de ses exploits.

Le roi de Bougie, ville située non loin d'Alger, ayant été chassé de ses États, appela Barberousse à son secours pour châtier ses ennemis et reconquérir son trône. L'audacieux corsaire, malgré de vigoureux efforts, ne put y réussir, et perdit même un bras qui lui fut enlevé par un boulet de canon. Sa réputation alla néanmoins toujours croissant parmi les Arabes, qui lui donnèrent le titre de sultan.

Bientôt après, en 1516, le souverain d'Alger, SelimEutemy, lui demanda son appui pour chasser les Espagnols de la côte d'Afrique. Barberousse y consentit; mais arrivé à Alger, où le peuple le porta en triomphe, il fit mourir le malheureux Selim, et s'établit à sa place. Alors, se regardant comme invincible, il fit peser sur les Arabes et les Algériens la tyrannie la plus odieuse. En vain ses sujets firent plusieurs fois des tentatives de révolte pour briser un joug insupportable; Barberousse vainquit les rebelles, agrandit même ses États, et put redoubler de despotisme en comblant de récompenses une milice composée de Turcs et de Maures.

La puissance toujours croissante de Barberousse ne tarda pas à donner à Charles-Quint des inquiétudes sérieuses sur l'avenir d'Oran, occupée alors par les Espagnols. L'empereur envoya contre Barberousse dix mille Espagnols, commandés par le marquis de Gomarès, gouverneur d'Oran. Ces troupes, soutenues par les Arabes mécontens, battirent le nouveau roi d'Alger, et l'assiégèrent dans le château de Tremecen. Barberousse résista tant qu'il lui resta des munitions; mais lorsqu'elles furent épuisées, il se sauva avec ses Turcs par un souterrain qu'il avait fait creuser, emportant avec lui toutes ses richesses. Ce fut en vain que, pour arrêter les Espagnols dans leur poursuite, il fit semer derrière lui son or, son argent et sa vaisselle; il fut atteint à huit lieues de Tremecen. Sa défense fut opiniâtre; mais bientôt, accablé par le nombre, il fut massacré avec tous ses soldats. Il mourut ainsi, en 1518, à l'âge de quarante-quatre ans.

Cette victoire ne fit pas tomber Alger entre les mains des Espagnols. Scherreddin succéda à Horous son frère, après avoir été reconnu comme roi et général de la mer par tous les capitaines corsaires. On le connaît dans l'histoire sous le nom de Barberousse II. Après deux ans de règne, il se mit sous la protection de la Porte, pour éviter une révolte générale dont il était menacé dans ses Etats. Le grand-seigneur, Selim Ier, nomma Barberousse bacha ou vice-roi d'Alger, et lai envoya deux mille janissaires. Avec un tel secours, tout plia devant sa volonté; il fit construire un nouveau môle pour former un nouveau port; trente mille esclaves chrétiens y furent employés, et l'achevèrent en trois ans. Barberousse put alors exercer une redoutable piraterie, et se signaler par un grand nombre

d'exploits. Il ravagea les côtes d'Italie, et s'empara ensuite de Biserte et de Tunis, au nom de Soliman II, empereur des Turcs.

Charles-Quint voulut encore s'opposer aux progrès des Barbares sur la côte d'Afrique; il débarqua près de Tunis, en 1535, avec une armée d'Espagnols grossie par les contingens du pape, de Gênes, du Portugal et des chevaliers de Malte. Barberousse alla au-devant de ses ennemis, et fut complètement battu. S'étant retiré à Tunis avec les débris de son armée, il se vit forcé de l'abandonner à la hâte, pour n'être pas massacré par les esclaves chrétiens qui venaient de briser leurs chaînes. Il se réfugia à Biserte, où il équipa une flotte pour aller ravager de nouveau les côtes d'Italie. Plus tard il vainquit le célèbre Doria, son rival, dans le golfe d'Ambracie, où celui-ci était venu le cerner avec la flotte chrétienne. Plus tard encore, il battit les chrétiens, forts de trois cents voiles, devant l'île de Candie. Enfin Barberousse fit sa dernière campagne, comme auxiliaire de François Ier, contre Charles-Quint; il rentra à Constantinople, emmenant avec lui sept mille captifs. Quoique âgé de soixante-dix ans, il se livra à tous les excès du plaisir, et poussa si loin l'incontinence, qu'il en mourut en 1546. Il fut enterré à l'entrée du canal de la mer Noire, dans sa maison de plaisance, à quatre milles environ de Péra. On y voit encore son tombeau.

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5 Novembre 462.-Mort du pape saint Léon-leGrand. Ce fut lui qui, en l'année 452, se présenta devant Attila, arrivé aux portes de Rome, et parvint à l'empêcher d'y entrer.

5 Novembre 1414. Ouverture du concile de Constance. Ce concile est célèbre, surtout pour avoir mis fin au schisme d'Occident, qui, depuis 1389, divisait la chrétienté, et la livrait à l'anarchie. Il déposa les trois papes rivaux, et fit nommer Othon Colonne, qui fut reconnu sous le nom de Martin V. Ce concile s'occupa aussi de la réformation de l'Eglise, et coudamna Jean Hus, un des précurseurs de Luther.

5 Novembre 1736.-Mort de Peterborough, général et ambassadeur anglais, sous le règne de la reine Anne. Il était célèbre par sa bravoure, ses aventures et ses bizarreries.

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6 Novembre 1656.-Mort de Jean-Baptiste Morin, né à Villefranche. C'était un fameux astrologue et tireur d'horoscope du temps de Louis XIII; il fut souvent consulté par Richelieu. Il a laissé un livre intitulé: Astrologia gallica.

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8 Novembre 1308.

Mort de Jean Duns Scot, né à Dunstan, en Écosse; un des plus célèbres philosophes scolastiques du moyen-âge. Il était surnommé le Docteur subtil. Il fut le chef de la secte des scotistes opposée à celle des thomistes, dont saint Thomas d'Aquin était le patron. Les disputes de ces deux sectes jouèrent un grand rôle dans les écoles du moyen-âge. 8 Novembre 1517. Mort du cardinal Ximénès. H naquit en 1437, dans la vieille Castille. -Prélat vertueux et ministre habile, il gouverna l'Espagne sous Ferdinand et Isabelle, et pendant les premières années de Charles-Quint. Il fit à ses frais une expédition en Afrique, où il fut vainqueur. Ce grand homme avait quatre-vingt-un ans quand il mourut.

MUSÉES DU LOUVRE.

MUSÉE DE LA SCULPTURE FRANÇAISE DES Xvio,
XVII ET XVIII SIÈCLES.
PHILIPPE DE CHABOT, AMIRAL DE FRANCE.
STATUE EN ALBATRE DE LAGNY, PAR JEAN COUSIN.

Cette statue a de longueur mètre 577 millimètres, - 4 pieds 10 pouces 4 lignes. Vêtu de sa cotte d'armes, qui recouvre son armure et sur laquelle sont brodées ses armoiries, ayant au cou le cordon de Saint-Michel, et tenant à la main son sifflet en signe de commandement, l'amiral est couché, appuyé sur son casque, et semble se reposer des fatigues de sa vie; son casque et ses gantelets qui sont près de lui et n'arment plus ses mains, prouvent qu'il n'est pas mort au milieu des combats; ce que l'on indique, sur les monumens de cette époque, par le casque en tête, les mains couvertes de leurs gantelets et armées de l'épée. Cette statue, suivant Piganiol de la Force, avait d'abord été attribuée à Paul Ponce. Malgré l'armure, le corps a beaucoup de souplesse; la tête, pleine de force et de caractère, est d'un bon travail; on y retrouve un peu du style des têtes antiques d'Hercule, et la manière simple et large dont cette figure est drapée a beaucoup de rapport avec celle de la belle statue connue sous le nom de Phocion. La cotte d'armes est blasonnée d'armoiries. Le petit poisson à grosse tête plate se nomme chabot dans le Poitou. (Millin, Antiquités nationales, liv. 1, pag. 55.) Les chevaliers déployaient un tel luxe dans leurs cottes d'armes, qu'on fut obligé de le restreindre: elles étaient souvent de drap d'or ou d'argent, relevé de broderies en bosse et d'armoiries, et ornées de pierres précieuses et de perles; il y en avait aussi faites de petits anneaux ou mailles d'acier, quelquefois entremêlés d'or, et qui étaient plus propres au combat. On reconnaît dans la forme de la cotte d'armes celle du sagum des anciens Gaulois, celle de la saie et du sayon des anciens chevaliers, dont les blouses peuvent donner une parfaite idée.

Le monument de Philippe de Chabot lui fut élevé, aux Célestins, par Léonor de Chabot son fils. Philippe, fils de Jacques de Chabot et de Madeleine de Luxembourg, était très aimé de François Ier, il lui avait rendu de grands services par ses talens militaires et par sa valeur; et il fut fait prisonnier avec lui à Pavie, en 1525. Il était sur le point de faire la conquête du Piémont, lorsque les intrigues du connétable Anne de Montmo

renci et du cardinal de Lorraine l'arrêtèrent au milieu |
de ses succès. Ils parvinrent même à le faire condam-
ner, comme concussionnaire, à une forte amende qu'il
ne fut pas en état de payer, et pour laquelle on le fit
languir deux ans en prison. Cependant François I l'en
fit sortir et lui rendit ses emplois. Après sa mort, son
procès fut
l'arrêt qui le condamnait cassé, et son

revu,

innocence pleinement reconnue. Parmi les belles pein-
tures en émail de Limoges qui ornaient le tombeau de
François I", aux Petits-Augustins, on en voyait une de
Léonard de Limoges, d'après les dessins de Jannet,
peintre célèbre du temps de Henri II, qui représentait
Philippe de Chabot en saint Paul.
Jean Cousin est né à Soucy, près Sens; selon quel-

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Perrinero iyice of

(Statue de Philippe de Chabot, amiral de France, et fac-simile de sa signature.)

ques auteurs, l'année 1462 est celle de sa naissance, et l'année 1550 ou l'année 1589 celle de sa mort. Cette dernière date paraît plus juste que l'autre; en effet, le monument de Charles-Quint, mort en 1558, le mausolée de Diane de Poitiers, morte en 1567, deux ouvrages exécutés par Jean Cousin, témoignent contre la première hypothèse. Doué d'un yaste génie pour toutes les parties des beaux-arts, ce grand homme fut un des premiers, sous l'influence de François Ier, à les relever en France. Dans sa longue carrière, que l'on peut comparer à celle de Michel-Ange, il put, comme lui, diriger long-temps par ses conseils et ses exemples l'école française, dont on doit le regarder comme le fondateur. On sait très peu de choses sur sa vie; mais il est probable qu'il voyagea en Italie, et qu'il y profita des leçons de Michel-Ange. Il se pénétra si bien de son style et de sa manière, qu'au premier coup d'oeil ses ouvrages, soit en peinture, soit en sculpture, paraissent être sortis de la main de ce grand

maître.

exécutèrent en bois et en ivoire les ouvrages les plus soignés, les mieux étudiés et les plus délicats. Parmi les plus beaux morceaux qui nous restent de Jean Cousin, on doit citer, en peinture, son Jugement dernier que l'on voit au Musée royal, composition remarquable par l'énergie et la fierté du dessin. Les peintures sur verre qu'il fit pour Anet, Vincennes, Sens, sont mises au premier rang. Quant à ses travaux en sculpture, outre la statue de Philippe de Chabot, les plus remarquables sont celles qu'il fit pour le tombeau de Diane de Poitiers; le beau monument qu'elle fit élever à son époux, Louis de Brézé, à Rouen, et le monument de Charles-Quint, en bronze. Il fut aussi chargé les arabesques du château d'Anet. Son saint Sébastien en ivoire, de quinze pouces de haut, que l'on voyait aux Petits-Augustins, est d'une grande beauté. Jean Cousin a laissé, sur l'anatomie et sur les proportions du corps humain, des ouvrages qui sont encore estimés.

(Extrait des notices de M. le comte de Clarac.)

LES BUREAUX D'ABONNEMENT ET DE VENTE

Grand sculpteur, peintre habile, savant anatomiste, Jean Cousin fut encore l'un de nos meilleurs peintres sur verre; il fit aussi de charmantes sculptures en ivoire. Au reste, on sait que les artistes de cette époque fé- Sont rue du Colombier, no 30, près de la rue des Petits-Augustins.

conde en talens ne négligeaient aucune branche des arts: Albert Durer, Michel-Ange, Jean de Bologne,

IMPRIMERIE DE LACHEVARDIERE, RUE DU COLOMBIER, No 30.

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de chacune repondent à peu près aux quatre points cardinaux, le nord, le sud, l'est et l'onest. On les a désignées par les noms de leurs fondateurs; ce sont : Chéops, Cephrennes et Mycerinus.

Les deux pyramides les plus septentrionales sont les plus grandes. Celle de Chéops, mesurée avec une grande exactitude par le général Grobert, porte 728 pieds de longueur à sa base et 448 pieds de hauteur perpendiculaire. On y compte 208 assises, ayant chacune 20 pouces 6 lignes de hauteur moyenne. Le Cephrennes a 655 pieds de base et 398 de hauteur. Le Mycerinus a 280 pieds de base apparente et 162 d'élé

vation.

On ignore la date de la construction de ces monumens; mais ce qu'on peut avancer sans aucun scrupule, c'est qu'ils sont de l'antiquité la plus reculée, et qu'à l'époque où les philosophes et les plus anciens historiens de la Grèce voyageaient en Égypte, leur origine, mêlée de traditions fabuleuses, se perdait déjà dans un temps immémorial. Parmi les historiens qui parlent de ces monumens, Herodote, le plus ancien et qui paraît avoir été le mieux informe, rapporte, entre autres circonstances, qu'on mit d'abord dix ans à construire une chaussée ou digue destinée à charrier les matériaux de ces monumens du point de leur extraction à la colline où ils devaient être élevés. De chaque côté de cette chaussée régnait un mur construit en pierres lisses et ornées d'hieroglyphes on signes symboliques; sa longueur était de 5 stades sur 40 coudées de largeur (10 oryges) et 32 d'élévation (8 oryges). Lorsqu'elle fut achevée, on aplanit au ciseau la colline sur laquelle devait s'élever la pyramide; on creusa les canaux et les souterrains, travail qui dura encore dix années, et ce ne fut qu'ensuite que l'on bâtit la pyramide à laquelle, selon Diodore de Sicile, cent mille hommes furent occupés pendant vingt ans.

Les pierres destinées à ces constructions étaient tirées des carrières de la montagne orientale, située sur la rive opposée du fleuve, du côté de l'Arabie. La plupart de ces blocs avaient jusqu'à 30 pieds de longueur. Après avoir élevé les pyramides par assises de pierres placées les unes au-dessus des autres, et formant jusqu'au sommet autant de degrés successifs, comme les marches d'un escalier, on revêtit, en commençant par le haut, les faces extérieures de ces monumens avec des pierres taillées en forme de prisme triangulaire, et rapprochées de manière à former dans leur ensemble une surface unie. La seconde pyramide dite le Cephrennes, est la scule qui ait conservé vers la pointe une partie

de son revêtement.

et

d'embaumer les morts. Ce qui, du reste, devait lever tous les doutes à l'égard de la destination des pyramides, c'est l'existence d'un sarcophage ou cuve en granit qui se trouve dans la grande salle du Chéops, et qui avait été destinée à renfermer la momie du roi.

Quelques pyramides sont ouvertes, d'autres sont encore fermées, d'autres tombent en ruines. L'intérieur de celles qui sont ouvertes renferme différentes chambres et galeries.

La pyramide de Chéops a été, entre toutes, le principal objet des recherches des savans et des voyageurs. On y pénètre par une ouverture étroite, placée à 48 pieds au-dessus du sol, et qui conduit successivement à cinq canaux différens, ayant tous, à l'exception du quatrième, 3 pieds 4 pouces en carré. Ces couloirs conduisent dans la même direction du nord au sud, et par un double embranchement, à deux chambres, dont la plus grande, dite chambre du roi, et qui contient le sarcophage, se trouve à peu près vers le milieu de la pyramide, perpendiculairement à son sommet, au-dessus de la seconde chambre, et à 160 pieds du sol. Plus récemment, une troisième pièce, située au-dessus des deux premières, a été découverte, avec de nouveaux couloirs, par un Italien, nommé Caviglia, et il n'est pas impossible que cette pyramide renferme d'autres chambres et d'autres galeries qu'on n'a pas encore trouvées.

On rencontre dans le couloir horizontal, aboutissant à la chambre de la reine et au niveau du sol, une excavation en forme de puits ou cheminée, dont la profondeur connue est de 180 pieds environ; il fait quelques sinuosités, et pénètre obliquement dans le rocher qui sert de base au monument; les pierres et les gravas qu'on y a jetés ne permettraient d'aller plus loin qu'au moyen de déblaiemens considérables.

On a lieu de soupçonner, d'après des recherches et des découvertes plus récentes, que ce puits aboutissait par diverses ramifications à d'autres chambres inconnues, et s'étendait même au dehors de l'édifice jusqu'au sphinx, dont nous parlerons plus bas.

On a reconnu également que la plupart des canaux de cette pyramide avaient été bouchés et remplis avec des pierres qu'on y a fait glisser après que tout l'ouvrage eut été achevé, afin de rebuter ceux qui auraient entrepris de les ouvrir.

L'intérieur de ce monument est d'autant plus pénible à visiter, qu'indépendamment de la chaleur étouffante qu'on y éprouve, et de l'odeur infecte causée par les chauves-souris qui y meurent et s'y décomposent depuis tant de siècles, le peu d'élévation donnée aux conduits oblige les curieux, tantôt à se tenir courbés, tantôt à escalader des parois verticales où de simples cavités taillées au marteau servent d'échelons; tantôt à gravir des pentes rapides sur une pierre dont le poli, malgré les rainures transversales pratiquées de distance en distance, expose à des chutes qui ne sont pas sans danger; on est obligé, en outre, de tenir à la main une bougie dont chacun doit être muni dans cet obscur dédale.

On s'est livré, à l'occasion de ces édifices, à une foule de conjectures plus ou moins étranges. Les uns en ont fait des observatoires, sans songer que leur revêtement extérieur n'eût pas permis de les gravir, et que la réunion de plusieurs édifices semblables sur un espace de peu d'étendue détruisait cette assertion, lorsque d'ailleurs des montagnes plus élevées, situées non loin de là, devaient mieux convenir à cet usage. D'autres en ont fait les greniers d'abondance de Joseph; d'autres enfin, le symbole de certaines croyances mystiques, En suivant l'angle extérieur nord-est, où la dégradale centre des initiations et de diverses cérémonies mys- tion causée par la vétusté et le marteau des explorateurs térieuses. L'opinion des savans, d'accord avec le témoi- ont ménagé une montée facile, on parvient au sommet gnage des historiens et l'examen des monumens, recon- de la pyramide. Aux deux tiers de l'élévation totale du naît aujourd'hui qu'ils étaient destinés à servir de tom-monument se trouve une excavation qui sert de repobeaux; l'idée d'élever des tas de pierres sur la tombe des morts semble en effet naturelle à tous les peuples dans leur état d'enfance; on retrouve des tumuli du même genre dans l'Inde, dans la France, en Angleterre et en Irlande; il en est, même dans cette dernière contrée, qui ont jusqu'à 150 pieds de hauteur.

Chez les Egyptiens, le faste des tombeaux était pour ainsi dire consacré par la religion, comme la pratique

soir à ceux qui font cette ascension; on y reconnaît une chambre carrée qui paraît avoir toujours existé, et par laquelle on avait tenté de pénétrer dans l'édifice avant que son ouverture actuelle ne fût connue; les arrachemens et dégradations qu'elle a éprouvés attestent ces pénibles efforts.

Le sommet de la pyramide présente une plate-forme irrégulière de 18 pieds carrés, due à la destruction des.

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