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Origine des épices. - Autrefois l'épicerie était une denrée des plus précieuses. Au nouvel an, aux mariages, on donnait des épices comme aujourd'hui l'on donne des dragées et des confitures sèches. Pour un procès gagné le plaideur reconnaissant offrait des épices à ses juges; et quoique ceux-ci fussent obligés de rendre la justice gratis, ils ne croyaient pas offenser la loi en acceptant un présent aussi modique. Bientôt l'abus s'en mêla; et saint Louis se crut obligé de fixer à la valeur de 10 sous les épices qu'il permettait aux juges de recevoir. La vénalité des charges fit ensuite convertir en argent ces paquets d'épices; de là cette formule, qu'on trouve en marge des anciens registres du parlement: Non deliberatur donec solvantur species. Telle est l'origine du nom d'épices, donné autrefois aux honoraires des juges.

LE HOUX.

et qui fréquentent ces jardins toujours verts que l'art entretient au sein de nos grandes villes, pour y mentir au milieu de l'hiver la parure de la belle saison, reconnaîtront facilement ce rameau de houx.

On a aussi souvent donné, par confusion, à cet arbre le nom de chêne vert, arbre qui en diffère pourtant essentiellement.

Le houx appartient à la tétrandrie tétragynie de Linnée, ayant une fleur à quatre étamines, a quatre pistils, correspondant à quatre noyaux osseux, renfermés dans une baie coriace, d'un rouge éclatant, qui, lors de sa maturité, contraste avec le vert éclatant du feuillage.

Le chêne vert, au contraire, est rangé avec les autres chênes dans la monacie Linnée, dans les amentacées Jussieu, parmi les arbres qui ont des chatons et des glands. C'était l'yeuse des anciens, arbre consacré à Jupiter, et honoré d'un culte particulier chez eux, lorsque son tronc avait été frappé de la foudre. Une yeuse aux rameaux séculaires avait poussé ses racines dans le tuf où se trouve placé le tombeau de Virgile, à l'entrée de la grotte de Pausilippe, à Naples (voyez pages 21 et 104). La plupart des voyageurs qui allaient rendre des hommages à la mémoire du poète latin, par une erreur de botanique, arrachaicnt quelques feuilles à cette yeuse, et les répandaient avec leurs lettres dans toute l'Europe, sous le nom de feuilles du laurier de Virgile.

Le houx commun est un arbre de 10 à 12 pieds d'é lévation au plus; son tronc est droit, et s'élève en formant une belle pyramide, ses ovales coriaces, d'ur. beau vert satiné, ne tombent pas à l'automne; elles sont quelquefois vergetées de jaune. Arinées de piquans redoutables, qui terminent les ondulations échancrées, ces feuilles offrent une bonne défense contre l'agression des troupeaux, en en garnissant la tête des fossés qui entourent les héritages; aussi est-ce surtout comme haie vive que l'on cultive le houx. Dans les forêts il recherche les éclaircis, les landes dans des terrains peu fertiles; il se plaît surtout dans les sables granitiques; alors il atteint sa plus grande force, sans cependant jamais fournir du bois de construction. Ses branches les plus droites et les plus effilées fournissent de redoutables cannes, des manches d'instrumens, de fouets très solides, des baguettes de fusil; on peut aussi le tourner, comme le buis, dont il a la solidité et le tissu compacte.

L'écorce du houx avait été employée en médecine comme anti-fiévreux; on l'a depuis abandonnée, et la gloire de combattre la fièvre et de remplacer le quinquina est restée au petit houx, arbrisseau de la famille des asparaginées. C'est M. le docteur Rousseau, chef des travaux anatomiques au Muséum d'histoire naturelle, qui a principalement fixé l'attention sur les vertus febrifuges du petit houx, du fragon. L'Institut a couronné le zèle de ce médecin par une médaille d'or, comme récompense de ce service signalé.

Quant au houx commun ( ilex aquilifolium), il n'a pour mérite bien constaté, que la solidité de son bois, les épines de ses feuilles qui en font un arbre de défense utile, et un appui solide, comme bâton, au vieux laboureur.

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MUSÉES DU LOUVRE.
PEINTURE.-ÉCOLE FLAMANDE.

PEINTRES DE GENRE CÉLÈBRES. JOSEPH VAN CRAESBERE,

PEINTRE FLAMAND.

Joseph Van Craesbeke naquit à Bruxelles vers 1608, Tout ce qu'on sait sur les premières années de sa vie,

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Craesbeke faisant le portrait d'Adrien Brauwer.)

(Musée du Louvre, no 395. C'est là qu'il fit la connaissance d'Adrien Brauwer, l'un des plus grands peintres de l'école flamande.

Ces deux hommes étaient faits l'un pour l'autre : ils se lièrent d'une amitié tellement intime, que bientôt ils devinrent tout-à-fait inséparables. Brauwer quitta la maison de Rubens, et vint demeurer chez le boulanger. Celui-ci, aussitôt les affaires de sa boutique faites, montait dans l'atelier de son ami, et y restait jusqu'à la nuit à le regarder peindre; alors ils sortaient ensemble, passaient la soirée à boire et à fumer, et rentraient quand il plaisait à Dieu.

jalousie les sépara; d'ailleurs, Brauwer, qui s'était fait de mauvaises affaires avec les gens de la justice d'Anvers, à propos de quelques plaisanteries que ce ux-ci trouvaient un peu fortes, avait résolu de quitter le pays.

Peu de temps après, Craesbeke quitta tout-à-fait son état de boulanger, pour se livrer exclusivement à la peinture. Ses tableaux étaient fort recherchés, et il les vendait fort cher. Ils représentent habituellement des tabagies, des corps-de-garde, des querelles de gens ivres, des intérieurs de ménages flamands, etc. A force de voir faire de la peinture, l'idée vint au Ils sont peints avec une rare finesse, pleins d'action et boulanger qu'il pourrait bien en faire aussi. Un jour de mouvement. On cite, parmi ses plus beaux ouvra qu'il était derrière la chaise de son ami depuis long-ges, celui qu'il fit pour la salle de la confrérie des temps, occupé à étudier sa manière de peindre: « Il me semble, dit-il, que j'aurais du goût pour la peinture. -Pourquoi pas? dit Brauwer; d'ailleurs il n'en coûte rien d'essayer. Il essaya, et réussit, parce qu'il avait souvent observé son maître ébaucher et terminer ses tableaux, et qu'il avait fini par comprendre ce qu'il voyait. Craesbeke fut bientôt peintre, et au bout de deux ans il faisait le tableau que représente la gravure qui accompagne cette notice.

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Ce tableau est une œuvre de maître; il ne le cède en rien à aucune peinture de la galerie du Louvre pour la force, la finesse, la science de l'effet et de la couleur. Craesbeke s'y est peint lui-même faisant le portrait de son maître. Ces deux hommes se ressemblent dans leurs ouvrages comme dans leur manière de vivre; ils diffèrent dans leur peinture comme dans leurs goûts particuliers, leur physionomie et leur allure.

maîtres en fait d'armes de la ville d'Anvers. Ce tableau, peint sur bois, représente les portraits des principaux confrères dans les différens exercices de leur état.

Il a fait aussi quelques portraits d'un grand mérite: souvent il a peint le sien, tantôt avec un emplâtre sur l'oeil et ouvrant une bouche effroyable; tantôt étudiant sur sa figure l'effet des grimaces les plus bizarres.

Craesbeke fut toute sa vie ce qu'il avait été d'abord; peu soucieux de l'avenir, ami de la joie et des plaisirs, heureux avec une société de bons vivans, au milicu des pots de bière et de la fumée de tabac, dépensant son argent aussi facilement qu'il le gagnait. En somme, il laissa en mourant sa femme et ses enfans dans une honnête aisance.

LES BUREAUX D'ABONNEMENT ET DE VENTE

Ils se convenaient merveilleusement, et vécurent Sont ruc du Colombier, n° 30, près de la rue des Petits-Augustins. long-temps dans l'intimité la plus parfaite, doublant leurs forces par l'association de leurs études et de leurs observations individuelles. Mais à la fin un motif de

IMPRIMERIE DE LACHEVARDIERE, RUE DU COLOMBIER, No 30.

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de ses proportions et la richesse de ses ornemens, la plupart des temples construits en Europe dans le moyen âge; on admire surtout la rectitude de son plan, la magnificence de son ensemble, la perspective majestueuse de ses larges percées, et l'heureuse har-loge ou de saint Christophe; la seconde, connue sous monie de ses lignes.

Voici quelles sont ses dimensions: la largeur de la façade principale, dans sa totalité, est de 150 pieds; la longueur dans œuvre est de 415 pieds, et à l'exté rieur de 450; les maîtresses voûtes, depuis le percé jusqu'à la clef, sont hautes de 132 pieds 8 pouces; la hauteur de la flèche du clocher doré, depuis le comble y compris le coq, est de 201 pieds, et depuis le pavé jusqu'à l'extrémité du clocher, de 402; l'élévation de la tour septentrionale est de 210; celle de la tour méridionale, de 190: le nombre de marches pour parvenir à la tour la plus élevée est de 306.

belle flèche qui les surmonte. Sur l'un des contre-forts de la tour, se voit la statue colossale d'un ange. Cette façade présente trois entrées ou portes latérales. La première est connue sous le nom de Portail de l'Horle nom de Portail Saint-Honoré ou sous celui de la Vierge dorée, est assez riche de sculpture. La troisième entrée de l'église de ce côté est appelée la Porte. du Puits de l'œuvre.

Côté gauche extérieur. La façade septentrionale, obstruée en partie par les bâtimens du palais épiscopal, n'offre presque rien de remarquable. La partie supérieure n'a pas été terminée, le pignon reste à faire, ainsi que les deux campanilles pyramidales qui devaient surmonter les piliers angulaires.

-Le premier clocher de la cathédrale, bâti en pierre, avec le corps de l'édifice, vers l'an 1240, fut détruit par la foudre, le 15 juillet 1525. Les travaux du nouveau clocher furent achevés en 1533.

L'intérieur de cette basilique est remarquable par ses dimensions colossales, par l'élévation et le jet hardi de ses voûtes, la délicatesse de ses arcades et de ses fenêtres, la régularité et l'heureux accord de leurs proportions. Le vaisseau, dont le plan est en forme de croix latine, consiste en une nef, un chœur et une croisée ou transept, accompagnés de vastes bas côtés, disposés sur le même axe et bordés de chapelles, qui règnent autour de la nef et du chœur.

Notre gravure reproduit la façade principale de la cathédrale. Trois portiques occupent toute l'étendue de la partie inférieure de la façade; ils sont décorés d'un système uniforme d'ornemens, qui consiste en un soubassement continu, enrichi de caissons en forme de trèfles, contenant 118 bas-reliefs, et qui est décoré d'un fond de mosaïque. Sur ce soubassement s'élève un rang de colonnes légèrement engagées, dont chacune porte en avant une statue de grande proportion, élevée sur une console et surmontée d'un dais, le tout terminé par de profondes voussures ogives, disposées en cul-de-four, dont les arcs multiplies, présentant une Les voûtes, élevées sur cent vingt-six grosses colondiminution progressive, sont remplis d'une grande nes, sont généralement à arêtes, et reposent sur quatre quantité d'anges, de séraphins et d'autres personnages nervures croisées diagonalement. Les grandes fenêtres en rapport avec le grand tableau en relief, sculpté sur sont au nombre de quarante-une, non comprises celles le fond du tympan; enfin, ces trois portiques sont sur- des chapelles et de la galerie qui entoure le chœur. montés par des pignons triangulaires, ornés de char-L'église a beaucoup perdu de son effet par l'absence des dons qui se détachent d'une manière pittoresque sur verres de couleur qui décoraient ces fenêtres. L'intédes renfoncemens obscurs, et l'arc d'ouverture du rieur est encore éclairé par trois grandes roses, remarchœur est enrichi d'un cordon à fleurs et d'une den- quables par leur forme circulaire et la délicatesse de leurs telle en pierre délicatement découpée. Les trois portes compartimens, dont les ramifications, contournées avec de cette façade ont chacune une dénomination particu- toute la souplesse des métaux les plus ductiles, servent lière celle du milieu est appelée la Porte du Sauveur, d'encadrement à une nombreuse suite de sujets peints celle de droite est dite de la Mère de Dieu, et celle à sur verre. La chaire de l'église, exécutée en 1773, est gauche de Saint Firmin le martyr. un monument de sculpture qui jouit d'une grande ré

Les chapelles de la cathédrale, qui sont au nombre de vingt-quatre, n'avaient pas été comprises dans le plan primitif de Robert de Luzarches; elles ont été successivement érigées depuis à diverses époques.

Le travail de la boiserie des stalles du choeur, disposées en deux rangs étagés de chaque côté, est riche et élégant. Le grand autel, disposé à la romaine, est décoré d'un bas-relief doré, représentant Jésus-Christ faisant sa prière au Jardin des Olives. Derrière le maîtreautel s'élève une grande gloire rayonnante, construite en pierre et en bois, et dont l'immense proportionproduit un bel effet dans la perspective du temple.

La plupart des ornemens et des figures des porti-putation. ques, ainsi que ceux des extrémités de la croisée, portent encore l'empreinte des différentes couleurs et de l'or dont ils furent originairement revêtus, suivant le système de décoration tout oriental, importé en italie par les Grecs, pendant le moyen âge. La partie des trois façades au-dessus des trois portiques se compose d'une galerie à jour en forme de péristyle, qui règne dans toute la largeur, et dont les arcades ogives sont subdivisées par d'autres arcs en forme de trefle; cette galerie est soutenue par une autre, également à jour, et dont les entre-colonnemens sont décorés d'une série de vingt-deux statues colossales, que F'on croit représenter les monarques français bienfai- Nous avons voulu nous étendre sur la description teurs de cette église, qui ont gouverné le royaume de cette cathédrale, qui est regardée comme l'un des depuis Childéric II jusqu'à Philippe-Auguste. Au-prototypes des édifices vulgairement appelés gothiques. dessus se voit une grande rose à compartimens, en pierre, d'un magnifique travail; toute cette partie de la façade est surmontée d'une balustrade à jour, à hauteur d'appui, régnant dans toute la largeur, et formant une riche ceinture horizontale. A cette hauteur se termina pendant long-temps le portail de la cathédrale d'Amiens; les deux tours et la galerie vitrée qui les unit à la base, n'ont été élevées que plus d'un siècle après l'achèvement du bâtiment de l'église.

Côté droit extérieur. En se dirigeant du côté du sud, on découvre totalement la façade latérale de l'église; l'œil embrasse la vaste étendue de cet édifice, ses proportions imposantes, la projection des arcs-boutans, la prodigieuse élévation des combles et de la

Ceux de nos lecteurs qui voudraient entrer dans plus de détails, peuvent lire une histoire de ce monument par M. Gilbert, ouvrage très exact et très complet.

LE MUSÉE D'ARTILLERIE A PARIS.
(Troisième article. — Voyez page 359.)

Au milieu de la salle des Armures, on voit François Ier à cheval; l'armure est montée sur un cheval bardé, supporté par un piédestal, autour duquel sont des bas-reliefs représentant la bataille de Marignan, moulés en plâtre sur ceux qui sont au tombeau de ce monarque à Saint-Denis. C'est l'armure que portait François Ier à la bataille de Pavie. Elle était conservée

à Vienne. Le roi tient à la main une lance de tournoi ou lance gracieuse; les ailes sont travaillées à jour, relevées d'or et de couleurs, ainsi que le pied. Un velours cramoisi et des franges ornaient la poignée. Le Musée montre aussi l'épée que François Ier portait à la bataille de Pavie; la poignée est en croix, émaillée, avec des ornemens en or, parmi lesquels on distingue des salamandres; sur la garde on lit, en lettres émaillées, et orthographié comme il suit, ce passage de l'écriture: Fecit potentiam in brachio suo. Cette épée était précieusement conservée à Madrid, dans la chambre même où François I" était retenu prisonnier. En 1808, à l'époque de l'entrée de Murat dans la capitale espagnole, ce général fit transporter solennellement cette royale épée au palais occupé par l'état-major français, puis il l'envoya en France.

Dans la grande salle, à droite, on voit l'armure de Louis XIV; elle est très remarquable par la richesse et la beauté du travail. Fabriquée à Brescia, en 1688, par Garbagnani, elle fut donnée par la république de Venise au roi de France. Les ornemens sont gravés au burin. Plusieurs des villes conquises par le roi sont représentées sur les différentes parties de l'armure. Sur le devant du casque se trouve la devise de Louis XIV: un soleil, et les mots Nec pluribus impar. Au fond de la salle, existe l'armure attribuée à Jeanned'Arc; cette armure est faite pour combattre à pied. Elle pèse 61 livres; d'après sa hauteur, la taille de l'héroïne aurait dû être d'environ 5 pieds. Cette armure paraît être celle dont Charles VII fit présent à Jeanne d'Arc, et qu'elle déposa à Saint-Denis, apres avoir été blessée sous les murs de Paris; elle fut transportée de Saint-Denis à Paris par les Anglais, qui l'y laissèrent dans leur retraite précipitée. Plus tard, elle fut placée dans le cabinet de Chantilly, d'où elle a passé au Musée d'artillerie. — Un casque de forme mauresque, à timbre arrondi, très orné, est attribué à saint Louis. Un très ancien casque, en dôme pyramidal, avec des ornemens en argent doré sur fer bruni, sans visière, est | supposé avoir servi à Attila. La plaque monumentale qui est au-dessus, et qui a été trouvée avec ce casque, dit qu'il a appartenu à Attila, roi des Huns, mort en 453. Une curiosité remarquable, plutôt sous le rapport historique que sous celui de l'art, est un ancien pavois, de la forme de ceux dont se servaient autrefois les Francs, et dont les Bohémiens ont conservé plus tard l'usage; il est en bois et couvert intérieurement de cuir. On lit, au bas de ce pavois, une inscription allemande, dont voici la traduction : L'an du Seigneur, 1504, mardi, après le jour de l'élévation de la sainte Croix, lorsque l'empereur Maximilien gagna la bataille devant la ville de Ratisbonne contre les Bohémiens, ce pavois et un drapeau furent pris dans la ville. — Parmi les épées, il faut regarder encore une belle épée à l'espagnole : poignée richement sculptée, en acier bruni, fonds dorés. Cette arme a été apportée de Naples par le général Éblé; c'est un des beaux ouvrages attribués à Benvenuto Cellini. On croit qu'elle a appartenu à Launoy, vice-roi de Naples du temps de Charles-Quint. Un autre bel ouvrage de Benvenuto-Cellini est une carabine à rouet: le fût est plaqué en ivoire, avec ornemens incrustés; le canon est très richement ciselé. Louis-Philippe a envoyé au Musée, il y a quelques mois, l'épée que portait Henri IV le jour de son mariage avec Marie de Médicis. La lame est incrustée de médaillons de nacre, où sont gravés les douze signes du zodiaque; la poignée est richement damasquinée, et chargée d'inscriptions faisant allusion aux victoires de Henri IV sur la ligue. Le poignard de Ravaillac fait partie de la collection du Musée. L'épée de Louis XI, à lame ondoyante, est remarquable par une singularité qui caractérise ce roi : sur les deux côtés se trouve gravé l'Ave Maria.

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Nous devons tous les principaux renseignemens et détails de ces articles à la bienveillance du savant chargé de la conservation du Musée d'artillerie qui s'est enrichi par ses soins de presque toutes les plus précieuses curiosités.

NOTICE SUR LE RADJA RAMMOHUN-ROY,

QUI VIENT DE MOURIR EN ANGLETERRE.

Au commencement de l'automne de 1832, les journaux de Paris annoncèrent l'arrivée d'un savant Brahmane, qui venait d'Angleterre pour visiter la France; aujourd'hui les journaux anglais annoncent sa mort, en déplorant la fin prématurée de cet homme extraordinaire, qui avait quitté l'Inde, sa patrie, pour venir étudier les mœurs et la civilisation de l'Europe, et pour chercher à démêler la vérité, au milieu des sectes et des opinions qui divisent l'Occident comme l'Orient. Nous croyons ne pas pouvoir mieux faire connaître ce célèbre Brahmane qu'en insérant ici une partie de la notice sur sa personne, qu'il adressa à un de ses amis avant son excursion en France.

«...Mes ancêtres furent des Brahmanes d'un haut rang, dévoués depuis les temps les plus reculés aux devoirs religieux de leur race, jusqu'à mon cinquième aïeul du côté de mon père, lequel, il y a environ cent quarante ans, abandonna les exercices spirituels pour les affaires et les intérêts du monde. Ses descendans suivirent son exemple, et obtinrent des succès divers, tantôt élevés aux honneurs, tantôt tombés dans la disgrâce; tantôt riches, tantôt pauvres. Mais mes parens maternels, étant de l'ordre sacerdotal, par profession et par naissance, et appartenant à une famille qui n'en connaissait aucune autre au-dessus d'elle, se sont consacrés exclusivement jusqu'à ce jour à la vie des observances religieuses, et à la dévotion, préférant la paix et la tranquillité de l'esprit aux rêves agités de l'ambition et à tous les attraits de la grandeur mondaine.

» Selon les désirs de mon père, je me conformai aux usages de ma race paternelle, et j'étudiai les langues persane et arabe, indispensables toutes deux à ceux qui s'attachent à la cour des princes mohammétans de l'Inde; tandis que, pour me conformer aussi à l'usage de mes parens maternels, je me livrai à l'étude du sanskrit et des ouvrages de théologie écrits dans cette ancienne langue.

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J'avais environ seize ans lorsque je composai un ouvrage qui mettait en question la validité du système idolâtre des Hindous, et qui commença à jeter quelque froideur entre mes proches parens et moi; je mé mis alors à voyager; je traversai, non seulement différens pays, situés la plupart dans les limites de l'Hindoustan, mais encore quelques autres au-delà, car j'étais animé d'un grand sentiment d'aversion pour l'établissement de la puissance britannique dans l'Inde. Lorsque j'eus atteint ma vingtième année, mon père me rappela, et me rendit ses bonnes grâces. Ce fut alors que je vis pour la première fois des Européens, et que je commençai à me lier avec eux. Je devins bientôt suffisamment instruit dans leurs lois et dans leurs gouvernemens. Trouvant les Européens généralement plus intelligens, plus réguliers et plus modérés que les nôtres, j'abandonnai les préjugés que j'avais contre eux, et je me trouvai porté en leur faveur, parce que je me persuadai que par leur administration on arriverait plus promptement et plus sûrement à l'amélioration de mes compatriotes; j'obtins la confiance de plusieurs d'entre eux, qui me le manifestèrent dans plusieurs circonstances importantes. Mes discussions multipliées avec les Brahmanes au sujet de leur idolâtrie et de leur superstition, mon opposition contre la

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