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les roues. Quelques uns se bornent à faire fracasser | de la collecte des deniers royaux, du guet et de la garde leurs bras ou leurs jambes, mais les plus saints se sa- des portes, de tutelle, de curatelle, etc., etc. crifient.

En 1681, nouvelle ordonnance, qui leur permet de Un Anglais (Buchanan), qui fit, en 1806, le pèle-porter épée et autres armes, les dispense des corvées et rinage de Jaggatnatha, y fut témoin de ces sacrifices; de la milice, défend aux officiers des élections et greil vit un Hindou s'étendre le visage contre terre, les niers à sel, habitans des villes et paroisses, assesseurs mains alongées en avant, sur le passage de la tour; et collecteurs, de les comprendre dans leurs rôles de son corps écrasé demeura long-temps dans l'ornière taxes. exposé aux regards des spectateurs. Quelques pas plus loin une femme se sacrifia aussi; mais, par un rafflinement d'expiation, voulant savourer la mort, elle se plaça dans une situation oblique, de manière à n'être qu'à demi écrasée, et à survivre de quelques heures dans les plus cruelles souffrances.

Une foule d'autres dévots, moins zélés, se contentent d'expier leurs péchés par des tortures qui n'entraînent généralement pas la mort du patient. Les uns se précipitent sur des matelas de paille, garnis de lances, de sabres et de couteaux; d'autres se font attacher à l'extrémité d'un balancier, au moyen de deux crochets de fer qu'on leur enfonce dans l'omoplate, et bientôt enlevés à trente pieds de hauteur, reçoivent un mouvement de rotation d'une rapidité excessive, pendant lequel ils jettent des fleurs sur les assistans. Ceux-ci ne restent pas oisifs, et se livrent à mille petites expiations, qui sont considérées comme de simples gentillesses : tantôt ils se passent des tuyaux de pipe dans les bras et dans les épaules, tantôt ils se font sur la poitrine, sur le dos et sur le front, cent vingt blessures (nombre consacré); l'un se perce la langue avec une pointe de fer, cet autre la fend avec un sabre.

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En 1775, Louis XVI, sur le rapport de Turgot, sépara les messageries et diligences de la ferme générale des postes. « Sa Majesté ayant reconnu, dit le préambule de l'arrêt du conseil-d'état, que le mode de régie adopté soumet ses peuples à un privilége exclusif, résolu de faire rentrer dans sa main tant lesdits droits de carrosses, que les messageries qui font partie du bail général des postes, pour former une seule administration royale. Turgot, ayant réuni à cette administration les priviléges des diligences et coches d'eau sur les rivières et sur les canaux du royaume, organisa une vaste exploitation, qui devait par la suite desservir toutes les provinces. Le prix des places dans les anciens carrosses était, depuis plus de cent ans, de dix sous par lieue; il fut porté à treize. On estime que le gouvernement retirait alors annuellement 900,000 livr. de ce service public.

En 1789, les messageries rapportaient à l'État 1,100,000 livres; elles faisaient quinze lieues en vingtquatre heures, le prix des places était d'un franc par lieue, et les voyageurs au nombre de huit dans les voitures de la plus grande dimension.

Par suite de la révolution et des victoires de l'emAu milieu de ces scènes d'horreur, il est un fait ce-pire, cette industrie reçut une telle impulsion, qu'en pendant sur lequel on aime à se reposer: on voit les membres de la caste orgueilleuse des Brahmes se prosterner devant l'idole, la tête découverte, en se mêlant sans scrupule avec les artisans, les ouvriers, les serviteurs, qui forment une caste impure. « Le dieu de Jaggatnatha est si grand, disent-ils, que tous sont égaux devant lui: distinction de rang, dignité, talent, naissance, tout disparaît, tout s'efface dans son immensité.» - Ainsi, dans le chaos de ces superstitions orientales, on voit poindre quelque lueur des principes dont l'évangile de Jésus-Christ a éclairé l'Occident.

PROGRÈS DES MESSAGERIES EN FRANCE.

Il paraît que ce fut sous le règne de Charles IX que l'usage des coches ou voitures publiques s'établit à Paris. Les loueurs de coches prenaient des permissions du roi, afin de n'être point inquiétés par les messagers de l'Université ou par les maîtres de poste.

En 1575, Henri III révoqua toutes les commissions octroyées pour mener coches, et permit à Philibert de Cardaillac, sieur de Capelle, sénéchal de Quercy, de nommer telles personnes qu'il jugerait à propos pour la conduite des voitures de Paris, Orléans, Troyes, Rouen ct Beauvais.

En 1594, les besoins du commerce ayant donné plus de développement à ces entreprises, Henri IV créa l'office de commissaire-général et surintendant des coches publics du royaume, dont Pierre Thireul fut le premier titulaire.

moins de quarante ans, et affranchie du monopole, elle a fait plus de progrès que dans les trois siècles précédens. On peut s'en convaincre par le tableau suivant, où l'on remarque avec satisfaction que, malgré les nombreuses améliorations apportées dans le transport des voyageurs et des effets, malgré l'accroissement du prix des fourrages, des chevaux et de la journée, les messageries ont une baisse considérable dans le prix des voyages.

réalisé

ANNÉES.

Nombre de voyageurs par voiture

de la plus grande dimension.

Prix des places par lieue.
Durée, en minutes, du voyage

par lieue.
Prix du transport des marchandises
pour 100 kil. et pour 100 lieues.

Quantité de lieues
parcourues en vingt-quatre heures.
Nombre de voitures partant de
Paris à heures fixes par jour.
Nombre de voyageurs
qu'elles reçoivent par jour.

Quantité de marchandises qu'elles chargent par jour sur la totalité de leurs voitures.

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Cette industrie, qui en 1775 produisait à peine pour En 1676, Louis XIV ordonna le remboursement de l'État 900,000 livres, paie aujourd'hui 12,000,000 d'imleurs finances aux propriétaires des différentes message-pôts, dont les établissemens de Paris fournissent le tiers. ries, et subrogea aux baux de celles qui appartenaient à l'Université le fermier-général des postes de France. Depuis ce temps, les voitures publiques furent décorées du titre de messageries royales.

Recevant des voyageurs, chaque année, une somme de 45 à 50,000,000 f., elle entretient sur tous les points de la France un mouvement de fonds de plus de 100,000,000 f., et les entrepreneurs des messageries, dans un mémoire En 1678, une ordonnance détermina les fonctions. qui vient de paraître, calculent que les diligences ne des messagers, maîtres de coches et carrosses, voitu- | doivent être comptées que pour un quarantième dans riers, rouleurs et autres; elle exempta les fermiers et la détérioration de nos chaussées. Repoussant le reprocommis des messageries du logement des gens de guerre, { che qu'on leur adresse de verser souvent en route, ils

affirment que ces sortes d'accidens n'arrivent qu'un e fois sur une distance de 130,000 lieues. Ainsi ils font un trajet équivalent à quatorze fois le tour de la terre avant de verser, et une personne qui part pour Bayonne peut parier 650 fr. contre 1 fr. qu'elle n'éprouvera pas cet accident. En 1775, il fallait 20 jours ou 480 heures pour aller de Paris à Bayonne; actuellement on franchit ce trajet en moins de 87 heures. La nourriture et le coucher revenaient à 80 fr.; aujourd'hui on ne couche plus, et le prix de la nourriture est au-dessous de 20 francs.

Les animaux aquatiques ne furent pas plus que les espèces terrestres à l'abri de la fureur que les Romains avaient pour les spectacles. Trente-six crocodiles etales aux regards d'un peuple curieux, dans le Cirque de Flaminius, furent déchirés et mis en pièces, après avoir combattu les uns contre les autres.

Au rapport des historiens, Titus fit périr aux yeux des Romains neuf mille animaux différens; Trajan onze mille dans les jeux qu'il donna après la victoire remportée sur les Parthes. Probus fut celui des empereurs romains qui parvint à rassembler aux yeux du peuple Ainsi les progrès de l'industrie, offrant à l'homme le plus grand nombre d'animaux divers. Ainsi on le vit plus de jouissances, plus de facilité pour satisfaire ses planter une forêt dans le Cirque pour la fête qu'il y désirs ou ses intérêts, lui permettent néanmoins d'éco- donna, et il fit courir, le jour de cette fête, jusqu'à nomiser son argent et surtout son temps, le plus pré-mille autruches, et une quantité innombrable d'animaux cieux de nos capitaux, puisque c'est celui dont notre vie est faite, et le seul qu'il ne nous soit pas permis d'augmenter.

DEPOPULATION DES BETES FÉROCES.

COMBATS D'ANIMAUX A ROME.

Les animaux les plus terribles, comme les lions, les ours, les hyènes, les tigres, les panthères, les éléphans, les rhinocéros, etc., peuplaient en foule les continens, à une époque qui ne remonte pas au-delà de trois mille ans; l'homme, par son adresse, a su les rendre de plus en plus rares, et les reléguer dans les lieux déserts. Quant aux habitans des mers dangereux pour l'homme, il les a forcés aussi, mais dans les temps modernes seulement, de se réfugier dans des parages qu'il ne visite que rarement. C'est ainsi que les baleines ont quitté le golfe de Gascogne, où les anciens pêcheurs basques les trouvaient en si grande quantité que les clôtures de leurs champs étaient faites avec les débris de ces animaux.

La fureur de la chasse, commune à tous les peuples, n'a pas été la seule cause de la destruction des races nuisibles; le goût passionné des anciens Romains pour les combats d'animaux féroces contribua aussi énergiquement à dépeupler les forêts et les déserts. Le nombre des animaux tués à Rome, soit dans les fêtes publiques, soit dans le Cirque, est prodigieux.

C'est ainsi qu'après la conquête de la Macédoine, Métellus amena à Rome, environ cent cinquante éléphans, qui furent tués à coups de flèches dans le Cirque, où on les avait fait combattre,

Ptolémée, dans la fète qu'il donna en l'honneur de son père Ptolémée-Soter, et dans laquelle il simula le triomphe de Bacchus, fit voir des éléphans, des cerfs, des bubales, des autruches, des orix, des chameaux, des brebis d'Éthiopie, des cerfs blancs de l'Inde, des léopards, des panthères, des onces, des ours blancs, et enfin un nombre considérable de lions de la plus grande taille.

de tous les pays.

Ces spectacles continuèrent sans interruption jusqu'à la destruction de l'empire d'Occident : les défenses de l'empereur Constantin ne purent y mettre un terme.

Il est facile de comprendre que tout ce carnage dut singulièrement diminuer le nombre des animaux féroces, et leur faire rechercher les retraites éloignées des habitations.

Lorsque les peuplades du nord eurent envahi toute l'Europe, et que le christianisme les eut civilisées, les villes se multiplièrent, un grand nombre de forêts furent abattues, et les continens se trouvèrent ainsi à peu près débarrassés de ces hôtes dangereux.

Aujourd'hui, les pays civilisés recèlent bien quelques bêtes sauvages, comme des ours, des loups, des hyènes; mais ces animaux redoutent la présence de l'homme; ils se cachent dans les cavernes des montagnes, ou dans la partie la plus épaisse des forêts. Ce qui ne les empêche pas d'être souvent les victimes du pieu, du poignard, ou de l'arme à feu.

USAGES POPULAIRES EN FRANCE.
FÊTES ET CÉRÉMONIES.

Processions de la ville de Douai (Nord). — Le géant
Gayant et sa famille.

En 1479, la guerre se poursuivait entre le roi de France et l'archiduc Maximilien, époux de Marie de Bourgogne, comtesse de Flandre. Les Français voulaient surprendre la ville de Douai; ils se cachèrent dans les Avêties, près la porte d'Arras; et le matin du seizième jour de juin étant venu, ils firent conduire près de cette porte un cheval et une jument, espérant s'introduire dans la place au moment où la garde sans défiance ouvrirait le passage.

Ce projet fut déconcerté, et les Français se retirèrent. Afin de consacrer la ménioire de cet évènement, le conseil de la ville, le clergé et les notables résolurent, en 1480, qu'il serait fait chaque année, le 6 juin, une procession générale en l'honneur de Dieu, de toute la

Ce genre de spectacle qui, primitivement, avait un but politique, devint plus tard l'objet d'un luxe in-cour céleste, et de M. saint Maurand. croyable de la part des grands.

Pompée, lors de l'inauguration de son théâtre, après avoir montré au peuple un grand nombre d'animaux divers, lui présenta, en outre, quatre cent dix panthères, et six cents lions, parmi lesquels il s'en trouvait trois cent quinze à crinière. Les Romains parvinrent même à captiver ces animaux, et Antoine parcourut les rues de la capitale du monde avec des lions attachés à son char. César, non moins magnifique, montra au peuple jusqu'à quatre cents lions à crinière; ayant réuni plus de quarante éléphans, il les fit combattre contre cinq cents fantassins, ensuite contre cinq cents cavaliers (ceci s'appelait à Rome la chasse amphithéâtrale); en sortant de cette fête, d'autres éléphans le ramenèrent chez lui, à la clarté des torches et des -flambeaux disposés sur leurs larges flancs.

Peu à peu on vit s'introduire dans ces processions des figures grotesques ou ridicules, entre autres le célèbre géant Gayant, Cagenon, saint Michel et son diable, etc. A ce sujet, l'évêque d'Arras adressa, en 1699, des représentations aux échevins de la ville. Ceux-ci consentirent à la supression de la figure du diable de saint Michel; mais les abus auxquels donnait lieu la procession ne cessant point encore, cette cérémonie fut abolie par mandement de 1771, après des contestations infinies entre l'autorité civile et religieuse.

Vers le même temps, et afin de célébrer le retour de la ville à l'obéissance de Louis XIV, on institua une autre procession générale; par lettres closes de juin 1771, le roi enjoignit aux autorités d'y assister; depuis cette époque, elle cut lieu sans interruption, le 6 juillet de chaque année, jusqu'à la révolution.

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Il n'existe rien de bien certain sur l'origine de cette illustre famille; ce qui paraît le plus probable à cet égard, c'est que ce fut Charles-Quint, qui, dans le but d'amener les habitans des diverses provinces des PaysBas à se réunir et à fraterniser, établit des fêtes dans lesquelles on vit paraître des figures gigantesques, telles que Gayant, dont la tête atteint la hauteur du premier étage des maisons. De même qu'à Douai, des géans ont joué des rôles importans dans les divertissemens populaires, à Dunkerque, Bruges, Bruxelles, etc.

Gayant et sa famille ont contribué à l'amusement de la femme de Louis XIV lorsque cette princesse fit son entrée à Douai en 1667. ...

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Le coton est le duvet dont les fruits du cotonnier sont remplis à l'époque de la maturité. Les diverses espèces de cette plante constituent un des genres de la famille des malvacées, parce que leur fructification est analogue à celle des mauves. Les caractères génériques déduits de la fructification sont les suivans: fruits en capsules arrondies ou ovales, pointues au sommet, divisées intérieurement en trois ou quatre loges où le duvet est renfermé, et qui s'ouvrent, lorsqu'elles sont mûres, par la seule force élastique du coton. Chaque loge contient de trois à sept graines enveloppées par le duvet. Les espèces dont on va parler sont les plus intéressantes, à cause de l'emploi qu'on fait de leur produit.

Quoique cette plante soit classée parmi les herbes, sa tige est dure et ligneuse. On la cultive comme une plante annuelle, mais elle subsisterait quelques années si on l'abandonnait à la nature. La tige est cylindrique, rougeâtre ou brune dans le bas, velue, et semée de petits points noirs dans la partie supérieure, comme les pétioles qui supportent des feuilles à cinq lobes arrondis et terminés par une petite pointe. Les folioles

Il n'est pas certain que cette espèce soit unique, et que quelques unes des variétés qu'on y rapporte ne doivent pas être érigées en espèces distinctes. Tel est, par exemple, un cotonnier cultivé aux Indes Orientales, qui produit dès la première année du semis, mais qui dure plusieurs années, sous la forme d'un arbrisseau. Ses feuilles sont plus petites que celles de l'espèce précédente, et sont partagées en trois lobes alongés, sans pointe terminale; les graines sont noirâtres : on voit que ces différences sont assez nombreuses et assez importantes pour que l'une des deux plantes ne soit pas considérée simplement comme une variété de l'autre.

L'espèce annuelle est la plus répandue; c'est celle qui fournit le plus d'alimens aux fabriques. On la croit originaire de la Perse d'où elle aurait passé en Syrie, dans l'Asie mineure, et dans plusieurs contrées de l'Europe méridionale. Le Nouveau Monde en a fait aussi l'acquisition, quoiqu'il ne manquât point d'espèces indigènes : parmi celles-ci, on en cite une dont le fruit est beaucoup plus gros que celui du cotonnier asiatique, en sorte que la culture en serait plus productive. Mais le cotonnier à grosses capsules est originaire des contrées les plus chaudes de l'Amérique méridionale, tandis que l'asiatique s'accommode assez bien de la température de Malte, de la Sicile et de l'Andalousie. C'est par ce motif que les habitans des États-Unis lui ont donné la préférence, et le succès de leurs cultures justifie pleinement leur choix.

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(Cotonnier herbacé, gossypium herbaceum.) du calice sont larges, raccourcies, et fortement dentées. La fleur est grande et jaune; les graines sont blanches..

(Cotonnier en arbre, gossypium arboreum.)

A la rigueur, la dénomination de cette espèce est un peu fastueuse, car on pourrait se contenter du nom d'arbuste pour un végétal qui s'élève rarement à la hauteur de quelques uns de nos lilas. Cependant, on le soumet à la taille, afin d'augmenter la production et de donner aux plants une forme et des dimensions qui rendent la récolte plus facile. Dans ces cotonniers, les feuilles sont palmées, divisées en cinq lobes alongés. Les fleurs sont d'un rouge brun, assez grandes. On trouve cette espèce dans l'ancien et le nouveau continent, sans que l'on puisse savoir si elle a passé de l'un dans l'autre. Ce qui est certain, c'est que la plus haute espèce de cotonnier existait en Amérique, avant l'arrivée des Européens dans ce continent, et qu'on est fondé à la regarder comme indigène du Nouveau Monde. Mais ses caractères spécifiques diffèrent si peu de ceux du coton

nier arborescent des Indes orientales, que les botanistes ne pouvaient se dispenser de les rapporter à une même espèce.

(Cotonnier abrisseau, gossypium religiosum.)

Cette espèce est originaire des Indes ou de la Chine. On ignore si elle a quelques rapports avec la religion de son pays natal, ce qui expliquerait et justifierait le nom que Linnée lui a donné. Quoi qu'il en soit, elle est un peu moins haute que l'espèce précédente, et porte un autre nom dans la langue de tous les pays où ces deux plantes se trouvent simultanément. On y distingue deux variétés, l'une dont le coton est blanc, et l'autre qui fournit le duvet jaune-brun qui sert à la fabrication du nankin. Cette variété précieuse abonde surtout dans la Chine, d'où elle a passé aux îles de France et de Bourbon. On a trouvé aussi en Amérique une très petite espèce de cotonnier qui produit un duvet coloré en jaune-brun, d'une extreme finesse, et d'un éclat remarquable; on en fait des bas que l'on préférerait à ceux de soie, si le prix en était moins élevé.

Jusqu'à présent, c'est le cotonnier semé tous les ans qui a répandu dans le commerce la plus grande quantité de coton. Celui que les Anglais estiment le plus vient de la Géorgie, l'un des états de l'Union américaine; les fabricans n'hésitent pas de l'acheter à un prix double de celui de tout autre coton. Mais il faut remarquer que les espèces arborescentes ont besoin d'une plus forte chaleur, et ne seraient pas cultivées avec succès dans les régions tempérées, telles que le territoire des EtatsUnis; cependant, suivant M. de Humboldt, la température moyenne des lieux qui conviennent aux grands cotonniers, est un peu au-dessous de 14° de Réaumur, et celle qu'exige l'espèce commune est au-dessus de 11°, en sorte que la différence entre les deux températures moyennes n'excèderait pas deux degrés et demi. On regrette que cet habile observateur, auquel nous sommes redevables de si précieux documens sur les pays qu'il a parcourus en naturaliste, en physicien et surtout en philosophe, n'ait pas joint l'indication des températures extrêmes à celle des moyennes. Lorsqu'il s'agit de la culture de plantes vivaces, on ne peut se dispenser de connaître toutes les conditions de leur existence et de leur conservation; il faut donc savoir quelle serait l'intensité du froid qui les ferait périr. Lorsqu'on trace sur la surface du globe terrestre des lignes isothermes (d'égale chaleur moyenne), on les conduit quelquefois à travers des lieux où les gelées sont inconnues, et quelquefois aussi dans d'autres où des étés très chauds compensent, par leur haute température,

des hivers assez rigoureux. Il n'est donc pas certain que le cotonnier en arbre puisse réussir dans tous les lieux qui jouissent de la température moyenne des contrées de l'Amérique où le savant voyageur a observé ce végétal. On tiendra, sans doute, compte de toutes ces considérations, lorsqu'il s'agira d'établir le cotonnier dans la colonie d'Alger, et de l'y cultiver en grand.

Toutes les espèces de cette plante, annuelles ou vivaces, sont propagées par des semis. Pour les espèces annuelles, lorsque la saison est favorable, sept à huit mois s'écoulent entre les semailles et la récolte. Dès que les capsules commencent à s'ouvrir, on se hâte de moissonner. Les champs de cotonniers se présentent alors sous un aspect très agréable; l'œil se plaît à parcourir ce feuillage d'un vert foncé et brillant, et la profusion de fruits blancs et globuleux dont il est parsemé. On estime que, si l'année est bonne, un arpent peut fournir jusqu'à deux cents livres de coton épluché, Quelques cultivateurs enlèvent sur place le duvet avec les graines qu'il contient, et laissent sur les tiges l'enveloppe des capsules; d'autres coupent tous les fruits pour les emporter tous à la fois, et attendent qu'ils s'ouvrent spontanément pour commencer à les éplucher; cette opération devient alors plus difficile, parce que l'enveloppe desséchée se brise en très petits fragmens qui se mêlent avec le duvet. De quelque manière que l'on procède, il faut que la cueillette ne dure pas plus long-temps que le crépuscule du matin, et avoir soin d'enlever, avant le lever du soleil, toutes les capsules qui se sont ouvertes, parce que l'action d'une forte lumière altère promptement la couleur du coton.

Les cotonniers arbustes ne sont en plein rapport que pendant cinq à six ans. Lorsque le produit commence à diminuer, on fait un nouveau semis, afin de renouveler la plantation.

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(Feuilles, fleurs et fruits du cotonnier.)

Après la récolte, il s'agit d'éplucher les cotons pour en séparer la graine. Ce travail est lent et minutieux lorsqu'on le fait à la main, parce que le duvet adhère fortement aux semences qu'il renferme. C'est ici que l'art des machines vient très à propos au secours de l'industrie. L'Indien, réduit encore à ses deux bras, emploie toute une journée pour éplucher une livre de coton. L'instrument dont on fait usage pour éviter cette con

sommation de temps est un moulinet composé de deux | ou trois cylindres cannelés mis en mouvement par un mécanisme semblable à celui du rouet de la fileuse. Au moven de ce petit appareil, une seule personne épluche facilement et très bien jusqu'à soixante-cinq livres de coton. Mais ce résultat ne suffirait pas encore pour les immenses exploitations des États-Unis; on y a construit de grandes machines à éplucher, substituant ainsi à la force de l'homme celle de plusieurs chevaux, de la vapeur, d'un courant d'eau. Une de ces machines, mise en mouvement par un seul cheval, dirigée par trois ouvriers, fournit chaque jour jusqu'à neuf quintaux de coton épluché.

où il exerça les fonctions de contrôleur-général, il parvint à réformer quelques uns des abus de l'ancien régime; il entreprit d'abolir les jurandes et les corporations, de commuer les droits seigneuriaux, de modérer les impôts indirects, et d'établir une égale répartition des corvées entre toutes les classes de citoyens. Ses idées en économie politique et en philosophie de l'histoire étaient très avancées. Dupont de Nemours et Condorcet ont écrit sa vie.

19 Mars 1626. — Louis XIII tenait un lit de justice pour faire enregistrer des édits bursaux dont son ministre et ses courtisans prétendaient avoir besoin. Louis Servin, avocat-général au parlement de Paris, représenta fortement l'injustice de ces nouveaux impôts. Le roi interrompit Servin, qui persista dans son énergique protestation contre la dissipation de la cour. Alors Louis XIII entra dans une violente colère; Servin, après avoir lutté encore quelques instans, tomba mort aux pieds du roi.

Mais ce premier nettoyage ne suffit point: quelques semences et quelques parcelles des enveloppes du duvet ont échappé à l'épluchage. Une autre opération débarrasse le coton de toutes ces impuretés; elle consiste à le vanner dans des tambours légers et qui tournent rapidement. Pendant qu'il est ballotté dans cette machine et bien éparpillé, un courant d'air le traverse, et se charge de toutes les matières pulverulentes qu'il s'agit d'enlever au duvet. Après le vannage, le coton est en voyé au magasin pour être mis en balles, en le soumet-Ferdinand VII. tant à l'action de fortes presses. Chaque balle pèse environ trois quintaux; mais lorsque ces masses volumineuses sont à bord du navire qui doit les transporter, on leur fait éprouver une nouvelle compression bien plus énergique, et qui réduit leur volume de moitié.

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L'invention des filatures mécaniques a prodigieusement étendu l'emploi du coton. Quoique l'Angleterre en employât plus que les autres nations européennes, clle n'en importait pas plus de quatre millions de livres, ou 40,000 quintaux, jusqu'à la fin du xvin siècle en 1828, son importation fut de 2,266,260 quintaux, dont 1,517,520 provenaient des Etats-Unis, 291,430 du Brésil, 321,870 des Indes Orientales, 64,540 de l'Egypte, 58,930 des îles anglaises dans le golfe du Mexique, 7,260 de la Colombie, et 4,710 de la Turquie et de la Grèce continentale. A cette même époque, la France importait à peu près 450,000 quintaux de coton.

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19 Mars 1808. Charles IV, roi d'Espagne, abdique en faveur de son fils, proclamé sous le nom de

20 Mars 1492.

Découverte de l'Amérique. Les trois vaisseaux de Christophe Colomb toucheni la terre de l'île de Guanahani, l'une des Lucayes.

20 Mars 1800. — Victoire d'Héliopolis. Lord Keith, commandant en chef de la flotte anglaise, somme l'armée française d'Orient de mettre bas les armes et de se rendre à discrétion. Kléber, général de l'armée française, indigné, distribue cette lettre dans les rangs, et dit pour toute harangue : « Soldats, on ne répond à de telles insolences que par la victoire. Marchons ! » On rencontre les troupes ottomanes, composées de plus de soixante mille Turcs, Arabes et Mamelouks, à une lieue nord-est du Caire, sur les ruines d'Heliopolis. Les Français, à peine au nombre de dix mille, mettent ces troupes en fuite sans avoir perdu plus de deux cents hommes. Les riches dépouilles du camp, les nombreux chameaux, presque toute l'artillerie, restent au pouvoir des vainqueurs.

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20 Mars 1815. A minuit un quart Louis XVIII sort du palais des Tuileries. A neuf heures du soir Napoléon entre dans Paris. Il nomme Carnot ministre de l'intérieur, et Cambacérès ministre de la justice.

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