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LES BUREAUX

SONT A PARIS, RUE DU COLOMBIER, N° 30.

DE L'IMPRIMERIE DE LACHEVARDIERE,

RUE DU COLOMBIER, N° 30.

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31 décembre 1835.

Nous espérons que ces cinquante-deux livraisons de notre recueil, réunies sous un même titre et dans un seul volume, loin de rien perdre de la faveur qu'elles ont obtenue isolément, seront au contraire généralement mieux appréciées. La variété de tant de sujets frappera plus vivement le regard, et les intentions qui président à notre rédaction, indiquées avec franchise en divers endroits, seront plus aisément comprises par tous les lecteurs. Un rapide examen des articles suffira pour faire reconnaître que nous avons peu d'ambition littéraire, et que nous avons moins voulu faire preuve d'un talent ou d'une érudition qui cherchent l'éclat, que de variété de connaissances, de goût et de moralité. Ce sont véritablement nos seules prétentions, et bien que d'abord la dernière puisse paraître la moins fondée aux yeux des souscripteurs qu'un simple attrait de curiosité nous a conquis, nous croyons cependant l'avoir entièrement justifiée, et de plus nous la regardons comme la principale source de nos succès passés et futurs.

Dans notre conviction en effet, la nouveauté de la forme du Magasin pittoresque, après avoir attiré l'attention publique, n'a réussi à la fixer que parce qu'elle est au service d'un

sentiment moral.

Il n'est personne aujourd'hui qui ne remarque avec surprise ou avec intérêt l'activité extraordinaire de la presse : jamais plus de livres et de recueils n'ont été répandus et offerts au public; mais en étudiant les résultats de cette singulière fécondité de travail, on retrouve le phénomène qui se manifeste à l'occasion de toute espèce de productions mal réparties. Par exemple, les écrivains ne manquent pas à l'imagination, aux passions, aux débats politiques ou religieux, et peut-être même, dans ces directions, quelques impatiences publiques accusent parfois une sorte de surabondance; mais si, détournant les regards, on prête l'attention à des besoins plus simples et aussi impérieux, si l'on oublie un instant les agitations extérieures de la société, et si l'on cherche ce que la presse produit d'utile et de bienfaisant pour la vie intérieure, pour le foyer domestique, riche ou pauvre, on reste étonné de voir que là où tant de connaissances sont à répandre, où tant de goût naïf, tant de dispositions, de sentimens heureux sont à entretenir et à développer, il n'y a encore, sous le rapport de la qualité surtout, que rareté et disette. Cette vérité importante est déjà vulgaire pour quiconque, observant la puissante impulsion imprimée à l'instruction depuis quelques années, et comprenant que le moment approche où la moindre ville ouvrira sa bibliothèque publique et où chaque village aura son maître de lecture, s'est demandé une seule fois sérieusement quels sont les livres de notre temps qu'on pourrait faire écouler sans danger et avec utilité par cette pente rapide.

C'est à cet ordre de réflexions, nées des tendances actuelles de notre pays, qu'appartient la conception générale du Magasin Pittoresque; mais en insistant sur cette pensée intime de notre œuvre, nous devons reconnaître que nous n'avons aucun droit à nous attribuer l'invention de ce qu'il y a d'originalité dans la forme qu'elle a revêtue ; nous croyons même convenable de déclarer en tête de ce premier volume, que si nous nous sommes hasardés les premiers, sans patronage, sans prospectus, à importer en France l'idée de livrer au plus humble prix un texte varié, entremêlé de gravures et divisé par livraisons, c'est seulement après avoir connu le succès des Magazines en Angleterre, et surtout celui du recueil publié à Londres, sous une haute et digne influence, par M. Charles Knight, écrivain économiste distingué, qui, par ses relations bienveillantes avec nous, a contribué à rendre moins décourageantes les premières difficultés de notre entreprise. Une année d'expérience semble déjà laisser pressentir ce que pourra recevoir de dé

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veloppemens féconds dans diverses séries, cette importation qui donne un degré d'utilité encore inconnu jusqu'ici à l'alliance du dessinateur et de l'écrivain. Pour nous, résolus à n'être universels que dans un cadre de notre choix, nous avons voulu particulièrement nous rapprocher de cette sphère d'éducation qu'on pourrait presque appeler éducation de luxe, et qui, s'adressant au cœur, à l'imagination et au goût, but principal d'enrichir de distractions pures et instructives les loisirs de la vie intérieure, et du foyer domestique, riche ou pauvre. Le nombre de nos lecteurs, la popularité de notre titre que d'autres entreprises se partagent aujourd'hui comme une recommandation auprès du public; les encouragemens et les conseils affectueux de nos correspondans; enfin, notre conscience elle-même, nous autorisent à croire que nous avons réussi.

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La timidité de notre début a fait place à une confiance active. L'émulation heureuse qu'a provoquée notre succès a réagi sur nous-mêmes; et c'est avec plus d'assurance dans notre marche, avec des désirs plus ambitieux d'approbation, que nous nous préparons à commencer une nouvelle année.

Il est trop rarement donné à un homme, quelle que soit la carrière qu'il poursuit, de réunir, une seule fois dans sa vie, des témoignages aussi positifs de la valeur réelle de l'une de ses actions, pour que nous ne regardions pas désormais ces humbles travaux, consacrés par tant de suffrages, comme un titre précieux à la considération de nos concitoyens et à notre propre estime.

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C'est un vrai Magasin que nous nous sommes proposé d'ouvrir à toutes les curiosités, à toutes les bourscs. Nous voulons qu'on y trouve des objets de toute valeur, de tout choix: choses anciennes, choses modernes, animées, inanimées, monumentales, naturelles, civilisées, sauvages, appartenant à la terre, à la mer, au ciel, à tous les temps, venant de tous les pays, de l'Indostan et de la Chine, aussi bien que de l'Islande, de la Laponic, de Tombouctou, de Rome ou de Paris; nous voulons, en un mot, imiter dans nos gravures, décrire dans nos articles tout ce qui mérite de fixer l'attention et les regards, tout ce qui offre un sujet intéressant de réverie, de conversation, ou d'étude.

Lorsqu'on vit apparaître, il y a quelques années, dans Paris, ces longues voitures à huit et dix fenêtres, diligences des rues, s'arrêtant patiemment de minute en minute, pour laisser monter et descendre à loisir hommes et femmes, ouvriers et bourgeois, grands et petits, moyennant quelques gros sous, on se récria et l'on trouva d'abord l'invention bizarre, d'un usage trop commun, et presque ridicule pour cette raison même que l'accès était à vil prix. D'ailleurs, disait-on, il n'y avait déjà que trop de moyens de transport sur la place. Mais, malgré ces critiques, tous ceux dont le pavé fatiguait depuis longtemps les pieds, et qui avaient trouvé, jusque là, fort coûteux de se faire rouler en carrosse, se sont montrés moins scrupuleux. Le vil prix ne les a pas effrayés; les moyens de transport ne leur ont point paru trop nombreux. Ils ont estimé que l'invention était agréable et utile, et l'invention a réussi. De plus riches qu'eux ont à la fin partagé leur opinion. Maintenant on ne s'étonne plus de voir toutes ces machines à trois et quatre roues traverser la ville en tous sens, et s'avancer de loin, de conserve et en bonne intelligence, au milieu des tilburys, des landaux, des fiacres, et des cabriolets.

De même, notre Magasin à deux sous, dans un ordre d'entreprise bien différent, se recommande à tout le monde; mais il est plus particulièrement destiné à tous ceux qui ne peuvent consacrer qu'une humble somme à leurs menus plaisirs.

Notre grande ambition sera d'intéresser, de distraire: nous laisserons l'instruction venir à la suite sans la violenter, et nous ne craignons pas que jamais elle reste bien loin en arrière; elle évitera seulement de revêtir les formes arrêtées, sévères, de l'enseignement spécial et méthodique, et son influence s'exercera à la manière de cette éducation générale que les classes de la société riches en loisirs doivent à des relations habituelles avec les hommes distingués, à des lectures variées, choisies, et aux souvenirs des voyages.

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conscience, nous n'aurons garde de faire subir de longs programmes et de dévoiler ce qui doit rester notre secret, c'est-à-dire, les difficultés que nous avons à vaincre, nos labeurs, nos veilles; à nous seuls la peine que nous tâcherons de rendre fructueuse, au public tout ce que l'œuvre pourra donner de plaisir utile à l'esprit et au regard.

MONUMENS.

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Cette fontaine n'avait autrefois que trois côtés, et était adossée à l'angle de la rue Saint-Denis et de la rue aux Fers. Sa première construction datait du treizième siecle; en 1550 elle fut réparée : les travaux d'architecture en furent alors confiés à Pierre Lescot, abbé de Clagny, et les sculptures à notre célèbre Jean Goujon, tué le

Ces relations, ces lectures, ces voyages, interdits au grand nombre, notre recueil aura pour but constant de chercher à en tenir lieu. Nous aurons bien du mal-jour de la Saint-Barthélemy. heur si, devant ce tableau toujours changeant du monde Dans le mois de mars 1788, sur la proposition d'un entier, que nous déroulerons continuellement sous les ingénieur nommé Six, toutes les parties de ce monuyeux de nos lecteurs, ils ont des pensées, des désirs que ment dignes d'être conservées furent transportées au nous ne puissions satisfaire. A toute question nous es- milieu du marché des Innocens, qu'on commençait à éta pérons avoir une réponse prête, en nous tenant atten- blir, et la fontaine fut réédifiée d'après un plan nouveau. ivement à la hauteur des connaissances, des décou- Comme il fallait l'agrandir et lui donner quatre faces vertes, des productions des beaux arts, en appelant pour pouvoir l'isoler au centre d'une place carrée, on tour à tour nos artistes, nos écrivains, à représenter, à fut obligé de compléter l'architecture. Jean Goujon dire ce qui est vrai, ce qui est beau, ce qui est utile, avait sculpté cinq naïades, on eut soin de les laisser sans mélange d'exagération ou d'imaginations menson-entre les pilastres des arcades, où les artistes admirent geres. Ces promesses faites, résolus à les tenir avec encore ces figures d'un earactère si naïf et si gracieux

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De l'Imprimerie de LACHEVARDIERE, rue du Colombier, n. 30.

LES BUREAUX SONT RUE DU COLOMBIER, 28, PRÈS LA KUE des Petits-AuguSTINS,
UN DEPOT EST ÉTABLI RUE DU COQ-SAINT-HONORÉ, No 4.

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