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M. de MONTFORT termine cette revue rétrospective des impôts des Grecs, en signalant une institution qui ferait honneur aux peuples les plus avancés en matière de finances; c'est une chambre de compte composée de dix magistrats et renouvelée chaque année en assemblée générale. Tous les citoyens indistinctement, depuis les Archontes jusqu'aux ministres des autels, étaient justiciables de cette

cour.

L'auteur examinera à la séance prochaine le système fiscal de Rome, la grande Rome, la ville éternelle qui, à son tour, doit fléchir devant une volonté plus impérieuse encore que la sienne, celle du destin.

La Société applaudit vivement à cette nouvelle partie du mémoire si intéressant de M. DUFAUR de MONTFORT sur les systèmes financiers à diverses époques.

L'ordre du jour (appelle en second lieu la lecture, par M. Casimir BouSQUET, d'une notice historique sur un négociant célèbre du XVe siècle. Cette notice est précédée de considérations sur les connaissances indispensables au négociant vraiment digne de ce nom, car il n'est que trop de personnes décorées de ce titre qui ne connaissent que les vulgaires procédés de là boutique, c'est-à-dire aucune des difficultés des hautes spéculations du commerce. Delà, M. BOUSQUET est conduit à constater cette triste vérité que le commerce est de nos jours en décadence complète, perdant insensiblement de son ancienne splendeur. Les faillites ne font plus rougir comme autrefois; les traditions d'honneur, de' délicatesse, de probité se perdent. Aussi, l'auteur voudrait-il que l'on s'occupât sérieusement de garantir la société d'une perturbation générale, au point de vue des mœurs. Puis quittant le chapitre des misères actuelles, il porte ses regards vers les splendeurs du passé dont il donne un exemple par la notice sur Jean ANGO, 58

T. XIII

né à Dieppe, en 1481, de parents pauvres mais honnêtes qui le destinèrent à l'état de marin. Devenu successivement lieutenant, capitaine, ANGO dut à son intelligence et à son activité une fortune assez considérable. Puis, il s'adonna au commerce pour lequel il avait un goût décidé. Bientôt, pendant que ses navires allaient disputer aux Portugais le commerce de Ceylan et de Java, il prit à ferme les revenus de plusieurs seigneuries, se livra aux spéculations les plus chanceuses, acheta la charge de contrôleur au grenier au sel, et la fortune lui fut si favorable qu'au bout de quelques années, il avait amassé d'immenses richesses. Il en fit un noble usage. Il dota sa ville natale da beaux monuments, reçut chez lui et festoya, en 1532, FRANÇOIS 1er qui le fit vicomte, capitaine-commandant de la ville et du château de Dieppe; position qui le mit à même de correspondre avec des souverains, et de faire bloquer le Tage par une flotte pour se venger des Portugais qui lui avaient pris un navire en pleine paix.

Cette carrière de gloire et d'autorité eut un terme. L'auteur trace le tableau des revers de l'armateur dieppois qu'il finit par nous montrer réduit à un état voisin de l'indigence. Les réflexions qu'a suggérées à M. Casimir BousQUET, cette notice sur Jean ANGO, sont bien senties par tous les membres de la Société, dont les applaudissements témoignent hautement de leur satisfaction.

Rapport. - L'ordre du jour est le rapport de M. Joseph SAKAKINI, sur les travaux présentés par M. le docteur DUGAS, candidat au titre de membre actif.

Après avoir parlé de l'état actuel des sciences et de la littérature, après en avoir esquissé le tableau avec cette élévation et cette chaleur de style qui caractérisent ses écrits, M. Joseph SAKAKINI trace l'exposé des motifs qui font que nous cherchons vainement les écrivains d'autrefois, les bons littérateurs, les penseurs honnêtes et profonds.

Mais aussi, les sociétés savantes comprennent leurs intérêts, en ayant hâte de s'associer ceux de ces hommes distingués qui se présentent à elles. Tel nous est signalé M. le docteur DUGAS qui, bien qu'il ait fait ses preuves en beaucoup de circonstances et que par l'envoi de plusieurs productions, il ait mis depuis longtemps la Société de statistique à même d'apprécier les connaissances dont il a enrichi son esprit, n'a pas moins cru devoir appuyer sa candidature par une série de travaux imprimés et manuscrits dont les titres ont été consignés dans le procès-verbal de la séance du mois de mai dernier. En analysant ces différents travaux mais surtout en rendant compte du mémoire sur cette question: pourquoi les représentants á l'Assemblée nationale ont-ils payé un si large tribu! à l'épidémie du choléra morbus? M. SAKAKINI développe des idées lumineuses. ¡En résumé il voit en M. le docteur Du GAS un observateur, plein de talents, exercé dans l'art d'écrire et justifiant la belle qualification d'homme de bien. Aussi, la commission spéciale dont M. Joseph SAKAKINI a été l'organe, a-t-elle conclu à l'admission du candidat. Nomination d'un membre actif. Sous l'influence de ce rapport, la Société procède immédiatement, par voie de scrutin à la nomination de M. le docteur Théodose DuGAS qui, ayant réuni tous les suffrages, est proclamé membre actif par M. le Président.

Candidat proposé. Puis la Société prend en considération, aux termes du règlement, la proposition de son conseil d'administration d'admettre parmi les membres correspondants, M. Isidore J.EBRUN, homme de lettres, membre de plusieurs corps savants, à Paris.

Personne ensuite ned mandant la parole, la séance est levée.

Séance du 5 juillet 1849.

PRÉSIDENCE DE M. DUFAUR DE MONTFORT.

M. le Secrétaire perpétuel lit et la Société adopte le procès-verbal de la séance du 7 juin.

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accuse réception de l'avis officiel qui lui a été donné, de son admission parmi les membres actifs, et qui, flatté de cette distinction, exprime sa reconnaissance et promet de coopérer suivant ses forces, mais avec zèlejet dévouement, aux utiles travaux de ses nouveaux collègues.

Lettre de MM. MAZEL et VIDAL qui, pour se conformer à une décision de la Société de statistique, relativement à la forme monétaire qu'ils ont essayé de mettre en usage dans les transactions, font parvenir un mémoire manuscrit qui contient tous les développements indispensables à ce sujet, et auquel est jointe une copie imprimée du procès-verbal de fondation de la Banque populaire qui a pour but l'émission de la monnaie-papier. Cet acte de fondation est précédé d'un travail qui a pour titre : manifeste européen.

MM. MAZEL et VIDAL qui pensent que ces trois documents sont suffisants pour que l'on puisse se former une idée de cette banque, se mettent, néanmoins, à la disposition de la Société de statistique pour lui fournir toutes les explications orales qu'elle pourrait exiger d'eux.

M. le Président, après avoir consulté l'assemblée, renvoie ces documents à l'examen d'une Commission spéciale composée de MM. MARCOTTE, de VILLENEUVE et A. CHAMBON.

Sont ensuite déposés sur le bureau les publications suivantes :

1° Les numéros 11 et 12 du Recueil administratif du département des Bouches-du-Rhône.

2. Une brochure intitulée le Choléra devant l'humanité

par Edouard FERAUD, docteur-médecin, (in-8° de 68 pages, Marseille 1849.)

3 Le procès-verbal de la séance publique tenue par la Société archéologique de Béziers, le 17 mai 1849, suivi du programme du concours de 1850 (in-8° de 23 pages.)

4 Une brochure ayant pour titre: Tubercule de l'Amérique septentrionale (Picquotiane); par Isidore LEBRUN, Membre de plusieurs sociétés académiques, (in-8° de 16 pages, Caen 1849).

5o Le numéro de janvier 4849, du bulletin agricole du Var, 5 série publiée par la Société d'agriculture et du commerce du Var et par le comice agricole de l'arrondissement de Toulon.

6 Enfin, une circulaire par laquelle MM. les Secrétaires généraux de la XVI session du Congrés scientifique de France invitent la Société de statistique de Marseille à se faire représenter par un ou plusieurs de ses membres à cette session.

Nomination d'un délégue. --La Société de statistique qui a souvent donné des témoignages de vive sympathie aux Congrès scientifiques et qui bien des fois s'est associée à leurs travaux, s'empresse d'accréditer comme son délégué à la XVI session qui s'ouvrira à Rennes le 1° septembre prochain, M. le doctenr P.-M. Roux, de Marseille, qui l'a représentée à beaucoup d'autres Congrès et à qui sera délivré un extrait de la présente délibération.

Allocution à un membre actif. -La correspondance épuisée, M. le Président adresse à M. le docteur DUGAS, membre actif nouvellement élu, un discours où après lui avoir dit que la Société se félicitait de compter encore dans son sein un médecin actif et instruit, sur lequel on pourrait compter en temps d'épidémie et dont les travaux décèlent la connaissance la plus exacte des matières abstraites, l'exhorte à poursuivre le cours de ses recherches sur

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