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de vous, parce qu'il s'attendait à ressaisir assez de santé pour être bientôt à même de vous faire jouir de ses cómmunications. Vain espoir, car notre collègue ayant vu son corps dépérir tous les jours, mourut d'une affection cérébrale, le 48 juin 1848.

« Homme dévoué à l'exercice des vertus privées, autant qu'à ses devoirs comme fonctionnaire public, il fut l'idole de sa famille et eut l'estime de tous les gens de bien. Ses actions ayant eu principalement pour mobile le bonheur de ses semblables, il sut se faire de nombreux amis.

« BRUNEL... René-Armand-Antoine BRUNEL, né à Crest, département de la Drôme, le 13 août 1776, fut dès son enfance soumis à de fortes études par son père, Directeur du timbre, à Paris, qui le destina à la carrière des fonctions publiques. Son amour pour le travail lui fit surmonter tous les obstacles. D'ailleurs, une intelligence précoce, une imagination féconde, un cœur droit et sûr firent concevoir de lui de belles espérances.

<< A peine âgé de 18 ans, il entra dans les domaines et après avoir pendant dix-huit années passé par les divers degrès de la hierarchie administrative, il fut nommé directeur à Coni (Piémont); trois ans après, en 1845, la France ayant eu à céder les pays conquis, M. BRUNEL fut appelé dans son grade à Avignon d'abord, puis successivement à Colmar, Laon, Amiens.

<< En partant de Coni, il fut accompagné de ses employés qui, privés de ressources pécuniaires, n'auraient su à quoi se déterminer si leur chef, à la fois leur bienfaiteur, ne les eût secourus pendant tout le voyage et mis ensuite dans le cas de se suffire à eux-mêmes.

<< Nommé Chevalier de la Légion-d'Honneur en récom pense de ses bons services, M. BRUNEL fut, en 1834, chargé 63

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de l'importante direction des domaines de Marseille ; place qu'il a conservée jusques en 1848. Alors, le besoin du repos s'étant fait sentir, il prit sa retraite. On a justement fait remarquer que cet homme distingué avait une aptitude propre à résoudre les questions les plus ardues, un esprit conciliant qui triomphait des antipathies fiscales, une urbanité qui attirait à elle les repugnances administratives. Toujours il sut se tenir à la hauteur de sa position.

« Il était depuis deux ans à Marseille où il aimait à suivre les travaux des sociétés scientifiques et littéraires, quand la Société de statistique de cette ville le reçut membre actif. Il appartenait déjà comme correspondant à la Société française de statistique universelle. Il ne tarda pas à être placé à la tête de notre Compagnie aux réunions de laquelle personne ne fut plus assidu que lui. Seulement a-ton eu à regretter que sa modestie l'empéchat trop souvent de prendre la parole, car il ajoutait toujours à l'intérêt des discussions par des discours attrayants.

« Vous eutes le plaisir de l'entendre à la séance d'avril 1849 et quelques jours après, le 22 mai, la mort enleva soudainement cet homme de bien, administrateur éclairé, versé dans les lettres, la statistique et l'économie sociale.

« Cet événement inattendu vous fut d'autant plus sensible qu'en deux ans et demi la Compagnie perdait cinq de ses membres les plus distingués.

«Bien persuadés que vous chérirez toujours la mémoire de ces collègues, nous nous sommes abstenus à dessein, de dérouler le détail de leur biographie; nous n'avions sans doute pas besoin d'en dire davantage pour exciter vivement vos regrets; ils ne sauraient être plus profonds.

<< Maintenant, Messieurs, il nous faut rendre compte des travaux de la Commission du concours. Disons d'abord que le 28 décembre dernier, la Société de statistique, d'après un

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rapport que nous eûmes l'honneur de lui faire sur un mémoire envoyé au concours ouvert par elle, en 1846, adopta le programme concernant les prix qu'elle se proposait de décerner en 1849. Ces prix consistant en une médaille d'or de 400 fr., en une médaille de vermeil, une d'argent et une de bronze, étaient promis aux auteurs des meilleurs travaux statistiques relatifs au département des Bouches-duRhône, où à l'un des arrondissements où même à l'un des cantons de ce département.

« Les concurrents pouvaient à leur gré, présenter la statistique générale ou l'une des branches principales de cette science. Mais la Société tenait plus particulièrement à recevoir, sinon la statistique complette du département, du moins celle de l'un de ses arrondissements ou de l'un de ses cantons.

« Un seul mémoire, sous le titre modeste d'essai de statistique de la ville d'Arles et de son territoire, vous est parvenu. A ce mémoire de près de 200 pages, sont associés trois états dont l'un relatif aux récoltes en grains e autres farineux; le second, aux consommations; le troisième, aux produits des taxes composant le tarif de l'octroi de la ville d'Arles. Nous ne ferons pas ici une analyse minutieuse de ce travail; il nous suffira de signaler les points sur lesquels la Commission du concours a porté principalement son attention.

<< Commençons par l'épigraphe, puisqu'elle se présento la première, et disons qu'elle n'inspirerait pas une opinion favorable, si l'on se persuadait qu'elle a été mûrement refléchie. Le progrés des sociétés est fondé sur l'emploi simultané de deux facultés de l'esprit humain : l'expérience et le raisonnement, telle est cette épigraphe. N'estce pas là une locution vicieuse? Peut-on soutenir que l'expérience soit, comme le raisonnement, une faculté de l'esprit humain?

« Le plan général adopté laisse à désirer; on eut pu mieux diviser ce mémoire dont nous allons, du reste, donner une idée, en jetant un rapide coup d'œil sur chacune de ses parties principales.

« Evidemment la Topographie exigeait plus de développements, et on eut dã se dispenser de faire dans ce chapitre, en parlant de la population, une remarque dont la place était au chapitre de l'anthropologie. A la suite de cette remarque, on a avancé que rien n'est fait pour le beau pays d'Arles. Sans doute, cette plainte n'est pas fondée, en ce sens qu'il n'est pas de pays pour lesquels on ait fait davantage depuis vingt-cinq ans. En effet, les digues du Rhône, à Arles, le canal de cette ville à Bouc, le chemin de fer, le dessèchement des marais, etc., etc., tout cela est bien quetque chose.

« Si la description du territoire d'Artes a été faite avec soin, on y a émis d'une manière trop formelte, au sujet de la formation de la crau et du mode d'asséchement de certains étangs et marais, des opinions qui, dans l'état présent de la science, ne reposent que sur des conjectures.

Dans le chapitre consacré à la Météorographie il n'était pas indispensable de disserter si longuement sur le mirage, puisque l'on avait seulement à nous apprendre que ce phénomène se produit quelquefois aux environs d'Arles.

« Le chapitre concernant l'Hydrographie est remarquable. On ne saurait blâmer l'auteur d'avoir traité ce sujet avec beaucoup d'étendue. On doit même lui savoir gré d'être entré dans bien des développements quant à l'histoire naturelle, à la géologie, à la botanique.

« L'Anthropologie, titre général sous lequel est exposé ce qui se rattaché au caractère, aux mœurs, aux coutumes, au langage, aux amusements des Arlésiens, aux hommes illustres, à la population, aux établissements de bienfaisance, l'anthropologie a reçu aussi beaucoup d'extension

sous la plume de l'auteur à qui, pourtant, il est permis de reprocher d'avoir été trop sobre de détails et de calculs statistiques dans toute la partie relative à la population.

« Viennent ensuite l'Industrie, le Commerce, la Navigation, sur lesquels on a passé bien rapidement; ce qui est d'autant plus regrettable qué le peu qui en a été dit, atteste un véritable patriotisme, ou, en d'autres termes, des vues qui tendent aux améliorations réclamées par le

pays.

<< Dans ce chapitre sont indiqués les rapports existant entre les anciennes mesures et les nouvelles. L'auteur est donc familiarisé avec le nouveau système des poids et mesures, et pourtant il a employé presque partout des mesures anciennes jointes à d'autres mesures nouvelles, d'où dérive une sorte de désordre et de confusion.

<< Ses assertions sur l'Agriculture et l'Economie rurale forment un bon chapitre dont, toutefois, il eut été à désirer que les bornes fussent moins restreintes.

« Le chapitre qui roule sur l'administration civile, sur les contributions, manque complètement de détails. Tout ce qu'il nous apprend, en somme, c'est que les quatre contributions directes pour 4848, se sont élevées à 352,350 francs 26 c.

« Le mémoire qui nous occupe est terminé par un cha pitre fort court, qui, sous le titre de coup de crayon historique, décèle un homme capable de tracer un magnifique tableau.

« Le reproche dont il n'eut pas été à l'abri, d'avoir presque entièrement passé sous silence l'Archéologie, de n'avoir presque rien dit de l'importance qu'avait déjà la ville d'Arles sous CESAR, du degré de splendeur auquel elle parvint sous CONSTANTIN qui en fit sa résidence et l'orna de beaux édifices; le reproche de n'avoir donné qu'un léger aperçu de cette ville célèbre qui, après avoir été la capitale

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