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qu'un navire suivant pourrait prendre, ne voudra pas manquer ce surcroît de bénéfices.

VII

En résumé, la première année de l'exploitation du canal de Suez nous donne les informations suivantes :

Le canal maritime exécuté entre Port-Saïd et Suez a livré passage aux navires du plus grand type, sans qu'aucun accident s'y soit produit.

Le mouvement maritime entre l'Europe et l'Asie, constaté en 1868 seulement, et que favorise le percement de l'isthme, se compose :

10 D'un mouvement que les armateurs peuvent exploiter immédiatement, et que, d'ailleurs, ils exploitent: Indes, Indo-Chine, Japon, Indes hollandaises, Philippines, Golfe Persique, Arabie et Abyssinie..

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2. D'un trafic prêt à être exploité, mais pour lequel il est nécessaire de combiner des lignes favorables et peutêtre de consentir des réductions de tarif: Côte orientale d'Afrique, Maurice, Réunion, Australie et les océaniennes. .

3o D'un trafic acquis déjà en partie au canal et à y attirer pour le reste, les circonstances les plus favorables s'y prêtant, soit trafic égyptien proprement dit.

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3.250.000 t.

700.000

4.400.000

5.350.000 t.

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Nous signalons plus spécialement aux armateurs français, comme trafic maritime à s'approprier presque exclusivement, les lignes à établir sur la Réunion et, par escales, le long de la côte orientale d'Afrique, la Perse, l'Arabie, l'Abyssinie et l'Égypte. Quant aux autres ports d'Asie, il nous paraît impossible que Marseille tarde longtemps à approvisionner exclusivement, au moins la France, des produits japonais, chinois, cochinchinois et indiens. Il nous paraît impossible que Bombay continue à ne pas voir un seul navire français venir chercher des cotons pour nos manufactures, et que Gênes, Venise, Trieste et Odessa nous donnent le spectacle d'une prospérité croissante due à l'ouverture d'un canal que les capitaux français ont creusé, pendant que nos consommateurs de soie, de laines, de cotons, d'indigo, etc., continueraient à faire leurs achats en Angleterre, et, qui sait? peut-être en Italie, en Autriche, en Espagne!

Si les chiffres que nous avons donnés et les détails que nous

avons fournis sur la première année d'exploitation du canal de Suez pouvaient concourir à stimuler nos armateurs et nos négociants, le but que nous avons poursuivi en faisant cette étude sera complétement atteint.

JULES MERCHANT.

L'EXPOSITION INTERNATIONALE

ANNUELLE DE LONDRES (1re ANNÉE).

Ce qui constitue le propre et la supériorité de notre race est de modifier, de changer, d'innover sans cesse, de chercher toujours à faire autrement et mieux que n'ont fait les devanciers. Seulement, quand le summum de la perfection a été atteint, quand on s'est approché une fois de l'idéal absolu autant qu'il est donné à l'imparfaite nature humaine de pouvoir le faire, ce besoin de changement impérieux, instinctif, surhumain, véritablement providentiel, puisque ce n'est qu'à lui que la race aryaque doit sa suprématie sur les autres races, cet heureux besoin d'imprimer un cachet personnel et nouveau à toute œuvre nouvelle, nous oblige à redescendre une fois le sommet atteint; on aime mieux changer encore, au risque d'avoir moins bien, que de faire pareil.

L'exposition de 1851 fut une révélation; elle ouvrit des horizons nouveaux; elle fit brusquement avancer le progrès, non pas seulement le progrès matériel, mais le progrès intellectuel, non pas seulement le progrès intellectuel, mais le progrès moral.

Noblement jalouse de cet événement, la France quatre ans plus tard, rouvrait les grandes assises industrielles; le succès fut plus complet s'il se peut en 1855 à Paris, qu'en 1851 à Londres. La foule des exposants et des visiteurs fut plus considérable encore en 1862 dans cette dernière ville. Paris, enfin, dans sa prodigieuse exposition de 1867, atteignit ce sommet de la perfection humaine dont je viens de parler.

Les meilleurs esprits jugèrent que ce spectacle sans pareil ne se reverrait plus, que cette exposition resterait unique. Le nombre des exposants augmentant sans cesse, il devenait facile de prévoir qu'une exhibition nouvelle en réunirait un tel nombre que nul local ne serait suffisant pour les contenir et qu'il faudrait forcément frac

tionner le concours, soit en le divisant entre plusieurs emplacements, soit en l'échelonnant en plusieurs années. Dans l'un comme dans l'autre cas, les études comparées spéciales pourraient toujours être aussi complètes, mais jamais plus on ne reverrait ce prodigieux microscome dont j'ai pu dire (1):

Le palais du Champ-de-Mars est le temple de Pan; l'Exposition embrasse et résume l'ensemble des connaissances humaines exaltées à leur plus haut point actuel de perfection..

« Faire le tour ce ce palais, circulaire comme l'équateur, c'est littéralement tourner autour du monde; c'est l'abrégé de la terre, tous les peuples sont venus; c'est un jubilé, les ennemis vivent en paix côte à côte. Ainsi qu'à l'origine des choses sur l'orbe des eaux, l'Esprit divin plane sur cet orbe de fer. L'exposition œcuménique marquera dans l'histoire des temps. »

L'Angleterre a

Ce qu'il avait été facile de prévoir s'est réalisé. renoncé à organiser cette fois un concours universel: les expositions, au lieu d'être décennales ou duodécennales, seront désormais annuelles, mais l'ensemble de toutes les diverses industries sera divisé en sept séries, de telle façon que chaque année une seulement de ces sections étant admise à l'exposition, conséquemment les mêmes industries ne se représenteront que tous les sept ans; mais trois branches du concours reviendront tous les ans les beaux-arts appliqués ou non à l'industrie, les inventions scientifiques et découvertes nouvelles en tous genres et l'horticulture.

les Aux trois exhibitions de Paris 1855, Londres 1851 et 1862, objets exposés étaient classés par nationalité, cette fois on les a réunis par nature de produits; la possibilité de comparaison qui résulte de cet arrangement facilite et rend plus sérieuses et plus complètes les études techniques, mais cette classification supprime la beauté pittoresque et l'intérêt philosophique que l'on trouvait dans les expositions particulières de chaque peuple. Par son admirable disposition, le palais du Champ-de-Mars réunissait les deux modes de classement on comparait les produits similaires en suivant une circonférence, on trouvait toutes les œuvres d'un même peuple en parcourant un rayon. L'édifice peut être carré au lieu d'être rond, mais, en dehors de cette disposition du plan en « tableau à deux entrées», on ne pourra rien faire de complet.

D'un autre côté, en devenant annuelles, les expositions perdent ce caractère de solennité qui stimulait tant les producteurs. Jus

(1) Exposition universelle illustrée. Paris, 1867; 2 vol in-fo, t. II, p. 322.

qu'à présent, tous les concours permanents que l'on s'est efforcé d'organiser ont toujours fini par ne plus être que de grands bazars de vente; et, avec les deux articles de son règlement dont l'un engage les exposants à indiquer le prix de leurs produits, en leur promettant que des agents spéciaux prendront soin de leurs intérêts, et dont l'autre déclare qu'il ne sera point accordé de récompense, l'exposition internationale anglaise prend tout à fait le même chemin. Sous le prétexte que des erreurs sont moralement inévitables dans la distribution des récompenses, il est une certaine école qui veut les supprimer tout net, je le sais, mais cette école est simplement celle des communistes, et on peut bien ajouter que ceuxlà seuls désirent la suppression des récompenses qui n'espèrent pas pouvoir en obtenir.

C'est toujours sur l'emplacement des expositions universelles de 1851 et 1862, dans South-Kensington, au sud d'Hyde-Park, que s'élève le nouveau palais de l'Exposition de 1871.

Les bâtiments ont élé élevés, et l'exposition a été organisée sous la direction officielle des commissaires de Sa Majesté Britannique pour l'exposition de 1851.

Un tiers de la superficie totale dans chaque classe est réservé aux exposants étrangers. Les divers Etats ont dû constituer euxmêmes leur jury d'admission. Les deux autres tiers du local sont affectés aux produits des Royaumes-Unis, et aux produits étrangers soumis directement et volontairement par les expéditeurs aux juges britanniques. Tous les exposants recevront un diplôme d'admis

sion.

Cette année les industries appelées au concours comprennent les ouvrages et le matériel d'instruction et d'éducation; les poteries et les laines, dans tout ce qui se rattache à ces industries, depuis les matières premières jusqu'aux machines et aux procédés employés, plus les beaux-arts, les inventions postérieures à 1867 et l'horticulture.

Cette dernière branche de l'exposition ne dépend pas de la même administration que les autres, mais bien de la Société royale d'Horticulture. Cette Société possède, à South-Kensington, un jardin magnifique, autour duquel ont été bâties les galeries de l'Exposition. Par suite de l'indépendance absolue des deux administrations, celle de la Société d'Horticulture et celle de l'Exposition, si l'on n'est pas possesseur d'une carte de saison (prix 80 francs), ou d'un permis de presse, l'auteur croit devoir faire remarquer d'ailleurs qu'il lui en a été gracieusement accordé un - après avoir payé un shelling pour entrer dans l'Exposition, il faut payer six pence pour pénétrer

dans le jardin, et, ce qui est le comble, repayer un shelling pour rentrer dans l'Exposition!

Déjà, en 1862, cet abus avait causé une légitime indignation, il se reproduit en 1871.

Cette interdiction de traverser le jardin oblige par surcroît aux détours les plus incommodes, pour se rendre d'un côté à l'autre de l'Exposition.

Parcourons maintenant rapidement les galeries, et tout d'abord rendons-leur cette justice que la disposition en est très-bien entendue. L'Exposition comprend tout ce qui se rapporte aux industries représentées, et nous pouvons suivre les matières premières dans toutes leurs transformations.

En dehors de la galerie occidentale, réservée aux machines en mouvement pour la préparation de la laine, un petit parc réunit des représentants vivants de tous les animaux qui en produisent : le mouton, la chèvre, l'alpaca, le lama, l'yack et même quelques bêtes sauvages, le mouflon, la vigogne, le guanaco. Dans l'édifice nous trouvons des échantillons de laine en balle provenant de tous les pays réputés pour la production de cette matière textile.

Tout d'abord cette laine brute, chargée de suin, est jetée dans les cuves, remplies de lessive bouillante, de l'appareil de lavage de M. John Petrie (de Rochdale): des rateaux brassent la laine dans la solution alcaline et la jettent sous des rouleaux qui l'expriment, la révolution rapide d'une sorte d'essoreuse la sèche ensuite en un instant. Cette laine dégraissée est livrée aux ingénieuses machines qui la cardent, la peignent, l'enroulent, l'embobinent et la filent. Le nombre d'appareils nécessaires pour exécuter ce travail est variable. MM. Smith et ses fils exposent une série de sept machines qui, sous les yeux du public, transforment la laine brute en cordons embobinés propres au filage. L'immense maison Platt et Bross (d'Oldham) a au concours trois machines qui font à peu près la même besogne. Disons en passant que l'usine Platt emploie sept mille ouvriers uniquement occupés à fabriquer des machines à filer et à tisser la laine et le coton. Chaque semaine cet établissement peut monter une usine de trente mille broches, et il a l'écoulement de ses produits.

Il est radicalement impossible de décrire en détail des appareils ingénieux, mais compliqués, dont on pourrait à peine donner une idée nette en un volume, et dont les différences et les perfectionnements ne sont d'ailleurs compréhensibles, appréciables et intéressants que pour les hommes spéciaux.

Je ne puis donc avoir la prétention de donner une description, même sommaire, des machines à carder, peigner, filer et tisser la

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